vendredi 1er novembre 2002
Les Musulmans et l’Occident sont-ils voués à la confrontation ?
À Dieu reviennent toutes prières et louanges, paix et bénédiction sur Son Messager.
Cher frère en Islam, vous devez garder à l’esprit le fait que l’Islam est la religion de la paix ; la signification du mot « Islam » est « paix », l’un des noms de Dieu est « Paix », les salutations quotidiennes des hommes et des anges sont « paix », le paradis est la Demeure de la Paix, et l’adjectif « muslim » (musulman) signifie « pacifique ».
La paix est la nature, la signification, l’emblème et le but de l’Islam. Chaque être a le droit de goûter à la paix de l’Islam et à la bienveillance des Musulmans pacifiques, indépendamment de considérations d’ordre religieux, géographique ou racial, et ce, aussi longtemps qu’il n’y a pas d’agression contre l’Islam ou les Musulmans. Si les non-Musulmans entretiennent une attitude pacifique avec les Musulmans, ou s’ils sont simplement indifférents envers l’Islam, leur déclarer la guerre ne trouve aucun motif ni justification en Islam.
À ce sujet, nous souhaiterions citer l’article écrit par Dr Jaʿfar Shaykh Idrîs dans la revue Islamic Future, au mois de Safar [1] 1414 (juillet 1996) : « Les Musulmans et l’Occident sont-ils voués à s’affronter ? ».
Dr Jaʿfar Shaykh Idrîs, professeur d’études islamiques à l’Institut des sciences islamiques et arabes de Washington, fournit une réponse à l’appui d’une coexistence pacifique.
"Est-il possible pour les habitants de notre village planétaire de vivre ensemble en paix et de recueillir les fruits de la science et de la technologie en constante progression ? Ou est-ce que les différences religieuses, culturelles et civilisationnelles sont vouées à créer conflits et guerres ?
Ce sujet revêt une telle importance que les intellectuels musulmans et les hommes d’État se doivent d’y réfléchir sérieusement. Des intellectuels occidentaux s’intéressent de très près à cette question. Mais aucune réponse ne remporte l’unanimité.
Selon un premier point de vue, la confrontation entre la civilisation occidentale et les autres civilisations est inévitable, et est de fait déjà en cours. Selon un deuxième avis, la réelle confrontation se situe à l’intérieur même de la culture occidentale. D’autres encore disent que la population du monde entier évolue en direction du libéralisme politique et de l’économie capitaliste de l’Occident, et que ces systèmes constituent la dernière étape de l’histoire à cet égard. D’autres enfin pensent que la coexistence pacifique entre les peuples de différentes cultures et civilisations est possible, à condition qu’ils adoptent un système démocratique laïque et pluraliste.
Quelle est la position de l’Islam sur cette question importante et pressante ? Je vais tenter au cours de cet exposé d’y fournir une réponse sommaire. Je ne parle pas ici en tant que sociologue décrivant et expliquant la réalité d’aujourd’hui ; j’essaie plutôt de décrire, sur un plan uniquement théorique, ce que je considère être la position de l’Islam à ce sujet dans les circonstances actuelles. Et ma réponse est que c’est une position qui se situe sans équivoque du côté de la coexistence pacifique. Mais pour vivre pacifiquement avec les autres, il est parfois nécessaire d’être capable de leur livrer la guerre.
Cependant, l’Islam est une religion trop réaliste pour être pacifiste. C’est une chose que de vouloir vivre en paix avec les autres, mais c’en est une autre de faire en sorte qu’ils vous rendent la réciproque. Dans le monde entier, les peuples de toutes les cultures désirent être plus puissants que ceux qui leur sont culturellement opposés. Ils prennent toutes les mesures qu’ils estiment nécessaires en vue de préserver leur identité culturelle et d’assujettir autrui.
Dans son livre sur le choc des civilisations, Huntington nous dit avec une candeur insolite : « L’Occident est maintenant à un sommet extraordinaire de sa puissance comparativement aux autres civilisations. Mis à part le Japon, l’Occident n’a pas de concurrent économique. Il domine la politique internationale et les institutions sécuritaires, et avec le Japon les institutions économiques. » Et : « Dans l’après guerre-froide, l’objectif premier du contrôle des armes est de prévenir le développement par des sociétés non-occidentales de capacités militaires qui pourraient menacer les intérêts occidentaux. L’Occident tente d’atteindre cet objectif à travers les accords internationaux, les pressions économiques et le contrôle du transfert des armes et et des technologies d’armements. »
Les Musulmans sont donc enjoints à être matériellement puissants afin de dissuader ceux qui voudraient recourir à l’agression contre eux ou qui sont enclins à employer la force pour assujettir les autres. La puissance matérielle peut et doit être alors un allié du développement spirituel, et non en porte-à-faux avec lui.
Et Dieu est plus savant.
Traduit de l’anglais à partir de la Banque de Fatâwâ du site Islamonline.net. La version originale est consultable sur archive.org.
[1] Safar est le deuxième mois du calendrier musulman.
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