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Vérités sur le soufisme
Section : La voie menant à Dieu

Le repentir

vendredi 1er avril 2005

Le repentir consiste à abandonner tout ce qui est blâmable du point de vue de la Loi islamique et à retourner vers ce qu’elle considère comme louable. Cela constitue le premier pas sur le chemin des itinérants, la clef vers le bonheur des aspirants, et une condition indispensable pour la validité du cheminement vers Allâh — Exalté soit-Il —.

Allâh a enjoint le repentir aux croyants dans de nombreux versets et en a fait un moyen de réussite ici-bas et dans l’au-delà. Le Très-Haut dit : « Et repentez-vous tous devant Allâh, ô croyants, afin que vous récoltiez le succès. » [1]. Il dit également : « Implorez le pardon de votre Seigneur et repentez-vous à Lui » [2]. Il dit aussi : « Ô vous qui avez cru ! Repentez-vous à Allâh d’un repentir sincère. » [3]

Le Messager infaillible — paix et bénédictions sur lui — renouvelait souvent le repentir et implorait le pardon divin à titre d’enseignement et de légifération pour la Communauté musulmane. Al-Agharr Ibn Yasâr Al-Muznî — qu’Allâh l’agrée — rapporta que le Messager d’Allâh — paix et bénédictions sur lui — dit : « Ô gens ! Repentez-vous à Allâh et implorez Son pardon. Je me repens moi-même cent fois par jour. » [4]

L’Imâm An-Nawawî — qu’Allâh lui fasse miséricorde — écrit :

« Le repentir est requis pour tout péché. Lorsque la transgression concerne une affaire entre le Serviteur et Allâh — Exalté soit-Il — n’impliquant pas les droits d’un autre humain, alors le repentir doit remplir trois conditions :

  1. Que l’individu s’abstienne de la transgression.
  2. Qu’il regrette de l’avoir commise.
  3. Qu’il prenne la ferme résolution de ne plus jamais y revenir.

Si l’une de ces conditions fait défaut, le repentir n’est pas valide.

Mais lorsque la transgression implique un autre humain, les conditions du repentir sont au nombre de quatre : les trois conditions précédentes auxquelles s’ajoute le devoir de rendre ses droits à la personne lésée. S’il s’agit d’argent ou de quelque bien, qu’il le retourne à son propriétaire. Si ce droit touche à sa réputation, alors il doit se soumettre à lui ou lui demander pardon, et s’il s’agit de médisance qu’il lui demande de lui pardonner. En définitive, il doit se repentir de tous les péchés. » [5]

Parmi les conditions du repentir, il y a également le fait de se séparer des mauvaises fréquentations et de se défaire des amis pervers qui portent l’individu sur le péché et le détournent des œuvres pies, puis de rejoindre des compagnons sincères et vertueux, afin que leur compagnie soit telle une barrière interdisant le retour vers la vie des péchés et des transgressions.

Nous pouvons en effet tirer un précieux enseignement du hadîth authentique très connu où le Messager d’Allâh — paix et bénédictions sur lui — relate le récit du meurtier ayant assassiné cent personnes [6] et qui s’est vu informé par l’homme le plus savant de son temps qu’Allâh est susceptible d’accepter son repentir. A cette fin, il lui posa comme condition d’abandonner le milieu corrompu qui exerçait une grande influence sur sa déviance et sa criminalité, puis lui recommanda d’aller vivre dans un milieu sain où vivent des croyants pieux qu’il aimerait et qui lui donneraient le bon exemple.

Le Soufi ne prête pas attention à la petitesse du péché, il prête plutôt attention à la grandeur du Seigneur, à l’instar des Compagnons du Messager d’Allâh — paix et bénédictions sur lui. Ainsi Anas Ibn Mâlik — qu’Allâh l’agrée — disait : « Vous commettez des actes qui semblent à vos yeux plus minces qu’un cheveu, alors que nous les jugions périlleux du temps du Messager d’Allâh — paix et bénédictions sur lui. » [7]

Le Soufi ne se contente pas de se repentir de ses péchés, car il s’agit là du repentir des gens du commun, mais il se repent de tout ce qui peut détourner son cœur d’Allâh — Exalté soit-Il. C’est ce qu’indiqua le grand Soufi Dhû An-Nûn Al-Misrî — qu’Allâh l’agrée — lorsqu’on l’interrogea sur le repentir : « Les gens du commun se repentent des péchés, et les gens de l’élite se repentent de l’inattention. » [8] ʿAbd Allâh At-Tamîmî — qu’Allâh l’agrée — dit : « Les pénitents ne se valent pas... Il est des pénitents qui se repentent des péchés et des transgressions, des pénitents qui se repentent de l’erreur et de l’inattention, et des pénitents qui se repentent pour avoir vu d’un œil satisfait leurs bonnes actions et œuvres pies. » [9]

Sache qu’à mesure que sa connaissance d’Allâh se perfectionne et que son œuvre abonde, le repentir du Soufi s’affine. A celui dont le cœur s’est débarrassé des péchés et des impuretés, au point de recevoir les lumières de l’intimité, n’échappent guère ni les maladies invisibles qui inflitrent son cœur ni ce qui troublerait sa pureté lorsqu’il est sur le point de se tromper ; il se repent alors par pudeur vis-à-vis d’Allâh Qui le voit. Puis, il fait suivre le repentir par maintes implorations du pardon à tout moment du jour et de la nuit. Cela donne au Soufi le goût de la servitude véritable et de ses manquements envers son Seigneur. Aussi s’agit-il de sa part de l’attestation de sa servitude et de la reconnaissance de la Seigneurie.

Le Soufi lit dans le Livre d’Allâh : « J’ai donc dit : "Implorez le pardon de votre Seigneur, car Il est grand Pardonneur, Il vous enverra du ciel, des pluies abondantes, et Il vous accordera beaucoup de biens et d’enfants, et vous donnera des jardins et vous donnera des rivières. » [10] ; « Les pieux seront dans des Jardins et des sources, recevant ce que leur Seigneur leur aura donné. Car ils ont été auparavant des bienfaisants : ils dormaient peu, la nuit, et aux dernières heures de la nuit ils imploraient le pardon » [11].

Le Soufi lit ces versets et d’autres, et verse des larmes de regret vis-à-vis de la négligeance dont il s’est rendu coupable au cours de sa vie, des larmes de dépit pour ses manquements envers Allâh. Puis il se tourne vers ses défauts et les amende, vers ses manquements et se rattrape, vers son âme et la purifie. Il multiplie après cela les œuvres pies et les bonnes actions conformément à l’enseignement du Prophète — paix et bénédictions sur lui : « Fais suivre la mauvaise action par une bonne action, elle l’effacera. » [12]

Sheikh Ahmad Zarrûq, qu’Allâh lui fasse miséricorde, dit dans ses Qawâʿid : « Les prétentions d’une personne doivent être jugées en fonction des conséquences de ces prétentions. Si les conséquences sont heureuses, les prétentions sont véridiques, sinon elles sont mensongères. Un repentir qui n’est pas suivi d’une crainte révérencielle vis-à-vis d’Allâh est nul, la crainte révérencielle qui ne mène pas à la rectitude est frelatée, la rectitude non empreinte de piété scrupuleuse est incomplète, la piété scrupuleuse qui ne conduit pas à l’ascétisme est imparfaite, l’ascétisme qui ne provoque pas une confiance en Allâh est stérile, la confiance en Allâh qui ne porte pas comme fruit le consacrement total à Allâh et le refuge auprès de Lui est une apparence dénuée de toute réalité. La validité du repentir se révèle lorsqu’on se trouve face à l’interdit, la plénitude de la crainte révérencielle se révèle là où il n’y a d’autre observateur hormis Allâh, et l’existence de la rectitude se révèle à l’établissement du culte sans innovation. La présence de la piété se manifeste dans devant les choses convoitées ; si l’on s’abstient lorsque les frontières entre le licite et l’illicite ne sont pas nettes, c’est le signe de la piété, autrement non. » [13]

P.-S.

Traduit de l’arabe du livre de Sheikh ʿAbd Al-Qâdir ʿÎsâ, Haqâ’iq ʿan At-Tasawwuf, disponible en ligne sur le site Shazly.com.

Notes

[1Sourate 24, An-Nûr, La Lumière, verset 31.

[2Sourate 11, Hûd, verset 52.

[3Sourate 66, At-Tahrîm, La Prohibition, verset 8.

[4Hadith rapporté par Muslim dans son Sahîh dans le Livre de l’invocation.

[5 Riyâd As-Sâlihîn, page 10.

[6Ce hadîth est rapporté par Muslim dans son Sahîh dans le Livre du repentir d’après Abû Saʿîd Al-Khudrî.

[7Récit rapporté par Al-Bukhârî dans son Sahîh, dans le Livre de l’éthique, d’après Anas — qu’Allâh l’agrée.

[8D’après Ar-Risâlah Al-Qushayriyyah, chapitre du repentir, page 47.

[9Ibid.

[10Sourate 71, h, Noé, versets 10 à 12.

[11Sourate 51, Adh-Dhâriyât, Les Éparpilleurs, versets 15 à 18.

[12Il s’agit d’un fragment du hadîth rapporté selon Abû Dharr et Muʿâdh Ibn Jabal — qu’Allâh les agrée, le Messager d’Allâh — paix et bénédictions sur lui — dit : « Crains Allâh où que tu sois, fais suivre la mauvaise action par une bonne action, elle l’effacera, et comporte-toi convenablement avec les gens. », rapporté par At-Tirmidhî dans le chapitre de la bienfaisance, ce dernier le jugeant bon et authentique.

[13Qawâʿid At-Tasawwuf (Les Règles du Soufisme) de Sheikh Ahmad Zarrûq, page 74.

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