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Les non-musulmans dans la société islamique
Section : Les droits des dhimmis

L’exercice des fonctions publiques

dimanche 3 février 2002

Les dhimmis ont le droit d’exercer les fonctions publiques au même titre que les musulmans à l’exception des postes dominés par l’emprunte religieuse tels que l’imâmat, la présidence de l’état, le commandement de l’armée, rendre justice entre les musulmans et la gérance des donations etc. En effet, l’imâmat et le caliphat sont des fonctions couvrant à la fois le religieux et le profane. Il s’agit de la succession du Prophète - que les salutations d’Allâh et Ses bénédictions soient sur lui - et seul un musulman peut devenir le successeur du Prophète. De même, il est inconcevable que les prescriptions islamiques soient mises en oeuvre et gardées par autre qu’un musulman. Le commandement des armées n’est pas purement une fonction civile non plus, il s’agit d’une oeuvre de culte en islam puisque le jihâd est au sommet des oeuvres cultuelles islamiques. La magistrature n’est autre que le jugement selon les prescriptions de la loi islamique. Aussi ne demande-t-on pas à un non-musulman de juger selon une loi à laquelle il ne croit pas. Il en est de même pour la gérance des aumônes et donations et toutes les fonctions religieuses similaires.

Hormis ces exceptions, les fonctions de l’état peuvent être confiées aux dhimmis s’ils remplissent les conditions requises en termes de compétence, de probité et de loyauté envers l’état. Sont exclus ceux qui nourrissent une haine manifeste envers les musulmans comme ceux qu’Allâh décrit dans le verset : "Ô les croyants, ne prenez pas de confidents en dehors de vous-mêmes : ils ne failliront pas à vous bouleverser. Ils souhaiteraient que vous soyez en difficulté. La haine certes s’est manifestée dans leurs bouches, mais ce que leurs poitrines cachent est encore plus énorme. Voilà que Nous vous exposons les signes. Si vous pouviez raisonner !" [verset 3:118]

La tolérance des musulmans était telle que certains grands juristes, comme Al-Mâwardî dans Al-Ahkâm As-Sultâniyyah (Les statuts gouvernementaux), déclarèrent qu’il était possible de confier le ministère de l’exécutif (wizârat at-tanfîdh) sachant que le ministre de l’exécutif a pour mission de transmettre les ordres de l’imâm et de les exécuter et de mettre en vigueur les prescriptions émanant de lui. Ce ministère diffère du ministère de la délégation (wizârat at-tafwîd) où l’imâm délègue au ministre la gérance des affaires politiques, administratives et économiques.

Des chrétiens furent ministres à plusieurs reprises à l’époque abbasside dont Nasr Ibn Hârûn en 369 A.H. et ʿÎsâ Ibn Nestorus en 380 A.H. Avant cela, Muʿâwiyah Ibn Abî Sufyân avait un scribe chrétien prénommé Sarjûn. La tolérance des musulmans à cet égard atteignait parfois la limite de l’injustice envers les musulmans au point que les musulmans à certaines époques se plaignirent de la main mise des juifs et des chrétiens sur eux sans droit.

L’historien occidental Adam Metz dit dans son livre La civilisation islamique au quatrième siècle de l’hégire (volume 1, p. 105) : "L’une des choses qui nous étonne le plus c’est le grand nombre de grands fonctionnaires non-musulmans dans l’état islamique. C’était à croire que les chrétiens étaient ceux qui gouvernaient les musulmans dans les terres d’islam. D’ailleurs, la doléance au sujet du pouvoir des dhimmis sur les populations musulmanes est une doléance ancienne".

Un poète égyptien (Al-Hasan Ibn Khâqân, d’après Husn Al-Muhâdarah d’As-Suyûtî, volume 2, p. 117 et La civilisation Islamique d’Adam Metz, volume 1, p. 118) dit au sujet des juifs de son temps et leur main-mise sur ses grandes fonctions :

Les juifs de ce temps atteignirent leurs rêves les plus extrêmes
La gloire leur appartient ainsi que la fortune et parmi eux on compte conseiller et roi
Ô gens d’Égypte, je vous conseille sincèrement de vous judaïser, l’univers s’est lui-même judaïsé !

Un autre dit deux vers de poésie, repris par le fameux juriste hanafite Ibn ʿÂbidîn, réagissant à la préférence accordée aux non-musulmans par rapport aux musulmans au point de manipuler les juristes et les savants et d’autres (Hâshiyat Ibn ʿÂbidîn, volume 3, p. 379) :

Bien-aimés, les calamités du temps sont nombreuses et plus amère encore est l’élévation des indigents
Quand est-ce que le temps se réveillera de son ivresse afin que je voie les juifs aussi humiliés que les juristes

Ceci n’est que la conséquence de l’ignorance, de la déviance et de la perturbation dont fut frappé la société islamique dans les ères de décadence au point que les juifs deviennent puissants et les juristes humiliés. Le dernier exemple de ce phénomène enregistré par l’histoire n’est autre que la politique suivie par l’état ottoman dans ses derniers moments si bien que de nombreuses grandes fonctions et beaucoup de postes sensibles étaient assignés à des ressortissants non-musulmans parmi ceux qui lui souhaitaient le mal et la plupart de ses ambassadeurs et représentants dans les pays étrangers étaient nommés parmi les chrétiens.

P.-S.

Nous nous sommes basés sur la source arabe disponible sur qaradawi.net

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