vendredi 15 novembre 2002
Chers savants, que la paix soit sur vous.
Est-il correct de retenir sa colère lorsque nous constatons de mauvais agissements chez nos proches (parents, frères et sœurs) et que nous craignons que le conseil que nous leur prodiguons puisse heurter leur sensibilité ou se transformer en dispute ? Donner des conseils dans de telles situations pourrait également nous donner une sensation de fierté de soi, en ce que nous penserions que nous savons mieux ou que nous sommes meilleurs qu’eux. Devons-nous rester silencieux ? Je trouve toujours difficile de donner des conseils aux gens (particulièrement à l’égard de mes aînés) car ils tendent à être très sensibles aux conseils. Ils pensent que j’essaie de les rabaisser. Par exemple, certains de mes proches retardent volontairement leurs prières. Ils agissent ainsi non pas par oubli ou à cause du sommeil, mais parce qu’ils sont occupés par leurs tâches quotidiennes. Comment dois-je approcher ce problème ?
Que Dieu vous récompense.
Que la paix soit sur vous, ainsi que la miséricorde de Dieu et Sa bénédiction.
Au nom de Dieu, le Très Miséricordieux, le Tout Miséricordieux. Louanges à Dieu, et paix et bénédiction sur Son Messager.
Cher frère en Islam, nous vous remercions pour la confiance que vous nous accordez et nous espérons que nos efforts, que nous accomplissons uniquement pour l’Amour de Dieu, répondront à vos attentes.
Tout d’abord, nous aimerions louer votre enthousiasme et votre vif désir d’ordonner le convenable et de réprouver le blâmable. Cela est requis auprès de tout bon Musulman ; tout Musulman devrait en effet appeler les gens à la guidance, en répandant le message de lumière et de vérité.
Prodiguer de bons conseils est donc une obligation islamique, que chaque Musulman devrait remplir sans se soucier de ce que les gens pourraient penser de lui. Il ne devrait pas penser à la réaction des gens, qu’ils le critiquent ou le remercient. De plus, on ne devrait pas tendre l’oreille aux insinuations de Satan qui pourraient nous détourner de la prodigation de conseils, sous prétexte que l’on pourrait se sentir supérieur aux autres. Satisfaire Dieu et chercher à obtenir Son Agrément, tel devrait être le seul objectif et l’unique motivation.
Pour insister sur ce point, le Prophète — paix et bénédiction sur lui — dit : "La religion est fondée sur le conseil sincère." Les Compagnons présents dirent : "Pour qui, Ô Messager de Dieu ?". Il dit : "Pour Dieu, pour Son Messager, pour Son Livre, pour les dirigeants des Musulmans et pour le commun des mortels.".
Mais il y a des manières et des conditions requises pour accomplir cela.
Dieu Tout-Puissant dit : "Par la sagesse et la bonne exhortation appelle (les gens) au sentier de ton Seigneur. Et discute avec eux de la meilleure façon. Car c’est ton Seigneur qui connaît le mieux celui qui s’égare de Son sentier et c’est Lui qui connaît le mieux ceux qui sont bien-guidés." (sourate 16 intitulée les Abeilles, An-Nahl, verset 125).
La sagesse et la bonne exhortation sont les éléments les plus importants que doit posséder un appeleur à Dieu (Dâʿiyah). Ce dernier doit savoir choisir le moment opportun et les moyens appropriés pour donner des conseils. Par exemple, l’on devrait choisir judicieusement ses mots et donner conseil d’une manière très douce. Celui qui prodigue un conseil ne devrait pas le faire publiquement de peur d’embarrasser la personne qu’il conseille.
Pour développer davantage les manières requises pour prodiguer un conseil, nous citerons l’éminent savant musulman, Sheikh ʿAbd As-Sattâr Fath Allâh As-Saʿîd, professeur d’Exégèse du Coran à l’Université d’Al-Azhar :
"Cher questionneur, vous devez garder à l’esprit que le conseil en Islam requiert une certaine éthique décrite comme suit :
Par conséquent, si vous observez cette éthique, les gens accepteront votre conseil, si Dieu le veut. Dans le cas contraire, Dieu vous récompensera pour vos efforts sincères.
De fait, le conseil est indispensable en Islam. Le Prophète — paix et bénédiction sur lui — disait en effet : "La religion est fondée sur le conseil sincère." ; "Celui qui voit un tort doit le changer par sa main ; s’il n’en est pas capable, qu’il le fasse par sa langue ; s’il n’en est pas capable, qu’il le fasse par son cœur, et c’est là le degré plus faible de la foi."
En conséquence, vous pouvez conseiller sincèrement vos amis, vos parents, etc, indépendamment du fait qu’ils acceptent ou non les conseils prodigués, et ce, aussi longtemps que vous respectez l’éthique islamique du conseil. Que Dieu vous aide à faire le bien."
En conclusion, nous aimerions citer un exemple pratique de prodigation de conseil aux aînés. C’est l’exemple donné par Al-Hasan et Al-Husayn, les petits-fils du Prophète — paix et bénédiction sur lui — alors qu’ils avaient affaire à un vieil homme qui ne faisait pas ses ablutions mineures (Wudû’) [1] correctement. Sur ce, ils lui demandèrent de se faire leur arbitre, du fait que chacun d’eux clamait qu’il faisait ses ablutions mieux que son frère. Les deux firent alors correctement leurs ablutions devant l’homme. L’homme comprit leur allusion et apprit la manière correcte de faire les ablutions. Ceci prouve que dans des cas similaires, des allusions ou des conseils indirects sont bien plus efficaces afin d’éviter d’embarrasser autrui.
Et Dieu est le Plus Savant.
Traduit de la Banque de Fatâwâ du site Islamonline.net. La version originale est consultable sur archive.org.
[1] Les ablutions mineures sont les ablutions que le Musulman doit effectuer avant d’accomplir la prière.
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