lundi 30 avril 2007
Surnommé Shams Ad-Dîn Abû Al-Khayr, Muhammad Ibn Muhammad Ibn Muhammad Ibn ʿAlî Ibn Yûsuf le damascène, le shâfiʿite, naquit à Damas le 25 Ramadan 751 A.H. Son père était un commerçant. Ayant atteint les quarante ans sans avoir d’enfants, il partit au pèlerinage et but l’eau de Zamzam faisant vœu d’avoir un enfant savant, vœu qui se réalisa neuf mois plus tard le 25 Ramadan après la prière des tarâwîh.
Il est plus connu sous le nom d’Ibn Al-Jazrî [1] en référence à l’île d’Ibn ʿUmar (jazîrat Ibn ʿUmar) près de Mossoul dont il est originaire.
Il fut un savant de tout premier plan dans l’art de la récitation coranique et la science des lectionnaires (Al-Qirâ’ât). Juriste shâfiʿite, il fut également reconnu en tant que mémorisateur du Hadîth et commit plusieurs travaux en histoire et en linguistique. Il se forma auprès de nombreux maîtres qu’il est difficile de dénombrer intégralement.
Il acheva la mémorisation du Coran à l’âge de treize ans à Damas. Il mémorisa At-Tanbîh et divers ouvrages spécialisés dans l’art de la récitation coranique. Il apprit les lectionnaires individuellement auprès de ʿAbd Al-Wahhâb Ibn As-Sullâr, de Ahmad Ibn Ibrâhîm At-Tahhân et de Ahmad Ibn Rajab, puis de manière conjointe auprès de Ibrâhîm Al-Hamawî, et de Abû Al-Maʿâlî Ibn Al-Labbân. Il partit au pèlerinage en 768 A.H. et en profita pour réciter les lectionnaires auprès de Abû ʿAbd Allâh Muhammad Ibn Sulh, le prédicateur et imam de Tîbah. L’année suivante, il se rendit au Caire où il récita les lectionnaires conformément aux ouvrages de référénce Al-ʿUnwân, At-Taysîr [2] et Ash-Shâtibiyyah [3] à Abû ʿAbd Allâh Ibn As-Sâ’igh. À Alexandrie, il se forma auprès d’Al-Abarqûhî, de Bahâ’ Ad-Dîn Ad-Damâmînî et Ibn Mûsâ. Dans la région de Damas, il s’instruisit aussi auprès de ʿAbd Ar-Rahmân Al-Baghdâdî, et à Baalbek, auprès de Ahmad Ibn ʿAbd Al-Karîm. Parmi ses maîtres, on compte aussi Ibn Umaylah, Ibn Ash-Shîrjî, Ibn Abî ʿUmar, Ibrâhîm Ibn Ahmad Ibn Falâh, Abû Ath-Thanâ’ Mahmûd Al-Minîguî et Kamâl Ad-Dîn Ibn Habîb.
Il étudia le Hadîth auprès de ʿImâd Ad-Dîn Ibn Kathîr, Ibn Al-Muhibb et Al-ʿIrâqî. Il étudia la jurisprudence islamique auprès d’Al-Isnawî, Al-Bulqînî et Bahâ’ Ad-Dîn Abû Al-Baqâ’ As-Subkî. Il étudia les sciences des fondements, de la rhétorique et de la linguistique auprès de Diyâ’ Ad-Dîn Al-Qarmî.
Il fut habilité à la fatwâ, à l’enseignement et à la récitation coranique par de nombreux savants, tel l’Imâm Ibn Kathîr. Il prit la responsabilité de divers instituts tels que Dâr Al-Hadîth Al-Ashrafiyyah et Turbat Umm As-Sâlih suite à son maître Ibn As-Sullâr. Il fut chargé de mission pour le compte de différents monarques, ce qui le conduisit à voyager fréquemment et à disséminer le savoir partout où il se rendait.
Ainsi se rendit-il plus d’une fois en Égypte pour le compte du Prince Qutlûbak. Le Prince Barqûq lui conféra la charge du sermon du vendredi dans Jâmiʿ At-Tûtah à la suite de Ash-Shihâb Al-Husbânî, avec qui il partagea cette charge ultérieurement. Il accepta d’enseigner à l’école As-Salâhiyyah Al-Qudsiyyah après Al-Muhibb Ibn Al-Burhân Ibn Jamâʿah entre 795 et 797 A.H.
S’étant brouillé avec le Prince Qutlûbak, il prit le large à Alexandrie en direction de l’Anatolie où il reçut un accueil généreux par le Sultan Bayezid (Abû Yazîd Ibn ʿUthmân). Il prodigua ses enseignements aux habitants de cette contrée jusqu’à l’invasion timouride sous le commandement de Tamerlan [4]. Ce dernier l’emmena avec lui à Samarcande où il vécut quelques années répandant la science des lectionnaires. Après la mort de Tamerlan, il occupa contre son gré pendant de longues années la fonction de Grand Juge à Shiraz — où il enseigna les lectionnaires coraniques et le Hadîth — et dans d’autres villes gouvernées par les enfants de Tamerlan.
En 822 A.H., il partit pour le pèlerinage mais fut détroussé de ses biens avant d’atteindre sa destination. Il s’arrêta à Yanbuʿ puis à Médine au mois de Rabîʿ Al-Awwal de l’année suivante. Au mois de Rajab, il s’installa à La Mecque quelque temps avant de s’en retourner en Asie Mineure.
En 827 A.H., il se rendit à Damas et y obtint la permission de retourner au Caire. Le Sultan Al-Ashraf lui réserva un accueil honorable. Ibn Al-Jazrî enseigna de nouveau les lectionnaires et le Hadîth. Puis il se rendit au Yémen pour affaires. Il y enseigna le Hadîth ; ses affaires marchèrent si bien qu’il s’en retourna avec beaucoup de marchandises. En 828 A.H., après avoir accompli le pèlerinage, il se rendit au Caire, puis repartit pour Damas, puis Bassorah en direction de Shiraz, le terminus de ses pérégrinations.
Tout au long de ses voyages, il eut des milliers de disciples. Certains d’entre eux acquirent un ou plusieurs lectionnaires auprès de lui. Parmi ceux qui maîtrisèrent les dix lectionnaires, il y eut :
Il contribua près de quatre-vingt-dix ouvrages à la bibliothèque islamique dans diverses disciplines allant de son domaine incontesté, la science des lectionnaires, jusqu’à la langue arabe, en passant par la science du Hadîth, l’histoire et la jurisprudence.
Il décéda chez lui à Shiraz le 15 Rabîʿ Al-Awwal 833 A.H. et fut enterré dans l’école qu’il y avait fondée.
Sources :
[1] On dit aussi Ibn Al-Jazarî.
[2] Ouvrage de référence de l’Imâm Abû ʿAmr Ad-Dânî (d. en 444 A.H., 1052 E.C. à Dâniah en Andalousie), dédié aux sept lectionnaires.
[3] Ouvrage de référence de l’Imâm Al-Qâsim Ash-Shâtibî (d. au Caire en 590 A.H., 1194 E.C.).
[4] Tamerlan, en arabe, Taymûr Lank, est un chef de guerre redoutable. Descendant de Gengis Khan, il est le fondateur de la dynastie timouride.
[5] Orthographe incertaine.
[6] Cet ouvrage est disponible en ligne sur maghrawi.net.
[7] Cet ouvrage est disponible en ligne sur tajweed.com.
[8] Cet ouvrage est disponible en ligne sur tajweed.com.
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