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En Compagnie de l’Élu

Le forage du puits de Zamzam

dimanche 23 novembre 2008

À La Mecque, l’approvisionnement des pèlerins en eau se faisait à partir de puits éloignés du sanctuaire. Le responsable de ce service préparait de grands bassins autour de la Kaʿbah, puis faisait venir de l’eau de puits dont il remplissait les bassins. Ainsi se déroulait le service. Le processus était tellement difficile que ʿAbd Al-Muttalib repensa au puits de Zamzam qui avait été enfoui et que nul n’était capable de localiser. On dit que ʿAbd Al-Muttalib s’endormit un jour à Al-Hijr et entendit dans son sommeil une voix lui ordonnant de creuser le puits de Zamzam. ʿAbd Al-Muttalib se demanda alors comment il allait retrouver son emplacement. Son rêve se répéta plusieurs fois jusqu’au jour où on lui précisa : « Il se trouve entre Isâf et Nâ’ilah — les deux idoles adorées par Quraysh et à qui ils faisaient des offrandes —. »

À l’époque, ʿAbd Al-Muttalib n’avait qu’un seul fils prénommé Al-Hârith. Il emmena son fils avec lui et une bêche et commença à creuser. Mais les Qurayshites s’opposèrent à lui par crainte de courroucer leurs idoles. Quand il leur conta son rêve, ils le laissèrent accomplir son dessein. Il continua à creuser jusqu’à ce qu’il fût tombé sur les épées, les boucliers et les deux gazelles, le tout en or massif. Les Qurayshites voulurent partager ce trésor avec lui, mais il insista à rendre l’intégralité de sa trouvaille à la Kaʿbah. En effet, il fit fondre les épées et les boucliers et s’en servit pour couler une porte pour la Kaʿbah qu’il orna à l’aide des deux gazelles.

Zamzam jaillit de nouveau et le ravitaillement en eau des pèlerins devint aisé. ʿAbd Al-Muttalib n’en fut que plus respecté par les Qurayshites.

La résistance que ʿAbd Al-Muttalib rencontra de la part des Qurayshites au moment du creuser le puits de Zamzam le poussa à se tourner vers Dieu le priant de lui donner dix enfants. Il voua en contrepartie de sacrifier l’un de ses enfants à la Kaʿbah en guise d’offrande à Dieu si ses dix enfants atteignaient l’âge adulte et étaient capables de le défendre.

Dieu exauça ʿAbd Al-Muttalib et lui donna dix enfants. Le plus jeune d’entre eux et le plus cher à son cœur se prénommait ʿAbd Allâh. Un jour, ʿAbd Al-Muttalib voulut tenir sa promesse. Il rassembla ses enfants et les informa du vœu qu’il avait fait. Ils se mirent tous à la disposition de leur père. Muni d’un couteau, il emmena ses enfants à la Kaʿbah. Il y consulta le bélomancien [1] ; les flèches désignèrent ʿAbd Allâh.

Les Qurayshites entourèrent ʿAbd Al-Muttalib afin de l’empêcher de tenir sa parole, de peur que cela devienne une coutume chez les Arabes. Face à sa détermination, ils lui proposèrent de consulter une voyante connue, ce qu’il accepta. Ils l’accompagnèrent chez la voyante qui leur recommanda de retourner à la Kaʿbah et de faire un tirage au sort entre ʿAbd Allâh et dix chameaux (ce qui représentait à l’époque le prix du sang d’un homme). Si les flèches désignaient les chameaux, ils devaient les sacrifier pour racheter la vie de ʿAbd Allâh. En revanche, si les flèches désignaient ʿAbd Allâh, ils devaient apporter dix chameaux supplémentaires et recommencer jusqu’à ce que le Seigneur soit satisfait.

ʿAbd Al-Muttalib et sa compagnie exécutèrent cet ordre ; les flèches désignèrent ʿAbd Allâh jusqu’à ce que l’offrande eut atteint cent chameaux. Ensuite, les flèches désignèrent les chameaux par trois fois consécutives. On les offrit donc en sacrifice. ʿAbd Al-Muttalib fut satisfait du dénouement et rentra chez lui avec son fils ʿAbd Allâh dans la joie et la bonne humeur.

La nouvelle du rachat de ʿAbd Allâh se répandit. Les jeunes femmes mecquoises convoitèrent ce jeune homme séduisant, qui était aussi le fils du seigneur de Quraysh. Celui-là même dont la vie valait pas moins de cent chameaux selon le Seigneur, alors que le prix du sang n’excédait pas les dix chameaux à l’époque.

ʿAbd Al-Muttalib songea à marier son fils. Il choisit pour lui la fille du seigneur des Banû Zuhrah : Âminah Bint Wahb Ibn ʿAbd Manâf Ibn Zuhrah. Par la même occasion, il choisit pour lui-même sa cousine : Hâlah, qui lui mit au monde Hamzah l’oncle du Prophète — paix et bénédictions sur lui — et qui avait à peu près le même âge que le Prophète. On célébra donc à la fois le rachat de ʿAbd Allâh et les mariages.

Peu de temps après, ʿAbd Allâh partit avec une caravane commerciale à destination de la Syrie. Sur le chemin du retour, il s’arrêta à Yathrib (Médine) pour rendre visite à ses oncles maternels de la tribu de Banû An-Najjâr. Il tomba alors gravement malade et ne put poursuivre le voyage avec la caravane qui rentra à La Mecque sans lui. Quand son père apprit qu’il était malade, il lui envoya son frère Al-Hârith Ibn ʿAbd Al-Muttalib pour le ramener. Mais la mort fut plus prompte. ʿAbd Allâh décéda et fut enterré à Yathrib. Al-Hârith porta la terrible nouvelle à son père qui fut empli de grief et de tristesse pour la perte de ce fils bien-aimé, dont il avait racheté la vie il y avait à peine quelques mois. La nouvelle ravagea le cœur de la jeune mariée, Dame Âminah. Cette mariée qui attendait patiemment le retour de son époux pour accueillir avec lui cet enfant qui commençait à bouger dans ses entrailles. La veuve affligée s’installa dans la maison du père de son défunt époux afin qu’il prenne soin d’elle, l’entoure de sa tendresse et partage son malheur.

P.-S.

Traduit de l’arabe du livre de Sheikh Yâsîn Rushdî, Fî Rihâb Al-Mustafâ (En Compagnie de l’Élu), disponible au format PDF sur le site Mouassa.org.

Notes

[1La bélomancie est un art divinatoire utilisant des flèches. NdT.

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