jeudi 30 mai 2002
ʿAbd Allâh Ibn Umm Maktûm était un cousin de Khadîjah Bint Khuwalid, Mère des Croyants, puisse Allâh être satisfait d’elle. Il était le fils de Qays Ibn Za’id. Sa mère, ʿÂtikah Bint ʿAbd Allâh, était appelée Umm Maktûm (mère de celui qui est caché) parce qu’elle donna naissance à un enfant aveugle.
ʿAbd Allâh fut témoin de l’essor de l’islam à La Mecque. Il fut parmi les premiers à se convertir. Il vécut les persécutions que subirent les musulmans. Il endura les mêmes épreuves que les autres compagnons du Prophète — paix et bénédictions sur lui. Son comportement, comme le leur, était empreint de fermeté, de résistance loyale et de sacrifice. Ni son dévouement ni sa foi ne furent affaiblis par la violence des assauts de Quraysh. En fait, tout cela ne fit qu’augmenter sa détermination à suivre la religion de Dieu — Exalté soit-Il — et sa dévotion à Son Messager — paix et bénédictions sur lui.
ʿAbd Allâh était en effet très dévoué au noble Messager — paix et bénédictions sur lui. Il était si impatient de mémoriser le Coran qu’il ne manquait jamais une opportunité de répondre à l’appel de son cœur. Son impatience et son insistance pouvaient parfois s’avérer irritantes quand, sans le vouloir, il cherchait à monopoliser l’attention du Prophète.
À cette époque, le Prophète — paix et bénédictions sur lui — se concentrait sur les notables Qurayshites et souhaitait ardemment qu’ils deviennent musulmans.
Un jour en particulier, il rencontra ʿUtbah Ibn Rabiʿah et son frère Shaybah, ʿAmr Ibn Hishâm mieux connu sous le nom d’Abû Jahl, Umayyah Ibn Khalaf et Al-Walîd Ibn Mughirah, le père de Khâlid Ibn Al-Walîd qui devait plus tard être connu sous le nom de Sayf Allâh ou le Sabre de Dieu. Il commença à s’entretenir avec eux et à leur présenter l’islam. Il souhaitait vivement qu’ils accueillent favorablement ses paroles et qu’ils se convertissent à l’islam ou tout du moins qu’ils cessent de persécuter ses compagnons. Tandis qu’il leur parlait, ʿAbd Allâh Ibn Umm Maktûm — que Dieu l’agrée — vint à lui et lui demanda de lui lire un verset du Coran.
" Ô Messager de Dieu, dit-il, apprends-moi de ce que Dieu t’a appris. " Le Prophète — paix et bénédictions sur lui — fronça les sourcils et se retourna vers le groupe des Qurayshites, qu’il souhaitait voir se convertir à l’Islam et ainsi ajouter à la force des musulmans. Aussitôt qu’il finit de leur parler et qu’il quitta leur compagnie, la révélation suivante lui vint :
1. Il a froncé les sourcils et il s’est détourné.
2. Lorsque lui vint l’aveugle.
3. Que sais-tu ? Peut-être cherche-t-il à se purifier.
4. Ou à se rappeler et à tirer profit de ce rappel.
5. Quant à celui qui se complait dans sa suffisance.
6. Tu vas avec empressement à sa rencontre.
7. Quel grief encours-tu s’il ne cherche pas à se purifier (de sa mécréance) ?
8. Quant à celui qui est venu à toi plein de ferveur.
9. Et plein de la crainte de Dieu.
10. Tu le délaisses pour t’occuper des autres.
11. N’agis plus ainsi car c’est une mission de rappel.
12. Que celui qui veut garde ce Coran dans sa mémoire.
13. Il est inscrit dans des tablettes très honorées.
14. Des tablettes très haut placées et purifiées de toute
souillure.
15. Entre les mains d’ambassadeurs du bien (les Anges).
16. Nobles et ne se consacrant qu’à l’obéissance de Dieu et aux
bonnes œuvres.
(sourate 80 Abasa — Il a froncé les sourcils, versets 1-16)
Seize versets ont été révélés au noble Prophète — paix et bénédictions sur lui — au sujet de ʿAbd Allâh Ibn Umm Maktûm — que Dieu l’agrée. Seize versets récités jusqu’à aujourd’hui et qui continueront de l’être jusqu’à la fin des temps.
À partir de ce jour, le Prophète — paix et bénédictions sur lui — ne cessa de se montrer particulièrement généreux envers ʿAbd Allâh Ibn Umm Maktûm, de lui demander de ses nouvelles, de subvenir à ses besoins et de l’inclure dans son conseil toutes les fois qu’il s’approchait. Cela n’est en rien étonnant. Dieu — Exalté soit-Il — ne lui a-t-Il pas fait un reproche — le reproche de Celui qui Aime vers son bien-aimé — au sujet de ʿAbd Allâh ?
Plus tard, il saluait souvent ʿAbd Allâh Ibn Umm Maktûm avec ces mots humbles : " Bienvenue à celui à propos de qui mon Pourvoyeur — Exalté soit-Il — m’a fait un rappel. "
Quand les Qurayshites intensifièrent leur persécution à l’égard du Prophète — paix et bénédictions sur lui — et des croyants, Dieu leur donna la permission d’émigrer. La réponse de ʿAbd Allâh fut prompte. Musʿab Ibn Umayr et lui furent les premiers parmi les compagnons à se rendre à Yathrib (Médine).
Dès qu’ils arrivèrent à Yathrib, ils commencèrent à parler de l’islam aux gens, à leur lire le Coran et à leur enseigner la religion de Dieu. Quand le Prophète — sur lui la paix et la bénédiction sur Dieu — arriva à Yathrib, il nomma ʿAbd Allâh et Bilâl Ibn Rabâh muezzins. Il leur octroyait ainsi la responsabilité de proclamer l’Unicité de Dieu cinq fois par jour et d’appeler les croyants aux meilleures actions et au succès.
Bilâl faisait l’adhan (l’appel à la prière) et ʿAbd Allâh prononçait l’iqâmah (l’annonce du début de la prière). Parfois c’était l’inverse. Pendant le Ramadan, ils adoptèrent un programme particulier. L’un des deux faisait l’adhan pour appeler les gens à manger avant le début du jeûne. L’autre faisait l’adhan
pour annoncer le début de l’aube et du jeûne.
Bilâl réveillait les gens et ʿAbd Allâh Ibn Umm Maktûm annonçait l’apparition de l’aube.
En outre, le Prophète — paix et bénédictions sur lui — confia à ʿAbd Allâh Ibn Umm Maktûm la charge de Médine en son absence. ʿAbd Allâh eut cette responsabilité plus de dix fois, notamment quand le Prophète — paix et bénédictions sur lui — partit pour libérer La Mecque.
Peu de temps après la bataille de Badr, le Prophète — paix et bénédictions sur lui — reçut une révélation de Dieu qui élevait le statut des mujahidîns (les combattants) en leur donnant la préférence sur ceux qui demeuraient inactifs chez eux. Ceci pour encourager davantage le mujâhid et pour inciter ceux qui ne répondent pas à l’appel du jihâd à abandonner leur inactivité. Cette révélation affecta profondément Ibn Umm Maktûm. Cela l’attrista d’être écarté du plus haut statut et il dit :
" Ô Messager de Dieu. Si je pouvais aller au jihâd, je l’aurais certainement fait. "
Puis il demanda sincèrement à Dieu — Exalté soit-Il — d’envoyer une révélation au sujet de son cas particulier et de ceux qui, comme lui, ne pouvaient participer aux campagnes militaires en raison de leur handicap.
Sa prière fut exaucée. Un élément supplémentaire fut révélé au Prophète — paix et bénédictions sur lui — exemptant ceux qui souffraient d’un handicap. Le verset entier devint :
" Ne sont pas au même niveau ceux des Croyants qui restent (chez eux) sans empêchement physique et ceux qui combattent sur le chemin de Dieu avec leurs biens et leurs vies. Dieu a élevé d’un degré ceux qui combattent avec leurs biens et leurs vies au-dessus des inactifs. À tous Il a promis la meilleure (part) mais Dieu a favorisé les combattants sur les inactifs par un salaire immense." (Sourate 4 An-nisa — Les femmes, verset 95)
En dépit du fait qu’il fut ainsi dispensé de jihad, ʿAbd Allâh Ibn Umm Maktûm refusait de rester passif quand une expédition était en cours. Les grandes âmes ne se satisfont pas de demeurer à l’écart des grands moments. Il décida de ne manquer aucune campagne. Il s’assigna un rôle sur le champ de bataille. Il disait : " Placez-moi entre deux rangs et donnez-moi la bannière. Je la porterai pour vous et je la protègerai, car je suis aveugle et je ne suis pas en mesure de fuir. "
Dans la quatorzième année après l’Hégire, ʿUmar décida de préparer un assaut contre les Perses pour terrasser leur Etat et ouvrir la voie aux forces musulmanes. Il écrivit à ses gouverneurs : " Envoyez quiconque possède une arme ou un cheval ou quiconque peut se rendre utile sous quelque forme que ce soit. Et faites vite. "
Des foules de musulmans venus de partout répondirent à l’appel de ʿUmar et convergèrent vers Médine. Parmi eux se trouvait le mujahid non-voyant, ʿAbd Allâh Ibn Umm Maktûm.
ʿUmar désigna Saʿd Ibn Abî Waqqâs à la tête de l’armée et lui donna ses instructions avant de lui faire ses adieux. L’armée arriva à Qâdisiyyah, le lieu où devait se dérouler la bataille. ʿAbd Allâh Ibn Umm Maktûm était impressionnant dans son armure et complètement apprêté. Il avait juré de porter et de protéger la bannière des musulmans au péril de sa vie.
Les forces en présence s’engagèrent dans une bataille de trois jours. La bataille fut l’une des plus féroces et des plus amères de l’histoire des batailles musulmanes. Le troisième jour, les musulmans remportèrent une grande victoire tandis que l’un des plus puissants empires au monde s’écroulait et que l’un des trônes les plus sûrs tombait. La bannière du Tawhîd flottait dans un pays idolâtre. Le prix de cette victoire éclatante fut la mort de centaines de musulmans. Parmi ces martyrs, gisait ʿAbd Allâh Ibn Umm Maktûm. Il fut trouvé mort sur le champ de bataille, étreignant l’étendard des musulmans.
Traduit de "Companions of The Prophet", Vol.1, écrit par Abdul Wâhid Hâmid.
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