lundi 2 octobre 2000
Toute chose qui arrive à l’être humain est soit conforme à sa propre passion, soit contraire à elle. Dans chacun de ces deux cas, l’être humain a besoin d’endurance.
Premier cas : ce qui est conforme à sa passion, comme la bonne santé , l’argent, la renommée, le confort, l’aisance et les autres plaisirs terrestres. L’être humain a sans doute besoin d’être endurant, il a besoin de se contrôler pour ne pas crouler sous ses plaisirs et en devenir l’esclave.
« (8 : 28) Et sachez que vos biens et vos enfants ne sont qu’une épreuve
et qu’auprès d’Allah il y a une énorme récompense. »
« (64 : 14) Ô vous qui avez cru, vous avez de vos épouses et de vos enfants un ennemi [une tentation].
Prenez-y garde donc. »
« (63 : 9) Ô vous qui avez cru ! Que ni vos biens ni vos enfants ne vous distraient du rappel d’Allah.
Et quiconque fait cela... alors ceux-là seront les perdants »
Endurer dans la bonne santé signifie tendre la main aux plus faibles, aider les personnes âgées et toute personne privée de la bonne santé. De même, endurer dans l’aisance, signifie apprendre à dépenser volontiers dans la voie de Dieu, à aider le plus pauvres, à faire preuve de charité en luttant contre l’avarice. Cette patience ou endurance est intimement liée à la gratitude envers Dieu comme nous le développerons dans les chapitres suivants.
Deuxième cas : ce qui est contraire à sa propre passion. Nous distinguons trois catégories :
Ce qui dépend de la volonté et du choix de l’homme, comme dans l’obéissance et la désobéissance, l’oeuvre pie ou le péché. L’homme a besoin d’être endurant dans l’obéissance et les bonnes oeuvres car elles s’opposent à sa passion. Ainsi l’accomplissement de la prière s’oppose à la paresse, l’aumône légale et les œuvres charitables s’opposent à l’avarice. Le pèlerinage et le djihâd s’opposent à la fois à la paresse et l’avarice. Tout cela nécessite l’endurance.
Ce qui arrive indépendamment de la volonté de l’homme mais l’homme a le choix de la réaction, par exemple un mal venant d’autrui. Lorsque l’homme est agressé, insulté, ou lorsqu’il subi une injustice, il vaut mieux ne pas repousser le mal par un mal équivalent mais patienter.
Dieu a ordonné à son prophète :
« (50 : 39) Endure donc ce qu’ils disent :
et célèbre la louange de ton Seigneur avant le lever du soleil et avant [son] coucher ; »
« (73 : 10) Et endure ce qu’ils disent ; et écarte-toi d’eux d’une façon convenable »
Il a loué la patience pour les croyants : « (3 :186) Certes vous serez éprouvés dans vos biens et vos personnes ;
et certes vous entendrez de la part de ceux à qui le Livre a été donné avant vous,
et de la part des associateurs, beaucoup de propos désagréables.
Mais si vous êtes endurants et pieux... voilà bien la meilleure résolution à prendre. »
Dieu a loué ceux qui choisissent de pardonner alors qu’ils ont la possibilité d’infliger à leur agresseur un mal égal à celui qu’ils ont subi :
« (16 :126) Et si vous punissez, infligez [à l’agresseur] une punition égale au tort qu’il vous a fait.
Et si vous endurez... cela est certes meilleur pour les endurants. ».
Notre prophète bien-aimé nous a dit « Rends visite à celui qui ne te visite pas, donne à celui qui te prive et pardonne à celui qui a été injuste envers toi ».
Ce que l’homme ne choisit pas et doit accepter, comme la mort des gens qu’il aime, la perte de sa fortune, la maladie, la perte de la vue etc.. Tout cela nécessite bien entendu une grande patience. Dans ce genre d’épreuves difficiles, il faut patienter et éviter tout excès comme frapper les joues avec la paume de la main, déchirer l’habit que nous portons (comme ce fut l’usage dans la jâhiliyyah), exagérer dans les plaintes et dans la manifestation de la douleur, changer la façon de se vêtir ou de manger car ses éléments dépendent de son choix. A la mort d’un être cher, il faut éviter ce que nous avons mentionné. Il est humain que les larmes coulent des yeux, que la douleur soit dans le cœur , mais de toute façon il faut accepter la décision de Dieu et Son ordre. Il faut voir que tout ce que nous avons et tout ce qui est dans l’univers appartient à Dieu ; ce que nous perdons appartient à Dieu et retourne à Lui.
Il a été rapporté que Umm Sulaym, que Dieu lui accorde Sa Miséricorde « un de mes fils est mort alors que mon mari Abû Talhah était absent (à l’extérieur de la maison). Quand il revint, je lui ai préparé à manger. Pendant qu’il mangeait, il me demanda « Comment va notre fils ? », je lui répondis : « Il va bien grâce Dieu. Depuis sa maladie, il n’a jamais été aussi bien que ce soir ». Je me suis embellie pour lui de la meilleure façon. Quand il eut assouvit ses désirs en moi, je lui ai alors dit : « N’as tu pas vu ce que nos voisins ont fait ? » Il dit : « Qu’y a-t-il ? ». Je lui dis « Je leur avais prêté quelque chose, et lorsque je l’ai reprise, ils se sont fâchés. », Abû Talhah dit : « Quelle mauvaise attitude de leur part ! ». Je lui dis « Tel est notre fils, Dieu nous l’avait confié et Il l’a repris ». Abû Talhah loua Dieu, Lui demanda pardon et partit voir le prophète pour l’en informer. Le prophète - paix et bénédiction de Dieu sur lui- dit « Ô Dieu bénis leur ce qui fût dans leur nuit ». » Celui qui rapporta le Hadîth dit : "Je vis par la suite sept de leurs enfants dans la mosquée, ils avaient tous une bonne connaissance du Coran."
Il est tout à fait humain que des larmes coulent des yeux et que le cœur ressente une douleur et cela ne sort pas la personne du nombre des endurants. D’ailleurs, quand Ibrâhîm, le fils du prophète, mourut , les larmes coulèrent des yeux du prophète. Quand on l’interrogea à ce sujet, il répondit : « c’est une miséricorde et Dieu n’englobe dans Sa Miséricorde que ses serviteurs miséricordieux. ». Pleurer n’est pas en contradiction avec la satisfaction de la volonté de Dieu, c’est une manifestation de miséricorde et de sensibilité.
Après avoir détaillé les différentes catégories où la patience est requise, il apparaît que l’endurance doit être l’état du musulman dans toute chose. Même celui qui, à un moment donné se trouve seul, doit faire preuve d’endurance car il doit lutter contre la tentation du diable qui embellit des idées peu pieuses. Il ne faut pas croire que le diable n’occupe pas les « cœurs vides » ou dépourvus de foi. La coupe ne se vide d’air que lorsque on la remplit d’eau et le volume d’air dans la coupe est relatif au volume d’eau. Il en va de même pour le cœur : pour le libérer des tentations du diable, il faut constamment l’occuper par l’amour de Dieu, de son prophète et par la réflexion autour de sujets importants et utiles. L’oisiveté du cœur et de l’esprit vont de paire avec la négligence et se sont là des brèches pour le diable. « (43 : 36) Et quiconque s’aveugle (et s’écarte) du rappel du Tout Miséricordieux, Nous lui désignons un diable qui devient son compagnon inséparable ». Le cœur oisif et l’esprit non occupé sont des foyers d’accueil pour les diables et les viles pensées. Quand on interrogea Al-Hallâdj au sujet du soufisme, il répondit : « ton âme, si tu ne l’occupes pas [par Dieu et ses paroles], elle t’occupe [par ses propres passions] ». L’endurance est physique - en ne commettant pas des actions illicites- mais surtout interne car le cœur est engagé dans une endurance jusqu’à la mort, et c’est ce qui nécessite le plus d’effort. Que Dieu nous guide et qu’Il nous englobe dans Sa Miséricorde.
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