Sheikh Yûsuf Al-Qaradâwî naquit en 1926 à Saft At-Turâb, dans la province de Gharbiyyah en Égypte. Orphelin de père dès l’âge de deux ans, il grandit dans une famille de paysans attachés à l’islam. Ce fut son oncle paternel qui l’éleva et qui prit soin de lui. Il l’envoya à l’école coranique du village où le jeune Yûsuf acheva la mémorisation du Coran à l’âge de 10 ans. Son oncle célébra cet événement et, à partir de ce moment-là, on lui donna le titre de "Sheikh" dans sa famille.
Lorsqu’il termina le cycle primaire, son oncle jugea utile de lui apprendre un métier artisanal afin qu’il ait une profession et une source de revenus. Mais le jeune Sheikh était animé par d’autres ambitions. Il tenait à poursuivre ses études en sciences islamiques. Il réussit à convaincre son oncle de son projet. Une fois de plus, l’oncle au cœur généreux apporta tout son soutien à son neveu.
Études et activités islamiques
Yûsuf Al-Qaradâwî poursuivit ses études à l’institut azharite de la ville de Tantâ. Ce fut son premier pas au sein de la prestigieuse institution d’Al-Azhar. Neuf années plus tard, il obtint le diplôme sanctionnant le cycle d’enseignement secondaire. Il se rendit alors au Caire où il intégra le cycle universitaire d’Al-Azhar, dans la Faculté des Fondements de la Religion. En 1953, major de sa promotion, il décrocha son diplôme.
Entre 1953 et 1960, Yûsuf Al-Qaradâwî poursuivit ses études à Al-Azhar, au sein d’autres facultés. En 1957, il obtint une agrégation de lettres arabes, arrivant en tête d’une promotion de 500 étudiants.
En parallèle avec ses études de lettres arabes, il suivit le cursus du Département du Coran et des Sciences de la Sunnah de la Faculté des Fondements de la Religion. Il fut le seul étudiant reçu à l’examen préliminaire, et obtint son diplôme en 1960.
En 1960, il commença la préparation de sa thèse, dont le thème était l’aumône légale (la zakâh) et son rôle dans la résolution des problèmes sociaux. Cependant, les répressions de l’époque nassérienne contre les Frères Musulmans perturbèrent le déroulement des travaux de recherche de Sheikh Yûsuf Al-Qaradâwî. Il n’acheva sa thèse qu’en 1973, avec la mention "Excellent".
Yûsuf Al-Qaradâwî rejoignit le mouvement des Frères Musulmans alors qu’il était au cycle secondaire de l’institut azharite de Tantâ. Il avait une grande admiration pour Sheikh Hasan Al-Bannâ.
D’autres savants contemporains marquèrent Yûsuf Al-Qaradâwî : Sheikh Muhammad Al-Ghazâli, Sheikh Al-Bahiyy Al-Khôlî, Sheikh Muhammad ʿAbd Allâh Darrâz, Sheikh Mahmûd Shaltût et Sheikh ʿAbd Al-Halîm Mahmûd, pour ne citer que ceux-là.
Au début des années 1950, Sheikh Al-Qaradâwi prit la responsabilité des activités du mouvement islamique à Al-Azhar. Il fut membre du Comité des Volontaires d’Al-Azhar, qui luttait contre l’occupation britannique du Canal de Suez. À la fin de la lutte armée dans la zone du Canal de Suez en 1952, il forma une délégation d’étudiants azharites. La délégation mena une réflexion sur le cursus scolaire d’Al-Azhar, puis demanda à être reçue par des savants influents au sein de la hiérarchie d’Al-Azhar afin d’apporter des propositions d’amélioration aux programmes enseignés à Al-Azhar. Cette démarche fut appréciée par Sheikh Muhammad Al-Khidr Husayn, Grand Imâm d’Al-Azhar à l’époque.
Son affiliation au mouvement des Frères Musulmans lui valut d’être emprisonné en 1949, puis entre 1954 et 1956 et en 1962.
Ses premiers pas dans la prédication remontent à 1956, dans l’une des mosquées du Caire. En 1959, il fut interdit de prédication et transféré au Département de la Culture Islamique à Al-Azhar. En 1962, Al-Azhar le détacha au Qatar pour occuper le poste de Président de l’Institut Secondaire des Études Religieuses.
En 1977, il dirigea la fondation de la Faculté de Droit musulman à l’Université du Qatar dont, plus tard, il devint le doyen. La même année, il fonda le Centre de Recherches de la Sîrah et de la Sunnah.
Efforts de prédication
Depuis sa jeunesse, Sheikh Yûsuf Al-Qaradâwî s’est activement impliqué dans la prédication à Dieu. Son dévouement à la tâche, le caractère posé de ses réflexions et de ses écrits, la chaleur humaine qui se dégage de ses sermons ont contribué à sa renommée. Il est par ailleurs l’auteur d’un grand nombre d’ouvrages de qualité dans diverses branches des sciences islamiques. Excellent poète, il composa dans sa jeunesse un certain nombre de poèmes dont une partie est publiée dans son recueil de poésie, Nafahât wa Lafahât (Douceurs et Douleurs).
Sheikh Yûsuf Al-Qaradâwî doit également sa renommée à ses émissions télévisées hebdomadaires, suivies par des millions de foyers parmi les populations arabophones. Il anime ainsi chaque semaine l’émission "Hady Al-Islâm, La Guidance de l’Islam" sur la chaîne nationale du Qatar. Il répond dans cette émission aux questions précises et personnelles que lui envoient les téléspectateurs concernant leur pratique religieuse. Ses avis juridiques, fidèles à son approche médiane de l’Islam et qui se veulent le plus conciliants possible, pour aider les Musulmans dans leur pratique religieuse en ces temps difficiles pour la Communauté musulmane, sont très prisés. Il est également l’invité quasi-permanent de l’émission "Ash-Sharîʿah Wal-Hayâh, La Législation islamique et la Vie" de la chaîne panarabe Al-Jazîrah. Cette émission, animée par un présentateur ou une présentatrice de la chaîne, aborde davantage des sujets de réflexion sur lesquels le Sheikh présente la vision que l’Islam porte sur le sujet proposé. Le Sheikh y répond également aux interventions ou demandes de précisions des téléspectateurs qui s’y expriment soit en direct par téléphone soit par internet.
Œuvres et pensée
Sheikh Yûsuf Al-Qaradâwî est l’auteur de plus de quatre-vingts ouvrages. Ses écrits ont connu un large succès en Orient comme en Occident, si bien que certains de ses livres ont été édités une dizaine de fois et de nombreux autres traduits dans plusieurs langues étrangères. Les écrits de Sheikh Al-Qaradâwî dégagent une rigueur juridique et sont empreints d’une grande ferveur. Le Sheikh s’est penché sur de nombreuses questions contemporaines, en particulier celles qui préoccupent les musulmans vivant dans des sociétés occidentales. Naturellement, les opinions de Sheikh Al-Qaradâwî qui relèvent de son interprétation personnelle ne font pas l’unanimité. Néanmoins, elles sont en général richement argumentées et méritent d’être débattues entre savants et juristes.
Certains de ses livres sont devenus une référence incontournable dans le monde savant, à l’instar de son ouvrage en deux volumes Fiqh Az-Zakâh (Jurisprudence de l’Aumône légale). Le savant pakistanais Abû Al-Aʿlâ Al-Mawdûdî a fait l’éloge de ce livre en déclarant : « C’est l’ouvrage du siècle en matière de jurisprudence islamique ».
Sheikh Yûsuf Al-Qaradâwî est un acteur prépondérant de l’éveil islamique contemporain. Il composa un certain nombre d’ouvrages visant à établir une voie médiane et équilibrée pour cet éveil et tenta d’en définir les priorités.
Bibliographie
Citons quelques-uns de ses ouvrages :
La jurisprudence islamique et ses fondements
Al-Halâl wal-Harâm fil-Islâm
Le licite et l’illicite en Islam
Fatâwâ Muʿâsirah
Fatwas contemporaines
Al-Ijtihâd fî Ash-Sharîʿah Al-Islâmiyyah
L’ijtihâd dans la loi islamique
Fiqh As-Siyâm
La jurisprudence relative au jeûne
ʿAwâmil As-Siʿah wal-Murûnah fî Ash-Sharîʿah Al-Islâmiyyah
Les facteurs de la largesse et de la souplesse de la loi islamique
Al-Fiqh Al-Islâmî
Le droit musulman
Al-Fatwâ Bayna Al-Indibât wat-Tasayyub
Al-Ijtihâd Al-Muʿâsir
L’ijtihâd moderne
Madkhal li-Dirâsat Ash-Sharîʿah Al-Islâmiyyah
Introduction à l’étude de la Législation Islamique.
Min Fiqh Ad-Dawlah fil-Islâm
De la gouvernance en Islam
Nahw Fiqh Muyassar Muʿâsir
Vers une jurisprudence accessible et moderne
Zawâj Al-Misyâr
Le mariage du voyageur
Ad-Dawâbit Ash-Sharʿiyyah li-Binâ’ Al-Masâjid
Règles juridiques relatives à la construction des mosquées
Al-Ghinâ’ wal-Mûsîqâ fî Daw’ Al-Kitâb was-Sunnah
Le chant et la musique à la lumière du Coran et de la Sunnah
Mi’at Su’âl ʿan Al-Hajj wal-ʿUmrah wal-Udhiyah
Cent questions à propos du grand pèlerinage, du petit pèlerinage et du sacrifice
Fiqh Al-Aqaliyyât
La jurisprudence des minorités
Fî Fiqh Al-Awlawiyyât - Dirâsah Jadîdah fî Daw’ Al-Qur’ân was-Sunnah
De la jurisprudence des priorités, une nouvelle étude à la lumière du Coran et de la Sunnah
L’économie islamique
Fawâ’id Al-Bunûk Hiya Ar-Ribâ Al-Muharram
Les intérêts bancaires ne sont autres que l’usure interdite
Fiqh Az-Zakâh
La jurisprudence de l’aumône légale, 1969
Mushkilat Al-Faqr wa Kayfa ʿÂlajahâ Al-Islâm
Le problème de la pauvreté et sa solution islamique
Bayʿ Al-Murâbahah lil-’Âmir bish-Shirâ’
Dawr Al-Qiyam wal-Akhlâq fil-Iqtisâd Al-Islâmî
Le rôle de l’éthique et de la morale dans l’économie islamique
Les sciences du Coran et de la Sunnah
As-Sabr fil-Qur’ân
La patience dans le Coran
Al-ʿAql wal-ʿIlm fil-Qur’ân
La raison et la science dans le Coran
Tafsîr Sûrat Ar-Raʿd
Exégèse de la sourate intitulée « Le tonerre »
Khutab Ash-Shaykh Yûsuf Al-Qaradâwî
Les prêches de Sheikh Yûsuf Al-Qaradâwî (3 volumes)
Qadâyâ Muʿâsirah ʿAlâ Bisât Al-Bahth
Des problèmes contemporains sur la planche d’étude
Liqâ’ât wa Muhâwarât Hawla Qadâyâ Al-Islâm wal-ʿAsr
Rencontres et dialogues à propos des affaires de l’Islam et de notre époque
Al-Muslimûn wal-ʿAwlamah
Les musulmans et la mondialisation
Riʿâyat Al-Bî’ah Fî Sharîʿat Al-Islâm
L’écologie dans la loi islamique
À propos du credo musulman
Wujûd Allâh
L’existence de Dieu
Haqîqat At-Tawhîd
La réalité du monothéisme
Al-Îmân wal-Hayâh
La foi et la vie
Mawqif Al-Islâm Min Kufr Al-Yahûd wan-Nasârâ
La position de l’islam vis-à-vis de la mécréance des Juifs et des Chrétiens
Ash-Shafâʿah
L’Intercession
Kamâlât Allâh Al-ʿUlâ
Les Attributs Parfaits de Dieu
Al-Îmân bil-Qadar
La foi en la destinée
Pour un éveil musulman bien guidé
As-Sahwah Al-islâmiyyah Bayna Al-Juhûd wa At-Tatarruf
L’éveil islamique entre le rejet et l’extrémisme, 1984.
As-Sahwah Al-Islâmiyyah wa Humûm Al-Watan Al-ʿArabî wal-Islâmî
L’éveil islamique et les problèmes du monde arabe et musulman.
Min Ajli Sahwah Râshidah Tujaddid Ad-Dîn wa Tanhad Bid-Dunyâ
Pour un éveil islamique bien guidé qui renouvelle la religion et dynamise la vie
Dhâhirat Al-Ghuluww fit-Takfîr
Le phénomène de l’anathématisation outrancière
Ayna Al-Khalal ?
Cherchez l’erreur.
Awlawiyyât Al-Harakah Al-Islâmiyyah fil-Marhalah Al-Qâdimah
Les priorités du mouvement islamique dans la période à venir
Fî Fiqh Al-Awlawiyyât - Dirâsah Jadîdah fî Daw’ Al-Qur’ân was-Sunnah
De la jurisprudence des priorités, une nouvelle étude à la lumière du Coran et de la Sunnah
Al-Islâm wal-ʿAlmâniyyah Wajhan li-Wajh
L’Islam et la laïcité face à face
Ath-Thaqâfah Al-Islâmiyyah Bayna Al-Asâlah wal-Muʿâsarah
La culture islamique entre fidélité et modernité
Malâmih Al-Mujtamaʿ Al-Muslim Al-Ladhî Nanshudoh
Les Traits de la Société Islamique que Nous Espérons.
Sharîʿat Al-Islâm Sâlihah lit-Tatbîq Fî Kulli Zamân wa Makân
La loi de l’islam est valable pour tous les temps et tous les lieux
Al-Ummah Al-Islâmiyyah Haqîqah lâ Wahm
La communauté musulmane, une réalité non point une illusion
As-Sahwah Al-Islâmiyyah Bayna Al-Ikhtilâf Al-Mashrûʿ wat-Tafarruq Al-Madhmûm
L’éveil islamique entre les divergences acceptables et la désunion condamnable
As-Sahwah Al-Islâmiyyah Min Al-Murâhaqah ilâ Ar-Rushd
L’éveil islamique de l’adolescence à la maturité
Al-Hulûl Al-Mastawradah wa Kayfa Janat ʿAlâ Ummatinâ
Les solutions importées et comment elles ont accablé notre communauté
Al-Hall Al-Islâmî Farîdah wa Darûrah
La solution islamique, un devoir et une nécessité
Bayyinât Al-Hall Al-Islâmî wa Shubuhât Al-ʿAlmâniyyîn wal-Mutagharribîn
Les arguments de la solution islamiques face aux doutes soulevés par les laïcistes et les occidentophiles
Aʿdâ’ Al-Hall Al-Islâmî
Les ennemis de la solution islamique
Dars An-Nakbah Ath-Thâniyah
Leçon de la seconde catastrophe
Jîl An-Nasr Al-Manshûd
La génération de la victoire espérée
An-Nâs wal-Haqq
Les gens et la vérité
Ummatunâ Banya Qarnayn
Notre communauté entre deux siècles
Ad-Dîn Fî ʿAsr Al-ʿIlm
La religion à l’ère de la science
Al-Islâm wal-Fann
L’Islam et l’art
Markaz Al-Mar’ah fil-Hayât Al-Islâmiyyah
La position de la femme dans la vie islamique
Fatâwâ lil-Mar’ah Al-Muslimah
Fatwas pour la femme musulmane
Al-Aqaliyyât Ad-Dîniyyah wal-Hall Al-Islâmî
Les minorités religieuses et la solution islamique
Al-Mubashshirât b-Intisâr Al-Islâm
Les signes annonciateurs de la victoire de l’Islam
Mustaqbal Al-Usûliyyah Al-Islâmiyyah
L’avenir du fondamentalisme islamique
An-Niqâb lil-Mar’ah Bayna Al-Qawl bi-Bidʿiyyatih wal-Qawl bi-Wujûbih
Le tchador pour la femme, une innovation ou une obligation ?
Jarîmat Ar-Riddah wa ʿUqûbat Al-Murtadd Fî Daw’ Al-Qur’ân was-Sunnah
Le crime de l’apostasie et la sanction de l’apostat à la lumière du Coran et de la Sunnah
Al-Quds Qadiyyat Kull Muslim
Jérusalem est la cause de tout musulman
Vers une unité de pensée des acteurs de la scène islamique
Shumûl Al-Islâm
Le caractère global de l’Islam
Al-Marjiʿiyyah Al-ʿUlyâ fil-Islâm
La référence suprême en Islam
Mawqif Al-Islâm Min Al-Ilhâm wal-Kashf war-Ru’â wa Min At-Tamâ’im wal-Kahânah war-Ruqâ
La position de l’Islam vis-à-vis de l’inspiration, du dévoilement et des visions et vis-à-vis des grigris, de la divination et des prières curatives
As-Siyâsah Ash-Sharʿiyyah fî Daw’ Nusûs Ash-Sharîʿah wa Maqâsidihâ
La gouvernance légale à la lumière des Textes de la charia et de ses finalités
Conférences
Limâdhâ Al-Islâm
Pourquoi l’islam ?
Al-Islâm Alladhî Nadʿû Ilayh
L’islam auquel nous appelons
Wâjib Ash-Shabâb Al-Muslim
Les devoirs de la jeunesse musulmane
Muslimat Al-Ghad
La musulmane de demain
As-Sahwah Al-Islâmiyyah Banya Al-Âmâl wal-Mahâdhîr
L’éveil islamique : les espoirs et les pièges
Qîmat Al-Islâm wa Ghâyat Wujûdih fil-Islâm
La valeur de l’être humain et la finalité de son existence en islam
Likay Tanjah Mu’assasat Az-Zakâh fit-Tatbîq Al-Muʿâsir
Afin que réussisse l’institution de la Zakât à notre époque
At-Tarbiyah ʿInda Al-Imâm Ash-Shâtibî
L’éducation selon l’Imâm Ash-Shâtibî
As-Sunnah wal-Bidʿah
La Sunnah et l’innovation religieuse
Maʿa Al-Mustafâ Fî Baytih
En compagnie de l’Élu dans son foyer
Al-Islâm Kamâ Nu’min Bih
L’Islam auquel nous attachons foi
Insân Sûrat Al-ʿAsr
L’homme de la sourate Al-ʿAsr
As-Salâm Al-Mustahîl Bayna Al-ʿArab wa Isrâ’îl
La paix impossible entre les Arabes et Israël
Al-Islâm wal-Muslimûn wa ʿUlûm Al-Mustaqbal ʿAlâ Aʿtâb Al-Qarn Al-Qâdim
L’Islam et les musulmans vis-à-vis des sciences de l’avenir à la veille du siècle prochain
Al-Muslimûn wat-Takhalluf Al-ʿIlmî
Les musulmans et le retard scientifique
As-Sahwah Al-Islâmiyyah wa Fiqh Al-Awlawiyyât
L’éveil islamique et la jurisprudence des priorités
Durûs Min Ghazwat Badr
Des leçons de la bataille de Badr
Dawr Al-Mar’ah Al-Muslimah Fî As-Sahwah Al-Islâmiyyah
Le rôle de la femme musulmane dans l’éveil islamique
Son approche du concept de licite et d’illicite
Dans la préface de 1960 de la première édition de son ouvrage le licite et l’illicite, il exposa la méthodologie qu’il a adoptée dans cet ouvrage en particulier, et dans ses écrits de façon générale : « Un tel ouvrage exige de son auteur de se prononcer au sujet de questions qui n’ont pas fait l’unanimité des savants parmi nos prédécesseurs et qui ont embarrassé les savants contemporains. Aussi pour pencher vers une opinion plutôt qu’une autre en parlant de licite ou d’illicite, il convient d’être patient et de prendre le temps de faire des recherches approfondies où l’auteur n’a d’espoir que de satisfaire Dieu et d’atteindre, grâce à Lui, la vérité.
J’ai constaté aussi que la plupart des écrivains et chercheurs qui parlent d’Islam dans notre ère appartiennent à l’une des deux catégories suivantes :
Un groupe ébloui et aveuglé par les éclats de la civilisation occidentale. Impressionnés par leur grande idole, ils l’ont vénéré, en lui présentant de nombreux sacrifices et en se dressant humblement devant elle, avec des yeux baissés. Ils acceptent tous les us et les coutumes de l’Occident ainsi que ses principes, qui à leurs yeux sont indiscutables et au-dessus du moindre doute. Lorsqu’un aspect de l’islam est en accord avec ces principes et coutumes occidentales, les voilà comblés de joie, et dans le contraire, ils emploient leurs efforts pour trouver un compromis, rapprocher la vision islamique de la vision occidentale, ils se sentent obligés même de s’excuser pour ces divergences ou de déformer les enseignements islamiques comme si l’Islam n’avait d’autre choix que d’accepter la vision et les principes occidentaux... Telle a été leur approche en parlant de choses que l’Islam a rendu illicites telles que : les statues, la loterie, l’usure, les têtes à têtes entre un homme et une femme non-mahram, se parer d’or ou de soie pour un homme, etc. Ils froncent les sourcils devant des choses que l’islam a rendu licites telles que le divorce et la polygamie comme si, pour eux, ce qui est légal en occident doit être licite en islam et ce qui est illégal en occident devrait être illicite en islam. Ils oublient que l’Islam c’est La Parole de Dieu et que La Parole de Dieu est toujours la plus élevée. Ainsi l’islam est à suivre, il n’est pas tenu de suivre, il domine et s’élève au-dessus de tout et il n’est pas à être subordonné. Car comment penser que Dieu doit suivre ses serviteurs, ou que Le Créateur doit être subordonné aux passions de ses créatures ? « Si la vérité était conforme à leurs passions, les cieux et la terre et ceux qui s’y trouvent seraient[...]. » [1] et « Dis : ‹Est-ce qu’il y a parmi vos associés un qui guide vers la vérité ?› Dis : ‹C’est Allâh qui guide vers la vérité. Celui qui guide vers la vérité est-il plus digne d’être suivi, ou bien celui qui ne se dirige qu’autant qu’il est lui-même dirigé ? Qu’avez-vous donc ? Comment jugez-vous ainsi ?› » [2].
Quant aux membres de la 2ème catégorie, ils sont figés dans leurs opinions au sujet du licite et de l’illicite. Ils suivent une opinion qu’ils ont trouvée dans un ouvrage, en pensant qu’il incarne l’islam. Ils ne s’écartent pas d’un pouce de leurs opinions. Aussi ils ne mettent pas à l’épreuve les arguments et les opinions qu’ils avancent et ne les confrontent pas aux arguments des autres pour atteindre la vérité, après comparaison et analyses critiques. S’il l’un d’eux est interrogé sur la musique, le chant, le jeu d’échec, l’éducation des femmes, le fait que les femmes ne couvrent pas leur visage et leurs mains, ou autres questions similaires, « c’est illicite ! » s’empresseraient-ils de répondre. Leur comportement s’écarte de celui de nos pieux prédécesseurs ; ces derniers ne déclaraient illicite que ce dont l’interdiction est certaine. Pour les questions où une opinion tranchée n’existe pas, ils disaient plutôt : « Nous le désapprouvons », « nous n’aimons pas telle chose », ou des expressions dans le même esprit.
J’ai fait de mon mieux pour ne pas être dans l’une ou l’autre catégorie. Je ne peux compromettre ma religion en vénérant l’occident, après avoir accepté Allâh comme Seigneur, l’Islam comme religion et le prophète Muhammad comme messager de Dieu. En même temps, je ne peux suivre une des écoles de jurisprudence dans toutes ses opinions, à savoir celles qui s’approchent de la vérité et celles contredites par des arguments plus forts, en suspendant toute activité de réflexion propre, car comme le disait si bien Ibn Al-Jawzi « Celui qui imite aveuglément n’a point confiance en celui qu’il imite. L’imitation exclut la réflexion, alors que le cerveau est crée pour raisonner et réfléchir. Il est stupide qu’une personne munie d’une bougie pour lui éclairer la voie, l’éteigne et marche dans les ténèbres. » (Talbîs Iblis p.81)
C’est pourquoi je ne suis pas resté prisonnier d’une des écoles de jurisprudence prévalentes en islam, car la vérité n’est pas détenue dans son intégralité par l’une d’elles. D’ailleurs, les Imâms fondateurs de ces écoles de jurisprudence n’ont pas prétendu être au-dessus de la moindre erreur, ils ont fait de leur mieux pour atteindre la vérité. S’ils ne l’atteignent pas ils auront une rétribution, s’ils l’atteignent, la rétribution sera double.
L’Imâm Mâlik a dit « Dans les paroles de chacun, il y a des choses à prendre et d’autres à laisser, sauf le Prophète paix et bénédiction de Dieu sur lui ». L’Imâm Ash-Shâfiʿî a dit : « Mon opinion est juste mais elle est sujette à l’erreur ; l’opinion de mes opposants est fausse mais susceptible d’être juste. »
Il n’est pas digne d’un savant musulman capable de comparer et de choisir de s’attacher exclusivement à une école de jurisprudence et une seule, ou à un seul jurisconsulte. Il convient qu’il s’attache à la preuve et l’argument. Est à suivre ce qui est appuyé par des preuves solides et des arguments probants. A contrario, est à rejeter ce qui est établi sur des arguments faibles et des preuves incorrectes. L’Imâm ʿAlî l’avait dit : « La vérité ne se mesure pas [à la renommée] de celui qui la véhicule. Apprends la vérité tu reconnaîtras alors ceux qui s’y attachent. »
Si Sheikh Al-Qaradâwî préféra ne pas se restreindre à une école juridique, rappelons toutefois qu’il est de grands érudits et d’éminents savants qui ont fait le choix de s’inscrire dans le cadre de l’une des quatre Ecoles Juridiques prévalentes : l’École Hanafite, l’École Malékite, l’École Shaféite et l’École Hanbalite. Notons également qu’il est permis, voire nécessaire selon certains juristes, que le commun des mortels apprenne l’une de ces quatre écoles, largement agréées par l’ensemble de la communauté, et qui ont reçu une très fine formalisation par des érudits de la jurisprudence islamique.
Implications internationales
Sheikh Yûsuf Al-Qaradâwî est membre des organisations islamiques internationales suivantes : Centre de Jurisprudence de la Ligue Islamique à la Mecque, Centre royal de la civilisation islamique en Jordanie, Centre des Etudes Islamiques d’Oxford, Assemblée des hauts responsables de l’Université Islamique Internationale d’ « Islam Abâd », Organisation de la daʿwah islamique au Soudan. Il est également le Président du Haut Conseil Européen de la Fatwâ.
Il rendit visite à de nombreux pays musulmans en Afrique et en Asie et participa à des conférences sur l’islam en Europe et notamment en France.
Il reçut un prix de la Banque islamique pour le développement de l’économie islamique en 1990, ainsi que le célèbre prix du Roi Faysal pour les Etudes Islamiques (photo ci-dessous) en 1992 et en 1996 un prix de l’Université Islamique en Malaysie pour son activité islamique remarquable.
Les lecteurs et lectrices arabophones et/ou anglophones pourront consulter avec profit le site officiel d’Al-Qaradâwî.
Avant de conclure, notons que les efforts de prédication de Sheikh Al-Qaradâwî sont appreciés par une large audience. Ce respect que nous avons pour lui ne nous dépouille pas du droit de ne pas souscrire à chacune de ses appréciations ou opinions. Il est des questions sur lesquelles les savants ne s’accordent pas. Toutefois, l’éthique de la divergence doit accompagner l’expression d’un esprit critique.
Notes
[1] Sourate 23, Al-Mu’minûn, Les croyants, verset 71.
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