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Ibn Sînâ - Avicenne

vendredi 16 juin 2000

Ibn Sînâ - Avicenne (980 - 1037)

Ibn Sînâ, connu en Occident sous le nom d’Avicenne, fut un célèbre médecin, philosophe, encyclopédiste, mathématicien et astronome musulman. Sa contribution majeure à la médecine fut son célèbre ouvrage Al-Qânûn fî At-Tibb. C’est une référence incontournable dans l’histoire de la médecine.

Brève biographie

Abû ʿAlî Al-Husayn Ibn ʿAbd Allâh Ibn Sînâ naquit en 981 à Afshanah, près de Boukhara, dans l’actuel Ouzbékistan. A l’âge de dix ans, Ibn Sînâ était d’ores et déjà versé aussi bien dans les sciences islamiques que dans les sciences profanes. Il apprit la logique auprès de ʿAbd Allâh An-Nâ’ilî, un philosophe connu par ses contemporains. Ses études philosophiques couvrirent des ouvrages musulmans ainsi que des travaux grecs variés. Dans sa jeunesse, il fit preuve d’une remarquable maîtrise de la médecine et devint célèbre dans sa région.

A l’âge de dix-sept ans, il prescrivit des remèdes qui guérirent Nûh Ibn Mansûr, Roi de Boukhara, atteint d’une maladie qui désarma tous les autres spécialistes de la médecine. Après son rétablissement, le roi voulut récompenser le jeune Ibn Sînâ. L’accès à la grande librairie du roi fut la seule récompense désirée par le jeune savant. Après la mort de son père, Ibn Sînâ partit à Jurjân où il rencontra le célèbre Abû Rayhân Al-Bîrûni.

Plus tard, il se dirigea vers Ar-Rayy et Hamadhân où il rédigea son remarquable ouvrage Al-Qanûn fî At-Tibb, connu en Occident sous le titre Le Canon de la Médecine.. Dans cette ville, il prescrivit des remèdes contre les coliques pour Shams Ad-Dawlah, Roi de Hamadhân. Il quitta Hamadhân et se rendit à Ispahan, dans l’actuel Iran, où il acheva la rédaction de nombreux ouvrages importants. Ibn Sînâ poursuivit ses voyages mais, à force de se surmener, sa santé se dégrada. Il retourna à Hamadhân et ce fut sa dernière destination : il y mourut en 1037.

Apogée de la médecine

Sa majeure contribution à la médecine fut son livre Al-Qânûn qui joua un rôle considérable dans la médecine et qui resta l’ouvrage de référence en Europe jusqu’au XVIIe siècle. Il s’agit d’une immense encyclopédie de médecine, comptant plus d’un million de mots. Cet ouvrage en cinq volumes synthétise l’ensemble du savoir médical, regroupant les anciens travaux grecs et ceux réalisés par les savants musulmans. Grâce à son approche rigoureuse, son caractère formel et méthodique ainsi que sa valeur intrinsèque, Al-Qanûn surpassa le traité intitulé Al-Hâwî d’Ar-Râzî (Rhazès, mort en 932) et même les travaux de Galien. Le mérite d’Ibn Sînâ ne se limite pas au fait qu’il synthétisa le savoir connu jusque-là en médecine : ses contributions personnelles sont considérables. Le premier volume d’Al-Qanûn traite de l’anatomie du corps humain, la santé, l’approche thérapeutique : c’est essentiellement un traité d’anatomie. Le deuxième volume développe les règles de la médecine expérimentale et traite de la pharmacologie. Le troisième livre est un traité de pathologie où les maladies sont rassemblées en systèmes (maladie de la gorge, des yeux, etc..) et où les diagnostics se basent sur des symptômes extérieurs tels que la rougeur, la pâleur, l’apparition de frissons etc... Le quatrième livre d’Al-Qânûn est un traité sur les fièvres, accompagné de divers exposés sur la petite chirurgie, l’empoisonnement et le diagnostic. Le cinquième livre est consacré à la pharmacologie.

Parmi les contributions originales d’Ibn Sînâ nous pouvons
citer à titre d’exemple la découverte du caractère contagieux de la tuberculose, la propagation de nombreuses maladies par l’intermédiaire
de l’eau et de la terre, ainsi que l’interaction entre la psychologie et la santé. Il fut le premier à décrire la méningite et fit d’appréciables contributions à l’anatomie, la gynécologie et la pédiatrie. Il fut également le premier savant à faire une description précise de l’œil, mentionnant la rétine, l’iris, la cornée, le nerf optique, etc.. Il souligna que les mouvements musculaires étaient liés à la présence de nerfs dans les muscles et que la perception de douleurs était également liée au système nerveux. Il remarqua qu’il n’y avait pas de nerfs à l’intérieur de la rate, du foi et des poumons et que les nerfs étaient situés dans la membrane couvrant ces organes.

Au XIIe siècle, Al-Qanûn fut traduit en latin par Gérard de Crémone. Il devint la référence par excellence pour les études de médecine en Europe. Pour apprécier le rôle que joua Al-Qanûn, il suffit de rappeler qu’aux dernières décennies du XVe siècle, il fut publié 16 fois - dont 15 en latin et une en hébreu- et que durant le XVIe siècle, il fut publié plus de 20 fois. En 1930, Cameron Gruner fit une traduction partielle en anglais du livre d’Ibn Sina. Il l’intitula : A Treatise on the Canons of Medicine of Avicenna (Traité sur les Canons de la Médecine d’Avicenne). Du XIIe au XVIIe siècle, Al-Qanûn d’Ibn Sina fut l’œuvre maîtresse en médecine.

Contributions à d’autres sciences

Le livre d’Ibn Sînâ intitulé Ash-Shifâ’ fut une encyclopédie philosophique, traitant de sujets multiple incluant philosophie et sciences. Ses travaux en philosophie synthétisent l’approche aristotélicienne, l’influence néoplatonicienne et les idées des théologiens musulmans. Kitâb Ash-Shifâ’ fut traduit en latin sous le titre de Sanatio. On peut également citer ses traités philosophiques An-Najâh et Ishârât. Ibn Sînâ distingua deux grandes catégories de sciences : les sciences théoriques (physique, mathématiques et métaphysique) et les sciences dites pratiques (politique, économie, éthique).

Ibn Sînâ eut également des contributions en mathématiques, en physique et en musicologie. Il fit de multiples observations astronomiques et mit au point un instrument pour améliorer la précision des mesures expérimentales. En physique, il s’intéressa aux différentes formes d’énergie (calorifique, lumineuse et mécanique), aux concepts de forces, de vide et d’infini. Il souligna que si la perception de la lumière est due à l’émission de certaines particules par une source lumineuse alors la vitesse de la lumière devrait être finie. Il souleva la question d’un lien entre le temps et le mouvement.

En chimie, il n’acceptait pas l’idée de transmutation chimique des métaux. A son époque, l’idée de transmutation chimique se heurtait aux croyances dominantes. Son traité sur les
minéraux fut l’une des sources majeures en géologie pour les travaux européens du XIIIe siècle.

Aujourd’hui le portrait d’Ibn Sînâ orne le grand hall de la Faculté de Médecine à l’Université de Paris.

P.-S.

Source : Ummah.net.

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