samedi 29 juillet 2006
L’abstention, dont la clarification fait l’objet de cette épître, désigne le fait que le Prophète — paix et bénédictions sur lui — s’abstienne d’une chose et ne l’accomplisse pas, ou que s’en abstiennent nos pieux prédécesseurs, en l’absence de tout hadith ou de toute narration faisant état de l’interdiction de la chose abandonnée et établissant son caractère illicite ou détestable. Plus d’un parmi les générations ultérieures l’ont avancée comme preuve du caractère illicite ou détestable de certaines choses. Nombre de hâbleurs fanatiques ont poussé cette position à l’extrême. Par ailleurs, Ibn Taymiyah s’en est servi et y a eu recours dans certaines questions que nous évoquerons en partie, par la volonté de Dieu.
Lorsque le Prophète — paix et bénédictions sur lui — s’abstient d’une chose, cela admet différentes significations hormis l’interdiction :
« On apporta au Prophète — paix et bénédictions sur lui — du lézard grillé. Il tendit sa noble main pour en manger, lorsqu’on lui dit : "C’est du lézard." Alors il s’abstint. On lui demanda : "Est-ce illicite ?" Il répondit : "Non. Mais, comme il n’en existe pas dans la terre de mon peuple, je répugne à en manger." »
Ce hadith figure dans les deux Sahîh et prouve deux choses. Premièrement, le fait que le Prophète s’abstienne d’une chose, même après avoir entrepris de la faire, ne prouve pas qu’elle est illicite. Deuxièmement, la répugnance à une chose ne signifie pas non plus qu’elle est illicite.
« Le Prophète — paix et bénédictions sur lui — fut distrait pendant la prière et en oublia une partie. On lui demanda : "La prière a-t-elle changé ?" Il répondit : "Je suis un être humain sujet à l’oubli comme vous. Si jamais j’oublie, rappelez moi." »
À l’instar de son abstention de la prière des tarâwîh lorsque les Compagnons se sont réunis pour l’accomplir avec lui.
Le Prophète — paix et bénédictions sur lui — donnait le sermon du vendredi depuis le tronc d’un palmier et n’a pas songé à la fabrication d’une chaise sur laquelle il s’installerait pendant le sermon. Lorsqu’on lui a proposé de fabriquer une chaire d’où il donnerait le sermon, il a accepté et a donné son approbation car cela porte la voix plus loin.
De même, les Compagnons lui ont proposé de bâtir un banc de glaise sur lequel il s’assierait pour mieux être reconnu par les visiteurs étrangers, il a approuvé alors qu’il n’y avait pas songé de lui-même.
Comme son abstention de la prière d’Ad-Duhâ et de toutes sortes d’actes recommandés car cela est compris dans la parole de Dieu — Exalté soit-Il — « Et accomplissez le bien afin que vous récoltiez le succès. » Il existe de nombreux exemples dans cette catégorie.
Le Messager de Dieu — paix et bénédictions sur lui — dit à ʿÂ’ishah : « Si ton peuple n’avait pas fraîchement abandonné la mécréance, j’aurais démoli la Maison (Sacrée), puis je l’aurais reconstruite sur les fondations d’Abraham — paix sur lui — car les Quraysh ont réduit ses dimensions. » Ce hadith figure dans les deux Sahîh. Ainsi le Prophète — paix et bénédictions sur lui — s’est-il abstenu de démolir et de reconstruire la Maison Sacrée pour préserver les sentiments de ses Compagnons mecquois ayant fraîchement embrassé l’islam.
L’abstention du Prophète — paix et bénédictions sur lui — admet d’autres interprétations que l’on peut déterminer par l’examen des livres de la Sunnah. Aucun hadith ni aucune narration ne stipule que lorsque le Prophète s’abstient d’une chose, alors celle-ci est illicite ou détestable.
Traduit de l’arabe de Husn At-Tafahhum wad-Dark li-Mas’alat At-Tark de Sheikh ʿAbd Allâh Al-Ghumârî.
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