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Musʿab Ibn ʿUmayr

dimanche 7 avril 2002

Musʿab Ibn ʿUmayr est né et a grandi dans un milieu riche et confortable. Ses parents étaient pleins de soins et d’attentions à son égard. Il portait les vêtements les plus coûteux et les chaussures les plus élégantes de son époque. Les souliers yéménites étaient alors considérés comme les plus prestigieux et il avait le privilège d’en porter la meilleure paire.

Dans sa jeunesse il était admiré par les Qurayshites non seulement pour sa prestance et son élégance mais aussi pour son intelligence. Son bon comportement et son esprit fin lui ont permis de gagner l’estime des notables Mecquois parmi lesquels il vivait. Bien qu’encore jeune, il avait le privilège de pouvoir assister aux débats et aux réunions des Qurayshites. Il connaissait ainsi les questions qui perturbaient les Mecquois et leur façon de réagir aux problèmes qu’ils rencontraient.

Muhammad — paix et bénédictions sur lui — provoquait à cette époque une certaine agitation parmi les Mecquois. Connu d’eux sous le surnom de "Al-Amin" (le digne de confiance), il disait que Allâh l’avait envoyé en tant que porteur d’une bonne nouvelle et avertisseur. Il menaça d’un terrible châtiment les Qurayshites qui refusaient de se soumettre à Allâh et de L’adorer. Quant aux justes il leur promit une récompense divine. Ainsi, toute La Mecque ne parlait plus que de lui. Les dirigeants Qurayshites cherchèrent donc des moyens de faire taire Muhammad — paix et bénédictions sur lui —. Comme les moqueries et les tentatives de persuasion échouèrent, ils s’embarquèrent dans une campagne de harcèlement et de persécutions.

Musʿab apprit que Muhammad — paix et bénédictions sur lui — et ses partisans s’étaient rassemblés dans une maison près de la colline de As-Safâ, la maison de Al-Arqam pour échapper aux persécutions des Qurayshites. Par curiosité, Musʿab se rendit à cette demeure le plus discrètement possible, connaissant bien la haine des Qurayshites. Là, il trouva le Prophète prêchant ses quelques compagnons, leur récitant les versets du Saint Coran et pratiquant avec eux la Salat dans la véritable soumission à Allâh, Le Plus Grand, Le Très Haut.

Le Prophète l’accueillit. Il posa tendrement sa main bénie sur le cœur de Musʿab qui palpitait d’émotion. Un sentiment profond de tranquillité l’envahit alors.

Musʿab était émerveillé par ce qu’il venait de voir et d’entendre. Les mots du Coran eurent sur lui un impact immédiat.

Dés cette première rencontre avec le Prophète, le jeune Musʿab décida d’embrasser l’Islam. Ce fut un moment mémorable. L’esprit vif de Musʿab, sa volonté tenace et sa détermination, son éloquence et son bon caractère étaient maintenant au service de l’Islam et allaient contribuer à changer le cours de l’histoire.

En acceptant l’Islam, Musʿab allait devoir face à un problème de taille : sa mère, Khunnas Bint Mâlik. Elle était très puissante. Son caractère dominateur inspirait aisément crainte et terreur. Quand Musʿab devint musulman, la seule personne sur terre encore capable de l’effrayer était sa mère. Tous les notables influents de La Mecque avec leur attachement aux cultes et leurs traditions païens n’avaient que peu d’importance pour lui. Il ne pouvait toutefois pas prendre à la légère le fait que sa mère fusse du nombre de ses adversaires.

Musʿab se résolut à cacher son adhésion à l’Islam jusqu’à ce que Allâh lui fasse parvenir une solution. Il continua de se rendre dans la maison de Al-Arqam où il siégeait en compagnie du Prophète. Il ressentait une certaine sérénité dans sa nouvelle foi, veillant à ne laisser transparaître aucun indice susceptible d’éveiller des soupçons de sa mère. Il réussit à éviter la colère de sa mère, mais seulement pour un temps. Il était difficile à cette époque de garder un secret bien longtemps à La Mecque. les Qurayshites avaient des yeux et des oreilles à tous les coins de rues. Derrière chaque trace de pas se cachait un informateur Quraysh. Rapidement, Musʿab fut repéré par un certain ʿUthmân Ibn Talhah alors qu’il rentrait tranquillement dans la maison de Al-Arqam.

Une autre fois, ʿUthmân vit Musʿab prier comme le faisait Muhammad — paix et bénédictions sur lui —. La conclusion était évidente. Aussi vite qu’une traînée de poudre, la nouvelle fracassante de la conversion de Musʿab se diffusa parmi les Qurayshites et atteignit finalement les oreilles de sa mère.

Musʿab se présenta devant sa mère, son clan et la bourgeoisie Quraysh qui s’étaient réunis pour connaître les faits et pour entendre ce qu’il avait à dire pour sa défense.

Musʿab reconnut, non sans une certaine humilité et un certain sans-froid, qu’il était en effet devenu musulman et sut expliquer calmement et avec confiance les raisons de son choix. Il récita alors certains versets du Coran - ceux qui avaient purifié le cœur des croyants et les avaient ramené à leur religion naturelle : celle d’Allâh. Bien que peu nombreux, leurs cœurs étaient maintenant remplis de sagesse, d’honneur, de justice et de courage.

Quand la mère de Musʿab entendit son fils pour lequel elle avait été si soigneuse et si attentionnée, elle devint furieuse. Elle était sur le point de le frapper pour qu’il se taise. Mais devant le visage lumineux et serein de Musʿab, sa main resta comme bloquée. Peut-être n’était-ce là que son amour pour son fils qui l’empêchait de le frapper, elle ressentait néanmoins encore le besoin de venger les dieux que son fils avait osé outrager. La solution pour laquelle elle opta était bien pire pour Musʿab que les malheureux coups dont il aurait pu écoper. Elle cloîtra son fils dans un coin de sa maison, en ayant pris soin de l’attacher. Il était ainsi prisonnier dans sa propre demeure.

Pendant longtemps, sous le regard vigilant des gardes placés par sa mère, Musʿab n’eut plus aucun contact avec Muhammad — paix et bénédictions sur lui — et l’Islam. Malgré cela, Musʿab garda une foi inébranlable et le doute ne pénétra pas son cœur. Il devait certainement être au courant des humiliations et des tortures que les idolâtres faisaient subir à ses frères musulmans. Pour lui, comme pour la plupart des autres musulmans, leur condition à La Mecque n’était plus acceptable. Finalement, il apprit qu’un groupe de musulmans s’apprêtait à quitter la ville pour trouver refuge dans l’Abyssinie voisine. Il pensa immédiatement à s’évader pour les rejoindre. À la première occasion, il réussit à s’éclipser. Lui et les autres musulmans traversèrent ensemble la Mer Rouge pour rejoindre les côtes africaines.

Protégés par le Négus, les musulmans vivaient là-bas dans la paix et la sécurité. Cependant ils regrettaient de ne pouvoir être à La Mecque aux côtés du Prophète — paix et bénédictions sur lui —. Aussi quand la rumeur selon laquelle la situation des musulmans s’était améliorée à La Mecque se répandit en Abyssinie, Musʿab fut-il parmi les premiers à vouloir repartir. Musʿab avait déjà quitté l’Abyssinie lorsqu’on apprit que la rumeur était fausse..

Fut-il à La Mecque ou en Abyssinie, Musʿab garda toujours une foi forte en l’Islam et ce qui lui importait par-dessus tout était d’avoir une existence digne de son Créateur.

Quand Musʿab revint à La Mecque, sa mère tenta une dernière fois de le faire revenir à la voie qu’elle avait tracée pour lui. Elle le menaça donc de l’emprisonner à nouveau. Musʿab jura de tuer quiconque sa mère enverrait pour le capturer. Elle savait qu’il ne mentait pas, elle avait bien remarqué sa détermination.

La rupture était inévitable. Quand le moment arriva, la mère et le fils étaient aussi triste l’un que l’autre mais cela résultait de la forte entêtement idolâtre de la mère et de la persistance encore plus grande de la foi monothéiste du fils. En le chassant de chez elle, elle lui enlevait tout le confort matériel dont il avait bénéficié jusqu’alors. Elle dit : "Va à tes occupations. Je ne peux plus être ta mère." Musʿab s’approcha d’elle et dit : "Mère, je te conseille sincèrement, je ne suis pas indifférent à ton devenir. Atteste qu’il n’y a de divinités en dehors d’Allâh et que Muhammad — paix et bénédictions sur lui — est Son serviteur et Son messager."

"Je jure par les étoiles filantes que je ne rentrerai jamais dans ta religion, cela même si mon choix est ridicule" répondit-elle.

Musʿab quitta alors sa maison, le luxe et le confort dont il jouissait. Musʿab l’élégant, Musʿab le jeune toujours bien habillé allait dorénavant revêtir les vêtements les plus modestes. Il avait désormais des vues bien plus importantes. Il était déterminé à user de tous ses talents et de toute son énergie dans le but de connaître et de servir Allâh et Son Prophète — paix et bénédictions sur lui —.

Quelques années plus tard, Musʿab vint un jour se joindre aux musulmans réunis et assis autour du Prophète — paix et bénédictions sur lui —. Ils ouvrirent tous de grands yeux en voyant Musʿab. Il portait alors une vieille djellaba en mauvais état et ils se souvenaient qu’avant d’embrasser l’Islam il était un modèle d’élégance. Le Prophète — paix et bénédictions sur lui — observa Musʿab, sourit et dit : "J’ai vu Musʿab chez ses parents à La Mecque. Leurs soins et attentions à son égard lui assuraient une vie confortable. Il n’y avait pas de jeune Quraysh tel que lui. Alors il quitta tout pour rechercher l’agrément de Allâh et s’est dévoué au service de Son Prophète — paix et bénédictions sur lui —." Le Prophète se leva alors et dit :"Il arrivera un temps où Allâh vous donnera la victoire sur la Perse et Byzance. Vous aurez alors une robe pour le matin et une autre robe pour le soir et vous mangerez d’un plat le matin et d’un autre le soir."

Autrement dit, le Prophète venait de prédire richesse et puissance aux musulmans. Ses compagnons lui demandèrent alors : "Ô messager d’Allâh, quelle est la meilleure situation, celle dans laquelle nous nous trouvons actuellement ou celle dans laquelle nous nous trouverons alors ?" Il répondit : "Vous êtes bien mieux maintenant que vous seriez alors. Si vous saviez du monde ce que j’en sais vous ne vous intéresseriez pas à cela."

Une autre fois, le Prophète — paix et bénédictions sur lui — parla d’une manière identique à ses compagnons et leur demanda comment ils seraient s’ils pouvaient porter une tenue le matin et une autre le soir et s’ils disposaient même de suffisamment de tissus pour mettre des rideaux dans leurs maisons et recouvrir la Kaʿbah. Les compagnons répondirent qu’ils seraient alors dans une meilleur situation parce qu’ils auraient alors des subsistances suffisantes et pourraient pratiquer librement leurs rites. Le Prophète — paix et bénédictions sur lui — leur a cependant dit qu’ils étaient dans une meilleure situation comme ils étaient.

Après dix années de prêche, la plupart des Mecquois restaient hostiles à l’Islam. Le noble Prophète — paix et bénédictions sur lui — se rendit alors à Tâ’if pour chercher de nouveaux adeptes à la foi. Il fut rejeté et chassé de la ville. L’avenir de l’Islam semblait maussade.

Ce fut juste après ce désastreux épisode que le Prophète — paix et bénédictions sur lui — désigna Musʿab comme son ambassadeur à "Yatrib" afin d’enseigner l’Islam au petit groupe de croyants qui était venu jurer allégeance à Allâh et à Son Prophète — paix et bénédictions sur lui — et de préparer Médine à la grande immigration. Musʿab fut choisi parmi des compagnons bien plus vieux que lui, plus proches du Prophète — paix et bénédictions sur lui — ou plus célèbres. Ce choix fut sans doute motivé par son tact, son noble caractère, ses bonnes manières, sa grande intelligence et bien évidemment sa connaissance du Saint Coran et sa capacité à le réciter d’une façon belle et vivante.

Conscient du caractère sacré de sa mission, Musʿab invitait les gens à adorer Allâh, à suivre la voie droite de l’Islam et à préparer ce qui allait être la base du premier état musulman.

Il rentra dans Médine en tant qu’invité de Saʿd Ibn Zurârah de la tribu des Khazraj. Ensemble, ils allèrent vers les gens, à leurs maisons et dans leurs réunions, leur parler du Prophète — paix et bénédictions sur lui —, leur expliquant l’Islam et leur récitant le Coran. Par la Grâce du Très Haut, beaucoup embrassèrent l’Islam. C’était pour Musʿab une grande source de bonheur mais les dirigeants de Yathrib commençaient à s’alarmer.

Un jour que Musʿab et Saʿd étaient assis près d’un beau verger du clan de Zafar, entourés de beaucoup de nouveaux musulmans et de personnes qui s’intéressaient à la nouvelle religion, un des notables puissants de la ville, Usayd Ibn Khudayr, arriva brandissant une lance, le visage rouge de colère.

Saʿd Ibn Zurârah le vit et dit à Musʿab : "C’est le chef de ces gens. Puisse Allâh ouvrir son cœur à la vérité." "S’il s’assoit, je lui parlerai," répondit Musʿab, affichant tout le tact et le calme d’un grand jour. Usayd, fâché, commença à crier et à menacer Musʿab et son invité. "Pourquoi êtes vous venus parmi nous semer la corruption ? Allez-vous en si vous voulez rester vivants." Musʿab sourit amicalement et dit à Usayd : "Ne veux-tu pas t’asseoir et écouter ? Si notre mission te plait, accepte-la, si elle te déplait alors nous cesserons de parler de ce qui ne te plait pas et nous partirons."

"C’est une bonne proposition," dit Usayd et, plantant sa lance dans le sol, il s’assit. Musʿab l’invitait simplement à écouter. Si cela le satisfaisait, très bien. Sinon, Musʿab quitterait son quartier et son clan sans histoire et s’en irait vers un autre.

Musʿab commença à lui parler de l’Islam et lui récita le Coran. Bien avant qu’Usayd ait ouvert la bouche, on pouvait voir clairement sur son visage, maintenant illuminé et émerveillé, que la foi avait pénétré son cœur. Il dit : "Combien ces mots sont beaux et comme ils sont vrais ! Que doit-on faire pour rentrer dans cette religion ?". "Prends un bain, purifie-toi et purifie tes vêtements. Alors tu réciteras l’attestation de foi (Shahâdah), et tu pratiqueras la Salat. "

Usayd quitta alors l’assemblée pendant un court moment. Il revint et attesta qu’il n’y a pas de divinités sauf Allâh et que Muhammad — paix et bénédictions sur lui — est le messager d’Allâh. Alors il pria deux rakʿahs et dit : "Après moi, il y a un homme qui si il vous suit, tout les siens le suivront. Son nom est Saʿd Ibn Muʿâdh Je vais te l’envoyer maintenant."

Saʿd Ibn Muʿâdh vint et écouta Musʿab. Il fut convaincu et accepta de se soumettre à Allâh. Il fut suivi par un autre chef Yathribite, Saʿd Ibn ʿUbâdah. Devant cette succession de conversions, les gens de Yathrib s’affolèrent tous, se demandant l’un l’autre : "Si Usayd Ibn Khudayr, Saʿd Ibn Muʿâdh et Saʿd Ibn ʿUbâdah ont accepté la nouvelle religion, comment pouvons-nous ne pas la suivre ? Allons trouver Musʿab et croyions en son message. Ils disent que la vérité sort de ses lèvres."

Le premier ambassadeur du Prophète — paix et bénédictions sur lui — avait réussi sa mission avec succès. Le Prophète avait fait le bon choix. Hommes et femmes, jeunes et vieux, puissants et faibles, tous acceptèrent l’Islam. Le cours de l’histoire pour les habitants de Yathrib était changé à jamais. L’Hégire, la grande immigration, pouvait enfin s’organise. Yathrib serait bientôt "la capitale" de l’état islamique.

Moins d’un an après son arrivée à Yathrib, Musʿab retourna à La Mecque. C’était encore la saison du pèlerinage. Il était accompagné d’un groupe de soixante-quinze musulmans médinois. Encore à Aqabah, près de Mina, ils rencontrèrent le Prophète. La, ils s’engagèrent solennellement à défendre le prophète coûte que coûte. Le Prophète leur garantit que s’ils restaient ferme dans leur foi, leur récompense serait rien de moins que le Paradis. Ce deuxième pacte (Bayʿah) que les musulmans de Yathrib conclurent, fut plus tard appelé le pacte de guerre. À partir de ce moment, les événements s’enchaînèrent rapidement. Peu après le pacte, le Prophète ordonna à ses disciples persécutés d’émigrer à Yathrib où les nouveaux musulmans, appelés aussi Ansars (les Aides), avaient montré la volonté de donner asile et de protéger les musulmans en détresse. Les premiers compagnons du Prophète qui arrivèrent à Médine furent Musʿab Ibn ʿUmayr et l’aveugle ʿAbd Allâh Ibn Umm Maktum. ʿAbd Allâh récitait le Coran de façon merveilleuse, et selon l’un des Ansar, Musʿab ainsi qu’ʿAbd Allâh récitaient tous deux le coran aux habitants de Yathrib.

Musʿab continua de jouer un rôle primordial dans la construction du nouvel état. Ainsi, après la bataille de Badr, les prisonniers de guerre Quraysh étaient présentés devant le Prophète — paix et bénédictions sur lui — et étaient assignés individuellement en détention à des musulmans. "Traitez-les bien," prescrivit-il.

Parmi les prisonniers se trouvait Abû Aziz Ibn ʿUmayr, le frère de Musʿab. Abû Aziz raconta : "J’étais au milieu d’un groupe de Ansars...Quand ils avaient déjeuné ou dîné, ils me donnaient du pain et des dattes à manger pour respecter les prescriptions du Prophète — paix et bénédictions sur lui —.

Mon frère, Musʿab Ibn ʿUmayr, passa devant moi et dit à l’homme des Ansâr qui me gardait prisonnier : "Attache-le fermement... sa mère est une femme aisée et peut-être te versera-t-elle une rançon pour lui." Je n’en croyais pas mes oreilles. Etonné, je me tournai vers Musʿab et lui demandai : "Mon frère, est-ce là l’instruction que tu donnes me concernant ?"
"Lui est mon frère, pas toi," répondit Musʿab. "

Il affirmait ainsi que dans le combat opposant musulmans et mécréants, les liens de la foi étaient plus forts que ceux de la parenté.

À la bataille d’Uhud, le Prophète confia à Musʿab, désormais connu sous le nom de Musʿab Al-Khayr (le bon), l’étendard de l’Islam. Au début du combat, les musulmans semblaient dominer leur adversaire. Or un groupe de musulmans alla à l’encontre des ordres du Prophète — paix et bénédictions sur lui — et déserta ses positions. Les forces mécréantes saisirent cette opportunité pour lancer une contre-attaque. Leur principal objectif, pour abattre les musulmans, était de mettre la main sur le noble Prophète — paix et bénédictions sur lui —.

Musʿab réalisa le danger. Il éleva haut l’étendard de l’Islam et cria le takbîr (Allâhou akbar). L’étendard dans une main, l’épée dans l’autre, il fonça sur les Qurayshites. Les chances étaient contre lui. Un cavalier Qurayshite lui trancha la main droite. On entendait Musʿab répéter les mots : "Mohammad — paix et bénédictions sur lui — n’est qu’un messager, des messagers sont passés avant lui ", montrant qu’au-delà de son attachement au Prophète, sa bataille était avant tout pour Allâh et pour affirmer la suprématie de Ses paroles. Son bras gauche fut également coupé et comme il persistait à tenir l’étendard de l’Islam, entre les moignons de bras qui lui restaient, il se consolait en répétant : " Muhammad — paix et bénédictions sur lui — n’est qu’un messager. Des messagers sont passés avant lui." Musʿab fut alors transpercé par une lance. Il tomba, l’étendard tombant avec lui. Les mots qu’il répétait, sans cesse avant de mourir furent plus tard révélés au Prophète — paix et bénédictions sur lui — et complétèrent le Coran.

Après la bataille, le Prophète et ses compagnons allèrent explorer le champ de bataille, et firent leurs adieux aux martyrs. Quand ils arrivèrent devant la dépouille de Musʿab, les larmes se mirent à couler. Khabbab raconta qu’ils ne purent trouver aucun tissu pour recouvrir le corps de Musʿab, mis à part ses propres habits. Quand ils s’en servirent pour recouvrir sa tête, cela découvrait ses jambes, et lorsque ces jambes étaient recouvertes, cela découvrait sa tête, alors le Prophète leur dit : " Placez le tissu sur sa tête et recouvrez ses pieds et ses jambes a l’aides des feuilles de la plante de ikhkhir ".

Le Prophète éprouva une grande peine à la vue du nombre de ses compagnons tombés à la bataille de Uhud. Faisait également parti des victimes son oncle Hamzah dont le corps était horriblement mutilé. Mais ce fut devant le corps de Musʿab que le Prophète éprouva la plus vive émotion. Il se souvint de Musʿab la première fois qu’il le vit à La Mecque, stylé et élégant, et regarda son petit burdah, qui était le seul habit qu’il possédait, puis il récita le vers du Coran suivant : " Parmi les croyants, il est des hommes qui sont restes fidèles à leur engagement avec Allâh. "

Le Prophète regarda de ses yeux pleins de bonté le champ de bataille où gisaient les compagnons de Musʿab, puis dit : " Le Messager d’Allâh est témoin que vous êtes des martyrs aux yeux d’Allâh au jour de la resurrection ".

Alors se tournant vers les compagnons qui l’entouraient, il dit : "O gens ! visitez-les, saluez-les en leur souhaitant la paix, par Celui Qui détient mon âme, à tous les musulmans qui les salueront jusqu’au jour de Qiyamah, ils vous retourneront le salut."

As-salaamu alayka yaa Musʿab...
As-salaamu alaykum, maʿshar ash-shuhadâ.
As-salaamu alaykum wa rahmatullah wa barakatuhu.

Que la paix soit sur toi, O Musʿab...
Que la paix soit sur vous tous, O les martyrs.
Que la paix soit sur vous, ainsi que la miséricorde d’Allâh et ses bénédictions.

Amine !

P.-S.

Traduit de "Companions of The Prophet", volume 1, de Abdul Wâhid Hâmid.

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