lundi 23 octobre 2000
Il s’appelle Zayd Ibn Hârithah Ibn Shurâhîl Ibn Kaʿb Ibn ʿAbd Al-ʿUzzâ Ibn Umru’ ul-Qays [...] Al-Kaʿbî. Il est le premier homme à embrasser l’islam après ʿAlî Ibn Abî Tâlib, que Dieu les agrée. D’après Ibn Saʿd, sa mère s’appelle Suʿdâ Bint Thaʿlabah Ibn ʿÂmir de la famille de Banû Maʿn du clan de Tay’. Hishâm Ibn Muhammad Ibn As-Sâ’ib Al-Kalbî relate d’après son père et d’après Jamîl Ibn Mirthad At-Tâ’î (i.e. de Tay’) et d’après d’autres narrateurs que : Suʿdâ, la mère de Zayd, l’emmena en visite chez sa famille quand des chevaliers de Banû Al-Qayn s’attaquèrent à leurs maisons et ravirent Zayd. Il était alors un grand garçon. Ils le mirent en vente au marché de ʿUkâdh et ce fut Hakîm Ibn Hizâm qui l’acheta parmi d’autres esclaves pour 400 dirhmas. De retour à la Mecque, il en fit cadeau à sa tante Khadîjah. Quand le Prophète épousa Khadîjah, elle le lui offrit.
Son père, Hârithah Ibn Shurâhîl, pleura sa perte par un poème très touchant dont le vers suivant :
bakaytu ʿalâ Zaydin wa lam adri mâ faʿal
ahayyun fayurjâ am atâ dûnah ul-’ajal
i.e.
Je pleure Zayd et j’ignore ce qu’il est devenu
Est-il vivant, que l’on puisse le trouver,
ou bien la mort nous a-t-elle séparé ?
et aussi :
ûsî bihi ʿAmran wa Qaysan kilâhumâ
wa ûsî Yazîdan wa baʿdahum Jabal
i.e.
Je le confie à ʿAmr et à Qays, tous deux,
et aussi à Yazîd et à Jabal après eux.
ʿAmr et Qays sont les frères de Hârithah, Jabal est son fils aîné et Yazîd le demi-frère de Zayd. Par la suite, pendant le pélerinage, des gens du clan de Kalb virent Zayd et le reconnurent. Les reconnaissant à son tour, il leur demanda de transmettre à sa famille quelques vers de poésie dont :
ahinnu ilâ qawmî wa in kuntu nâ’iyan
bi’abî qatîn ul-bayti ʿind al-mashâʿiri
Les pélerins prévinrent son père qui emmena une rançon pour son fils et partit pour la Mecque en compagnie de son frère Kaʿb. Arrivés à la Mecque, ils demandèrent le Prophète -que les salutations de Dieu soient sur lui [1]. On les orienta vers la mosquée où ils l’abordèrent disant : "Ô fils de ʿAbd Al-Muttalib, fils du Seigneur de son peuple, vous êtes les dépositaires du sanctuaire de Dieu, vous libérez le nécessiteux et vous nourrissez le prisonnier. Nous sommes venus te voir au sujet de notre fils, ton esclave. Accorde-nous cette faveur et sois bienfaisant en acceptant la rançon que nous sommes disposés à te payer." Il leur demanda : "De qui voulez vous parler ?" Ils répondirent : "Zayd Ibn Hârithah." Il leur dit : "Tout ce que vous voudrez. Appelez-le et donnez lui le choix. S’il vous choisit, il est à vous sans rançon. Mais s’il me choisit, par Dieu, je ne suis pas du genre à préférer une rançon contre celui qui me préfère." Ils dirent : "Tu as été généreux avec nous." Le Propète appela Zayd et lui demanda : "Connais-tu ces gens ?" Il acquiessa : "Voici mon père et voici mon oncle." Le Prophète lui dit : "Tu me connais également et tu connais ma compagnie. Tu as le choix entre nous." Zayd répondit : "Personne ne m’est plus agréable pour moi. Tu es pour moi un père et un oncle." Ceux-ci s’exclamèrent : "Malheureux, préfères-tu la servitude à la liberté et à ton père, ton oncle et les tiens ?" Il répondit : "Oui, personne ne m’est préférable après ce que j’ai vécu avec cet homme." Quand le Prophète -paix et salutations de Dieu sur lui- entendit ces paroles, il emmena Zayd dans al-Hijr (un emplacement où les Mecquois se réunissaient pour leurs affaires) et clama : "Soyez témoin que Zayd est mon fils, il hérite de moi et j’hérite de lui." Satisfaits du sort de leur enfant, les proches de Zayd prirent congé. Depuis ce jour, Zayd fut appelé Zayd Ibn Muhammad (i.e. fils de Muhammad) jusqu’à la venue de l’Islam. ʿAbdullâh Ibn ʿUmar dit à ce sujet : "Nous l’appelions Zayd Ibn Muhammad jusqu’à la révélation du verset : attribuez-les à leurs pères" (hadîth narré par Al-Bukhârî).
D’après Ibn Ishâq, une fois que le Prophète avait adopté Zayd, il le maria avec sa servante Umm Ayman qui lui enfanta Usâmah. Puis, il le maria avec sa cousine Zaynab Bint Jahsh (la fille de sa tante Umaymah Bint ʿAbd Al-Muttalib). Quand il divorça d’avec Zaynab, il le maria avec Umm Kulthûm Bint ʿUqbah qui lui enfanta Zayd et Ruqayyah. Ensuite, il divorça d’avec Umm Kulthûm et épousa la cousine du Prophète, Durrah Bint Abû Lahab Ibn ʿAbd Al-Muttalib. Puis, ils divorcèrent et il épousa Hind Bint Al-ʿAwwâm, la soeur d’Az-Zubayr.
Après l’hégire, le Prophète scella une fraternité entre lui et Hamzah, l’oncle du Prophète. Zayd assista à la bataille de Badr et toutes les batailles qui la suivirent. Il reçut le martyr pendant la bataille de Mu’tah alors qu’il était à la tête de l’armée. Il était alors âgé de 55 ans. D’après Aïshah - que Dieu l’agrée, à chaque fois que le Prophète envoyait Zayd dans une expédition, il lui en donnait le commandement et s’il lui avait survécu, il lui aurait donné le Caliphat (d’après Abû Bakr Ibn Abî Ashtah avec une chaîne de transmission forte). Salamah Ibn Al-Akwaʿ dit : "J’ai participé à sept batailles aux côtés du Prophète avec Zayd Ibn Hârithah. A chaque fois, le Prophète donnait notre commandement à Zayd."
D’après Muhammad Ibn Usâmah Ibn Zayd, son père narre que le Prophète - paix et salutations de Dieu sur lui, dit : "Ô Zayd, tu es mon affranchi et tu fais partie de moi et tu es l’homme le plus cher [à mon coeur]." La Mère des Croyants Aïshah dit : "Zayd est venu à Médine alors que le Prophète se trouvait chez moi. Il vint et frappa à la porte alors le Prophète se leva, le prit dans ses bras et l’embrassa." ʿAbdullâh Ibn ʿUmar raconte que le Caliphe ʿUmar (son père) lui attribua une pension inférieure à celle qu’il attribua à Usâmah Ibn Zayd. ʿAbdullâh s’enquit de la raison, ʿUmar lui répondit : "Le Prophète l’aimait plus que toi et il aimait son père (Zayd) plus que ton père (i.e. ʿUmar, lui-même)."
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