vendredi 2 novembre 2001
Il s’agit du juriste, du savant du hadîth, le Soufi, le savant d’Al-Azhar, Sheikh Muhammad Ibn Zakî Ibn Ibrahîm, célèbre sous le nom Zakiyy Ad-Dîn Abû Al-Barakât. Sa lignée remonte aussi bien du côté paternel que maternel à la branche florissante de la descendance du seigneur des martyrs, l’Imâm Al-Husayn Ibn ʿAlî Ibn Abî Tâlîb, qu’Allâh les agrée tous deux.
Il naquit au Caire, au quartier de Bulâq Abû Al-ʿUlâ. Selon les papiers officiels il serait né le 22/08/1916. Toutefois, les proches du Sheikh affirment que la date d’inscription officielle, effectuée sans beaucoup de rigueur à l’époque, ne correspond pas à sa vraie date de naissance qui serait probablement aux alentours de 1906.
Son père est le savant d’Al-Azhar Sheikh Ibrâhîm Al-Khalîl Ibn ʿAlî Ash-Shadhilî Al-Husaynî, l’auteur du livre Maʿâlim Al-Mashrûʿ wa Al-Mamnûʿ min Mumârasat At-Tasawwuf Al-Muʿâsir, traitant des règles à observer et la rigueur requise par les prétendants au Tasawwuf sunnite. Son grand-père maternel est Sheikh Mahmûd Abû ʿAlyân, un homme de science et de piété, disciple des nobles Sheikh Hasan Al-ʿAdawî Al-Hamzâwî et Sheikh ʿUlaysh, le maître des juristes malékites égyptiens de son époque. Dr. ʿAbd Al-Munʿim Khafâji fit son éloge et aborda sa biographie dans ses écrits traitant du Tasawwuf.
Sheikh Muhammad grandit dans un milieu azharite teinté par la science abondante, l’attachement au Coran et la Sunnah et la pureté spirituelle. Son premier professeur fut son père qui se chargea de son éducation depuis sa plus douce enfance. Il apprit le noble Coran par Sheikh Jâd Allâh ʿAtiyyah, dans la mosquée du Sultan Abû Al-ʿAlâ’, et Sheikh Ahmad Ash-Sharîf dans la mosquée de Sayyidî Maʿrûf. Il termina la mémorisation du Coran à l’âge de neuf ans et partit à l’Ecole Primaire de Darb An-Nash-shârîne, puis l’Ecole de Nahdat Bulâq Al-Kubrâ. Il suivit le cycle le secondaire à l’université islamique millénaire, Al-Azhar, et obtint entre 1926 et 1930 le plus haut diplôme délivré par Al-Azhar à cette époque, le diplôme d’Al-ʿÂlamiyyah.
Il dit au sujet de l’examen d’obtention d’Al-ʿÂlamiyyah : " Le jour de l’examen, nous (i.e. le jury et l’élève) avions coutume d’accomplir la prière du fajr dans la mosquée de l’Imâm Al-Husayn. Puis nous assistions au cercle de science de Sheikh As-Sâmallûtî après la prière du fajr. Y assistaient les savants qui étaient eux-mêmes des élèves du Sheikh [As-Sâmallûtî]. Puis nous partions à Al-Azhar Ash-Sharîf pour la prière du Duhâ. Ensuite, les différents jurys se dirigeaient vers diverses chambres du Ruwâq Al-ʿAbbâsî à l’intérieur d’Al-Azhar. Chaque jury examinait dans une chambre. L’élève rentrait, muni de ses papiers et des livres sur lesquels portent l’examen. Le président des jurys à l’époque était Sheikh Abd Al-Majîd Al-Labbânî, que Dieu lui fasse miséricorde. Le jury m’a interrogé jusqu’à l’appel de la prière du ʿAsr. C’est alors que l’examen fut scellé par la prière shaféite sur le Prophète : " ô Allâh prie, la meilleure prière, sur la plus heureuse de tes créatures, notre maître Muhammad et sur sa famille...etc... ". L’examen était scellé par cette formule pour signifier le succès de l’élève et son obtention du diplôme d’AlʿÂlamiyyah d’Al-Azhar. Je me rappelle qu’ils m’ont interrogé dans la science de l’Eloquence sur "la divergence entre As-Saʿd et As-Sayyid dans la métaphore", As-Saʿd At-Taftâzânî et As-Sayyid ʿAbd Al-Qâhir Al-Jurjânî ; en grammaire je fus interrogé sur le chapitre de Al-Mubtada’ wa Al-Khabar...".
Sheikh Muhammad a appris la langue anglaise durant le cycle primaire. Il apprit par ailleurs le français par son professeur Dâwûd Sulaymân, une personnalité éminente de la ville de Assiout, et l’allemand par le professeur Râghib Walî qui était un instituteur à l’Ecole Allemande au Caire. Il a traduit en arabe quelques vers du poète Allemand Heinrich Heine. En outre, il apprit le persan par le Sheikh iranien Muhammad Al-Aʿdhumî, un membre de l’Association de la Fraternité Islamique d’Al-Azhar.
Nous avons également de lui certaines traductions personnelles de poèmes écrits par Muhammad Iqbâl.
Un écrivain accusa Sheikh Muhammad Zakî d’être un savant Azharite, fort de son turban et sa cape traditionnelle, qui ne connaît aucune science non-islamique, coupé du monde extérieur, enfermé dans le labyrinthe des sciences islamiques. C’est alors que Sheikh Muhammad lui répondit en ces termes : " Un auteur m’a écrit. Il m’accusa et estima que je m’emprisonne dans l’antre du Tasawwuf (Soufisme), que je me cloisonne dans le monde étroit de l’attachement retardé à la religion, que je vis en complet déphasage par rapport au présent, prisonnier des siècles de l’immobilisme passés alors que nous vivons une époque de progrès et de civilisation que le monde n’a jamais connu auparavant etc... Ce que j’aimerais que ce frère sache, ainsi que ses semblables, c’est que, je suis certes un homme portant un turban et une cape traditionnelle, mais je ne cesse de me cultiver, en puisant dans les cultures d’Orient ou d’Occident, à la recherche de la sagesse, en quête de la vérité, chaque fois que ma santé et mon temps me le permettent. De même que je lis l’Histoire de l’Islam, la Philosophie, l’évolution des écoles, l’avènement des groupes et des tendances, je suis les soufis et les salafis, j’observe l’évolution de l’histoire des musulmans, je suis également les hommes de la littérature arabe, ses conteurs, ses critiques... ". Puis il énuméra un certain nombre d’auteurs anglais, allemands et français qu’il lit, comme Shakespear, Hegel, Goethe, Nietzsche, Sartre, Bertrand Russel, Ronsard, Rimbaud, Beaudelaire... Le Sheikh insistait sur l’importance de connaître les gens, leur pensée, leur culture, leur littérature, leurs maux, pour les appeler à Dieu.
Outre l’apprentissage de la Jurisprudence, l’Exégèse et les autres sciences islamiques à l’Université d’Al-Azhar, Sheikh Muhammad Zaki Ibrâhîm accorda la plus grande importance à l’acquisition de la science du Hadîth, tant sur le plan de la narration et de la mémorisation, que sur le plan de la compréhension et l’analyse, en puisant dans le savoir des experts à une époque où la narration du Hadîth se fait rare, au point que les narrateurs et mémorisateurs du Hadîth se comptent presque sur les doigts des mains. Un certain nombre d’élèves et de savants ont reçu de sa part une Ijâzah (qui équivaut à un certificat témoignant de la maîtrise et de la compétence) de ce qu’il a appris en Hadîth, en Jurisprudence, en Fondements et en langue Arabe.
Il énuméra dans cette Ijâzah les savants qui lui ont enseigné diverses sciences et qui lui dont donné des Ijâzah :
"Muhammad Habîbullâh Ash-Shinqîtî, sayyidî ʿAlawî Ibn ʿAbbâs Al-Mâliki Al-Hasanî, sayyidî Ahmad Ibn As-Siddîq Al-Ghumârî, son frère As-Sayyid ʿAbd Allâh Ibn As-Siddîq Al-Ghumârî, sayyidî Muhammad Zâhid Al-Kawtharî, l’adjoint du Sheikh de l’Islam en Turquie avant le coup d’état (i.e. contre le Califat Ottoman), sayyidî Ahmad Ibn ʿAbd Ar-Rahmân Al-Banna, sayyidî Sheikh al-Muʿammar As-Sayyid Muhammad ʿAbd Allâh Al-ʿArabi Al-ʿÂqûrî le Libyen l’Egyptien, sayyidî Sheikh Ibrahîm Al-Ghalâyînî de Damas, sayyidî Sheikh Hasan Hanbakkah Al-Maydânî le Syrien, sayyidî Sheikh Al-Biblâwî l’Egyptien, sayyidî Sheikh Hasanayn Makhlûf le Mufti Egyptien, Sheikh Husaynî Abû Hâshim Al-Azharî l’Egyptien, Sheikh Al-Mubashir At-Tirâwî le Mufti des Balkans et d’Asie centrale avant le système communiste, Sheikh Yûsuf Ad-Dijwî l’Egyptien, sayyidî Sheikh Muhammad Bakhît Al-Muteiʿî le Mufti Egyptien, sayyidî Sheikh Muhammad Al-Hâfidh At-Tijâni, Sheikh Ahmad ʿAbd Al-Wahhâb Ad-Dûmî, Sheikh Al-Khidr Husayn Al-Maghribî le savant d’Al-Azhar, l’Emir Abd Al-Karîm Al-Khattâbî le mujâhid du Maroc, As-Sayyid Al-Yamanî An-Nâsirî Ash-Shadhili Al-Maghribî le Mujâhid, Sheikh ʿAbd Al-Wahhâb ʿAbd Al-Latîf Al-Azharî qui est parmi les savants du Hadîth en Égypte, et mes autres sheikhs que j’ai déjà cité que Dieu les agrée, aussi mon père As-Sayyid Ibrâhîm Al-Khalîl Ibn ʿAlî Ash-Shadhilî, par leurs chaînes de narrations écrites et établies, selon leurs sheikhs, en Tafsîr (Exégèse), Hadîth, Fiqh (jurisprudence), Usûl (Fondements), Mantiq (Logique), Sîrah (vie du Prophète), Mustalah (Terminologie), ʿIlm Ar-Rijâl (science traitant des narrateurs et leur fiabilité), Tawhîd (Monothéisme et Unicité), ʿUlûm Al-Qur’ân (sciences du Coran), ʿAqâ’id (Credo), Furûʿ Al-Logha Al-ʿArabiyyah (branches de la langue arabe), Ath-Thaqâfah Al-ʿÂmmah (culture générale), At-Tasawwuf As-Sahîh (le Soufisme Authentique), en tout particulièrement les livres d’Al-Qushayrî, ceux d’Al-Ghazâlî, et As-Suhrawardî et d’autres que j’ai déjà cités au passé ".
Des centaines de personnes versées dans l’acquisition de la science du Hadîth espéraient avoir de lui une Ijâzah ; entre autres, les professeurs d’Al-Azhar et les sheikhs du Hadîth en Égypte, des savants et étudiants en Arabie Saoudite, des professeurs de l’Université Âl Al-Bayt en Jordanie, l’Université Al-Ahqâf au Yémen et d’autres universités islamiques encore.
De nombreux savants d’Égypte et du monde islamique ont écrit la biographie du Sheikh Muhammad Zakî Ibrâhîm et ont fait son éloge. Citons, l’Imâm Abd Al-Halîm Mahmûd Al-Husaynî, recteur d’Al-Azhar entre 1973 et 1978, qui le mentionna dans son livre Al-Madrasah Ash-Shâdhiliyyah (l’Ecole [soufie] Shadhliyya). Dans son livre Abû Madian Al-Ghawth, l’Imâm ʿAbd Al-Halîm Mahmoud a inclus une épître de Sheikh Muhammad Zakî ainsi que son commentaire d’un des poèmes de Abû Madian. On a pu lire le titre de sieur connaisseur de Dieu attribué à Sheikh Muhammad Zakî dans certains écrits de l’Imâm Abd Al-Halîm Mahmoud.
De même, sa biographie fut écrite par Sheikh Al-Husaynî Abû Hâshim et Dr. Ahmad ʿOmar Hâshim dans leur livre co-rédigé intitulé Al-Muhaddithîn fi Misr (les Savants du Hadîth en Égypte). Ils lui ont consacré une agréable biographie recouvrant un certain nombre de ses sheikhs, ses écrits ainsi que sa méthodologie dans l’écriture et la recherche de science.
Le célèbre savant marocain, Sheikh ʿAbd Allâh Ibn As-Siddîq Al-Ghumârî fit son éloge dans son livre Sabîl At-Tawfîq (la Voie du Succès) et à la fin de son ouvrage Bidʿat’ut-Tafâsîr. Les deux hommes étaient unis par une relation chaleureuse. Sheikh Muhammad Zakî fut parmi les gens qui sont restés fidèles à la fraternité qui le liait avec Sheikh Abd Allâh Ibn As-Siddîq quand celui-ci fut emprisonné dans la prison militaire onze ans. Sheikh ʿAbd Allâh Al-Ghumârî fut aussi l’un des fondateurs de l’organisation islamique Al-ʿAshîrah AL-Muhammadiyyah. Il était en outre un membre de son Conseil de Fatwa, un membre de l’assemblée de ses savants et un écrivain dans le magazine Al-Muslim.
Par ailleurs, le Sheikh et célèbre prédicateur, l’Imam Abû Al-Hasan An-Nadwî parla de lui en termes élogieux et mentionna ses efforts dans l’appel à Dieu dans divers passages de son livre Mémoires d’un visiteur de l’Orient. Pendant cette visite, Sheikh Abû Al-Hasan An-Nadwî visita Al-ʿAshîrah Al-Muhammadiyyah et assista au sermon du vendredi donné par Sheikh Muhammad Zakî. Les deux hommes ont ensuite fait un tour ensemble à la campagne dans certaines provinces d’Égypte.
Il fut également cité par son éminence Sheikh Ahmad Hasan Al-Bâqûrî dans son livre Qutûf où il cita un grand nombre de pieux soufis et leur jihad pour répandre l’appel à Dieu et pour la réforme, comme les Mirghanîs, les Idrîsis, les Sunûsîs. Sheikh Muhammad, l’Imâm d’Al-ʿAshîrah Al-Muhammadiyyah, fut cité comme un modèle contemporain du savant soufi, du mudjahid et du gnostique. Sheikh Al-Bâqûrî et Sheikh Muhammad Zaqî furent liés dans un long effort pour réformer les lois régissant les confréries soufies.
Malgré tous les débats (à travers les magazines Al-Muslim, Liwâ’ Al-Islâm et Al-Akhbâr) qui ont duré des mois entre Sheikh Muhammad Zakî et l’appeleur à Dieu Sheikh Muhammad Al-Ghazâlî As-Saqqâ, que Dieu leur fasse miséricorde, les deux hommes étaient liés par un grand respect mutuel et une chaleureuse fraternité. Sheikh Muhammad Al-Ghazâlî témoigna du rang de Sheikh Muhammad Zakî dans des divers articles et dans son livre Al-Jânib Al-ʿÂtifî fi Al-Islâm (la dimension sentimentale en Islam). Ils ont participé à de nombreuses conférénces ensemble, organisées par diverses associations islamiques, notamment Ash-Shubbân Al-Muslimîn Al-ʿÂlamiyyah.
Dans son livre At-Tasawwuf Al-Islâmî, Dr. Abd Al-Munʿim Khafâjî en parlant des sheikhs du Tasawwuf à travers l’Histoire Islamique, cita Sheikh Muhammad Zakî, après avoir cité son grand-père maternel, Sheikh Mahmûd Abû ʿAlyân. Il y cita quelques idées de Sheikh Muhammad Zakî pour réformer le Tasawwuf et le faire revivre sous sa forme authentique et lumineuse, à travers l’établissement d’une Université Soufie et une Librairie Soufie.
D’autres savants encore ont fait son éloge, comme l’érudit du Hijâz sheikh As-Sayyid ʿAlawî Ibn ʿAbbâs Al-Mâlikî, Sheikh Muhammad Al-Hâfidh At-Tijânî, Sheikh Ahmad Radwân de Louxor. Parmi les savants qui ont été témoins des efforts de Sheikh Muhammad Zakî dans l’appel à Dieu et qui ont également participé à ses côtés au travail de la daʿwah, citons Sheikh Muhammad ʿAlawî Al-Mâlikî, l’appeleur à Dieu Sheikh Ibrâhîm Ad-Dusuqî qui fut le Ministre des Affaires Islamiques en Égypte, le ministre soufi Dr. Hasan ʿAbbâs Zakî, le Sheikh Kowaitien Yûsuf Hâshim Ar-Rifâʿî Al-Husaynî, As-Sayyid ʿAlî Al-Hashimî et de nombreux autres.
Après avoir obtenu le diplôme Al-ʿÂlamiyyah par l’Université d’Al-Azhar, Sheikh Muhammad ne put trouver un travail adéquat à l’époque et se contenta d’aller enseigner dans une école gouvernementale dans la Province de Banî Sweif où il passa quelques années. Puis il retourna au Caire pour enseigner également. Il ne cessa de monter dans la hiérarchie du système éducatif jusqu’au jour où il devint directeur du Secrétariat Général de l’Enseignement Libre, appelé aujourd’hui l’Enseignement Privé.
Il occupa aussi le poste de professeur dans les Instituts Supérieurs, l’Institut des Etudes Islamiques, l’Institut pour former les appeleurs à Dieu, et fut un intervenant dans des différentes facultés d’Al-Azhar. Il occupa d’autres postes, avant de se consacrer entièrement à la direction et l’élaboration de la méthodologie de l’association islamique Al-ʿAshîrah Al-Muhammadiyyah.
Dès la fin des années 1920, Sheikh Muhammad écrivit dans divers journaux officielles et magazines islamiques ou généraux. De nombreux de ses articles furent publiés dans les magazines suivants : Al-Azhar, Minbar Al-Islam (le Minbar de l’Islam) , Liwâ’ Al-Islâm (l’Etendard de l’Islam), ʿAqîdatî (Ma Foi), Al-Islâm (l’Islam), Al-Muslim (Le Musulman), Al-Kholâsah (la Quintessence), Al-ʿAmal (le Travail), Ar-Risâlah Al-Islâmiyyah (la Lettre Islamique), At-Tasawwuf Al-Islâmî (le soufisme islamique), ainsi que le journal hebdomadaire des Frères Musulmans, la Politique Hebdomadaire, Al-Fajr (l’aube), Apollo, et des journaux officiels comme Al-Ahrâm, Al-Akhbâr et Al-Jumhûriyyah.
Sheikh Muhammad participa à la direction éditoriale des magazines At-Taʿâruf, liée à l’organisation Ar-Ruwwâd Al-Awâ’il (les Premiers Leaders) fondée par le sheikh lui-même, ainsi que les magazines Al-Kholâsah (la Quintessence) fondé par le secrétaire général de la Réforme, le professeur Sayyid Mustafa. Il fonda en 1950 son magazine Al-Muslim qu’il présida jusqu’à sa mort en 1998. Il en a défini la méthodologie et l’a supervisé. Les articles de Sheikh Muhammad était varié ; ils touchaient tour à tour les sphères des sciences islamiques, le domaine social, le côté historique, la littérature, la politique...
Sheikh Muhammad Zakî a laissé après lui un riche patrimoine ; plus de cent livres et épitres traitant des sciences islamiques ainsi que des centaines d’études, de fatwas, d’artciles, de sermons, de cours (écrits ou oraux).
Parmi ses livres publiés, citons :
Sheikh Muhammad Zakî fut un noble exemple de l’appeleur à Dieu, dépensant sa vie et ses efforts pour appeler au chemin droit avec science et sagesse et ce, malgré la maladie qu’il a obligé de rester chez lui pendant près de 20 ans. Il a fondé officiellement l’Association islamique Al-ʿAshirah Al-Muhammadiyyah en 1930 pour qu’elle soit un vecteur d’un appel islamique soufi pour la Réforme, visant à œuvrer à l’échelle de l’individu et la société. Il disait : "la société est une répétition d’individus : si l’individu s’attache à la droiture, la société connaîtra la droiture". Il fut le secrétaire et le directeur de l’Association " Ash-Shubbân Al-Muslimîn " (Les Jeunes Musulmans) ainsi que le Sommet Coranique.
Il fut également un membre du Conseil Supérieur de la Daʿwa à Al-Azhar et un membre fondateur de plusieurs associations islamiques. L’histoire a enregistré les conférences qu’il a données, pendant les années soixante-dix, pour l’application de la Shariʿah (législation) Islamique en Égypte. A participé à ces conférences, le Sheikh d’Al-Azhar à l’époque, Sheikh Abd Al-Halîm Mahmûd Al-Husaynî, qui fut également le directeur adjoint de la ʿAshîrah Al-Muhammadiyyah. Ces conférences et sommets étaient présidés par son éminence Sheikh Hasanayn Muhammad Makhlûf, Grand Mufti d’Égypte à l’époque. Sheikh Muhammad fut, dans cette perspective, un membre de l’assemblée de savants chargée d’élaborer et rédiger un code juridico-légal puisé dans le Fiqh (jurisprudence islamique). Il fondé aussi le Bureau des Bien-Guidés vers l’Islam (Maktab Riʿâyat Al-Muhtadîn ilâ Al-Islâm) à Al-Azhar, sous la direction de Sheikh Abd Al-Halîm Mahmûd, dans le but d’accompagner ceux que Dieu a guidé vers l’islam.
Il participa à de nombreux débats scientifiques et fraternels avec des savants parmi ses contemporains. Sheikh Muhammad avait une argumentation solide, un style élégant et il observait en permanence la courtoisie requise dans le débat entre savants. On lui demanda de publier une réplique qu’il avait rédigé en réponse à une personne qui décéda avant la parution de sa réplique, mais il refuse et dit : " la sacralité de la mort m’empêche de la publier. Même si elle contient la vérité, elle nuira à sa personne ". Ses débats les plus célèbres sont ceux avec le remarquable appeleur à Dieu, Sheikh Muhammad Al-Ghazâlî, autour du thème "l’adoration de Dieu par désir ou par crainte ". Ses débats se prolongèrent pendant six mois sur les pages des journaux Al-Akhbâr, Al-Muslim et Liwâ’ Al-Islâm. Ont pris part dans ce débat le journaliste Ahmad Sâlim, Sheikh Abd Al-Halîm Mahmûd, Sehikh Muhammad Khalîl Al-Harrâs, Sheikh Muhammad ʿAbd Al-Hâdî Al-ʿEjeil.
Il a également donné des répliques scientifiques en réponse à d’autres savants. Il a critiqué le livre de Sheikh Abd Al-Jalîl ʿÎsâ, intitulé Ijtihâd Ar-Rasûl et répondit par son livre valeureux l’Infaillibilité du Prophète, paix et bénédiction de Dieu sur lui, lequel livre fut également la première réponse à ce que Ahmad Subhî Mansûr avait publié à ce sujet. Suite à la réplique aux transgressions d’Ahmad Mansûr, ce dernier fut exclu de l’Université d’Al-Azhar.On lui proposa la direction des confréries soufies après le décès de Sheikh As-Sâwî, mais il déclina la proposition et refusa d’être associé aux faux prétendants du Tasawwuf qui polluent les rangs de certaines confréries soufies, ceux-là mêmes qui ont délaissé les nobles valeurs de cette discipline qui vise à purifier l’âme et le cœur, pour se contenter de jouer la flûte ou le tambour...
La mosquée fut le foyer de Sheikh Muhammad, son école, son centre d’enseignement, le lieu où son âme et son corps trouvaient repos et paix. C’est souvent là que venaient le voir les savants, les présidents ou les princes. Il dépensa sa vie pour appeler à Dieu, avec guidance, science, sagesse et dévouement. Son âme retourna à Dieu vers l’aube du mercredi 07/10/1998. Que Dieu lui fasse Miséricorde et qu’Il éclaire sa tombe.
Source : elnady99.tripod.com et almoslem.net.
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