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Les non-musulmans dans la société islamique
Section : Une tolérance unique

Les degrés de la tolérance et la part des musulmans dans ce domaine

lundi 15 septembre 2003

La tolérance religieuse et intellectuelle varie selon divers degrés et échelons. L’échelon le plus bas consiste à laisser les gens qui ne pensent pas comme soi libres de leur religion et de leurs convictions, en s’interdisant de les contraindre par la force à suivre sa religion ou son école de pensée et, s’ils venaient à refuser, à les condamner à la mort, à la torture, à l’expropriation, à l’exil ou à tout autre type de sanctions ou de persécutions que les gens sectaires imposent à ceux qui ont des convictions différentes des leurs.

On leur laisse donc la liberté de conviction mais on leur rend impossible la pratique de leurs obligations religieuses dictées par leurs convictions, et l’observation des interdits que celles-ci requièrent.

L’échelon intermédiaire consiste à laisser à autrui la liberté religieuse sans exiger de lui d’abandonner une pratique qu’il considère comme obligatoire, ni de faire une chose qu’il considère illicite.

Ainsi si le juif croit qu’il lui est illicite de travailler le jour du sabbat, il n’est pas acceptable de lui assigner une tâche ce jour-là, car en s’y attelant, il aura le sentiment de transgresser sa religion. [1] De même, si le chrétien croit qu’il doit se rendre à l’église le dimanche, il ne doit pas en être empêché.

L’échelon situé au-dessus de cet échelon intermédiaire consiste à ne pas imposer de restrictions à autrui concernant les choses considérées comme licites par leurs religions, quand bien même elles seraient illicites dans notre religion.

Telle fut l’attitude des musulmans avec les dhimmis, atteignant ainsi le degré supérieur de la tolérance. Ils s’engagèrent en effet vis-à-vis des choses que le non-musulman considère comme licites selon sa religion. Ils lui donnèrent toute latitude à cet égard et ne lui imposèrent aucune interdiction ni prohibition. Ils auraient pu tout aussi bien interdire tout cela par respect à la législation de l’État et à sa religion sans se soucier de sectarisme peu ou prou. Et pour cause, les choses rendues licites par une religion ne sont pas nécessairement des obligations pour ses adeptes.

Par exemple, si le zoroastrien est autorisé à épouser sa mère ou sa soeur, il peut également épouser une autre femme. Si la religion du chrétien lui autorise de manger du porc, il peut également vivre toute sa vie sans en manger, se contentant du large choix de viandes bovines, ovines, et des volailles. Il en est ainsi du vin, autorisé avec modération par certains livres chrétiens pour soigner l’estomac, mais dont la consommation n’est pas obligatoire pour le chrétien.

Si l’islam disait aux dhimmis : Abandonnez les mariages incestueux ainsi que la consommation du vin et du porc, par respect des sentiments de vos confrères musulmans, cela ne constituerait pas pour eux une gêne religieuse car, par l’abandon de ces choses, ils ne transgressent pas leur religion, ni ne manquent à un devoir sacré. Toutefois, l’islam ne dit rien de tel, ne souhaitant pas imposer de restrictions aux non-musulmans sur des choses qu’ils considèrent comme licites. Il demanda même aux musulmans de ne pas interférer dans leur religion.

P.-S.

Traduit de l’arabe du site qaradawi.net.

Notes

[1Dans le commentaire de Ghâyat Al-Muntahâ, ouvrage hambalite, on trouve : "Il est illicite de convoquer le juif le jour de son sabbat, sachant qu’en ce qui le concerne le travail ce jour-là est illicite. On l’exemptera alors de tout travail lors des congés religieux sur la base du hadîth rapporté par An-Nasâ’î et authentifié par At-Tirmidhî : "Et vous, les juifs, avez pour obligation spécifique de ne pas transgresser votre sabbat."" Volume 2, p. 604.

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