mardi 7 décembre 2004
Certains auteurs, en particulier sur Internet, publient des informations sans s’assurer de leur authenticité, ce qui trouble de nombreux Musulmans. Certains des auteurs qui diffusent de telles nouvelles ajoutent d’ailleurs à la fin de leur article qu’ils rapportent l’information telle qu’elle a été portée à leur connaissance, sans être sûr néanmoins de son authenticité. Quel conseil pouvez-vous donner à ces gens ?
[1]
Nul doute que dans les périodes troubles, la propagande s’active et les passions se ravivent. C’est alors qu’intervient le rôle de la rumeur.
Comme chacun le sait, s’assurer des informations que l’on reçoit est une prescription religieuse établie par la Parole de Dieu : « Ô vous qui avez cru ! Si un pervers vous apporte une nouvelle, vérifiez-la - ou assurez-vous en d’après un autre lectionnaire - de crainte que, par inadvertance, vous ne portiez atteinte à des gens et que vous ne regrettiez par la suite ce que vous avez fait » [2].
Le Législateur nous a fortement mis en garde de diffuser autour de nous tout ce que nous entendons. Ainsi Hafs Ibn ʿÂsim rapporte-t-il que le Messager de Dieu - paix et bénédictions sur lui - dit : « L’individu ment déjà suffisamment s’il rapporte tout ce qu’il entend ».
D’après Abû Hurayrah, le Prophète - paix et bénédictions sur lui - dit : « L’individu pèche déjà suffisamment s’il rapporte tout ce qu’il entend » [3].
An-Nawawî commente ce hadith en ces termes : « L’individu entend généralement des propos vrais et d’autres mensongers. S’il rapporte tout ce qu’il entend, il aura menti, puisqu’il aura dit des choses non avérées. Le mensonge consiste en effet à dire ce qui n’est pas, même si c’est de manière involontaire. »
D’après Al-Mughîrah Ibn Shuʿbah, le Prophète - paix et bénédictions sur lui - dit : « Dieu vous a rendu illicite l’ingratitude envers vos mères, l’enterrement de vos filles (vivantes), l’avarice et l’avidité ; et Il vous a rendu détestable la colportation des rumeurs, les questions incessantes et le gaspillage de l’argent » [4].
Le Hâfidh Ibn Hajar commente ce hadith en ces termes : « Pour ce qui est de la phrase « et Il vous a rendu détestable le colportage des rumeurs », Al-Muhibb At-Tabarî dit : « La signification de ce propos admet trois cas de figure :
D’après Abû Qulâbah, Abû Masʿûd dit à Abû ʿAbd Allâh, ou le contraire : « Que pensait le Messager de Dieu - paix et bénédictions sur lui - des « on dit que » ? » L’autre répondit : « J’ai entendu le Messager de Dieu - paix et bénédictions sur lui - dire : « « On dit que » est une bien mauvaise monture pour l’homme » » [5].
Al-ʿAdhîm Âbâdî commente ce hadith en ces termes : « La plus mauvaise habitude que peut prendre un homme est qu’il fasse de l’expression « on dit que » un moyen pour atteindre ses objectifs. Il répète ainsi ce qu’il entend sans s’assurer des informations qu’il rapporte. S’il se trompe dans une de ses allégations, il ne sera plus crédible, puisqu’il aura menti ».
Pour cette raison, nos pieux prédécesseurs se sont toujours efforcés de s’assurer des informations qui leur parvenaient, tout en évitant de colporter des rumeurs. Ainsi ʿUmar - que Dieu l’agrée - disait-il : « Prenez garde aux troubles. Car l’effet de la langue y est similaire à celui de l’épée ».
L’Histoire nous a par ailleurs tracé le danger que constitue la rumeur si elle se répand au sein de la Communauté. En voici quelques exemples :
Quelle méthodologie faut-il alors adopter dans le traitement de l’information ?
Il y a des caractéristiques générales du traitement de l’information, que nous évoquons brièvement ci-dessous :
Le motif de la révélation du précédent verset est comme suit. Le Prophète - paix et bénédictions sur lui - envoya Al-Walîd Ibn ʿUqbah Ibn Abî Muʿayt chez la tribu des Banû Al-Mustaliq pour prélever les aumônes légales. Ces derniers furent heureux d’apprendre cette nouvelle. Ils décidèrent alors de sortir pour accueillir le Messager de Dieu - paix et bénédictions sur lui. Lorsqu’on informa Al-Walîd que la tribu était sortie à sa rencontre, il retourna chez le Messager de Dieu - paix et bénédiction sur lui - et lui tint ce propos : « Ô Messager de Dieu, les Banû Al-Mustaliq refusent de payer l’aumône ».
Le Messager de Dieu - paix et bénédiction sur lui - se mit très en colère. Pendant qu’il réfléchissait s’il devait aller les combattre, la délégation de la tribu arriva et lui dit : « Ô Messager de Dieu, nous avons appris que ton émissaire était revenu ici après être arrivé à mi-chemin. Nous avons craint qu’il ait reçu une lettre de ta part lui demandant de s’en retourner, alors que tu serais fâché contre nous. Nous demandons à Dieu de nous préserver de la Colère de Dieu et de la colère du Messager de Dieu ».
Le Messager de Dieu, peu convaincu par cette explication, les réprimanda et voulut les punir. C’est alors que Dieu révéla la probité de leur excuse dans le Coran : « Ô vous qui avez cru ! Si un pervers vous apporte une nouvelle, vérifiez-là de crainte que, par inadvertance, vous ne portiez atteinte à des gens et que vous ne regrettiez par la suite ce que vous avez fait » [2].
S’assurer de l’authenticité d’une information consiste à fournir tout l’effort possible pour connaître la véracité de cette information : est-elle vraie ou fausse ?
Vérifier l’information consiste par ailleurs à acquérir la certitude de sa véracité et de ses circonstances.
Al-Hasan Al-Basrî dit : “Le croyant ne se prononce pas avant d’avoir vérifié”.
En conclusion, nous enjoignons à tout un chacun de s’assurer des informations qu’il reçoit et de ne pas s’empresser de les diffuser, avant d’être certain de leur authenticité. Cela est également valable s’il s’agit d’une heureuse nouvelle, car si par la suite, il s’avère que la nouvelle est fausse, celui qui a rapporté l’information perdra toute crédibilité, et deviendra la risée de ses adversaires.
Que Dieu nous guide vers ce qu’Il aime.
Traduit de l’arabe du site Islamonline.net avec quelques adaptations. La version originale est consultable sur archive.org.
[1] Sheikh Muhammad Sâlih Al-Munajjid est un savant saoudien.
[2] Sourate 49 intitulée Les Appartements, Al-Hujurât, verset 6.
[3] Conférer As-Silsilah As-Sahîhah (La Série authentique), n° 2025.
[4] Hadith rapporté par Al-Bukhârî.
[5] Conférer As-Silsilah As-Sahîhah, n° 866.
[6] Ibid, n° 1795.
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