mardi 2 juillet 2002
L’histoire retiendra qu’il fut le seul à être né à l’intérieur de la Kaʿbah.
Alors qu’elle était enceinte, sa mère, s’était rendue avec d’autres personnes à l’intérieur de l’antique Maison de Dieu pour y effectuer une inspection. Ce jour-là, la Kaʿbah était ouverte à l’occasion d’une fête. Elle fut prise des premières contractions et fut incapable de sortir du sanctuaire. Installée sur un matelas, elle mit au monde un garçon qui fut prénommé Hakîm. Le père, Hazâm était le fils de Khuwaylid. Hakîm était donc le neveu de Dame Khadîjah, fille de Khuwaylid, puisse Allah être satisfait d’elle.
Il grandit dans l’aisance au sein d’une famille noble hautement respectée à La Mecque. Il était intelligent et bien éduqué. Il était tenu en si haute estime qu’il fut chargé de la rifadah qui consistait à assister les nécessiteux et ceux qui avaient perdu leurs biens pendant la période du pèlerinage. Il s’impliquait pleinement dans cette mission et n’hésitait pas à soulager les pèlerins dans le besoin par ses contributions personnelles.
Hakîm était très proche du Prophète — paix et bénédictions sur lui — bien avant la révélation. Bien qu’il fut de cinq ans l’aîné du Prophète — paix et bénédictions sur lui —, il appréciait sa compagnie. Le Prophète — paix et bénédictions sur lui — nourrissait également une grande affection pour Hakîm.
Leur relation se consolida lorsque le Prophète — paix et bénédictions sur lui — épousa Khadîjah Bint Khuwaylid, la tante de Hakîm.
En dépit de ses liens étroits avec le Prophète — paix et bénédictions sur lui —, Hakîm ne se convertit à l’islam que lors de la conquête de La Mecque soit plus de vingt ans après la révélation. On aurait pu croire qu’un homme intelligent et proche du Prophète — paix et bénédictions sur lui — comme l’était Hakîm serait l’un des premiers à se convertir.
Hakîm lui-même s’étonna du temps qu’il lui fallut pour venir à l’islam. Dés lors qu’il goûta à la douceur de l’iman (la foi), il regretta chaque instant de sa vie en tant que mushrik et négateur de la religion de Dieu.
Un jour, son fils surpris de le voir pleurer lui demanda la raison de son chagrin. Hakîm répondit : " Il y a tant de choses qui suscitent mon chagrin, mon cher fils. Je souffre d’avoir mis autant de temps à devenir musulman. En acceptant l’islam plus tôt, j’aurais pu faire tant de bien. J’ai survécu aux batailles de Badr et de Uhud. Après Uhud, j’étais décidé à ne plus soutenir aucun Qurayshite contre Muhammad — paix et bénédictions sur lui — et à rester à La Mecque. Or, chaque fois que je tendais vers l’islam, les puissants Qurayshites fidèles aux principes de la Jâhiliyyah me faisaient dévier. Comme je regrette de les avoir suivis ! Nous devons notre perte aux traditions de nos anciens. Pourquoi ne pleurerais-je pas mon fils ? "
Le Prophète — paix et bénédictions sur lui — lui-même s’étonnait qu’un homme de raison et de sagacité comme Hakîm Ibn Hazâm ne fut pas sensible à l’islam. La veille de la libération de La Mecque, il dit à ses compagnons : " Il y a quatre hommes à La Mecque vraisemblablement au-dessus de tout shirk. Je souhaite ardemment qu’ils se convertissent à l’islam.
— Qui sont-ils, ô Messager de dieu ? demandèrent ses compagnons.
— Attab Ibn Usayd, Jubayr Ibn Mutim, Hakîm Ibn Hazâm et Suhayl Ibn Amr, répondit le Prophète — paix et bénédictions sur lui —."
Par la grâce de dieu, ils finirent tous les quatre par devenir musulmans.
Lorsque le Prophète — paix et bénédictions sur lui — libéra La Mecque du polythéisme et de l’ignorance, il chargea son héraut de proclamer que : " Quiconque atteste qu’il n’y a d’autre Dieu qu’Allah, qu’Il n’a aucun associé et que Mohammad est son Serviteur et Messager sera sauf. Quiconque dépose les armes à la Kaʿbah sera sauf. Quiconque pénètre chez Abû Sufyân sera sauf. Quiconque entre chez Hakîm Ibn Hazâm sera sauf… "
La demeure d’Abû Sufyan se trouvait dans la partie haute de La Mecque tandis que celle de Hakîm se trouvait dans la partie basse de la ville. En faisant de leurs maisons des lieux d’asile, le Prophète — paix et bénédictions sur lui — reconnut avec sagesse le poids à ces deux hommes, leur faisant abandonner toute résistance et les disposant ainsi à reconnaître sa mission.
Hakîm Ibn Hazâm se convertit à l’islam avec une profonde conviction. Il jura de servir le Prophète — paix et bénédictions sur lui — et sa cause avec la même ardeur qu’au temps de Jahiliyyah (Ignorance Pré-Islamique).
Il possédait à La Mecque un important édifice historique, Dar an-Nadwah, où les Qurayshites avaient l’habitude de tenir des conférences et où les complots contre le Prophète — paix et bénédictions sur lui — avaient été fomentés.
Il décida de s’en débarrasser pour rompre tout lien avec son douloureux passé associationniste. Il vendit le bâtiment pour cent mille dirhams. Un jeune Qurayshite lui fit remarquer : " Tu as vendu un symbole historique qui faisait la fierté des Qurayshites. " À cela, il répondit : " Allons ! Cette vanité et cette gloire sont révolues. Seules demeurent les valeurs de la taqwâ (piété). J’ai vendu ce monument pour acquérir une maison au paradis. Tous les revenus de cette vente seront donc dépensés sur la voie de Dieu Tout-Puissant. "
Après sa conversion, Hakîm accomplit le Hajj (pèlerinage). Il emmena cent chameaux qu’il sacrifia afin de se rapprocher de Dieu. Au Hajj suivant, il affranchit les cent esclaves qui l’accompagnaient. Il leur remit à chacun un pendentif en argent où il avait fait inscrire : " Libéré pour l’amour de Dieu Tout-Puissant par Hakîm Ibn Hazâm ". Lors du pèlerinage suivant, il fit sacrifier un millier de moutons à Minâ pour nourrir les pauvres.
Bien que généreux dans ses dons, Hakîm aimait aussi acquérir toujours plus de richesses. Après la bataille de Hunayn, il demanda au Prophète — paix et bénédictions sur lui — de lui donner une part du butin. Plus il en demandait, plus le Prophète lui en donnait. Hakîm était un tout nouveau converti, aussi le Prophète — paix et bénédictions sur lui — avait-il été particulièrement généreux envers lui.
Hakîm reçut une large part du butin. Cependant le Prophète — paix et bénédictions sur lui — lui dit : " Ô Hakîm, cette richesse est certes agréable et attrayante. Celui qui la reçoit et s’en satisfait sera béni. Mais celui qui reste avide n’en récoltera aucune bénédiction à l’image de celui qui mange sans jamais être rassasié. La main supérieure (celle qui donne) est bien meilleure que la main inférieure (celle qui reçoit). " Ce conseil ébranla profondément Hakîm. Mortifié, il répondit : " Ô Messager de Dieu ! Par Celui qui t’a envoyé avec la vérité, jamais plus je ne demanderai quoi que ce soit à quiconque ! "
Durant le Califat d’Abû Bakr, Hakîm Ibn Hazâm fut plusieurs fois convoqué au Bayt Al-Mâl (trésor public) pour recevoir son allocation. Mais il refusa. Il fit de même sous le califat de Umar Ibn al-Khattab, ce qui fit dire à ce dernier : " Vous êtes témoins, ô musulmans, que j’ai offert à Hakîm sa part mais qu’il la refuse ! "
Hakîm demeura fidèle à son serment jusqu’à sa mort. Le Prophète — paix et bénédictions sur lui — lui avait enseigné que le contentement était la meilleure des richesses.
Traduit de l’anglais Companions of The Prophet, volume 1, de Abdul Wâhid Hâmid.
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