jeudi 5 juillet 2001
Cette sourate tire son nom des versets 136, 138 et 139 dans lesquels ont été réfutées une série de croyances superstitieuses des Arabes idolâtres concernant le caractère licite ou illicite de certains animaux.
Selon une tradition d’Ibn ʿAbbâs, la sourate fut révélée en une seule fois à La Mecque. Asmâ’, fille de Yazîd, un cousin germain de Muʿadh Ibn Jabal, a dit : "Lors de la révélation de cette sourate, le Saint Prophète était sur une chamelle et je tenais ses rennes. Le chameau a commencé à sentir le poids au point que l’on aurait dit que ses os allaient se briser." Nous apprenons aussi d’autres traditions que le Saint Prophète avait dicté la sourate entière la nuit même de sa révélation.
Le sujet de la sourate montre clairement qu’elle fut probablement révélée pendant la dernière année de vie du Saint Prophète à La Mecque. La tradition d’Asmâ’, la fille de Yazîd, confirme aussi ce fait. Comme elle faisait partie des Ansâr et avait embrassé l’islam après la migration du Saint Prophète à Yathrib [1], sa visite au Saint Prophète à La Mecque eut probablement lieu pendant la dernière année de sa vie. En effet, auparavant, ses relations avec ces gens n’étaient pas assez intimes pour qu’une femme de Yathrib vienne lui rendre visite à La Mecque.
Après la détermination de la période de révélation, il est plus facile de visualiser le contexte de la sourate. Douze années s’étaient écoulées depuis que le Saint Prophète avait invité les gens à l’islam. L’opposition et la persécution des Quraysh étaient devenues plus violentes et plus brutales, et la majorité des musulmans avaient dû quitter leurs demeures et émigrer en Abyssinie. Avant tout, les deux grands soutiens du Saint Prophète, Abû Tâlib et Khadîjah, n’étaient plus là pour l’aider et lui donner de la force ; il était donc privé de tout soutien de ce monde. En dépit de cela, il poursuivit sa mission n’en déplaise aux opposants. Suite à cela, d’une part, les habitants respectables de La Mecque, ainsi que les clans environnants, ont commencé à progressivement accepter l’islam ; d’autre part, la communauté dans son ensemble persévérait dans le rejet de l’islam. Aussi une personne montrant de l’empathie envers l’islam était-elle soumise aux railleries et à la dérision, à la violence physique et à l’exculsion sociale.
Yathrib s’avéra une lueur d’espoir dans ces sombres circonstances :
l’islam commençait à s’y étendre librement grâce aux efforts de quelques personnes influentes parmi les Aws et les Khazraj [2] qui s’étaient convertis à La Mecque. Ainsi commença la marche de l’islam vers le succès et personne n’aurait pu alors mesurer les dimensions que cette religion pourrait prendre. Pour un observateur occasionnel, l’islam apparaissait à cette époque comme un mouvement faible dépourvu d’appui matériel excepté le maigre soutien de la famille du Prophète et des quelques pauvres adeptes du mouvement. Évidemment, ces derniers ne pouvaient être d’une grande aide puisqu’ils avaient été eux-mêmes exclus par leurs propres clans qui étaient devenus leurs ennemis et les persécutaient.
Telles étaient les conditions lors de la révélation de cette sourate. Les principaux sujets traités dans ce propos peuvent être divisés en sept parties :
Il convient, cependant, de noter que ces différents sujets n’ont pas été traités les uns après les autres, dans des sections séparées, mais plutôt dans un discours continu où ces différents sujets viennent s’imbriquer en cours de discussion à maintes reprises de manière différente.
Il s’agit de la première longue sourate mecquoise dans l’ordre de la compilation du Coran, il serait donc utile d’expliquer le contexte historique des sourates mecquoises en général afin que le lecteur puisse facilement comprendre les sourates mecquoises, ainsi que nos références aux différentes étapes de la période mecquoise en rapport avec les commentaires les concernant.
Tout d’abord, il faut souligner que très peu d’éléments sont disponibles concernant le contexte de révélation des sourates à La Mecque tandis que la période de révélation de toutes les sourates médinoises est connue ou peut être facilement déterminée. Il existe même des traditions authentiques sur les circonstances de révélation de la majorité des versets médinois.
En revanche, nous ne disposons pas d’informations aussi détaillées pour les sourates mecquoise. Seuls quelques sourates et versets disposent de traditions authentiques concernant le moment et l’occasion de leur révélation. Ceci est dû au fait que l’histoire de la période mecquoise n’a pas été compilée aussi minutieusement que celle de la période médinoise. Il faut donc avoir recours aux preuves renfermées par les sourates pour déterminer la période de leur révélation ; par exemple : les thèmes traités, leur sujet, leur style et les références directes ou indirectes aux événements et aux circonstances liés à leur révélation.
Ainsi il est évident, qu’à l’aide de tels indices, nous ne pouvons dire avec précision à quelle occasion ont été révélés certains versets et certaines sourates. La meilleure méthode reste de comparer les indices que présente une sourate avec les événements de la vie du Saint Prophète à La Mecque afin d’aboutir à une conclusion plus ou moins correcte quant à la période de révélation de cette sourate. Si nous prenons en compte les éléments précités, l’histoire de la mission du Saint Prophète à La Mecque peut être divisée en quatre parties :
La vie du Saint Prophète à La Mecque divisée en quatre étapes, il devient plus facile de déterminer à quelle étape certaines sourates mecquoises ont été révélées. En effet, leur sujet et leur style permettent de distinguer les étapes au cours desquelles elles ont été révélées. De plus, elles contiennent des références à propos des circonstances et des événements constituant le contexte de leur révélation.
Nous déterminerons, pour les sourates Mecquoises suivantes, les caractéristiques de chaque étape et nous signalerons en préambule, la période dans laquelle chacune de ces sourates a été révélée.
Cette sourate traite principalement des différents aspects des articles majeurs de la foi islamique : le Tawhîd (i.e. le monothéisme), la vie après la mort, la mission prophétique, ainsi que leur application pratique à la vie humaine. Parallèlement, elle réfute les croyances erronée des opposants, répond à leurs objections, les avertit et les admoneste et apporte réconfort au Saint Prophète et à ses disciples qui souffraient alors de la persécution. Bien entendu, ces thèmes n’ont pas été traités séparément, mais harmonisés d’une excellente façon.
Versets 1 à 12 : Ces verstes comportent une entrée en matière et une exhortation. Les infidèles ont été avertis que leur refus du crédo islamique et le fait qu’ils ne suivent pas la Lumière émanant de la révélation de Dieu l’Omniscient et l’Omnipotent les exposaient à la même fin fatale que les infidèles du passé. Les arguments qu’ils invoquaient pour justifier leur rejet du Prophète et de la révélation qui lui avait été envoyée ont été réfutés. De plus, ils ont été invités à ne pas se méprendre sur le sursis qui leur avait été accordé.
Versets 13 à 24 : Ces versets inculquent le monothéisme (tawhîd) et réfutent le polythéisme (shirk) qui représente un obstacle pour son acceptation.
Versets 25 à 32 : La vie dans l’au-delà y est dépeinte de manière pittoresque pour mettre les infidèles en garde contre les conséquences du rejet des articles de la foi.
Versets 33 à 73 : leur thème central traite du statut prophétique, sa mission, les limites de son pouvoir, l’attitude vis-à-vis de ses disciples, tant du point de vue du noble Prophète que de celui des infidèles.
Versets 74 à 90 : Dans cette même logique, ces versets relatent le récit du Prophète Abraham pour signifier aux Arabes païens que la mission du Prophète Muhammad à laquelle ils s’opposent est la même que celle du Prophète Abraham — que la paix de Dieu soit sur lui. Cette ligne d’argumentation a été choisie car ils se considéraient eux-mêmes comme des adeptes d’Abraham — paix sur lui — et notamment les Quraysh qui étaient fiers d’être aussi ses descendants.
Versets 91 à 108 : Une autre preuve du statut prophétique de Muhammad — paix et bénédictions sur lui — est le Livre qui lui a été révélé par Dieu car ses enseignements indiquent la bonne guidance en matière de credo et de pratique.
Dans les versets 109 à 154, une comparaison est dressée entre les prescriptions divines et les prescriptions du paganisme arabe pour montrer la différence saisissante entre les deux et, par voie de conséquence, prouver que le Coran est un Livre Révélé.
Dans les versets 155 à 160, les juifs précédemment critiqués dans les versets 144 à 147 en même temps que les Arabes païens, ont été incités à comparer les enseignements du Coran avec ceux de la Torah afin qu’ils reconnaissent leurs similitudes, abandonnent leurs faux prétextes et suivent la Guidance qui les sauvera du jugement le Jour de la Résurrection.
En guise de conclusion, le Saint Prophète a reçu, d’une manière sublime et forte, l’ordre de proclamer sans crainte les articles du credo islamique et leurs implications. Tel est l’objet des versets 161 à 165.
[1] Yathrib est le nom anté-islamique de Médine.
[2] Les Aws et les Khazraj sont deux tribus arabes qui peuplaient Yathrib. Une fois qu’ils ont embrassé l’islam et offert leur protection au Prophète et à leurs co-religionnaires mecquois, on les a appelés Al-Ansâr (littéralement, les Secoureurs ou les Alliés).
[3] Dans la terminologie islamique, le tawhîd désigne le Monothéisme.
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