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L’Imâm ʿAbd Allâh Ibn ʿAlawî Al-Haddâd

Le Forgeron des Cœurs

vendredi 6 octobre 2006

L’Imâm ʿAbd Allâh Ibn ʿAlawî Al-Haddâd, puisse Dieu lui faire miséricorde et l’agréer, fut un sage parmi les éducateurs raffinés de la voie de la purification de soi. Il occupe aujourd’hui une position saillante parmi les rénovateurs spirituels de la péninsule arabe et, trois siècles après sa mort, sa voie et ses ouvrages ne cessent d’inspirer un public grandissant. Dans une langue accessible à ses contemporains, il exprima les fondements de l’éducation spirituelle qui préside au cœur de l’Islam. Ainsi, ses ouvrages s’apparentent-ils à des synthèses consignant la quintessence des vérités véhiculées dans le livre Ihyâ ʿUlûm Ad-Dîn de l’Argument de l’Islâm Abû Hâmid Al-Ghazâlî, puisse Dieu l’agréer. Juriste shaféite et soufi de la voie BâʿAlawiyyah, il indiqua l’itinéraire pour ses disciples et incita les cœurs à cheminer, en permanence, vers la voie de l’au-delà. Si son nom de famille, Al-Haddâd, signifie « forgeron » en arabe, alors c’est la vie d’un « forgeron des cœurs » que nous tentons de pénétrer.

L’Imâm Ahmad Al-Muhâjir et Hadramaout

Au quatrième siècle de l’Hégire (Xe siècle E.C.), l’Imâm Ahmad Ibn ʿIsâ, dit Al-Muhâjir ilâ Allâh (l’Émigrant vers Allâh), quitta la terre de l’Iraq alors agitée par les tourments et les polémiques. Ce descendant du noble Imâm Al-Husayn est issu de la progéniture de l’Imâm Jaʿfar As-Sâdiq, puisse Dieu les agréer. Il se distingua par sa droiture et la manifestation de l’éthique du Coran dans son savoir et son comportement. Il se dirigea vers le Sud, séjourna pendant un an à Médine, la ville illuminée par les lumières du Prophète — paix et bénédictions sur lui —, puis il accomplit le pèlerinage à la Mecque Honorée, avant de s’installer dans la vallée de Hadramaout, au Yémen. L’un de ses petits-fils du nom de ʿAlawî est l’ancêtre des chérifs dits les Banû ʿAlawîs, ou selon le dialecte de Hadramaout les BâʿAlawîs, ce qui signifie littéralement les Enfants de ʿAlawî.

En haut, la tombe de l’Imâm Ahmad Ibn ʿIsâ Al-Muhâjir

Les BâʿAlawîs s’installèrent essentiellement dans la ville de Tarîm, et dans une moindre mesure, dans les villes avoisinantes comme Shibâm, Sayûn et Qaydûn. Une minorité des BâʿAlawîs se trouvent aujourd’hui dans des villes côtières comme Ash-Shihr, Al-Mukallâ et Aden. Les Sheikhs BâʿAlawîs et les disciples de l’Imâm Ahmad Al-Muhâjir suivirent, génération après génération, le credo sunnite, la jurisprudence de l’école shaféite, avec une forte sensibilité soufie et un intérêt pour la voie de la dévotion et de l’ascétisme. La progéniture des BâʿAlawîs se ramifia et compte aujourd’hui des clans prestigieux comme la famille Al-Haddâd qui doit son nom à Ahmad Ibn Abû Bakr, un forgeron de Tarîm et un homme de piété.

Naissance et jeunesse d’Al-Haddâd

L’Imâm ʿAbd Allâh Ibn ʿAlawî Ibn Mohammad Al-Haddâd naquit en 1044 A.H. (1634 E.C.). À l’âge de trois ou quatre ans, il fut atteint de la rougeole et perdit la vue. Malgré les diverses critiques et les reproches que l’Imâm Al-Haddâd formula à l’égard de la société de Tarîm de son temps, la vie dans ces vallées austères de Hadramaout était largement religieuse et favorable à l’ascétisme et à la dévotion. Selon la coutume prévalente, le jeune ʿAbd Allâh se rendait quotidiennement aux leçons de mémorisation du Coran qui se tenaient après la prière de l’aube. Selon certains récits, il se dirigeait ensuite vers une mosquée de Tarîm où il avait l’habitude de prier quelques centaines de rakʿahs. Cet effort de dévotion, remarquable pour un si jeune garçon, reflétait sa nature primordiale saine et son aspiration à cheminer vers Dieu. À cet égard, l’Imâm Al-Haddâd ne disait-il pas don son ouvrage Risâlat Al-Muʿâwanah : « Louange à Allâh Qui, par Sa Volonté, insuffle dans le cœur des aspirants l’ardeur de l’aspiration. Il ne cesse alors de les motiver pour emprunter la voie du bonheur, celle de la foi et de la dévotion. » Il écrivit aussi dans ce même ouvrage : « Sache que le début du cheminement est un besoin pressant insufflé dans le cœur du serviteur de Dieu ; il le trouble, l’alerte, le motive pour accourir vers Dieu et la Demeure de l’au-delà, et le détourne de l’ici-bas. » Cette ardeur spirituelle se déclara à un jeune âge dans la vie de l’Imâm ʿAbd Allâh, si bien que sa grand-mère Salmâ et ses parents lui demandèrent d’être plus clément à l’égard de son corps. À contre cœur, il allégea son programme de dévotion et d’œuvres surérogatoires, mais continua néanmoins à accomplir près de deux cents rakʿahs dans la Mosquée BâʿAlawî, en compagnie de l’un de ses amis d’enfance, Sheikh ʿAbd Allâh Bilfaqîh.

La Mosquée BâʿAlawî

Le jeune ʿAbd Allâh eut des compagnons de route et des amis qui furent également animés par une quête spirituelle insatiable. Quatre parmi ceux-là allaient devenir de célèbres Sheikhs de Hadramaout : Sheikh Ahmad Ibn ʿUmar Al-Hunduwân, Sheikh ʿAlî Ibn ʿAbd Allâh Al-ʿAydarûs, Sheikh ʿAbd Allâh Ibn Ahmad Bilfaqîh et Sheikh Ahmad Ibn Hâshim Al-Habashî. Ces jeunes gens s’initièrent aux sciences islamiques auprès de nombreux Sheikhs, et assimilèrent par leur persévérance la quintessence du savoir des Sheikhs de Hadramaout. Ils se livrèrent alors à la lecture des œuvres de l’Imâm Al-Ghazâlî, ainsi que d’autres ouvrages de références de la littérature islamique, et s’adonnèrent à la gustation de la poésie de l’Imâm ʿAbd Al-Hâdî As-Sûdî et d’autres soufis. On raconte par ailleurs qu’ils lisaient des passages de ces ouvrages alors qu’ils se déplaçaient dans les rues de Tarîm pour occuper leur temps utilement. En compagnie de Sheikh ʿAbd Allâh Bilfaqîh, Sheikh ʿAbd Allâh Al-Haddâd allait retrouver les vallées de Hadramaout, élancées entre de belles collines de sable. Dans ce climat paisible, ils récitaient le Noble Coran et révisaient des éléments de la jurisprudence islamique. À la tombée de la nuit, le jeune ʿAbd Allâh parcourait la ville à la recherche des mosquées afin d’y prier et d’y remplir les bassines d’eau en vue de faciliter les ablutions des orants qui viennent à la prière de l’aube.

Sheikh ʿAbd Allâh Al-Haddâd veilla à recevoir le savoir des hommes de piété et des Sheikhs de Hadramaout et du Hijâz. Il dit à cet égard : « Sache que nous avons rencontré et reçut le savoir de nombreuses personnes aussi bien de la part de maîtres BâʿAlawîs que d’autres personnages que nous avons connus à Tarim, dans d’autres contrées de Hadramaout, dans les Deux Nobles Sanctuaires, ainsi qu’au Yémen à l’occasion de notre voyage pour accomplir le pèlerinage. Si nous avions à les décompter, il y a fort à penser qu’ils excéderaient cent personnes dont certains furent des savants, d’autres des gnostiques ou encore de vertueux frères. » La figure la plus importante parmi ses maîtres fut Sheikh ʿUmar Ibn ʿAbd Ar-Rahmân Al-ʿAttâs qui lui inculqua les sciences de la Shariʿah aussi bien sur le plan du fiqh que celui de l’éducation et de la transmission spirituelle. Un jour Sheikh ʿUmar Al-ʿAttâs dit à son autre disciple, Sheikh Ahmad Al-Habashî : « Toi et Sayyid ʿAbd Allâh avez commencé ensemble, mais vers la fin, vous serez séparés ». Sheikh ʿAbd Allâh ne cessa de progresser dans le savoir et la lutte contre ses désirs propres si bien qu’il fut investi de la khirqah (cape) de Sheikh Al-ʿAttâs. Cet acte d’investiture symbolise en réalité l’attachement spirituel entre le maître et son disciple et le progrès accompli par le disciple dans la voie de la purification du cœur.

Parmi les gnostiques les plus distingués qui investirent Sheikh ʿAbd Allâh de la cape du cheminement vers Dieu figurent également Sheikh Mohammad Ibn ʿAlawî As-Saqqâf et Sheikh ʿAqîl Ibn ʿAbd Ar-Rahmân As-Saqqâf.

Dans sa jeunesse, l’Imâm ʿAbd Allâh Al-Haddâd dégusta des éléments de la poésie de ʿUmar Ibn Al-Fârid, le « Sultan des Amoureux », et étudia des ouvrages du porte-parole des Shâdhilîs, l’Imâm Ahmad Ibn ʿAtâ’illâh As-Sakandarî, comme Lata’if Al-Minan et les Hikam. Il se concentra ensuite sur l’œuvre de l’Argument de l’Islam Abû Hâmid Al-Ghazâli.

Conseils et Aphorismes

Pour apprécier la dimension éducative et spirituelle dans les propos de Sheikh Al-Haddâd, nous proposons ici une sélection de certains de ses aphorismses et conseils.

 Frère bien-aimé, tâche de renforcer ta certitude en matière de foi et de la perfectionner. Car la certitude, lorsqu’elle pénètre les profondeurs du cœur et le comble, l’Invisible devient tel la vérité de visu. La personne pleine de certitude dira alors comme ʿAlî, puisse Dieu honorer sa face : « Si le voile était levé, cela n’augmenterait guère ma certitude. »

 Tiens, mon frère, à rectifier ton intention, à la rendre sincère, à l’examiner avec soin, et à la scruter avant d’entreprendre quelque œuvre, car elle constitue le fondement de toute œuvre.

 Veille, mon frère, à observer Dieu dans tes mouvements et ton immobilité, à chacun de tes instants, dans tes pensées, dans tout ce que tu as l’intention de faire, et dans tous les états. Ressens Sa Gracieuse Proximité, et sache qu’Il te regarde et t’observe. Rien en toi ne Lui échappe.

 Tiens à combler ton temps par les œuvres de dévotion, afin que chaque heure ne s’écoule le matin ou le soir sans que tu aies accompli une œuvre pie. C’est ainsi que l’on récolte la bénédiction du temps et les bienfaits de notre vie. Et c’est ainsi que l’on se dirige vers Allâh, en permanence.

 Il convient que tu aies une part de récitation coranique quotidienne (wird) que tu accomplis assidûment le matin ou le soir.

 Si le cœur périt, il est de même pour le devenir dans l’au-delà. Nul n’échappe au Courroux Divin et n’accède à Son Agrément et à Sa Rétribution sauf celui qui se présente devant Allâh avec un cœur sain.

Un regard critique

Bien que l’environnement social fût relativement propice à l’assiduité dans la pratique religieuse et à l’ascétisme, l’Imâm ʿAbd Allâh Al-Haddâd fut sensible à la dégradation de l’éthique à son époque et critiqua, à maintes occasions et non sans amertume, ses contemporains et les gouverneurs qui s’écartaient de la voie droite. Ainsi disait-il : « Nos contemporains ont manqué toute chose, ils ont prétendu toute chose, et ils ont relâché toute chose », ou encore « si l’on donnait à nos contemporains le choix entre cent dirhams et le Pardon divin, ils préféreraient plutôt les cent dirhams au Pardon ! ».

Le Credo d’Al-Haddâd

Sheikh ʿAbd Allâh Al-Haddâd, tout comme les savants BâʿAlawîs de façon générale, recommandait à ses disciples d’assainir le credo et de suivre l’École Ashʿarite, l’école prévalente du sunnisme en matière de credo. Il dit à ce titre dans Risâlat Al-Muʿâwanah : « Veille à perfectionner ton credo, à le reformer et à le corriger par le credo du groupe sauvé, connu parmi les différentes sectes musulmanes sous le nom de « Ahl As-Sunnah wal-Jamâʿah ». En effet, les adeptes de ce groupe se sont attachés à la foi transmise par le Prophète — paix et bénédictions sur lui — et suivie par ses compagnons. Si tu étudiais avec une raison saine et un cœur pur les énoncés du Coran et de la Sunnah traitant de la foi, et si tu t’exposais aux biographies des pieux prédécesseurs parmi les Compagnons et les Successeurs, tu verrais que la vérité est prêchée par le groupe Ashʿarite, en référence à Sheikh Abû Al-Hasan Al-Ashʿarî qui exposa le credo des gens de la vérité et détailla leurs arguments. C’est le credo sur lequel s’accordèrent les Compagnons et ceux qui les suivirent parmi les vertueux Successeurs. C’est également le credo des gens de la vérité à toute époque et dans toute contrée, et c’est le credo de l’ensemble des Soufis, conformément à l’exposé d’Abû Al-Qâsim Al-Qushayrî au début de sa Risâlah [1]. Par la grâce de Dieu, c’est notre credo, celui de nos frères les maîtres Husaynis appelés Âl Abî ʿAlawî, celui de nos aïeux depuis le Messager de Dieu — paix et bénédictions sur lui — jusqu’à nos jours. Lorsque l’aïeul de ces maîtres, l’Imâm Al-Muhâjir Ilâ Allâh, Sayyidî Ahmad Ibn ʿIsâ Ibn Mohammad Ibn ʿAlî le fils de l’Imâm Jaʿfar As-Sâdiq, puisse Dieu les agréer, vit que les innovations, les viles passions et les divergences étaient devenues monnaie courante en Iraq, il émigra et ne cessa de se déplacer, jusqu’à ce qu’il eut atteint la terre de Hadramaout où il séjourna jusqu’à son décès. »

Il dit plus loin : « Tout croyant devrait fortifier son credo en étudiant le credo consigné par l’un des Imams dont le rang et le savoir ferme furent largement reconnus. Il me semble que l’on ne trouverait à cet égard un credo plus complet, plus clair, et sans l’ombre d’un doute, que le credo établi par l’Imâm Al-Ghazâlî au chapitre premier du Livre du Credo dans son ouvrage l’Ihyâ. »

Ses ouvrages

Bien que versé dans la jurisprudence et le credo islamiques, Sheikh ʿAbd Allâh estima que la présence de nombreux jurisconsultes honorait largement cette responsabilité de suffisance communautaire. Il choisit ainsi de porter l’essentiel de ses efforts sur la prédication, l’enseignement pratique de l’éthique du Prophète — paix et bénédictions sur lui — et ce, dans un style accessible à un large public. La majeure partie de son œuvre traite de l’éthique du musulman, le caractère éphémère de l’ici-bas et des fondements de la voie du cheminement vers Dieu — Exalté soit-Il —. Nous lui devons les ouvrages suivants :

  1. Risâlat Al-Mudhâkarah (1069 A.H., 1659 E.C.) : Cette courte épître vise à inciter le croyant à garder Dieu au cœur de sa pensée et Sa Satisfaction au sommet de ses priorités. Il y réunit des versets, des hadiths prophétiques et des paroles de savants et de gnostiques mettant en garde contre les artifices de ce bas-monde, lequel doit être mis au service de la vérité et de la demeure éternelle de l’au-delà.
  2. Âdâb Sulûk Al-Murîd (1071 A.H., 1661 E.C.) : Il dicta dans cette épître les fondements de l’éthique islamique que l’aspirant à la voie du soufisme authentique doit scrupuleusement observer.
  3. Ithâf As-Sâ’il (1072 A.H., 1662 E.C.) : Il s’agit d’une longue lettre dictée en réponse à des questions que Sheikh ʿAbd Ar-Rahmân BâʿAbbâd souleva lorsque Sheikh ʿAbd Allâh rendit visite à la ville de Shibâm.
  4. Al-Wasâyâ An-Nâfiʿah (1071-1107 A.H., 1661-1696 E.C.) : Il s’agit d’une collection posthume de lettres qu’il adressa pendant cette période à certains de ses disciples au Yémen, en Égypte, et ailleurs.
  5. An-Nasâ’ih Ad-Dîniyyah (1089 A.H., 1678 E.C.) : C’est son ouvrage le plus volumineux. Il y propose un exposé approfondi de la doctrine et des enseignements islamiques, et s’y étend sur les cinq piliers fondateurs de l’Islam, la nécessité d’enjoindre le bien et de réprouver le mal, les responsabilités sociales, les maladies du cœur et leurs remèdes, et les vertus et les qualités recommandables. L’auteur entame sa discussion de ces divers sujets sous l’angle de leur forme apparente ou juridique, puis embarque le lecteur dans une analyse subtile de leurs finalités et de leurs dimensions spirituelles. Cet ouvrage s’apparenterait à une synthèse de l’Ihyâ de l’Imâm Abû Hâmid Al-Ghazâlî.
  6. Risâlat Al-Muʿâwanah wal-Mudhâharah wal-Mu’âzarah lir-Râghibîn Min Al-Mu’minîn fî Sulûk Tarîq Al-Âkhirah — L’aide, le secours et l’assistance aux croyants désireux d’emprunter le chemin de l’ultime demeure — (1099 A.H., 1688 E.C.) : Il s’agit d’un recueil précieux de conseils répartis en courts chapitres, formant un guide complet de l’éthique du musulman dans les affaires religieuses et celles de ce monde.
  7. Sabîl Al-Iddikâr (1109 A.H., 1688 A.H.) : Cet ouvrage expose la vérité des cinq étapes de la vie de l’être humain dans son voyage vers le monde éternel. Il commence par la vie pré-terrestre dans le monde de l’initiation, puis la vie terrestre, et décrit la vie intermédiaire dans le monde du Barzakh qui survient après la mort. Il poursuit ensuite par la vie après la Résurrection qui mène à la phase ultime et la vie éternelle dans le Paradis ou dans l’Enfer.
  8. Ad-Daʿwah At-Tâmmah (1114 A.H., 1702 E.C.) : Son deuxième ouvrage le plus long, il y classifie la société en huit catégories : les savants, les soufis et les ascètes, les rois et les gouverneurs, les marchants et les artisans, les dépendants — comme les femmes, les enfants et les valets —, les pauvres et les faibles, les gens communs, et les non-musulmans. Il décrit les caractéristiques de chacune de ces catégories et expose leurs droits et leurs devoirs.
  9. An-Nafâ’is Al-ʿUlwiyyah (1125 A.H., 1713 E.C.) : Il s’agit d’une compilation de réponses de Sheikh ʿAbd Allâh Al-Haddâd à diverses questions qui lui furent adressées au fil des années. Sheikh Ahmad Ibn Zayn Al-Habashî se chargea de les extraire des correspondances du Sheikh ʿAbd Allâh et les compila dans cet ouvrage.
  10. Al-Fusûl Al-ʿIlmiyyah (1130 A.H., 1718 E.C.) : Cet ouvrage compte quarante chapitres. Il ne semble pas y avoir d’unité d’ensemble dans cet ouvrage, si ce n’est qu’il vise à éduquer l’aspirant afin qu’il apprenne à établir ses priorités, à choisir ses amis et compagnons, à acquérir le savoir utile, à organiser son temps et à trouver le juste milieu dans toutes ses affaires.
  11. Diwân : Un recueil réunissant près de cent cinquante poèmes de l’Imâm ʿAbd Allâh, le plus long de ceux-là étant sa Tâ’iyyah. De nombreux poèmes de ce recueil furent commentés, notamment par Sheikh Ahmad Ibn Zayn Al-Habashî, qui entreprit cette œuvre du vivant de son Sheikh. À cet effet, l’Imâm ʿAbd Allâh demanda à Sheikh Ahmad Al-Habashî de s’attarder davantage sur les dimensions exotériques des vers et de passer sous silence le souffle ésotérique qui les sous-tend autant que faire se peut.

Son décès

Sheikh ʿAbd Allâh Al-Haddâd retourna à Dieu en 1132 A.H. (1720 E.C.), âgé de près de quatre-vingt-dix ans. Son savoir, sa sagesse et ses ouvrages lui valurent d’être parmi les éducateurs spirituels les plus éminents de la famille BâʿAlawî, en particulier, et du monde musulman, en général. La famille Al-Haddâd continue à produire des prédicateurs, des gnostiques et des hommes de Dieu qui s’illustrent dans le champ de l’éducation spirituelle et de l’enseignement de l’Islam. À ce titre, l’Imâm Ahmad Mashhûr Ibn Tâhâ Al-Haddâd fut l’un des héritiers contemporains de la sagesse de l’Imâm ʿAbd Allâh Al-Haddâd, puisse Dieu leur faire miséricorde.

La tombe de l’Imâm ʿAbd Allâh Al-Haddâd

P.-S.

Sources :

  • The Sufi Sage of Arabia, Imam ʿAbd Allâh Ibn ʿAlawî Al-Haddâd, de Dr. Mustafâ Al-Badawî.
  • Risâlat Al-Muʿâwanah wal-Mudhâharah wal-Mu’âzarah lir-Râghibîn Min Al-Mu’minîn fî Sulûk Tarîq Al-Âkhirah, de l’Imâm ʿAbd Allâh Ibn ʿAlawî Al-Haddâd.

Notes

[1Ar-Risâlah Al-Qushayriyyah de son auteur l’Imâm Abû Al-Qâsim Al-Qushayrî.

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