jeudi 24 juillet 2008
Les gens prirent l’habitude d’effectuer des circumambulations autour de la Kaʿbah selon la tradition de notre maître Abraham. De plus, Ismâʿîl fut le Messager de Dieu envoyé aux habitants de La Mecque et de ses environs chargé de les guider vers le droit chemin et de leur clarifier les commandements de l’islam. Après son décès — paix sur lui —, les gens continuèrent à suivre sa guidance quelque temps. Puis, petit à petit, la religion commença à être frelatée. Au début, les gens prirent l’habitude d’emmener dans leurs voyages une pierre ramassée aux alentours de la Kaʿbah en guise de bénédiction. Puis, le diable leur inspira de façonner ces pierres pour leur donner des formes diverses et variées. La fabrication des idoles à des fins commerciales se répandit à La Mecque. Le culte se transforma en commerce. Les habitants de La Mecque se vautrèrent dans le luxe et succombèrent à l’attrait du gain. Ensuite, la fabrication du vin prospéra à La Mecque et devint un pilier de leur commerce. La prostitution devint monnaie courante ; les maisons closes étaient signalées par un drapeau rouge pour mieux attirer la clientèle des plaisirs illicites. Les circumambulations autour de la Kaʿbah se transforma en défilé de corps dénudés, les prières en applaudissements et sifflements, et les idoles en divinités à qui l’on présentait offrandes et sacrifices. Les diables parmi les hommes commencèrent à légiférer pour les gens des choses que Dieu n’a point ordonnées, déclarant des choses licites et d’autres illicites. La ville sainte se transforma en un marché aux esclaves. Le commerce des esclaves se répandit, tout comme l’injustice et les agressions. Les razzias se multiplièrent entre les tribus. Les choses sacrées n’avaient plus aucune considération. L’inhumation des fillettes de leur vivant et l’irrespect envers les mères devinrent des coutumes courantes.
Des années passèrent depuis l’installation de la tribu de Jurhum en Syrie. Parmi la descendance de notre maître Ismâʿîl, il y avait un homme nommé Qusayy Ibn Kilâb. Il était un riche commerçant empli de nostalgie pour La Mecque, la terre natale de ses aïeux. Lorsque l’occasion se présenta, il se rendit à La Mecque avec sa fortune et commença à y tenir commerce. Son honnêteté, sa bonne conduite, sa générosité et son aménité lui valurent l’amour d’autrui. Il s’installa donc durablement à La Mecque. Lorsqu’il songea au mariage, il demanda la main de la fille du chef de la tribu de Kuzâʿah, l’homme qui possédait la clé de la Kaʿbah et avait le privilège de la servir. L’homme reçut sa demande avec joie et lui donna sa fille comme épouse. Des années passèrent. Sur son lit de mort, l’homme demanda que la clé de la Kaʿbah aille à sa fille, l’épouse de Qusayy. Mais cette dernière refusa. Alors la clé de la Kaʿbah alla à l’un de ses cousins, un ivrogne prodigue. Se retrouvant en difficulté et ayant besoin d’argent, il vendit la clé de la Kaʿbah à Qusayy Ibn Kilâb contre une outre de vin. La tribu de Khuzâʿah s’insurgea contre la perte de leur privilège. La guerre éclata entre Khuzâʿah d’une part et Qusayy et ses partisans parmi ses proches et les autres Arabes d’autres part. Qusayy triompha et chassa Khuzâʿah de La Mecque où il prit le pouvoir. Au moment de son décès, il passa le pouvoir à son fils ʿAbd Ad-Dâr, qui avait un frère appelé ʿAbd Manâf. Au moment de son décès, ʿAbd Ad-Dâr laissa à son tour à l’un de ses enfants le privilège de servir la Kaʿbah et les pèlerins. Les enfants de ʿAbd Manâf s’insurgèrent et faillirent livrer bataille à leurs cousins. Un compromis fut trouvé en vertu duquel la charge de la Kaʿbah revenait aux enfants de ʿAbd Ad-Dâr tandis que l’approvisionnement des pèlerins en eau et en nourriture revenait aux enfants de ʿAbd Manâf.
Le service aux pèlerins fut par la suite transmis à Hâshim Ibn ʿAbd Manâf qui, à l’occasion d’un voyage, épousa une jeune femme de Yathrib (l’ancien nom de Médine). Il ramena son épouse à La Mecque. Cette dernière tomba enceinte. Peu avant son accouchement, elle retourna parmi les siens où elle donna naissance à un garçon qu’elle appela Shaybah. Hâshim décéda à La Mecque où il confia le service aux pèlerins à son frère Al-Muttalib, qui s’empressa de se rendre à Médine pour ramener son neveu Shaybah. Lorsqu’il revint à La Mecque avec le garçon sur son chameau, les gens pensèrent qu’il avait acheté un esclave et l’appelèrent ʿAbd Al-Muttalib [1]. ʿAbd Al-Muttalib grandit dans le giron de son oncle Al-Muttalib, qui au moment de décéder confia le service aux pèlerins à son neveu, service que Hâshim le père de ʿAbd Al-Muttalib lui avait laissé avant de mourir.
C’est ainsi que l’approvisionnement des pèlerins en eau et en nourriture fut dévolu à ʿAbd Al-Muttalib Ibn Hâshim Ibn ʿAbd Manâf.
Le statu quo se maintint donc à La Mecque où ʿAbd Al-Muttalib devint le chef accepté de tous, et soutenu par la tribu de Quraysh et les autres tribus habitant La Mecque.
Traduit de l’arabe du livre de Sheikh Yâsîn Rushdî, Fî Rihâb Al-Mustafâ (En Compagnie de l’Élu), disponible au format PDF sur le site Mouassa.org.
[1] Littéralement, l’esclave de Al-Muttalib. NdT.
© islamophile.org 1998 - 2024. Tous droits réservés.
Toute reproduction interdite (y compris sur internet), sauf avec notre accord explicite. Usage personnel autorisé.
Les opinions exprimées sur le site islamophile.org sont celles de leurs auteurs. Exprimées dans diverses langues étrangères, ces opinions sont mises à la portée des lecteurs francophones par nos soins, à des fins d'information, de connaissance et de respect mutuels entre les différentes cultures et religions du monde.