mercredi 16 octobre 2002
Au nom de Dieu, Clément et Miséricordieux.
Pourquoi notre maître Muhammad, paix et bénédiction sur lui, a-t-il épousé la Dame ʿÂ’ishah, que Dieu l’agrée, alors qu’elle n’avait que neuf ans ?
Que Dieu vous récompense.
Premièrement, le mariage du Messager — paix et bénédiction sur lui — avec la Dame ʿÂ’ishah — que Dieu l’agrée — avait été à l’origine suggéré par Khawlah Bint Hakîm. Cela afin de renforcer les liens qui unissaient le Prophète à son ami le plus cher, notre maître Abû Bakr, par le lien robuste de la belle-alliance.
Deuxièmement, la Dame ʿÂ’ishah — que Dieu l’agrée — avait déjà été fiancée à Jubayr Ibn Mutʿam Ibn ʿAdiyy. Elle était donc mature et accomplie du point de vue de sa féminité. La preuve en est qu’elle avait été fiancée avant même la suggestion de Khawlah.
Troisièmement, la tribu de Quraysh qui guettait le Messager — paix et bénédiction sur lui — afin de retourner les gens contre lui à la moindre erreur, à la moindre inattention de sa part, au moindre lapsus, ne fut pas étonnée outre mesure lorsque fut annoncée la nouvelle de la belle-alliance contractée entre les deux compagnons de toujours et les deux plus fidèles amis. Elle accueillit cela comme elle accueillait des choses tout à fait banales.
Quatrièmement, la Dame ʿÂ’ishah — que Dieu l’agrée — n’était pas la première jeune fille de son époque à être mariée à un homme ayant l’âge de son père. Elle n’était pas non plus la dernière. Le vieux ʿAbd Al-Muttalib avait épousé Hâlah, la cousine de Âminah, le jour même où son fils cadet ʿAbd Allâh épousa une jeune fille de l’âge de Hâlah, et qui était Âminah Bint Wahb. [1]
En outre, notre maître ʿUmar Ibn Al-Khattâb épousa la fille de notre maître ʿAlî Ibn Abî Tâlib — que Dieu honore sa face — alors qu’il avait l’âge de son grand-père. De la même manière, notre maître ʿUmar Ibn Al-Khattâb proposa en mariage à notre maître Abû Bakr, sa fille, la jeune Hafsah, alors que la différence d’âge entre les deux était du même ordre que celle qui existait entre le Messager — paix et bénédiction sur lui — et ʿÂ’ishah, que Dieu l’agrée. Cependant, certains orientalistes, ignorant toutes les différences spatio-temporelles, viennent, plus de mille quatre cents ans après ce mariage, polémiquer sur ce qu’ils appellent l’union étrange entre la vieillesse et l’enfance. Ils mesurent à l’aune de leurs passions un mariage contracté à la Mecque avant l’Hégire à ce qui se passe aujourd’hui en Occident, où les jeunes femmes ne se marient pas habituellement avant l’âge de vingt-cinq ans.
Il faut garder à l’esprit que les jeunes filles, dans les régions chaudes, atteignent la maturité à un âge bien plus précoce — huit ans environ — que dans les régions froides, où cet âge peut aller jusqu’à vingt et un ans. Quoiqu’il en soit, le Prophète — paix et bénédiction sur lui — n’épousa pas la Dame ʿÂ’ishah — que Dieu l’agrée — pour la jouissance, lui qui avait alors cinquante-cinq ans. Ce mariage fut contracté afin de renforcer par la belle-alliance les liens qui l’unissaient à l’homme qu’il aimait le plus. Cela est d’autant plus vrai que la responsabilité du message qu’il lui incombait de transmettre était devenue une lourde charge à porter. Il n’avait donc pas le temps de penser à ces choses. Si le Prophète — paix et bénédiction sur lui — était intéressé par les femmes et la jouissance qu’il pourrait en tirer, il aurait fait cela lors de sa jeunesse, alors qu’il n’avait pas la responsabilité du message à supporter et que son âge n’était pas avancé. Au contraire, il était alors dans sa pleine jeunesse virile et en pleine possession de son désir latent.
Cependant, lorsque nous examinons sa jeunesse, nous remarquons qu’il était désintéressé de tout cela. Ainsi accepta-t-il d’épouser la Dame Khadîjah — que Dieu l’agrée — âgée de quarante ans, alors que lui n’en avait que vingt-cinq.
De plus, si les femmes hantaient réellement son esprit, il n’aurait pas accepté cette situation, à savoir ne pas prendre une deuxième épouse, pendant toute cette période, jusqu’à la mort de son épouse Khadîjah. Si son mariage avec elle était une erreur, voici Khadîjah — que Dieu l’agrée — maintenant morte. Qui donc épousa-t-il après elle ? Il épousa après elle Sawdah Bint Zamʿah Al-ʿÂmiriyyah, afin de la consoler et lui tenir compagnie après la mort de son époux. C’était une femme âgée qui ne possédait rien des attraits enviés par les hommes et les prétendants. Cela montre que le Messager — paix et bénédiction sur lui — recherchait par le mariage des buts humains, législatifs, islamiques, et ainsi de suite.
Par ailleurs, lorsque Khawlah Bint Hakîm lui proposa le mariage avec ʿÂ’ishah, le Messager — paix et bénédiction sur lui — se mit à réfléchir : allait-il refuser la fille d’Abî Bakr ? La longue et dévouée compagnie qui le liait à son ami, l’estime unique en son genre que lui portait le Messager l’empêchèrent de refuser.
Lorsque ʿÂ’ishah — que Dieu l’agrée — arriva dans la maison du Messager — paix et bénédiction sur lui — Sawdah lui céda la première place dans la maison. Obéissante à Dieu et fervente Musulmane, elle veilla à ce que sa nouvelle co-épouse fût parfaitement à l’aise, et ce, jusqu’à sa mort. La Dame ʿÂ’ishah — que Dieu l’agrée — demeura par la suite une épouse fidèle au Messager — paix et bénédiction sur lui. Elle s’instruisit entre ses mains jusqu’à devenir une savante, maîtrisant au plus haut degré la jurisprudence islamique.
L’amour du Messager — paix et bénédiction sur lui — pour la Dame ʿÂ’ishah — que Dieu l’agrée — n’était rien d’autre qu’un prolongement naturel de son amour pour son père Abû Bakr, que Dieu les agrée tous deux.
On demanda au Prophète — paix et bénédiction sur lui : « Quelle est la personne que tu chéris le plus ? » Il répondit : « ʿÂ’ishah. » On demanda : « Et parmi les hommes ? » Il répondit : « Son père. » Telle est la Dame ʿÂ’ishah — que Dieu l’agrée — l’épouse préférée du Messager — paix et bénédiction sur lui — et la personne qu’il chérissait le plus.
Son mariage avec elle ne découlait pas d’un désir charnel ; les motifs de ce mariage tenaient moins à la jouissance conjugale qu’à l’hommage que le Prophète désirait rendre à Abû Bakr, la préférence et le rapprochement qu’il voulait renforcer et l’honneur qu’il souhaitait rendre à sa fille en lui donnant sa place dans la maison de la prophétie.
Et Dieu est Le plus Savant.
Source : la Banque de Fatâwâ du site Islamonline.net. La version originale est consultable sur archive.org.
On pourra également consulter cette fatwâ en anglais.
[1] Rappelons que ʿAbd Al-Muttalib est le grand-père du Prophète Mohammad alors que Âminah Bint Wahb est sa mère.
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