vendredi 16 septembre 2005
Fondateur de la quatrième école de jurisprudence sunnite, l’Imâm Ahmad fut l’un des Imâms de la guidance des tous premiers siècles de l’hégire. Une référence pour ses contemporains et un modèle vivant d’attachement à la Sunnah et de pratique droite et sincère. Son cercle de savoir était une source de guidance et de lumière et l’ultime abri des raisons saines pendant les épreuves.
Ahmad Ibn Hanbal [1] naquit à Bagdad, dans l’une des maisons nobles des Banû Shaybân, au cours du mois de Rabîʿ Al-Awwal de l’an 164 A.H. — en novembre 780 E.C. —. Orphelin de père, dès avant sa naissance, il fut élevé par sa mère qui veilla à lui donner la meilleure éducation et à lui enseigner les savoirs primordiaux en ces temps. Il mémorisa le Noble Cora avant de se lancer avec avidité dans l’apprentissage du Hadîth. Au petit matin, il se dépêchait de se rendre auprès de son maître pour être le premier de ses étudiants à se rendre aux études. Lorsqu’il sortit de la petite enfance, il rejoignit le cercle de l’Imâm Abû Yûsuf — le brillant disciple de l’Imâm Abû Hanîfah et le premier homme à exercer la fonction de Grand Juge (Qâdî Al-Qudâh) — où se retrouvaient pêle-mêle étudiants, savants et magistrats. Il passa quatre ans dans le cercle d’Abû Yûsuf durant lesquels il prit en note tout ce qu’il entendait, soit l’équivalent de quatre malles d’écrits. Il assita également au cercle du Maître des Savants du Hadîth à Bagdad, Hushaym Ibn Bashîr As-Sulamî. Dès qu’un savant séjournait à Bagdad, il veillait à prendre contact avec lui et à se former auprès de lui. Il se forma ainsi auprès de Nuʿaym Ibn Hammâd, ʿAbd Ar-Rahmân Ibn Mahdî et ʿUmayr Ibn ʿAbd Allâh Ibn Khâlid.
Vu qu’en ces temps les grands savants étaient dispersés dans l’ensemble du monde musulman et qu’aucune région n’avait le monopole du savoir, il n’était pas rare que les étudiants désireux de se former aux sciences islamiques aient à faire de longs voyages pour recueillir le savoir de la bouche de ses maîtres les plus réputés.
Âgé de douze ans, Ahmad Ibn Hanbal entama sa quête du savoir vers l’an 186 A.H., circa 802 E.C. Il se rendit à Basorah, à Koufah, à Ar-Ruqah, au Yémen et dans le Hijâz et rencontra de nombreux grands savants et juristes du monde musulman tels que Yahyâ Ibn Saʿîd Al-Qattân, Abû Dâwûd At-Tayâlisî, Wakîʿ Ibn Al-Jarrâh, Abû Muʿâwiyah Ad-Darîr, Sufyân Ibn ʿUyaynah, et Ash-Shâfiʿî. Ibn Hanbal suivit longuement ce dernier et se forma auprès de lui à la jurisprudence et ses fondements. L’Imâm Ahmad réservait beaucoup de respect et d’admiration pour l’Imâm Ash-Shâfiʿî au point que, pendant quarante années consécutives, il ne passa pas une nuit sans faire des invocations en faveur de son maître. Lorsqu’il narrait le hadîth du Messager de Dieu — paix et bénédictions sur lui — selon lequel : « Au début de chaque siècle, Dieu envoie un réformateur qui renouvelle à cette communauté les affaires de leur religion. » [2], il disait : « Dieu — Exalté soit-Il — a envoyé notre maître ʿUmar Ibn ʿAbd Al-ʿAzîz au début du deuxième siècle pour renouveler à cette communauté sa religion, et j’espère qu’Ash-Shâfiʿî soit celui envoyé au début du troisième siècle. » De son côté, l’Imâm Ash-Shâfiʿî fit l’éloge de son disciple disant : « Je n’ai point vu plus connaisseur du Livre de Dieu que ce jeune homme Qurayshite. » Lorsqu’on interrogea l’Imâm Ash-Shâfiʿî sur la raison qui le poussait à recevoir et à rendre visite fréquemment à l’Imâm Ahmad, il répondit par ces vers de poésie :
Qâlû yazûruka Ahmadu wa tazûruhû *** qult ul-fadâ’ilu lâ tubârihu manziluhû
in zâranî fa bi-fadlihî aw zurtuhû fa li-fadlihi *** fal-fadlu fil-hâlayni lahû
Traduction :
Ils dirent : “Ahmad te rend visite et tu lui rends visite.” *** Je répondis : “Les vertus ne quittent point sa demeure.”
S’il me rend visite, le mérite est sien et, si je lui rends visite, c’est pour son mérite. *** Dans les deux cas, le mérite est sien.
Ainsi voit-on un bel exemple de respect mutuel entre les savants et combien cela contraste avec le comportement des gens sectaires qui, pour grandir leur maître, se croient obligés de dénigrer les autres savants.
L’attachement de l’Imâm Ahmad à la science était tel qu’aucun obstacle ne pouvait l’en empêcher. Tout savant qu’il était, reconnu et loué par ses maîtres et par ses pairs pour ses compétences et sa maîtrise, il n’hésitait pas à saisir sa plume et à s’asseoir en tant que disciple écoutant et consignant humblement les enseignements prodigués par autrui. Ses contemporains objectaient : « Abû ʿAbd Allâh, tu as atteint un rang élevé, tu es l’Imâm des musulmans. » Il répondait : « Ma plume m’accompagnera toujours, jusqu’à la tombe ! »
Un jour, il quitta l’Irak en compagnie de Yahyâ Ibn Maʿîn dans l’intention de s’instruire auprès du grand savant du Hadîth, ʿAbd Ar-Razzâq Ibn Al-Humâm le Yéménite, l’auteur du recueil de hadîths intitulé Musannaf ʿAbd Ar-Razzâq. Arrivés à la Mecque, pendant qu’ils effectuaient quelques circumambulations autour de la Maison Sacrée, ils aperçurent ʿAbd Ar-Razzâq. Yahyâ Ibn Maʿîn suggéra à son compagnon de profiter de sa présence à la Mecque pour s’instruire auprès de lui. Ahmad refusa arguant qu’il était parti avec l’intention de rencontrer le savant yéménite chez lui pour en recueillir une rétribution complète et qu’il n’avait aucune envie de frelater cette intention. Pendant qu’il était au Yémen, ʿAbd Ar-Razzâq voulut lui faire don de quelque argent pour l’aider à subvenir à ses frais de séjour à l’étranger. Mais l’Imâm Ahmad déclina son offre, préférant gagner sa vie en tant que copiste.
Par ailleurs, il se donna beaucoup de mal pour rejoindre ʿAbd Allâh Ibn Al-Mubârak qu’il dut suivre à la trace de pays en pays pendant longtemps. Une fois en sa compagnie, il puisa dans sa science en matière de Hadîth et d’Éthique. Ce dernier lui enseigna notamment l’ascétisme véritable. Il distribuait des gâteaux alors qu’il ne mangeait en majorité que du pain. Lorsqu’il avait envie de quelque mets délicieux, il invitait toujours quelqu’un à sa table car, disait-il, la nourriture mangée en compagnie d’invités est exemptée de tout compte-rendu. On lui dit un jour que sa fortune s’était amenuisée et qu’il fallait qu’il soit moins généreux, il répondit que, de toute façon, il ne lui restait plus longtemps à vivre. Tout comme ʿAbd Ar-Razzâq le Yéménite, il voulut faire don d’une somme d’argent à l’Imâm Ahmad, mais ce dernier déclina rappelant qu’il lui tenait compagnie pour son savoir et non pour son argent.
En 204 A.H. — 819 E.C. —, l’Imâm Ahmad Ibn Hanbal se consacra à l’enseignement et à la fatwa à Bagdad. Jusque-là il s’était refusé à la fatwa en attendant d’atteindre l’âge de quarante ans et ce, pour diverses raisons :
Il tenait deux cercles d’enseignement, l’un chez lui auquel assistaient ses disciples les plus brillants et un autre, public, se tenait à la mosquée après la prière d’al-ʿasr et rassemblait des centaines de gens et d’étudiants. Il était très heureux de voir des gens écrire le Hadîth dans son assemblée et qualifiait leurs encriers de luminaires de l’islam. Il ne citait jamais un hadith de mémoire, mais le lisait à partir de ses écrits, par souci de fidélité, alors qu’il était passé pour une légende pour sa bonne mémoire et l’exactitude de sa restitution.
Il eut nombre de disciples brillants comme Abû Bakr Al-Marwazî — son disciple préféré pour sa science et son scrupule —, Abû Bakr Al-Athram, Ishâq Ibn Mansûr At-Tamîmî, Ibrâhîm Ibn Ishâq Al-Harbî, Al-Bukhârî, Muslim, Abû Dâwûd et Baqiyy Ibn Mukhallad.
L’Imâm Ahmad ne consigna pas lui-même son école juridique, ni ne rédigea le moindre traité de jurisprudence. Il ne dicta pas non plus les verdicts de son école à ses disciples et détestait qu’on consignât ses opinions et ses fatwas. On doit la compilation de la jurisprudence hanbalite à Abû Bakr Al-Khallâl (décédé en 311 A.H., 923 E.C.), le disciple d’Abû Bakr Al-Marwazî. Celui-ci parcourut les contrées à la recherche des verdicts rendus par l’Imâm Ahmad et réussit à en recueillir un nombre sans précédent qu’il classifia dans son ouvrage en vingt volumes intitulé Al-Jâmiʿ Al-Kabîr (« Le grand recueil »). Ensuite, il se consacra à enseigner la jurisprudence de l’Imâm Ahmad dans la Mosquée d’Al-Mahdî à Bagdad. L’école juridique de l’Imâm Ahmad venait ainsi de naître et était passée d’une somme éparse d’opinions transmises oralement à un corpus écrit.
Puis, Abû Al-Qâsim Al-Khiraqî (décédé en 334 A.H., 946 E.C.) se chargea de faire une synthèse de la compilation réalisée par Abû Bakr Al-Khallâl qu’on connaît sous le titre de Mukhtasar Al-Khiraqî (« L’abrégé d’Al-Khiraqî »). Son ouvrage connut beaucoup de succès, si bien qu’on lui connaît près de trois cents commentaires et explications dont notamment Al-Mughnî d’Ibn Qudâmah Al-Maqdisî (décédé en 620 A.H., 1233 E.C.). Non seulement Ibn Qudâmah commenta l’ouvrage, mais il se chargea également de relever les différentes opinions existant au sein de l’école tout en fournissant les arguments des différents partis et en arbitrant entre eux, le tout dans un style remarquablement fluide et précis.
Ensuite, Ibn Taymiyah l’Aïeul (Ibn Taymiyah Al-Jadd), alias ʿAbd As-Salâm Ibn ʿAbd Allâh — décédé en 652 A.H., 1254 E.C. —, fit une classification des questions juridiques de l’école hanbalite dans son ouvrage Al-Muharrar. Après cela, la littérature hanbalite se multiplia et se démocratisa.
Il convient de noter à ce titre que l’école juridique hanbalite est l’école la plus souple en ce qui concerne les contrats et les critères que doivent remplir les contractants. Car aux yeux de l’Imâm Ahmad les transactions sont licites originellement aussi longtemps qu’aucune preuve légale ne les interdit. D’où l’adéquation du rite hanbalite et sa souplesse dans le domaine des transactions.
L’Imâm Ahmad vit passer quatre califats successifs de son vivant. D’abord, il y eut le califat d’Al-Ma’mûn, ensuite celui d’Al-Muʿtasim, puis celui d’Al-Wâthiq et enfin celui d’Al-Mutawakkil. En cette période, les Muʿtazilites avaient pris beaucoup d’envergure et jouissaient d’une grande influence dans les cercles du pouvoir, notamment du temps du Calife Al-Ma’mûn. Ce dernier était le disciple de Abû Hudhayl Al-ʿAllâm, l’un des chefs du muʿtazilisme, si bien qu’il fut subjugué par la philosophie grecque. Profitant de cette relation privilégiée, le Muʿtazilite sectaire Ahmad Ibn Abî Dhu’âd ne cessa de se rapprocher du Calife et de l’entretenir tant et si bien que ce dernier en fit son ministre et son conseiller. Or, nous avons vu précédemment que l’Imâm Ahmad était éloigné de la philosophie et du muʿtazilisme et attaché à la Sunnah et à la tradition des pieux prédécesseurs.
À cette époque, les Mu’tazilites proclamèrent la thèse de la création du Coran, c’est-à-dire que le Coran est une créature accidentelle et qu’il n’est pas la parole éternelle et ancienne de Dieu, thèse que le Calife Al-Ma’mûn reprit à son compte. En 218 A.H., 833 E.C., le Calife Al-Ma’mûn envoya un décret à son représentant à Bagdad, Ishâq Ibn Ibrâhîm, clarifiant cette thèse et l’étayant — d’après leurs dires — de preuves scientifiques détaillées. On pense cependant que ce décret n’est pas de la composition du Calife Al-Ma’mûn mais émanerait plutôt de son conseiller muʿtazilite. Toujours est-il qu’il fut ordonné à Ishâq de réunir tous les savants de Bagdad et de les convaincre que le Coran était une créature et de démettre de leurs fonctions tous ceux qui s’opposeraient à la doctrine officielle.
Dans un premier temps, Ishâq exécuta l’ordre du Calife de réunir les savants afin de les convaincre et congédia de leurs emplois ceux qui s’y opposaient, puis il envoya au Calife les réponses que ces derniers opposaient à la doctrine de la création du Coran.
Dans son livre intitulé Târikh Al-Jadal (« L’histoire du débat contradictoire »), Sheikh Mohammad Abû Zahrah rapporte longuement les interrogatoires conduits par les inquisiteurs du Calife Al-Ma’mûn, dont voici un extrait :
« Il (L’inquisiteur Ishâq Ibn Ibrâhim) se tourna de nouveau vers Ahmad Ibn Hanbal et lui demanda : “Que dis-tu à propos du Coran ?” Il répondit : “Il est la Parole de Dieu.” Il lui demanda : “Est-il créé ?” Il répondit : “Il est la Parole de Dieu, je n’ai rien d’autre à ajouter.” Alors, il lui demanda de lire la formule exigée par le Calife mais l’Imâm s’arrêta après la phrase “Rien n’est à Sa ressemblance et Il est l’Audient le Clairvoyant” et refusa de dire "Aucune de Ses créatures ne lui ressemble dans quelque qualité que ce soit, de quelque façon que ce soit" (...) Ishâq interrogea Ahmad Ibn Hanbal : “Que signifie ’Il est l’Audient le Clairvoyant’ ?” Il répondit : “Il est Tel qu’Il S’est décrit Lui-Même.” Il demanda de nouveau : “Qu’est-ce que cela signifie ?” Il répondit : “Je ne sais pas, Il est Tel qu’Il S’est décrit Lui-Même.” »
Dans un second temps, le Calife écrivit de nouveau à son représentant à Bagdad lui ordonnant de licencier ceux qui s’opposent à cette thèse, de les arrêter et de les envoyer au Calife sous peine de mort. L’Imâm Ahmad était parmi les savants ayant été arrêtés et envoyés dans leurs chaînes à Tartûs. En route, certains révisèrent leurs opinions sous l’emprise de la peur, d’autres trépassèrent, tandis que l’Imâm Ahmad campa sur sa position malgré les menaces répétées. À quelques heures de leur arrivée à Tartûs, l’Imâm Ahmad s’agenouilla et leva les yeux au ciel disant : « Seigneur, Ta patience a désabusé ce tyran si bien qu’il eut la témérité d’agresser tes saints, les frappant et les tuant. Ô Allâh, si le Coran est Ta Parole incréée, fais-nous jouir de sa protection. » Sur ce, Al-Ma’mûn décéda avant l’arrivée de l’Imâm Ahmad. Ce dernier fut détenu en prison le temps que les affaires de l’État se stabilisent.
Al-Muʿtasim, le frère du défunt Calife, prit le pouvoir et, suivant les ultimes recommandations d’Al-Ma’mûn, rapprocha Ibn Abî Dhu’âd de lui, cet ennemi déclaré de l’Imâm Ahmad. Ainsi l’Imâm Ahmad fut-il enchaîné et emmené dans ses chaînes à Bagdad où il subit de longs interrogatoires en présence du Calife. Incapables de recueillir son adhésion à leur doctrine par quelque moyen que ce soit — ni les promesses d’argent ni le débat contradictoire —, l’Imâm Ahmad fut suspendu par les pieds et flagellé jusqu’à l’évanouissement, sans aucun égard à son savoir ni à son rang. Son calvaire dura deux ans et demi... La colère des juristes commença à gronder à Bagdad, ces derniers campèrent devant la porte d’Al-Muʿtasim demandant la libération de leur maître, l’Imâm Ahmad.
Une fois relâché, ce dernier rentra chez lui soigner ses plaies. Lorsqu’on l’interrogea au sujet du Calife Al-Muʿtasim, il demanda à Dieu de lui faire miséricorde et de lui pardonner, affirmant qu’il aurait honte d’arriver le jour du jugement avec des réparations à réclamer. L’Imâm Ahmad aurait bien pu décrété la mécérance du Calife, du temps d’Al-Ma’mûn et d’Al-Muʿtasim, mais la crainte de Dieu le poussait à dire qu’il est illicite de rentrer en dissension contre le Calife tant que ce dernier était musulman, ce qui correspond à l’opinion adoptée par la majorité des savants musulmans.
Pour éviter les troubles, il fut assigné à domicile à l’époque du Calife Al-Wâthiq, entre 227 et 232 A.H. Il ne sortait de chez lui que pour accomplir les prières. Puis, lorsque le Calife Al-Mutawakkil prit le pouvoir, la doctrine de la création du Coran fut abolie et l’Imâm Ahmad réhabilité. Il put alors poursuivre ses activités d’enseignement et de narration du Hadith dans la mosquée.
L’Imâm Ahmad légua à la littérature islamique plusieurs ouvrages dont notammant Al-Musnad un immense recueil de hadiths comprenant une sélection de quarante mille hadiths retenus parmi un corpus de sept cent cinquante mille hadiths. En réalité, la genèse du Musnad débuta en même temps que l’initiation de l’Imâm Ahmad aux sciences du Hadîth, alors qu’il était âgé de seize ans. Tout au long de sa vie, il consigna tous les hadîths qu’il apprenait. Puis, sentant son heure approcher, il décida de compulser et de mettre de l’ordre dans sa collection de hadîths. Il dicta ces hadîths aux gens de sa demeure et les mit à contribution dans son œuvre. Il aurait vraisemblablement demandé à son fils ʿAbd Allâh de poursuivre son travail. Ce dernier classa les hadîths selon le rang des narrateurs, commençant par Abû Bakr, puis ʿUmar et ainsi de suite. La méthodologie de l’Imâm Ahmad dans la sélection des narrations consistait à exiger l’authenticité lorsqu’il s’agissait de questions du credo (ʿaqîdah) ou de règlements juridiques. Concernant le domaine des œuvres méritoires, si les narrations étaient confirmées par le Coran ou la Sunnah authentique, l’Imâm tolérait qu’elles soient faibles. Lorsqu’une narration faible était contraire à une autre narration plus consistante, de sorte qu’il n’était pas possible de les concilier, l’Imâm écartait la narration la plus faible. Par exemple, ʿAbd Allâh Ibn Abî Lahîʿah est cité dans le Musnad en dépit des critiques dont il a fait l’objet par les spécialistes. Non pas qu’il fut accusé de mensonge, mais plutôt parce qu’il narrait les hadîths d’après des livres et des parchemins en sa possession. Un jour, ces supports s’abîmèrent et il dut rapporter les hadiths de mémoire se trompant souvent. Or, les specialistes du Hadîth sont très exigeants dans ce domaine. Néanmoins, les Imâms Ibn Taymiyah et Ibn Al-Qayyim affirmèrent que le Musnad ne comprenait aucune narration controuvée. Certains y comptèrent quatre narrations controuvées, mais qui ne proviennent pas de l’Imâm Ahmad. Enfin, les hadîths faibles que contient le Musnad ne concernent pas les règlements juridiques, et ne sont pas extrêmement faibles non plus.
Parmi ses autres écrits, il y a :
Tous ces ouvrages sont imprimés et se trouvent aisément en langue arabe.
Âgé de soixante-dix-sept ans, l’Imâm Ahmad décéda après une vie pleine de services rendus à l’Islam, le 12 Rabîʿ Ath-Thânî 241 A.H. — le 30 août 855 E.C. — et fut enterré à Bagdad.
Cette présentation se base sur :
[1] On écrit Hanbal et on prononce Hambal. NdT.
[2] Hadîth rapporté dans les Sunan de Abû Dâwûd selon Abû Hurayrah. NdT.
[3] Le Prophète — paix et bénédictions sur lui — ne reçut sa mission prophétique qu’après l’âge de quarante ans. NdT.
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