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La Mosquée du Sultan Qalâwûn 683-684 A.H. (1284-1285 E.C.)

samedi 26 juillet 2003

Qalâwûn était un mamelouk turc. Le Prince ʿAlâ’ Ad-Dîn Âqsunqur l’acheta auprès d’un jeune homme pour mille dinars, d’où le surnom de « Al-Alfî » (alf signifiant mille en arabe) qu’on lui donnait. A ʿAlâ’ Ad-Dîn succéda Al-Malik As-Sâlih Najm Ad-Dîn Ayyûb. Qalâwûn porta alors le nom d’As-Sâlih An-Najmî, en raison du nom de son nouveau maître. Il devint prince et fut promu au rang d’Atabek Al-ʿAsâkir (Commandant suprême des armées), pendant le règne d’Al-Malik Al-ʿÂdil Salamish, le fils d’Al-Malik Adh-Dhâhir Baybars. Enfin, il accéda au trône à la chute de Salamish en 678 A.H. (1279 E.C.). Il choisit le titre de « Al-Malik Al-Mansûr », le Roi Victorieux. Peu après avoir vaincu le dirigeant de Damas et annihilé les Tatars, il fit régner l’ordre en Égypte et en Syrie. Son règne dura environ onze ans. Il mourut en 689 A.H. (1290 E.C.) et fut inhumé dans son propre mausolée en forme de dôme décrit ci-dessous.

Dans la dynastie des Mamelouks, le pouvoir n’était pas héréditaire. Le choix du dirigeant reposait en effet sur les qualités personnelles, la capacité militaire, le leadership et le nombre de partisans. En vertu de ces conditions, la dynastie de Qalâwûn dura longtemps. Pendant son règne, l’architecture musulmane prospéra en acquérant un style caractéristique.

On ne peut décrire la mosquée-université sans s’intéresser au mausolée et au bîmâristân (hôpital). Ces trois édifices forment un ensemble architectural d’une beauté sans pareille. Ils furent construits par le Sultan Qalâwûn en partie sur le site du plus petit Palais fatimide. Les travaux commencèrent au mois de Rabîʿ Ath-Thânî 683 A.H. (1284 E.C.) et s’achevèrent au mois de Jumâdâ Al-Awwal [1] 684 A.H. (1285 E.C.), soit seulement quatorze mois plus tard.

L’entrée principale de ce magnifique ensemble se situe sur le boulevard Al-Muʿizz Li-Dîn Allâh. Les deux pans de la porte sont couverts de plaques de cuivre percées et gravées de beaux ornements. Cette entrée donne sur un long couloir qui sépare le mausolée de la mosquée-université. Au bout de ce couloir se trouve une porte qui autrefois donnait sur l’hôpital mais dont il ne reste plus grand chose aujourd’hui. L’hôpital disposait à l’époque de plusieurs services pour le traitement des maladies. Un dispensaire y était également rattaché où les préparations et les distributions de médicaments avaient lieu. Une partie de l’hôpital était également réservée aux conférences médicales. Qalâwûn mit le bîmâristân au service des pauvres et des riches. Selon les historiens, il faisait la fierté de la civilisation orientale du Moyen-Age.

Le mausolée est à la droite du grand couloir. Il y a deux entrées, l’une directe depuis le couloir et l’autre depuis une petite cour. Les fenêtres au dessus de la deuxième entrée sont entourées d’un beau cadre en stuc. Par ailleurs, une autre entrée ouvre directement sur le mausolée. La partie centrale est recouverte d’un dôme, soutenu par un anneau de quatre digues et quatre colonnes de granit aux chapiteaux dorés. L’agencement est tel que deux colonnes alternent avec deux digues. Le lambris des murs et des piliers est en marbre de couleur décoré de formes incrustées élaborées. Une bande d’inscriptions en lettres d’or orne ce lambris de tout son long. Les versets du Coran ainsi que la date de la restauration, 1326 A.H., (1908 E.C.) y sont mentionnés.

Avec ses décorations géométriques en marbre fin, le mihrâb est l’un des plus beaux d’Égypte, si ce n’est le plus beau de tous. En haut des murs trônent des fenêtres en stuc percé, les vitraux offrant à l’oeil de très belles formes. Le plafond tout autour du dôme est de deux sortes. Sur les coins, il consiste en des coffres octogonaux avec des formes géométriques. Le reste est un plafond de rayons ronds décorés d’ornements de couleurs. L’ajout d’or sur la partie restaurée de ce plafond produit un effet magnifique. Au centre, sous le dôme, reposent les tombes d’Al-Malik Al-Mansûr Qalâwûn et de son fils An-Nâsir. Juste au-dessus, se trouve un cénotaphe sur lequel sont inscrits le nom du Sultan Qalâwûn ainsi que des versets du Coran. La tombe est entourée d’un écran de bois tourné confectionné par An-Nâsir Muhammad, fils de Qalâwûn. Le Département pour la Préservation des Monuments Arabes restaura le mausolée en 1321-1330 A.H. (1903-1912 E.C.). Certains bâtiments, le marbre et les ornements furent réparés. Tout ornement manquant fut remplacé. Les fenêtres en stuc furent remplacées également. Les plafonds furent restaurés et un dôme similaire aux dômes contemporains fut construit au-dessus de la tombe.

A l’opposé des deux entrées du mausolée, deux entrées mènent à la mosquée-université. Le plan de cette dernière respecte celui des universités : deux blocs opposes surplombent une cour ouverte. Le plus grand de ces blocs correspond au sanctuaire. Sa façade se compose de trois arches soutenues par deux colonnes de marbre. La nef principale est séparée des deux nefs latérales par deux arcades soutenues par des colonnes de marbre. Au fond se trouve le mihrab qui était autrefois similaire à celui du mausolée. Il a aujourd’hui perdu quelques-uns de ses éléments. Sa coupole et ses écoinçons sont décorés de mosaïques dorées. Près du mihrab un minbar simple fut ajouté sur l’ordre de l’Emir Azbak Ibn Tatakh en 889 A.H. (1484 E.C.).

Le bloc opposé n’est plus que ruines. Le Département pour la Préservation des Monuments Arabes a commencé à le restaurer récemment. La façade de cet édifice qui surplombe le boulevard Bayn Al-Qasrayn est relativement originale. Elle se compose de deux parties. La partie nord, à droite de l’entrée principale constitue la façade du mausolée avec son dôme. Tout au bout s’élève un immense minaret de trois étages, restauré pendant le règne d’An-Nâsir Muhammad Ibn Qalâwûn en 703 A.H. (1303-1304 E.C.) à la suite d’un tremblement de terre survenu en 702 A.H. (1302-1303 E.C.). Quant à la partie sud, elle forme la façade de l’université. La façade entière est divisée en panneaux arqués, les arches étant soutenues par des colonnes de marbre. Au centre de chaque panneau sont percées deux fenêtres : la fenêtre supérieure dispose de grilles de stuc percé, aux belles formes géométriques tandis que la fenêtre inférieure a des grilles en fer. En dessous des fenêtres en stuc, des inscriptions en style naqshi, ère mamelouk, mentionnent le nom du fondateur, son titre et la date de fondation.

La façade est couronnée d’une crête gravée d’arabesque sur son côté extérieur. Près de la façade sud et à gauche de l’entrée, une petite fontaine a été construite par le Sultan An-Nâsir Muhammad en mémoire de son père Qalâwûn. Cette façade est contiguë, au nord, à celle des Mosquées d’An-Nâsir Muhammad et de Barqûq. Le tout forme un ensemble merveilleux et admirable pour son soin, sa beauté, son dôme magnifique et ses gracieux minarets.

La Mosquée du Sultan Qalâwûn

P.-S.

Cette présentation s’appuie sur un article du site d’Al-Azhar.

Notes

[1Rabîʿ Ath-Thânî et Jumâdâ Al-Awwal désignent respectivement le quatrième et le sixième mois du calendrier musulman.

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