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De la bonne compréhension de la question de l’abstention

Complément et exemples

vendredi 20 juillet 2007

Ibn Al-Mubârak dit : « Sallâm Ibn Abî Mutîʿ rapporta selon Ibn Abî Dakhîlah que son père dit : "Alors que j’étais chez Ibn ʿUmar, celui-ci dit : "Le Messager d’Allâh — paix et bénédictions sur lui et sur sa famille — a défendu que le raisin sec et les dattes soient mélangés." Un homme assis derrière moi me demanda : "Qu’a-t-il dit ?" Je répondis : "Le Messager d’Allâh — paix et bénédictions sur lui — a prohibé le (mélange de) raisin sec et de dattes." ʿAbd Allâh Ibn ʿUmar s’exclama : "Tu as menti !" Je dis : "N’as-tu pas dit qu’il a défendu de mélanger le raisin sec et les dattes ? Alors, cela est illicite/prohibé." Il répondit : "Est-ce que tu attestes de cela ?" Sallâm commenta : "C’est comme s’il voulait dire que les choses que le Prophète — paix et bénédictions sur lui — a défendues relèvent de la bienséance." »

Je dis : Voyez Ibn ʿUmar, l’un des plus grands juristes parmi les Compagnons. Il reprit celui qui assimilait le vocable nahâ (défendre) au vocable harrama (rendre illicite). Bien que la défense signifie la prohibition, sans pour autant l’exprimer de manière explicite, elle peut aussi signifier le caractère détestable de la chose en question. C’est ce que Sallâm entendait en évoquant la bienséance.

La parole d’Ibn ʿUmar signifie qu’il ne sied pas au Musulman de se hasarder à déclarer qu’une chose est illicite en l’absence d’une preuve explicite émanant du Coran ou de la Sunnah. Telle fut la pratique des Compagnons, des Successeurs, et des Imâms. Le Successeur Ibrâhîm An-Nakhaʿî dit : « (Nos prédécesseurs) détestaient certaines choses mais ne les déclaraient pas illicites. » Tels étaient Mâlik, Ash-Shâfiʿî et Ahmad. Ils évitaient de déclarer une chose illicite tant qu’ils n’étaient pas certains de son caractère illicite en raison d’un doute ou d’une divergence par exemple. Le cas échéant, ils diraient : « Je déteste cette chose. » sans en dire davantage. Parfois, l’Imâm Ash-Shâfiʿî disait : « Je crains que ce soit illicite. » sans affirmer le caractère illicite ; ces savants craignaient que l’affirmation du caractère illicite les fasse entrer dans la catégorie décrite par la parole du Très-Haut : « Et ne dites pas, conformément aux mensonges proférés par vos langues : "Ceci est licite, et cela est illicite", pour forger le mensonge contre Dieu. » [1]

Comment de nos jours les extrêmistes peuvent-ils affirmer que certaines choses sont illicites et exagérer dans leur condamnation alors qu’ils ne possèdent aucune preuve, si ce n’est que le Prophète — paix et bénédictions sur lui — ne les auraient pas accomplies, sachant que cela ne permet pas d’établir le caractère illicite ou détestable d’une chose ? Ces gens rentrent donc dans le cadre du verset susmentionné.

Exemples d’abstention

Voici quelques exemples de choses que le Prophète — paix et bénédictions sur lui — n’a pas faites :

  1. Célébrer la naissance du Prophète.
  2. Célébrer la nuit de l’Ascension nocturne (Al-Miʿrâj).
  3. Veiller la nuit du 15 Shaʿbân.
  4. Accompagner le cortège funèbre par le dhikr.
  5. Réciter le Coran sur la dépouille du défunt dans sa maison.
  6. Réciter le Coran sur la dépouille du défunt avant et après son enterrement.
  7. Accomplir plus de huit rakʿahs au titre de la prière des tarâwîh.

Quiconque déclare que l’une de ces choses est illicite, il faut lui réciter la parole du Très-Haut : « Dis : "Est-ce Dieu qui vous l’a permis ? Ou bien forgez vous (des mensonges) contre Dieu ?" » [2]

Que nul ne dise que l’autorisation de ces choses rentre aussi dans le cadre de ce verset car à cela nous répondons : Il est préférable d’autoriser tout ce qui ne fait pas l’objet d’une injonction signifiant son caractère illicite ou détestable, en vertu de la parole du Prophète — paix et bénédictions sur lui — : « les choses au sujet desquelles Il S’est tu relèvent du pardon » c’est-à-dire que cela est permis.

En conclusion, nous avons fait toute la lumière sur la question de l’abstention et réfuté tous ceux qui s’en servent comme argument, en avançant des preuves qui ne laissent aucun terrain de contestation pour les interlocuteurs honnêtes, ni aucune échapatoire pour les hâbleurs qui cherchent la polémique.

Dieu dit la vérité et guide vers le droit chemin. Louanges à Dieu le Seigneur des Univers.

P.-S.

Traduit de l’arabe de Husn At-Tafahhum wad-Dark li-Mas’alat At-Tark de Sheikh ʿAbd Allâh Al-Ghumârî.

Notes

[1Sourate 16, An-Nahl, Les abeilles, verset 116. NdT.

[2Sourate 10, Yûnus, Jonas, verset 59. NdT.

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