lundi 27 novembre 2000
Notre dame bénie et purifiée, As-Sayyidah Nafîsah naquit en 145 A.H. Son père est Abû Muhammad Al-Hasan Al-Anwar Ibn Zayd Al-Abladj Ibn Al-Hasan - le petit-fils du Messager- Ibn ʿAlî Ibn Abî Tâlib Ash-Sharîf Al-Murtada, qu’Allâh soit satisfait d’eux.
As-Sayyidah Nafîsah grandit dans un milieu imprégné de la bénédiction du Noble Messager, notre bien-aimé Muhammad. Elle passa ses premières années à la Mecque entourée de soins et du respect qui lui sont dus, puis, âgée de cinq ans, son père l’emmena à Médine. Il commença alors à lui prendre ce dont elle avait besoin pour sa vie ici-bas et pour l’au-delà et elle partait à la mosquée du
Messager pour écouter les savants du hadîth et pour apprendre la jurisprudence par les jurisconsultes.
A l’âge de seize ans, elle épousa Ishâq Al-Mu’taman Ibn Jaʿfar As-Sâdiq Ibn Muhammad Al-Bâqir Ibn ʿAlî Zayn
Al-ʿÂbidîn Ibn (Abî Ash-Shuhadâ’) l’Imâm Al-Husayn, paix sur lui. Ishâq fut un homme pieux, connu pour sa
rectitude, sa bonté et sa générosité. Elle
eut de lui deux enfants : Al-Qâsim et Umm Kulthûm. Dans une maison honorée, au sein d’une famille qu’Allâh a purifiée, As-Sayyidah Nafîsah est venue au monde.
Depuis sa plus tendre enfance, son cœur s’attacha au Noble Coran qu’elle récitait régulièrement. Elle se consacra à son apprentissage et finit sa mémorisation en un an et demi. Quant aux actes d’adoration, il est rapporté que notre bien-aimée accomplissait de façon régulière les cinq prières avec ses parents, alors qu’elle n’avait que six ans.
Au fil des années, elle grandit, son corps se renforça, son âme s’éleva et son cœur se raffina. Elle multiplia les actes de piété, jeûnant le matin et priant le soir, recueillie dans son adoration d’Allâh et animée par la soif du savoir. Son cœur s’ouvrit aux illuminations divines et s’attacha à
la Parole d’Allâh et aux hadîths de son grand-père, l’Envoyé d’Allâh. Elle apprit et relata des hadîths par son père, les membres de sa famille bénie, et les savants
de son époque dont elle apprit également la jurisprudence. C’est ainsi qu’on lui donna un surnom qui resta très célèbre
Nafisa’t’ul-ʿilm, la (dame) au savoir précieux.
La dame honorée dans les deux demeures, As-Sayyidah Nafîsah, a accompli dans sa vie bénie trente pélerinages en se rendant à la Mecque la plupart du temps à pieds. Elle marchait ainsi sur les pas de son grand-père l’Imâm Al-Husayn, paix sur lui, qui disait : « J’ai honte d’aller à la rencontre de mon Seigneur sans avoir marché pour cela ». La nièce d’As-Sayyidah, Zaynab bint Yahyâ Al-Moutawwadj (frère de notre bien-aimée) : « j’ai été au service de ma tante pendant quarante ans où je ne l’ai point vu dormir le soir (i.e. elle priait) ou ne pas jeûner pendant la journée, sauf les jours de l’Aïd et ceux du Tashrîq. Je lui dis : ne veux-tu pas être plus clémente envers toi-même ? Elle répondit : et comment cela alors que j’ai devant moi des épreuves difficiles qui ne seront surmontées que par ceux qui seront du nombre des réussissants ». Et elle disait d’As-Sayyidah Nafîsah : « Ma tante connaissait par cœur le Coran et son exégèse, et elle récitait le Coran et ses larmes coulaient. »
Cette dame pieuse était une ascète désintéressée des vains ornements d’ici-bas et faisant preuve d’une grande observance
d’Allâh et d’ascétisme, en prenant pour modèle le maître des fils d’Adam, le Sceau de la Prophétie, Muhammad, paix et bénédiction d’Allâh sur lui. Malgré les plaisirs et l’abondance qu’elle
pouvait trouver dans la maison de son père le prince de la ville, elle avait opté pour l’ascétisme et une grande simplicité
dans la vie. Elle se contentait de peu de nourriture et préférait le jeûne. Elle avait un panier accroché près de l’endroit
où elle accomplissait la prière. Lorsqu’elle ressentait faim, elle tendait la main pour en prendre la nourriture. Zaynab, sa nièce,
disait : je trouvais chez elle ce qui n’effleurait même pas mon esprit et je ne savais comment elle avait cela. Cela provoqua mon étonnement.
C’est alors qu’elle me dit : ô Zaynab, quiconque fait preuve de droiture avec Allâh, l’univers entier est dans sa main ». On rapporta
que dans son ascétisme, il n’y avait pas d’excès, et elle ne s’écartait que des ornements d’ici-bas qui risquent de la détourner
de sa fin première qui est la Satisfaction d’Allâh et le Cheminement vers Sa Majesté. Elle pensait en permanence à la mort et
l’au-delà, si bien qu’elle creusa elle même sa tombe et passa son temps à évoquer Dieu et à accomplir les œuvres pies.
Elle fut aussi l’épouse attentionnée, fidèle, accordant ses soins à sa famille, si bien que son époux répétait qu’elle est un bienfait certain de Dieu pour lui et que jamais elle n’a négligé le moindre de ses devoirs envers son mari.
En 193 A.H., notre bien-aimée arriva en Égypte. Sa bénédiction et quelques-uns de ses prodiges (karâmah) furent à peine divulgués, que les habitants d’Égypte se précipitèrent vers la petite fille du Messager cherchant auprès d’elle ses pieuses invocations et sa lumière puisée dans celle de son grand-père. Sa maison ne se vidait que rarement d’une foule qui lui vouait un profond amour. Elle pensa à quitter les lieux pour trouver un endroit calme où elle pourrait se consacra entièrement à l’adoration d’Allâh. Voyant son insistance à partir, les Egyptiens se ruèrent chez le gouverneur d’Égypte, As-Sirrî Ibn Al-Hakam Ibn Yûsuf. Ce dernier se dirigea vers elle et la supplia de faire preuve de générosité en restant parmi eux. Elle dit : « J’avais l’intention de rester parmi vous, sauf que je suis une femme faible, et la foule s’est rassemblée autour de moi et les gens me rendent visite très fréquemment si bien qu’ils m’empêchent de réciter mes awrâds (dhikr composé de vers et d’invocations) et de préparer la Rencontre de l’au-delà. Et ma demeure est si petite pour accueillir cette grande foule et la cour de mon grand-père, l’Elu, paix et bénédiction d’Allâh sur lui, me manque énormément ». Il répondit : « ô fille du Messager d’Allâh, je me charge de mettre fin à ce dont tu te plains. Je m’emploierai à ton confort et ta satisfaction. Et pour ce qui est de ta petite maison, j’ai une grande demeure à Darb As-Sibâʿ, et je prends Dieu pour Témoin en te l’offrant, et en te demandant de bien vouloir l’accepter et ne point me décevoir ». Après un long silence, elle répondit : « je l’accepte de toi ». Puis elle dit : ô Sirrî, que faire de ces grandes foules et assemblées ? ». Il dit : « Tu leur consacres deux jours par semaine pour leurs visites et tu consacres le reste à tes œuvres d’adoration et au service de ton mari. Accorde aux gens le samedi et le mercredi ».
L’Imâm Ash-Shâfiʿi, qu’Allâh lui fasse miséricorde, vint en Égypte. Il fit connaissance d’As-Sayyidah Nafîsah et entretint de relations solides avec elle. Ils avaient en commun leurs efforts pour diffuser la lumière de la religion, chacun à sa manière. L’Imâm Ash-Shâfiʿî avait coutume de lui rendre visite sur son chemin à la mosquée d’Al-Fustât où il enseignait le savoir et sur son chemin de retour. Pendant le mois du Ramadan, il accomplissait les prières du Tarawîh avec elle, dans sa mosquée (la mosquée d’As-Sayyidah Nafîsah). L’Imâm lui rendait visite en la compagnie de certains de ses amis et disciples, et il insistait, lui qui est un soleil de piété, à ce qu’elle invoque Dieu pour lui en espérant bénéficier de sa bénédiction. Lorsque la maladie l’empêchait d’aller la voir, il lui envoyait un disciple comme Ar-Rabîʿ al-Jîzî en le chargeant de lui dire : « Ton cousin Ash-Shâfiʿî est malade et te demande d’invoquer Dieu pour lui ». Elle levait alors les yeux vers le ciel et invoquait Allâh, la guérison atteignait l’imâm avant même le retour de son disciple. Lorsqu’il fut atteint de la maladie de sa mort, fidèle à son habitude, il lui envoya un messager pour qu’elle prie pour lui. Elle dit au messager : « qu’Allâh lui accorde la douceur de regarder Sa Face Honorée ». Au retour du messager, l’imâm lui demanda ce qu’elle lui avait répondu. Il comprit alors qu’il allait quitter la vie ici-bas et qu’il allait bientôt retourner à Dieu. Il demander qu’elle fasse la prière du défunt sur lui. Il mourrut en 204 et au passage de son cercueil porté par la foule devant chez elle, elle pria sur lui et les pieux qui assistèrent à cela pensèrent que la prière d’As-Sayyidah Nafîsah sera une miséricorde pour l’imâm.
Le grand savant Al-Ajahwarî dit : As-ayyidah Nafisah creusa sa noble tombe elle-même. Elle ordonna sa construction tellement elle languissait pour la rencontre de Son Créateur, témoignant
de son désintérêt pour les vains ornements d’ici-bas. [Sa tombe] fut couverte de nuages de miséricorde, elle y descendait pour faire ses œuvres d’adoration, pour évoquer l’au-delà
et elle y multipliait les prières surerogatoires. On dit qu’elle y récita le Coran six mille fois et qu’elle a offert la rétribution de cela aux défunts des musulmans.
Zaynab, sa nièce, dit : Ma tante ressentit une douleur le premier jour du mois de Rajab, et elle écrivit donc une lettre à son mari Al-Mu’taman, qui était absent, où elle lui demanda de venir car elle ressentait qu’elle allait bientôt quitter la vie ici-bas au profit de l’au-delà. Elle restait dans sa maladie jusqu’au
premier vendredi du mois de Ramadan, où sa douleur fut croissante alors qu’elle jeûnait. Les médecins vinrent et lui conseillèrent
alors de rompre son jeûne afin de reprendre des forces et mieux combattre la maladie. Elle dit : « Grand est mon étonnement ! cela fait
trentre que je demande à Dieu de retirer mon âme pendant que je serais à jeun, quelle idée de rompre mon jeûne maintenant,
que Dieu m’en préserve ». Et elle dit :
Les médecins s’étonnèrent de la force de sa foi, ils lui demandèrent d’invoquer Dieu pour eux, chose qu’elle fit, et ils s’en allèrent. Puis Zaynab rajouta : « elle resta dans cet état jusqu’à la 2e décade du mois de Ramadan, usée par la maladie jusqu’à son agonie. Elle commença
par la récitation de sourate Al-Anʿâm, elle récita jusqu’au verset : « Dis à Dieu, Il inscrivit sur Lui-même la Miséricorde » et son âme noble retourna à Dieu. On dit qu’elle avait perdit connaissance en récitant « Ils ont auprès de leur Seigneur la Demeure de la Paix et Il est leur Allié pour ce qu’ils œuvraient ». Zaynab dit : je l’ai alors serrée contre ma poitrine, et elle attesta la parole de la
Vérité, et son âme retourna à Dieu, Dieu la choisit pour Sa Proximité, et l’a transférée à la Demeure de l’honneur. Cela fut en 208, après la mort de l’Imâm Ash-Shâfiʿî de 4 ans », qu’Allâh leur fasse tous miséricorde.
As-Sayyidah Nafîsah avait demandé que ce soit son mari qui se charge d’elle après sa mort. Lorsqu’il arriva de son voyage ce jour, il prépara son cercueil et décida de l’enterrer près de son grand-père, Muhammad, paix et bénédiction de Dieu sur lui. Les habitants d’Égypte le supplièrent de l’enterrer en Égypte et lui ont demandé par Dieu de ne pas l’enterrer ailleurs. Mais il refusa. Ils rassemblèrent une grande fortune et le supplièrent de la laisser parmi eux, mais il refusa. Ils laissèrent l’argent chez lui, et passèrent la nuit un profond chagrin. Lorsqu’il vinrent à lui le matin, ils furent surpris de son comportement : il accepta volontiers de la laisser en Égypte et il leur rendit l’argent. Ils l’interrogèrent
sur cela. Il dit : Je vis le Messager d’Allâh, paix et bénédiction d’Allâh sur lui, en songe et il me dit : « ô Ishâq
retourne aux gens leur argent, et enterre la chez eux ». Le cœur des egyptiens s’emplit de joie et leurs voix s’élevèrent avec « Allâhou Akbar ».
A sa mort, les gens se sont rassemblés de tous les coins, ils allumèrent les bougies et l’on entendit les pleures dans toutes les maisons. Un voile de deuil et de tristesse s’abattit sur l’Égypte et
une grande foule accomplit la prière sur elle et on l’enterra dans la tombe qu’elle avait creusée.
Qu’Allâh l’englobe dans sa Miséricorde et qu’Il nous agrée.
Source :
As-Sayyidah Nafîsah, de Tawfîq Abû ʿAlam, 2e édition.
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