jeudi 24 mars 2005
D’après le récit rapporté et jugé bon par At-Tirmidhî et d’après Al-Bayhaqî, Ibn Abî Ad-Dunyâ et d’autres, selon Ibn ʿAmr, le Messager d’Allâh - paix et bénédictions sur lui - dit : « Nul musulman ne mourra la nuit du vendredi ou le jour du vendredi sans qu’Allâh ne le préserve de l’épreuve de la tombe. », et dans une variante : « sans qu’il ne soit exempté de l’épreuve de la tombe » ou encore « sans qu’il ne soit protégé des examinateurs de la tombe [1] ».
Le Hakîm At-Tirmidhî dit : « Cela est dû au fait que ce qui attend le défunt auprès de son Seigneur n’est plus un secret. Car la géhenne n’est pas attisée le vendredi, ses portes sont fermées et son démon ne s’y exerce pas comme il s’exerce les autres jours. Ainsi lorsqu’Allâh rappelle Son Serviteur un vendredi, cela démontre la félicité et la bonne issue qui l’attendent. Allâh ne rappelle dans ce jour faste que ceux qu’Il a destinés au bonheur auprès de Lui, et c’est pour cela qu’Il leur épargne l’épreuve de la tombe puisqu’elle ne sert qu’à distinguer l’hypocrite du croyant véridique. »
Al-Yâfiʿî dit dans Rawd Ar-Rayâhîn : « Il nous est parvenu que les morts ne sont pas suppliciés la nuit du vendredi pour faire honneur à ce jour. » Il dit également : « Il se peut que cela concerne spécifiquement les pécheurs croyants, et non pas les incroyants. »
Ibn Abî Ad-Dunyâ rapporte, ainsi qu’Al-Bayhaqî dans les Shuʿab, qu’un homme de la famille de ʿÂsim Al-Juhdurî raconta avoir vu ʿÂsim Al-Juhdurî en songe lui disant : « Je suis dans l’un des jardins du Paradis avec quelques-uns de mes compagnons. Nous nous réunissons toutes les nuits de vendredi jusqu’au matin chez Bakr Ibn ʿAbd Allâh Al-Muznî et nous recevons vos nouvelles. » Il lui demanda : « Êtes-vous au courant de nos visites ? » Il répondit : « Oui, nous le sommes la nuit et le jour du vendredi et les samedis matin jusqu’au lever du soleil. » Il demanda : « Et pourquoi ce jour en particulier ? » Il répondit : « Cela est dû au mérite et à la grande valeur du vendredi. »
Muslim rapporte d’après Abû Hurayrah que le Prophète - paix et bénédictions sur lui - dit : « Le vendredi est le meilleur jour où se lève le soleil, Adam y fut créé, il y fut admis au Paradis, il y fut extradé sur Terre, et l’Heure ne surviendra qu’un vendredi. » Al-Hâkim en rapporte une variante débutant par « Le vendredi est le suzerain des jours etc. » Abû Dâwûd rapporte un récit semblable et avec l’addition suivante : « Son repentir [d’Adam] y fut agréé et il y décéda. Les créatures y sont à l’expectative du matin jusqu’au lever du soleil par crainte de l’Heure, sauf les djinns et les humains. »
Ibn Abî Shaybah, Ibn Mâjah et Al-Bayhaqî dans les Shuʿab rapportent d’après Abû Lubâbah Ibn ʿAbd Al-Mundhir que le Messager d’Allâh - paix et bénédictions sur lui - dit : « Le vendredi est le suzerain des jours, il est le plus grand au regard d’Allâh ; il est plus grand que le jour du sacrifice et le jour de la rupture du jeûne. Cinq choses le caractérisent : Adam y fut créé, y fut extradé sur Terre et y décéda ; il comporte une heure où tout Serviteur implorant Allâh est exaucé, sauf s’il demande une chose illicite, et l’Heure y adviendra. Nul ange rapproché, ni ciel, ni terre, ni vent, ni montagne, ni mer, qui ne ressente une appréhension le vendredi. »
Saʿîd Ibn Mansûr rapporte dans ses Sunan selon Mujâhid : « Lorsque arrive le vendredi, une frayeur saisit la terre, la mer, et toute créature qu’Allâh créa à l’exception de l’homme. » ʿAbd Allâh Ibn Ahmad rapporte dans Zawâ’id Az-Zuhd, selon Abû ʿImrân Al-Jûnî : « Il nous est parvenu qu’à chaque nuit du vendredi, une frayeur saisit les habitants du ciel. »
Synthèse
Dans certains ouvrages hambalites, on fait état d’une divergence résumée ci-après : « Nos condisciples divergèrent sur le mérite relatif de la Nuit du Mérite (laylat al-qadr) par rapport à la nuit du vendredi, laquelle des deux nuits est la meilleure ? Certains, dont Ibn Battah, donnèrent la préséance à la nuit du vendredi. Abû Al-Hasan At-Tamîmî fit toutefois exception de la nuit où le Coran fut révélé. Cependant, la majorité des savants est d’avis que la Nuit du Mérite est meilleure. Les premiers fondèrent leur opinion sur le hadîth de la Nuit Sublime (al-laylat al-gharrâ’) - sachant que la ghurrah désigne la meilleure partie de toute chose - et sur le fait que de nombreux récits font état du mérite du jour qui la suit, ce qui n’est pas le cas pour le jour suivant la Nuit du Mérite. Ils concilièrent leur position avec la parole du Très-Haut : « La Nuit du Mérite vaut mieux que mille mois » [2], en disant que cela signifie qu’elle est meilleure que mille mois sans compter les nuits du vendredi, tout comme la majorité des savants est d’avis qu’elle vaut mieux que mille mois sans compter les Nuits du Mérite. À cela ils ajoutèrent que la nuit du vendredi subsistera au Paradis, étant donné que dans le jour qui la suit survient la visite rendue à Allâh - Exalté soit-Il, et qu’elle est déterminée de manière exacte dans le monde d’ici-bas, alors que la détermination de la Nuit du Mérite demeure incertaine. »
Ash-Shâfiʿî rapporta dans Al-Umm que Anas dit : « Jibrîl apporta un mirroir comportant une tache lumineuse au Messager d’Allâh — paix et bénédictions sur lui — qui l’interrogea : “ Qu’est-ce ? ” Il lui répondit : “ Il s’agit du vendredi, c’est un privilège pour toi et pour ta communauté. Grâce à (ce jour), vous devancez les autres, les juifs et les chrétiens. Il vous est bénéfique. Il comporte une heure, pour peu que le croyant y prie, il sera exaucé. Et il est auprès de nous le jour du supplément. ” Le Prophète — paix et bénédictions sur lui — s’enquit : “ Qu’est-ce que le jour du supplément, ô Jibrîl ? ” Celui-ci lui dit : Ton Seigneur possède une vallée vaste dans le Firdaws [3] supérieur où se trouve des bancs de musc. Chaque vendredi, Allâh y fait descendre des anges, et est entouré de chaires de lumière, sur lesquelles siègent les Prophètes, ces chaires sont elles-mêmes entourées de sièges en or certis d’émeraude et de topaz sur lesquels prennent place les martyrs et les véridiques. Ensuite viennent les habitants du paradis et s’assoient derrière eux sur ces bancs. Allâh dit alors : “ Je suis votre Seigneur. Vous avez cru en Ma promesse. Formulez donc vos vœux, Je vous exaucerai. ” Ils diront : “ Seigneur, nous demandons Ton agrément. ” Il répondra : “ Je vous agrée. Je vous accorderai ce que vous demanderez et Je vous réserve un supplément. ” Si bien qu’ils aimeront les vendredis en raison des mannes que leur Seigneur leur y accorde. » Cette narration provient de diverses chaînes de narrateurs d’après Anas. Certaines variantes font état de l’ajout suivant : « Ils restent assis dans cette assemblée le temps qu’il faut pour que les gens s’en aillent (après la prière), puis ils retournent dans leurs demeures respectives. » [4]
Al-Âjurrî [5] rapporta également dans Ar-Ru’yah d’après Abû Hurayrah que le Messager d’Allâh — paix et bénédictions sur lui — dit : « Lorsque les habitants du paradis y sont admis, on les installe à la hauteur de leurs œuvres. Puis, lorsque l’équivalent du jour du vendredi arrive, ils sont autorisés à rendre visite (à Allâh). Alors, Allâh leur dévoile son Trône, et Se montre pour eux dans l’un des jardins du Paradis. On dispose à leur intention des chaires de lumière, des chaires de perles, des chaires en émeraude, des chaires en or, des chaires en argent. Le plus bas d’entre eux — et personne d’entre eux n’est bas — s’installe sur des bancs en musc et en camphre, et ils n’envient guère ceux qui sont installés sur des sièges » etc. Le hadîth traite entre autres de la Vue Béatificatrice, de l’audience de Ses Paroles et de la conduite au paradis.
Il rapporta également d’après Ibn ʿAbbâs que le Prophète — paix et bénédictions sur lui — dit : Les habitants du paradis rendent visite à leur Seigneur — Exalté soit-Il — tous les vendredis dans des dunes de camphre. Ceux qui seront installés le plus proche de Lui sont ceux qui auront été les plus prompts à se rendre auprès de Lui lors des (prières du) vendredis, ceux qui arrivaient le plus tôt.
Traduit de l’arabe du livre de l’Imâm Jalâl Ad-Dîn As-Suyûtî, Al-Lumʿah fî Khasâ’is Yawm Al-Jumuʿah, disponible en ligne sur le site Alwaraq.com aux liens suivants : 1, 2 et 3.
[1] Les examinateurs de la tombe sont les Anges Munkar et Nakîr chargés de faire subir l’interrogatoire au défunt. NdT
[2] Sourate 97, Al-Qadr, Le Mérite, verset 3. NdT
[3] Le Firdaws est une partie du Paradis. NdT.
[4] Hadîth rapporté par Al-Âjurrî dans Ar-Ru’yah.
[5] Abû Bakr, Muhammad Ibn Al-Husayn Ibn Abd Allâh Al-Âjurrî, était un juriste shâfiʿite et un spécialiste du hadîth, du quatrième siècle de l’hégire. NdT.
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