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Les Miracles du Prophète

Les miracles de l’Hégire

mardi 21 avril 1998

L’Hégire, c’est-à-dire l’émigration à proprement parler - entre la Mecque et la Médine, se déroula
de la façon la plus naturelle qui soit. Le Prophète et son compagnon de voyage partirent à dos de chameau avec un guide qui connaissait très bien le désert. Ils durent se cacher à certains moments de leur trajet. Ils s’arrêtaient pour effectuer leurs cinq prières quotidiennes ou pour camper le soir. En somme, ils ne disposaient pas de moyens surnaturels qui les transporteraient à Médine ou écourteraient la durée de ce voyage de trois jours. Toutefois, pendant leur périple, de nombreux miracles se manifestèrent.

Le premier miracle eut lieu dès le premier instant de l’Hégire. En effet, pendant les treize années qui précédèrent l’Hégire, le Prophète - que les salutations de Dieu et Ses bénédictions soient sur lui - appela inlassablement les Qurayshites au droit chemin, à un Dieu unique, à l’égalité des hommes, à l’humilité et à l’amour du prochain. Au début, ils l’épargnèrent par égard pour sa famille puissante (les Hâshimites). Ils allèrent même jusqu’à lui proposer des richesses et de le désigner chef à la Mecque. Mais le Prophète refusait toutes leurs propositions car il avait reçu un message de Dieu et avait pour obligation de le transmettre avec fidélité. A la longue, les têtes pensantes de la Mecque se réunirent et décidèrent d’assassiner le Prophète Muhammad - que les salutations de Dieu et Ses bénédictions soient sur lui - pour se débarrasser de lui et du message qui attentait à leurs commerces et au système social dont ils profitaient. Pour éviter les représailles des Hâshimites, ils décidèrent d’élire vingt jeunes chevaliers parmi les différentes tribus de Quraysh qui exécuteraient cette mission de nuit. De cette façon, le crime serait partagé par toutes les tribus et les Hâshimites ne pourraient pas se battre seuls contre tous, ni identifier précisément l’assassin de Muhammad - que les salutations de Dieu
et Ses bénédictions soient sur lui. Quand ladite nuit tomba, les chevaliers armés d’épées et de lances encerclèrent la maison du Prophète et attendirent qu’il sorte de chez lui pour la prière de l’aube comme il le faisait d’habitude. A l’heure de la prière, le Prophète sortit. Mais les redoutables assaillants ne le remarquèrent pas. Le Prophète sortit de chez lui la tête haute, sans armes. Les hommes qui le guettaient impatiemment ne le virent pourtant pas, enfoncés qu’ils étaient dans un profond sommeil ou, en tout cas, voyant leurs facultés de perception suspendues par Dieu, le Seul Compagnon et Protecteur de Son Prophète ! Et, pour bien marquer son passage, le Prophète fit le tour des chevaliers et lança une poignée de sable à la face de chacun d’eux. Quand les premières lueurs du matin poignirent, les chevaliers reprirent conscience. Ils virent dans quel état ils étaient et se rendirent compte de l’absence définitive de leur proie...

Dès que le départ du Prophète fut signalé, les Qurayshites se lancèrent sur ses traces et arrivèrent à l’entrée d’une grotte où le Prophète et son Compagnon Abû Bakr s’étaient réfugiés... Dieu allait-il livrer Son Prophète à cette horde d’assassins ? Tout de suite, après l’entrée des deux compagnons dans la grotte, une araignée tissa sa toile sur l’entrée de la grotte et une colombe y pondit ses œufs et les couva. Quoi de plus faibles qu’une toile d’araignée ou une colombe qui couve ses œufs ? Avec si peu de choses, Dieu troubla les Qurayshites : les traces de pas menaient bien à cette grotte mais visiblement, elle n’était pas fréquentée (puisque une colombe s’y était nichée et que la toile d’araignée prouvait clairement que personne n’y était entré depuis un bon moment !). Plus bas, dans la grotte, Abû Bakr dit à son ami Muhammad - que les salutations de Dieu et Ses bénédictions soient sur lui : "Si l’un d’eux regarde sous ses pieds, il nous verra..." Et le Prophète de répondre : "Que penses-tu de deux personnes dont Dieu est le Troisième ?" Cette scène fut consignée par le Coran, sourate 9, le Repentir, verset 40 : "Si vous ne lui portez pas secours... Allah l’a déjà secouru, lorsque les mécréants l’avaient banni, deuxième de deux. Quand ils étaient dans la grotte et qu’il disait à son compagnon : ‹Ne t’afflige pas, car Dieu est avec nous.› Dieu fit alors descendre sur lui Sa sérénité et le secourut par des agents que vous ne voyiez pas, et Il rabaissa ainsi la parole des mécréants, tandis que la Parole d’Allah eut le dessus. Et Allah est Puissant et Sage." D’après le recueil intitulé As-Sîrah Al-Halabiyyah, le Prophète aurait répondu à Abû Bakr : "Sais-tu ce qui arriverait, s’ils venaient à rentrer dans la grotte ?" "Qu’arriverait-il ô Prophète de Dieu", demanda Abû Bakr. "Regarde", dit le Prophète. C’est alors que Abû Bakr vit une mer et un bateau à son bord. "S’ils rentrent dans la grotte, nous sortirons par là", dit le Prophète !

Quand ils furent débarrassés de leur poursuivants, le Prophète et Abû Bakr retrouvèrent leur guide ʿAbd Allâh Ibn Urayqit et le berger de Abû Bakr, ʿÂmir Ibn Fuhayrah, et continuèrent leur route. Ils passèrent à proximité de la tente d’une femme qu’on appelait Umm Maʿbad Al-Khuzâʿiyyah. Les voyageurs étaient alors à bout de vivres. Ils demandèrent à Umm Maʿbad de leur vendre de quoi tenir le reste du trajet. Mais la femme, gênée, leur dit : "Par Dieu, si j’avais de quoi vous donner, je vous l’aurais donné gratuitement." Le Prophète vit dans un coin une chèvre frêle. "Et cette chèvre ?", demanda le Prophète. "Elle est frêle et son lait a tari comme tu le vois", répondit la femme. Le Prophète lui demanda d’approcher la chèvre. Alors, le Prophète - que les salutations de Dieu et ses bénédictions soient sur lui - posa sa main sur la chèvre qui subitement prit des forces. Puis il toucha son pis qui se remplit de lait. Le Prophète prit du lait de la chèvre et commença par donner à ses compagnons. Ensuite, il en donna à Umm Maʿbad, il remplit un bol destiné à Abû Maʿbad (le mari de Umm Maʿbad) et il finit par en boire à son tour. Les voyageurs poursuivirent leur chemin. Quand Abû Maʿbad fut de retour, il s’étonna à la vue du bol de lait car il savait que leur chèvre ne donnait pas de lait. Umm Maʿbad lui décrivit alors le Prophète et lui raconta ce qu’il fit. Il lui dit : "C’est l’homme que Quraysh poursuit pour l’assassiner." Umm Maʿbad et Abû Maʿbad embrassèrent l’Islam.

Il convient à ce stade de rappeler que ce miracle est l’un des récits favoris des enfants musulmans. C’est l’un des enseignements de base qu’il reçoivent dans leur enfance, étant donné qu’il a une valeur symbolique : c’est l’Hégire qui marque le début du calendrier musulman. Les péripéties du voyage ont maintes fois été mises en scène dans des "films cultes" de la télévision égyptienne, exportés partout dans le monde musulman en version originale ou sous-titrée (en anglais, en allemand et même en français). Par ailleurs, on est facilement fasciné par l’histoire de cette toile d’araignée éphémère et de ce pigeon qui pond à l’entrée de la grotte et qui tiennent tête à cette horde de mécréants protégeant, de par leur faiblesse, le Prophète et son Compagnon mieux qu’une forteresse. Quand je pense que certains clament haut et fort que le Prophète Muhammad n’a pas produit de miracle, un énorme doute naît dans mon esprit quant à leur prétendue honnêteté ou la réalité de leurs objectifs, qu’ils disent être "la quête de la vérité"...

P.-S.

Traduit de l’arabe du livre des Sheikhs Ibrâhîm Julhûm et ʿAbd As-Salâm Hammâd, Muʿjizât Ar-Rasûl wa Dalâ’il Sidq Nubuwwatih, éditions Sâmih.

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