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Amr Ibn Al-Jamûh, que Dieu l’agrée

lundi 25 février 2002

ʿAmr Ibn Al-Jamûh était un des dirigeants de Yathrib au
temps de l’ignorance pré-islamique (Jâhiliyyah). Il était
le chef du clan des Banû Salamah et était connu pour être une des
personnes les plus généreuses et les plus vaillantes de la ville.

Un des privilèges des dirigeants de la ville consistait à disposer
d’une idole à soi dans sa maison. Cette idole était sensée
bénir le chef dans tout ce qu’il entreprendrait. Le maître de maison,
quant à lui, lui offrait des sacrifices à certaines occasions
et recherchait son aide dans les moments difficiles. L’idole de ʿAmr Ibn Al-Jamûh
s’appelait Manât. Il l’avait faite à partir d’un bois très
précieux et rare. Il dépensait beaucoup de temps, d’argent et
d’attention afin de s’occuper d’elle et avait pour habitude de l’oindre avec
les parfums les plus exquis.

ʿAmr avait presque soixante ans quand les premiers rayons de la lumière
de l’Islam ont commencé à pénétrer les cœurs
des habitants de Yathrib. La nouvelle foi leur était présentée
par Musʿab Ibn ʿUmayr, le premier missionnaire envoyé à
Yathrib avant l’Hégire (hijrah). C’est par lui que les trois fils
de ʿAmr - Muawwadh, Muʿâdh et Khallâd - sont devenus musulmans.
Un de leurs contemporains était le célèbre Muʿâdh
Ibn Jabal. L’épouse de ʿAmr, Hind, s’est convertie à l’Islam tout
comme ses trois fils mais ʿAmr ne sut rien de tout ceci.

Hind voyait bien que les gens de Yathrib étaient gagnés par le
Message l’Islam et qu’aucun des dirigeants de la ville ne demeurait désormais
idolâtre exceptés son mari et quelques rares individus. Elle aimait
son mari tendrement et était fière de lui mais elle redoutait
qu’il rende l’âme en état de mécréance (kufr)
et qu’il finisse dans le Feu de l’Enfer.

Pendant ce temps, ʿAmr commençait à se sentir mal à l’aise.
Il craignit que ses fils renoncent à la religion de leurs ancêtres
et qu’ils suivent l’enseignement de Musʿab Ibn ʿUmayr qui, en très
peu de temps, avait convaincu de nombreuses personnes de se détourner
de l’idolâtrie et d’embrasser la religion de Muhammad (Paix et
Bénédiction de Dieu sur lui). Ainsi, ʿAmr dit à son épouse
 :

" Fais attention à ce que tes enfants n’entrent pas en contact
avec cet homme (Musʿab Ibn ʿUmayr) avant que nous nous fassions une opinion
sur lui".

"A tes ordres, répondit-elle, mais aimerais-tu entendre de ton
fils Muʿâdh ce qu’il rapporte de cet homme ?"

" Malheur à toi ! Muʿâdh s’est-il détourné
de sa religion sans que je n’en sache rien ? "

La femme eut pitié du vieil homme et lui dit :

" Pas du tout. Mais il a assisté à des réunions avec
ce missionnaire et a appris par cœur certaines des choses qu’il enseigne".

" Dis-lui de venir ici" dit-il. Lorsque Muʿâdh vint, il lui
ordonna :

" Fais-moi entendre un exemple de ce que cet homme prêche".
Muʿâdh récita la Fatiha (le chapitre d’ouverture du Coran) : "

" La louange est à Dieu, Seigneur-et-Maître
des univers. Le Miséricordieux par essence et par excellence. Roi du
jour de la rétribution. C’est Toi que nous adorons et c’est de Toi que
nous implorons le secours. Guide-nous sur le droit chemin. Le chemin de ceux
que Tu as touchés de Ta grâce, et non de ceux qui ont encouru ta
colère, ni des égarés
".

" Quelle perfection ! Que cela est beau ! " s’écria le père.
" Est-ce que tout ce qu’il dit est ainsi ? "

" Oui mon père. Souhaitez-vous lui prêter l’allégeance
 ? Tous les vôtres l’ont déjà fait", supplia Muʿâdh.

Le vieil homme resta silencieux pendant un moment puis il dit , " Je n’en
ferai rien jusqu’à ce que je consulte Manât et voie ce qu’elle
en dit".

" Que peut bien vous dire Manât, père ? C’est seulement
un morceau de bois. Il ne peut ni penser ni parler".

Le vieil homme répliqua brusquement, " Je t’ai dit que je ne ferai
rien sans elle".

Un peu plus tard le même jour, ʿAmr alla auprès de Manât.
Il était d’usage chez les idolâtres de placer une femme âgée
derrière l’idole quand ils souhaitaient lui parler. Celle-ci répondait
à la place de l’idole qui l’inspirait pensaient-ils. ʿAmr se tint devant
l’idole de façon respectueuse et lui adressa d’abondantes louanges. Puis
il dit :

" O Manât, nulle doute que tu sais que ce propagandiste qui
nous a été envoyé de la Mecque n’a pour but que celui de
te nuire, toi et personne d’autre. Il est seulement venu pour nous empêcher
de t’adorer. Je ne veux pas lui prêter allégeance malgré
les belles paroles qu’on m’a rapportées de lui. Je suis venu pour que
tu me conseilles. Je t’en prie, éclaire-moi".

Il n’y eut aucune réponse de la part de Manât. ʿAmr continua :

" Peut-être es-tu fâchée. Mais jusqu’à présent,
je n’ai fait rien fait qui puisse te contrarier. Cela ne fait rien, j’attendrai
quelques jours que ta colère se dissipe".

Les fils de ʿAmr savaient l’à quel point leur père dépendait
de Manât et comment avec le temps il était devenu presque
une partie de l’idole. Ils ont réalisé cependant que la place
qu’elle occupait dans son cœur était remise en question et qu’ils
devaient l’aider à s’en débarrasser. Cela devait être son
chemin vers la foi en Dieu (Exalté et Glorifié Soit-Il).

Une nuit les fils de ʿAmr allèrent avec leur ami Muʿâdh Ibn Jabal
auprès de Manât, prirent l’idole de l’endroit où
elle se trouvait puis la jetèrent dans un puits appartenant aux Banû
Salamah. Ils retournèrent chez eux sans que quiconque ne sache ce qu’ils
avaient fait. Lorsque ʿAmr se réveilla le matin suivant, il alla présenter
ses respects à l’idole mais ne la trouva pas.

" Malheur à vous !", cria-t-il. " Qui a attaqué
notre dieu la nuit dernière ?! "

Personne ne répondit. Il se mit à rechercher l’idole, écumant
de rage et menaçant les responsables de ce acte. Il finit par trouver
l’idole dans le puits tête en bas, gisant à l’envers. Il la lava,
la parfuma et la remit à sa place habituelle en disant : " Si je
découvre qui t’a fait ceci, je l’humilierai".

La nuit suivante les jeunes hommes réservèrent le même
sort à l’idole. Le vieil homme la récupéra, la lava et
la parfuma comme il l’avait fait auparavant et la remit à sa place. Ceci
se produisit plusieurs fois jusqu’à ce qu’une nuit, ʿAmr lui attacha
une épée au cou et lui dit :

" O Manât, je ne sais pas qui te fait ceci. Si tu as quelque
pouvoir, défends-toi contre ce mal. Voici une épée pour
toi".

Les jeunes attendirent qu’ʿAmr soit endormi. Ils prirent l’épée
du cou de l’idole puis jetèrent cette dernière dans le puits.
ʿAmr retrouva l’idole face contre terre dans le puits sans qu’il n’y ait aucune
trace de l’épée. Enfin, il fut convaincu que l’idole n’avait aucun
pouvoir et qu’elle ne méritait pas d’être adorée. Peu de
temps après il se convertit à l’Islam.

ʿAmr goûta bientôt à la douceur de l’imaân
(foi) en Dieu (Exalté et Glorifié Soit-Il) l’Unique. En même
temps il ressentit une grande douleur et une terrible angoisse à la pensée
de chaque moment qu’il avait passé dans l’idolâtrie. Son acceptation
de la nouvelle religion fut totale : il se mit lui-même ainsi que sa richesse
et ses enfants au service de Dieu (Exalté et Glorifié Soit-Il)
et de son Prophète (Paix et Bénédiction de Dieu sur lui).

On put voir l’ampleur de sa dévotion durant la période de la
bataille d’Uhud. ʿAmr regarda ses trois fils se préparer à
la bataille. Il vit ces trois jeunes hommes déterminés totalement
habités par le désir de gagner le martyre, le succès et
la satisfaction de Dieu. La scène eut un grand effet sur lui et il décida
d’aller avec eux combattre sous la bannière du Messager de Dieu. Les
jeunes gens, cependant, étaient résolument contre cette idée.
En effet, ʿAmr était d’un âge très avancé et extrêmement
faible.

" Père, dirent-ils, assurément Dieu vous a pardonné.
Alors pourquoi vous infligez-vous un tel fardeau ? "

Le vieil homme se mit en colère et alla immédiatement auprès
du Prophète, Paix et Bénédiction de Dieu sur lui, se plaindre
au sujet de ses fils :

" O Messager de Dieu ! Mes fils ici veulent me tenir loin de cette source
de bien qu’est le jihâd et disent que je suis vieux et faible.
Par Dieu, j’espère atteindre le paradis de cette façon même
si je suis vieux et infirme".

" Laissez-le, dit le Prophète à ses fils, peut-être
que Dieu (Exalté et Glorifié Soit-Il), le Puissant et le Grand,
lui accordera le martyre".

Le moment vint de rejoindre la bataille. ʿAmr fit ses adieux à son épouse,
se tourna vers la qiblah et pria :

" O Seigneur, accorde-moi le martyre, ne me renvoie pas auprès
de ma famille avec mes espoirs anéantis".

Il rejoignit la ses trois fils et un grand nombre de membres de sa tribu, les
Banû Salamah.

Tandis que la bataille faisait rage, on put voir ʿAmr sur les premières
lignes du front, sautillant sur sa jambe valide (son autre jambe était
en partie boiteuse), criant :

" Je désire le paradis, je désire le paradis".

Son fils Khallâd resta derrière lui et tous deux combattirent
courageusement pour la défense du Prophète (Paix et Bénédiction
de Dieu sur lui) tandis
que beaucoup d’autres musulmans abandonnèrent, préférant
le butin au combat. Le père et le fils tombèrent sur le champ
de bataille et moururent presque en même temps .

P.-S.

Traduit de "Companions of The Prophet", Vol.1, écrit par Abdul Wâhid Hâmid.

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