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Al-Habîb ʿAlawî Shihâb Ad-Dîn

mardi 14 novembre 2006

ʿAlawî Shihâb Ad-Dîn (1886 - 1966)

Al-Habîb [1] ʿAlawî Ibn ʿAbd Allâh Ibn Shihâb Ad-Dîn est l’emblème des prédicateurs de l’École de Hadramaout et des Sheikhs de la voie BâʿAlawiyyah au XXe siècle. Figure majeure de l’appel à Dieu dans la ville de Tarim, il éduqua des générations de savants yéménites, usant de sagesse et de bonne exhortation.

Naissance et Jeunesse

Al-Habîb ʿAlawî [2] naquit en 1886 E.C. (1303 A.H.) dans le quartier An-Nuwaydirah, ce même quartier de Tarim, au Yémen, qui accueillit jadis le foyer de l’Imâm ʿAbd Allâh Ibn ʿAlawî Al-Haddâd, le Forgeron des Cœurs. Le nouveau-né vint au monde alors que son père était en long séjour à Java, en Indonésie. Lorsque la nouvelle parvint au père, son cœur, comblé de joie, ne cessait d’invoquer Dieu en sa faveur, et lorsque le jeune ʿAlawî atteignit l’âge de l’écriture et de la lecture, son père lui adressa maints courriers chargés en amour et conseils paternels. Sa mère, Fâtimah Bint ʿUmar Bilfaqîh, se chargea de son éducation et fut aidée dans cette mission par Al-Habîb Mohammad Ibn ʿAydarûs Shihâb Ad-Dîn, l’oncle paternel d’Al-Habîb ʿAlawî.

Dans son enfance, il rejoignit l’école coranique et y apprit le Noble Livre, la lecture et l’écriture auprès de Sheikh ʿAbd Ar-Rahmân Bâ-Haramî. Privé de la présence de son père, toujours en Indonésie, il perdit l’amour maternel en 1897, date du décès de sa mère. Son oncle, Al-Habîb Mohammad Ibn ʿAydarûs le prit alors en charge et veilla en permanence sur son éducation, avec l’aide de Dame ʿAlawiyyah Bilfaqîh, la tante paternelle de Dame Fâtimah Bilfaqîh. Le jeune ʿAlawî commença sa quête du savoir et accompagna son oncle Al-Habîb Mohammad Ibn ʿAydarûs à la mosquée de Sheikh ʿUmar Al-Mihdâr. Il débuta également sa formation en jurisprudence islamique dans le cercle de science d’Al-Habîb ʿAbd Ar-Rahmân Ibn Mohammad Al-Mashhûr.

La mosquée Al-Mihdâr

Auprès de son Sheikh

En 1899, Al-Habîb Mohammad Ibn ʿAydarûs Shihâb Ad-Dîn retourna à Dieu et la vie du jeune ʿAlawî fut de nouveau frappée par la mort de ses bien-aimés. Mais Dieu le réconforta par l’affection de son maître, Al-Habîb ʿAbd Ar-Rahmân Al-Mashhûr. À cette époque, le lien unissant le jeune disciple à son maître ne cessa de se renforcer, et Al-Habîb ʿAlawî suivit Al-Habîb ʿAbd Ar-Rahmân Al-Mashhûr comme son ombre. Il l’accompagna dans son assemblée d’enseignement, à la mosquée pour la prière, lors de ses exhortations et dans ses déplacements dans la ville de Tarim, si bien qu’il absorba l’éthique de son Sheikh et fut sevré par son savoir. Cette relation paternelle était telle qu’Al-Habîb ʿAbd Ar-Rahmân Al-Mashhûr apportait à Al-Habîb ʿAlawî de la nourriture de ses propres enfants. Dans sa jeunesse, Al-Habîb ʿAlawî se chargeait de servir les autres étudiants qui affluaient vers l’assemblée d’Al-Habîb ʿAbd Ar-Rahmân Al-Mashhûr et leur préparait le café, si bien qu’un jour on lui dit : « Tu es comme un caillou dans le ruisseau... ». Les flots passent sur le caillou sans que celui-ci n’en tire le moindre bénéfice et, en préparant le café pour les autres, Al-Habîb ʿAlawî manquerait les bienfaits des enseignements de son Sheikh. Peiné par ces propos, il s’abstint de cette activité pendant dix jours et Al-Habîb ʿAbd Ar-Rahmân Al-Mashhûr, constatant cette interruption, l’interpella : « Je vois que tu ne prépares plus le café, aurais-tu entendu quelque remarque désobligeante à ce sujet ? ». Puis son Sheikh de le rassurer : « Va, prépare le café comme tu as l’habitude de le faire, et sache que j’invoque Dieu pour que tu surpasses tes camarades. »

Le prédicateur

Lorsqu’Al-Habîb ʿAlawî atteignit le terme de son instruction religieuse, il commença à battre de ses propres ailes dans le ciel de la prédication islamique. Il diffusa le savoir dans la ville de Tarim, multiplia ses exhortations publiques et enjoignit aux gens d’œuvrer avec sincérité pour récolter la Satisfaction et la Miséricorde de Dieu. Tel un arbre aux fruits doux et aux feuillages abondants, il attira les aspirants à la voie de l’au-delà et éduqua les gens de sa ville. Ceux qui le côtoyèrent virent en lui un modèle vivant de l’éthique de l’Islam par la concordance de ses actes avec ses paroles, ainsi que par sa patience lors des épreuves et sa pitié envers les plus faibles et les nécessiteux. Il consolait les gens, leur rendait visite et renforçait leur espoir en Dieu. Il participait en outre à leurs célébrations des fêtes islamiques et leurs moments de bonheur, apportant la paix et la sérénité par ses paroles et ses conseils puisés dans les trésors de la lumière prophétique.

Lorsqu’il se retirait de la scène publique, il s’adonnait à la récitation du Coran et aux prières surérogatoires, ponctuées au cœur de la nuit par les larmes, les invocations et la glorification de Dieu — Exalté soit-Il —. Sa droiture sans faille apporta la bénédiction à sa ville, ce qui lui valut le surnom de Tâj Al-Wâdî (La Couronne de la Vallée). Parmi les savants de Hadramaout qui bénéficièrent de son savoir figurent Al-Habîb ʿUmar Ibn Ahmad Ibn Abî Bakr Ibn Sumayt, Al-Habîb ʿAlî Al-Mashhûr, Al-Habîb Sâlim Ibn ʿAlawî Khird, Al-Habîb ʿAbd Al-Qâdir Ibn Ahmad As-Saqqâf, Al-Habîb Zayn Ibn Sumayt, et d’autres.

Autre vue sur la mosquée Al-Mihdâr

Dans sa jeunesse, Al-Habîb ʿAlî Al-Mashhûr s’instruisit auprès d’Al-Habîb ʿAlawî Ibn Shihâb Ad-Dîn et étudia, entre autres, Bidâyat Al-Hidâyah de l’Imâm Al-Ghazâlî et Safînat An-Najâ de Sheikh Sâlim Ibn Sumayyir Al-Hadramî. Al-Habîb Abû Bakr Al-ʿAdanî, le fils d’Al-Habîb ʿAlî Al-Mashhûr, dépeignit la relation chaleureuse entre son père et son Sheikh, Al-Habîb ʿAlawî, en ces termes : « Nous témoignâmes de cette tendresse qu’Al-Habîb ʿAlawî manifestait à l’égard mon père. Il le rapprochait de lui, lui accordait ses faveurs et montrait sa joie lorsque mon père arrivait. Par ailleurs, il louait ses mérites et sa patience pour sa prédication dans les régions désertiques. Mon père récita divers poèmes qu’il lui dédia ; en particulier, il lui adressa un poème dans sa maison en 1960, alors qu’il était agenouillé devant Al-Habîb [ʿAlawî]. De chaudes larmes coulaient en flots, arrosant les joues de mon père, si bien que l’émotion l’étouffait et l’empêchait de parler de temps à autre. Il interrompait alors sa lecture et son corps, tout entier, tremblait vigoureusement. Al-Habîb ʿAlawî l’apaisait en disant : "N’aie crainte, n’aie crainte." »

Décès

Certains de ses contemporains comme Al-Habîb ʿUmar Ibn ʿAlawî Al-Kâf, l’auteur de Tuhfat Al-Ahbâb fî Tarjamat Al-Habîb ʿAlawî Ibn ʿAbd Allâh Ibn Shihâb, et Al-Habîb Mohammad Ibn Sâlim Ibn Hafîdh composèrent des biographies de ce gnostique et retracèrent diverses facettes de sa vie et de son dévouement dans la prédication.

Il décéda en 1966, puisse Dieu lui faire miséricorde.

P.-S.

Cette biographie se base sur Qabasât An-Nûr de Sheikh Abû Bakr Ibn ʿAlî Al-Mashhûr.

Notes

[1Al-Habîb, « le bien-aimé », est un titre que les gens de Hadramaout donnent aux savants parmi les descendants de la maison prophétique.

[2Il s’agit d’Al-Habîb ʿAlawî Ibn ʿAbd Allâh Ibn ʿAydarûs Ibn Mohammad Ibn ʿAlî Ibn ʿAbd Allâh Ibn ʿAydarûs Ibn ʿAlî Ibn Mohammad Ibn Shihâb Ad-Dîn.

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