dimanche 2 mars 2003
Qu’en est-il d’un jeune homme musulman qui part combattre avec ses frères en Terre Sacrée [1], puis qui est tué sur le champ de bataille ? Est-il considéré comme un martyr ? Les péchés qu’il aura perpétrés durant sa vie, comme l’abandon de certaines obligations religieuses ou la commission de certains interdits, lui seront-ils pardonnés ?
Louanges à Dieu et paix et bénédiction sur le Messager de Dieu.
Tout Musulman qui atteste qu’il n’y a de dieu que Dieu et que Muhammad est le Messager de Dieu, qui ne s’est pas rendu coupable d’apostasie (en raillant un élément de la foi, en reniant une obligation, en considérant licite un interdit péremptoire ou en méprisant un point consensuel de la Législation (Sharîʿah)) - s’il est tué dans la bataille qui oppose les Musulmans aux Juifs impies - est un martyr musulman à part entière. Toutes les dispositions concernant les martyrs sont prises pour lui : il n’est ni lavé ni enveloppé dans un linceul et est enterré avec ses vêtements dans lesquels il a été tué, et ce, afin que les traces de sang et les blessures témoignent en sa faveur le Jour de la Résurrection.
Quant à la question de savoir si son combat et sa mort sanglante sont dans le Sentier de Dieu (Sabîl Allâh) ou non, cela revient à ses intentions, à ses motifs et à ses finalités, lesquels constituent en Islam le critère d’évaluation de toutes les actions. « Dieu n’observe pas vos corps mais Il observe vos cœurs. » ; « En vérité, les actions trouvent leur essence dans les intentions, et chaque individu récoltera le fruit de ses intentions. »
L’effort de lutte (Jihâd) en Islam n’est pas un acte matériel. Il s’agit plutôt d’un sacrifice de soi et d’un des plus grands cultes qui permettent de se rapprocher de Dieu - Exalté soit-Il. C’est pour cette raison que l’agrément de ce culte est conditionné par une entière abnégation de l’intention envers Dieu, ainsi que par une purification du cœur de tout motif matériel comme la quête de la renommée, l’orgueil héroïque, le fanatisme nationaliste, etc. C’est à cet égard qu’a été rapporté le hadith de Abû Mûsâ dans les deux Sahîh [2] entre autres : « Un bédouin vint trouver le Prophète - paix et bénédiction sur lui - lui disant : « Ô Messager de Dieu, tel homme combat pour le butin, tel autre combat pour la renommée et tel dernier combat pour se distinguer. Lequel de ceux-ci est dans le Sentier de Dieu ? » Le Prophète - paix et bénédiction sur lui - répondit : « Celui qui combat pour faire prévaloir la parole de Dieu est celui qui est dans le Sentier de Dieu. » » Et la parole de Dieu désigne ici l’appel à l’Islam. Abû Dâwûd a rapporté que ʿAbd Allâh Ibn ʿAmr dit : « Ô Messager de Dieu, informe-moi au sujet de l’effort de lutte et du combat. » Le Prophète lui répondit : « Ô ʿAbd Allâh Ibn ʿAmr, si tu combats en étant endurant et abandonné à Dieu, Dieu te ressuscitera endurant et abandonné à Lui. Et si tu combats en étant orgueilleux et pharisaïque, Dieu te ressuscitera orgueilleux et pharisaïque. Ô ʿAbd Allâh Ibn ʿAmr, quel que soit l’état dans lequel tu combats et que tu es tué, tu seras ressuscité dans cet état. »
Quant aux péchés qu’a pu commettre le martyr, ils sont de deux sortes :
Ainsi, tout péché autre que l’apostasie ou l’hypocrisie - que Dieu nous en protège - entre dans le cadre du Pardon dont Dieu honore les martyrs. Le hadith suivant est sans doute ce qui permet de rendre le mieux compte de cela. Ad-Dârimî rapporte, d’après le Sulamîte ʿUtbah Ibn ʿAbd - que Dieu l’agrée -, que le Messager de Dieu - paix et bénédiction sur lui - dit : « Les tués sont de trois sortes :
– un Croyant qui lutte avec sa personne et avec ses biens dans le Sentier de Dieu et qui, lorsqu’il rencontre l’ennemi, le combat jusqu’à être tué. Le Prophète - paix et bénédiction sur lui - dit à son sujet : Celui-ci est le martyr éprouvé, - c’est-à-dire, celui dont Dieu a éprouvé la piété du cœur et dont Il a ouvert la poitrine à la foi - qui sera à l’Ombre de Dieu, sous le Trône divin, et ne sera surpassé en mérite que par les Prophètes de par le degré de la prophétie.
– Un Croyant qui a commis de bonnes actions et de mauvaises actions, qui lutte avec sa personne et avec ses biens dans le Sentier de Dieu et qui, lorsqu’il rencontre l’ennemi, le combat jusqu’à être tué. Le Prophète - paix et bénédiction sur lui - dit à son sujet : Une expiation purificatrice effacera ses péchés et ses fautes - l’épée efface les fautes - et il entrera au Paradis par la porte qu’il aura choisie.
– Un hypocrite qui lutte avec sa personne et avec ses biens et qui, lorsqu’il rencontre l’ennemi, le combat jusqu’à être tué. Celui-là est en Enfer. L’épée n’efface pas l’hypocrisie. »
(Version rapportée par Ad-Dârimî dans Mishkâh Al-Masâbîh. Le spécialiste des hadiths, le Cheikh Al-Albânî a dit dans sa critique des hadiths du Mishkâh : chaîne de narration authentique. Une version similaire du hadith a été rapportée par l’Imâm Ahmad avec une bonne chaîne de narration, par At-Tabarânî, par Ibn Hibbân dans son Sahîh, par Al-Bayhaqî et par Al-Mundhirî dans At-Targhîb wa At-Tarhîb, au chapitre de l’effort de lutte.) Dans une version chez Ibn Hibbân, dans son Sahîh, la deuxième catégorie de tués est décrite de la manière suivante : « Un homme qui craint pour lui-même de ses péchés et de ses fautes, qui lutte avec sa personne et avec ses biens [...] »
Il n’y a plus rien à redire après l’explication prophétique. L’épée efface les fautes et purifie de la souillure des péchés, que ceux-ci concernent l’abandon de certaines obligations religieuses ou la commission de certains interdits. La Miséricorde divine ne saurait être restreinte : l’épée efface les fautes. Néanmoins, elle n’efface pas l’hypocrisie, ni ne purifie de la perversité de l’apostasie et de l’hérésie.
Ceux qui portent des noms musulmans, qui vivent au sein des Musulmans, mais qui nourrissent - parfois ouvertement - leur mépris de l’Islam, leur dédain de ses directives et leur inimitié pour ceux qui y invitent, ne se verront en aucun cas expiés de leur perfidie, même s’ils sont tués par les Juifs criminels.
Et Dieu est le plus Savant.
Traduit de l’arabe à partir de la Banque de Fatâwâ du site Islamonline.net. La version originale est consultable sur archive.org.
[1] Il s’agit ici de la Palestine.
[2] Les deux Sahîh désignent ici le Sahîh d’Al-Bukhârî et le Sahîh de Muslim.
© islamophile.org 1998 - 2024. Tous droits réservés.
Toute reproduction interdite (y compris sur internet), sauf avec notre accord explicite. Usage personnel autorisé.
Les opinions exprimées sur le site islamophile.org sont celles de leurs auteurs. Exprimées dans diverses langues étrangères, ces opinions sont mises à la portée des lecteurs francophones par nos soins, à des fins d'information, de connaissance et de respect mutuels entre les différentes cultures et religions du monde.