Français | عربي | English

Accueil > Bibliothèque islamique > Docteur Muhammad Mahmûd Ghâlî > La Prière > Le sens de la prière
La Prière

Le sens de la prière

samedi 14 août 2004

  1. La tradition de l’Ascension du Prophète au ciel veut que, durant cette nuit, Dieu lui prescrivit ces cinq prières, dont la récompense en valait cinquante. Pour le croyant, la prière est une occasion de glorification de Dieu qui est toute Miséricorde, toute Grâce et toute Bonté. Convaincu des merveilleuses gloires du Créateur, l’être humain recherche encore plus Sa Miséricorde. Plus que tout, il réclame d’être guidé dans la voie droite. Pour cela, il lui faut de l’obéissance, non point une obéissance aveugle, mais une obéissance qui transcende les limites physiques de la nature humaine.
    La prière est donc un acte vital et naturel par lequel nous découvrons la béatitude. Cela explique le conseil prodigué par le Prophète à Bilâl de prier dans les moments difficiles : « Cherchons le réconfort dans la prière », disait-il. C’était ce profond soulagement qui faisait que le Prophète restait si longtemps dans une inclination ou une simple prosternation, à tel point que certains de ses disciples pensaient qu’il avait oublié qu’il faisait sa prière. C’est aussi la sensation qu’on éprouve lorsqu’on est tout près de Dieu, pendant la prière. Une tradition authentique rapporte que le Prophète avait l’habitude de prier si souvent durant les nuits d’hiver que ses pieds s’enflaient. Quand on lui demandait pourquoi il s’épuisait tant durant les prières, il répondait : « Ne serais-je pas un Serviteur reconnaissant ? »
  2. Répétons que ce sentiment de satisfaction morale qui dérive de la prière illustre une caractéristique unique dans le culte musulman.
    Cet élan spirituel commence avec les ablutions.
  3. Le « cœur » de la prière est le recueillement. Le Coran dit : « Bienheureux sont certes les croyants qui accomplissent leur prière avec recueillement. » [1] Comme tout acte de dévotion, la prière a des rites spécifiques, à commencer par les ablutions. Mais ceux-ci ne forment pas les éléments de base de la prière. Ce qui compte réellement, c’est l’état de componction de l’orant : « Ni la chair ni le sang de vos sacrifices n’atteindront Dieu. Seule votre piété L’atteindra » [2]. D’après Muʿâdh Ibn Jabal, le Prophète dit : « Ce n’est pas un sixième, ni un dixième de la dévotion des hommes qui est agréée par Dieu, mais seulement cette portion que le Serviteur offre avec une réelle connaissance du véritable esprit de dévotion ».

    Les prières et les supplications ne peuvent être vraiment adressées au Créateur qu’avec un sens profond d’humilité. Ce sentiment d’humilité est engendré par l’insistance de l’Islam sur cette claire démarcation entre ce qui est humain et ce qui est divin. L’une des pratiques des premiers musulmans pour atteindre ce but était de se concentrer pleinement sur les récitations du Coran faites durant les prières. C’était peut-être là une des raisons qui les portaient à réciter plusieurs versets du Coran pendant qu’ils priaient. D’aucuns récitent actuellement plus de cent versets durant une seule génuflexion.

  4. Bien que cela paraisse paradoxal, de ce sens de l’humilité dérive un sentiment de dignité humaine, dignité qui laisse transparaître à travers les formes et les créatures, la trace visible de la Main de Dieu. Cela paraît être une caractéristique commune à toutes les religions, et c’est la seule explication de l’esprit de sacrifice dans l’histoire des religions. Il y a une joie pour le croyant de choisir la vie dans la mort. Il y a, à côté de ce recueillement qu’implique la prière, une crainte qui est à la base de tout sens réel de la dignité humaine.
  5. Les mouvements physiques effectués lors de la prière sont également importants. Outre le recueillement qu’implique la prière lorsque certaines nobles parties du corps humain touchent la terre, une autre sagesse tient au fait que ces mouvements sont dirigés vers un lieu unique qui est le noyau du culte musulman. Tous ceux qui prient doivent s’orienter vers la qiblah (c’est-à-dire vers la Kaʿbah à La Mecque), ce fait constituant déjà par lui-même un facteur d’unité dans la religion dont les deux piliers de base sont le témoignage de l’Unicité divine et l’unité des missions prophétique et de la race humaine.
  6. Rien n’est peut être plus significatif à l’égard du sens de l’égalité sur laquelle l’Islam insiste que la vue d’une communauté musulmane en état de prière. N’existe alors aucune discrimination raciale ou sociale. Aucun facteur ne rend cela plus effectif que la mosquée. La distinction sur des critères de race et de nationalité n’existe en Islam que dans le seul but d’identification, mais ne conduit point à la discrimination. L’institution de la prière fut, dès les débuts de l’Islam, un des moyens de fusionner les divisions sociales et tribales de la communauté médinoise. Le muezzin était Bilâl, l’Abyssin. Le concept d’égalité devant Dieu est le mécanisme adéquat pour engendrer la conscience sociale qui puise sa force dans la fraternité humaine, laquelle fraternité aplanit le chemin vers l’amour vrai, réel et sincère.
  7. De la Fâtihah recitée à chaque rakʿah, on peut relever les points suivants :
  • L’univers est un système complexe.
  • L’homme n’est pas le centre de l’univers.
  • La vie terrestre est une étape de voyage vers la vie éternelle.
  • Seul Dieu est digne d’être adoré.
  • Dieu Seul peut nous secourir.
  • Il n’y a qu’une seule voie qui nous mène vers le droit chemin : la croyance en Dieu, tous les autres sentiers étant des lieux d’égarement.
  • Cette longue lignée de Prophètes et de Messagers prouve l’indulgence divine.
  • La désobéissance ne conduit pas au droit chemin.
  • Le mythe est vaincu par la vraie religion.

    Le tashahhud. L’acte de foi ou tashahhud, récité en fin de prière, contient, lui aussi, ces concepts :

  • Dieu est la source du bien, et tout bien dérive de Lui.
  • La paix provient d’une foi authentique.
  • L’unité des fidèles.
  • L’unité des missions prophétiques depuis Abraham jusqu’à Muhammad.
  • Dieu est Unique et Muhammad est Son Serviteur et Son Messager.

P.-S.

Ouvrage publié par le Conseil Supérieur des Affaires Islamiques, République Arabe d’Égypte. Quelques adaptations sont faites par Islamophile.org.

Notes

[1Sourate 23 intitulée les Croyants, Al-Mu’minûn, versets 1 et 2. NdT

[2Sourate 22 intitulée le Pèlerinage, Al-Hajj, verset 37. NdT

Répondre à cet article



 RSS 2.0 | Plan du site | Espace privé | SPIP |
© islamophile.org 1998 - 2024. Tous droits réservés.

Toute reproduction interdite (y compris sur internet), sauf avec notre accord explicite. Usage personnel autorisé.
Les opinions exprimées sur le site islamophile.org sont celles de leurs auteurs. Exprimées dans diverses langues étrangères, ces opinions sont mises à la portée des lecteurs francophones par nos soins, à des fins d'information, de connaissance et de respect mutuels entre les différentes cultures et religions du monde.