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La zakât, sa philosophie et ses conditions

Autres droits pour le pauvre

mercredi 15 mars 2006

La zakât est une obligation exigée par Dieu, Lui Qui connaît les besoins de la société islamique, et dont la Sagesse a tout agencé dans un ordre impeccable.

Bien que les religions ayant précédé l’islam aient incité leurs adeptes à faire l’aumône, aucune d’entre elles ne s’y est interessée avec autant de détails et de précision que la nôtre. En effet, l’islam a défini les différents types de biens sujets à la zakât, le taux réclamé pour chaque type, comme il a déterminé les différentes catégories de bénéficiaires de cette redevance.

Le Coran cite la zakât quand il parle d’Abraham et de ses fils : « Nous fîmes d’eux des chefs chargés de diriger les hommes selon nos commandements, nous leur apprîmes à pratiquer le bien, à accomplir la prière et à s’acquitter de la zakât ». [1]

Et quand il parle d’Ismaël : « Mentionne dans le Livre Ismaël. Il recommandait aux siens de faire le bien et de donner la zakât ». [2]

Il dit également de Jésus : « ll m’a recommandé la prière et la zakât ma vie durant ». [3]

Nous trouvons de même dans les Livres antérieurs à l’Islam, des appels au secours des pauvres, en leur faisant l’aumône, mais, répétons-le, ces appels n’ont pas le caractère nettement fixé par l’Islam.

La Sunnah, à son tour, incite constamment le Croyant à faire la charité. Rappelons en effet que le Coran contient près de deux cents versets encourageant l’aumône et blâmant l’avarice.

Quand le verset suivant fut révélé au Prophète : « Et ceux qui thésaurisent l’or et l’argent et ne les dépensent pas dans la voie de Dieu, annonce-leur un châtiment douloureux » [4], les Compagnons du Prophète lui demandèrent avec anxiété le sens de cette thésaurisation et furent satisfaits de savoir qu’il s’agit là des riches qui ne s’acquittent pas de la zakât.

Durant le califat de ʿUthmân Ibn ʿAffân, Abû Dharr Al-Ghifârî — un des Compagnons du Prophète — exhortait les riches parmi les Croyants à se désister de tout l’excédent de leurs biens, en leur récitant le verset susmentionné. ʿUmar dit un jour à son entourage : « Si les jours passés pouvaient revenir, j’aurais pris l’excédent des richesses des opulents et l’aurais distribué aux émigrés mecquois ». Personne ne prêta l’oreille à l’exhortation d’Abû Dharr, et la parole de ʿUmar n’était qu’un vœu.

Cependant, la plupart des Compagnons du Prophète précise qu’il y a d’autres sortes d’aumônes que la zakât, dues par les riches. C’est ainsi qu’ils sont appelés à secourir les sinistrés des évènements malheureux, pour adoucir leur triste sort.

Alî Ibn Abî Tâlib disait : « Dieu — Exalté soit-Il — a ordonné aux riches de subvenir aux besoins des pauvres. La présence d’affamés, de nus ou d’indigents au sein de la communauté musulmane est une preuve de l’avarice des riches. Dieu les jugera au Jour Dernier et leur fera subir un châtiment douloureux ».

Le Jurisconsulte andalous Ibn Hazm disait : « Il est du devoir des riches, dans chaque cité, de pourvoir aux besoins des pauvres, comme il est du devoir du gouverneur d’obliger les riches à le faire, chaque fois que le montant de la zakât ne suffit pas à la nourriture, à l’habillement et au logement des indigents et des pauvres se trouvant dans la cité. » [5]

Abû Saʿîd Al-Khudrî rapporta l’enseignement suivant de la part du Prophète : « Que celui qui a plus d’une monture en mette une à la disposition de celui qui n’en a pas ; et que celui qui a un excédent de provision en donne de quoi suffire à celui qui n’en a pas. » Puis Abû Saʿîd ajouta : « Le Prophète nous a cité une variété d’aumônes, que point nous pensâmes, après les avoir entendues, qu’aucun d’entre nous ne pouvait prétendre au moindre mérite. »

Ainsi, aux Musulmans riches incombe le devoir de secourir et d’assister leurs frères pauvres et nécessiteux. S’ils manquent à cette tâche, ils se rendent coupables. Il ne convient pas aux Musulmans de méconnaître les versets incitant à faire l’aumône, ni ceux réservant le châtiment à l’avarice. « Donne au proche parent son dû, ainsi qu’au pauvre et au fils du chemin. Ceci est avantageux à ceux qui désirent la grâce de Dieu car ils seront heureux. » [6] Au sujet de la générosité des Médinois qui partagèrent leurs biens avec les émigrés mecquois, le Coran dit : « Ils allaient jusqu’à les préférer à eux-mêmes, malgré leur propre indigence. » [7]

Citons de même cette parole du Prophète au sujet de la charité : « Commence par toi-même, puis par ceux qui sont à ta charge ». Les compagnons du Prophète disaient : « L’Envoyé de Dieu nous a tant recommandé le voisin, que nous avons cru qu’il allait le constituer héritier dans nos biens ».

Selon les enseignements du Prophète, le riche ne doit pas faire souffrir son voisin pauvre, en le laissant sentir l’arôme de sa cuisine, ou acheter devant lui des fruits, sans lui offrir un plat ou un fruit.

Le Prophète enjoignait aux Croyants de se mettre à l’abri de l’injustice et de l’avarice : « Gare à l’injustice, disait-il, car elle vous fera plonger dans les ténèbres au Jugement Dernier ; gare à l’avarice, car elle a fait périr les peuples qui vous ont précédé, en les poussant à verser le sang et à violer le sacré ». Le Prophète disait encore : « Gare à ces trois vices qui causeront votre perte : l’avarice, la passion et la vanité ».

Bien que les versets du Coran et les textes de la Tradition prophétique abondent en matière de charité et d’aumône, ils appellent avec énergie les Croyants pauvres à travailler et non à quémender, dans le but de sauvegarder leur dignité.

P.-S.

Ouvrage publié par le Conseil Supérieur des Affaires Islamiques d’Égypte, Al-Ahram Commercial Presses, 1993. Revu et adapté par Islamophile.org.

Notes

[1Sourate 21, Al-Anbiyâ’, Les prophètes, verset 73.

[2Sourate 19, Maryam, Marie, versets 54 et 55.

[3Sourate 19, Maryam, Marie, verset 21.

[4Sourate 9, At-Tawbah, Le repentir, verset 34.

[5Ibn Hazm in Al-Muhallâ (ou L’embelli).

[6Sourate 30, Ar-Rûm, Les Byzantins, verset 38.

[7Sourate 59, Al-Hashr, L’exode, verset 9.

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