jeudi 19 juillet 2001
La sourate possède deux titres Al-Mujâdalah et Al-Mujâdilah dérivant du mot "tujâdiluka" figurant au tout premier verset. Au début, il est fait mention de la femme qui a plaidé avec le Saint Prophète — paix et bénédictions sur lui — le cas de dhihâr [u] prononcé par son mari. Elle le poussa à trouver une solution à la situation difficile pour la sauver elle et ses enfants de la ruine et de la mort. Allâh a décrit sa plainte par le mot "mujâdalah", la sourate vint à être connue sous ce nom. " mujâdalah " signifie l’acte de " disputer et de plaider " alors que " mujâdilah " désigne l’acteur i.e. " la femme qui dispute et plaide ".
Il n’y a pas de traditions pour dire quand ce plaidoyer, cette discussion s’est produite. Mais il y a une indication dans le contenu de la sourate qui permet de situer avec certitude que cela s’est produit peu de temps après la bataille de la Tranchée (Shawwâl de l’an 5 de l’hégire). Dans la sourate Al-Ahzâb, tout en niant qu’un fils adoptif puisse devenir un fils à part entière, Allâh venait dire ceci et rien de plus : "Et Allâh n’a pas assimilé les femmes dont vous divorcez en les répudiant à vos mères." Mais dans cette sourate rien n’indiquait que le divorce par dhihâr était un péché ou un crime, ni quoi que ce soit sur l’injonction légale le concernant. Au contraire, dans la présente sourate la règle complète liée au dhihar a été détaillée, ce qui montre que ces injonctions détaillées ont été révélées quelques temps après la brève référence de sourate Al-Ahzâb.
Cette sourate donne aux musulmans des instructions concernant différents problèmes auxquels ils sont confrontés. Depuis le début de la sourate jusqu’au verset 6, des injonctions légales à propos du dhihâr leur sont données. Parallèlement, les musulmans sont fortement averti du fait qu’il est contraire à leur profession de foi de persister dans des pratiques d’ignorance antérieures à leur acceptation de l’islam, de braver les limites établies par Allâh, de refuser de s’y soumettre ou d’établir des règles contradictoires à celles-ci. Pour cela, non seulement la punition dans ce monde-ci est le déshonneur et l’humiliation mais aussi dans l’Au-Delà il faudra en rendre des comptes.
Dans les versets 7 à 10, les hypocrites sont pris à partie pour leurs complots et assemblées secrètes au cours desquelles ils conspiraient et intriguaient à l’encontre du Saint Prophète — paix et bénédictions sur lui —. C’est en raison de leur malice cachée et de leur rancune qu’ils l’avaient accueilli, comme les juifs, en lui souhaitant du mal plutôt que du bien. En référence à cela, les Musulmans ont été consolés : " Ces concertations à voix basse ne vous font aucun mal ; par conséquent, continuez vos obligations en totale confiance en Allâh. " Par ailleurs, ils ont reçu la leçon de morale suivante : " Les vrais croyants, quand ils discutent secrètement entre eux, ne parlent pas de péchés, de transgression et de désobéissance du Messager ; s’ils se concertent à voix basse, ils le font dans la bonté et la piété."
Les versets 11 à 13 enseignent aux Musulmans certaines manières de comportements sociaux et des instructions pour éradiquer certains maux sociaux courants chez les gens à l’époque et qui persistent aujourd’hui encore. Si des personnes sont assises en assemblée et d’autres personnes arrivent, ils ne montrent même pas la courtoisie de se serrer pour faire une place pour les nouveaux arrivants, de telle sorte qu’ils restent debout, ou bien ils s’assoient sur le pas de la porte ou ils repartent . S’ils voient qu’il y a suffisamment de place, ils commencent à enjamber les têtes pour trouver de la place eux-mêmes. Cela arrivait fréquemment dans les assemblées du Saint Prophète. Par conséquent, Allâh leur donna : "Ne vous comportez pas de façon égoïste ni avec étroitesse d’esprit dans vos assemblées mais recevez les nouveaux arrivants aussi avec le cœur ouvert."
Voici également un autre vice décelé chez les gens : quand ils rendent visite à une personne (en particulier quelqu’un d’important), ils prolongent leur séance et ne s’imaginent pas qu’empiéter sur son temps de façon excessive pourrait être lui occasionner une gêne. Et si la personne leur donne congé, ils s’indignent ; si elle se retire elle-même de leur assemblée, ils se plaignent de son manque de bonnes manières ; si elle leur dit indirectement qu’elle a d’autres affaires à traiter, et auxquelles elle doit consacrer du temps, ils font la sourde oreille à sa requête. Le Saint Prophète — paix et bénédictions sur lui — lui-même a eu à souffrir de ce genre de mauvaise conduite de la part des gens, qui étaient tellement désireux de bénéficier de ses enseignements qu’ils ne se rendaient pas compte qu’ils gaspillaient son précieux temps, qu’il devait consacrer à des tâches autrement plus importantes. Enfin, en vue d’éradiquer ces mauvaises manières, Allâh enjoignit aux gens de se lever et de se disperser quand on le leur demande.
Un autre vice très présent parmi les gens était que chacun souhaitait avoir des discussions secrètes individuelles avec le Saint Prophète — paix et bénédictions sur lui — sans réel motif ou chacun voulait s’approcher de lui lors des assemblées et lui chuchoter des choses. Non seulement cela était embarrassant pour le Saint Prophète, mais aussi gênant pour les autres participants de l’assemblée. C’est pourquoi Allâh a ordonné que quiconque voulait consulter le Prophète en privé devait d’abord faire acte de charité. L’objectif était que les personnes soient mises en garde contre cette mauvaise habitude et s’en débarrassent. Ainsi, cette restriction a été maintenue pendant une courte période et une fois leur comportement corrigé, elle a été levée.
Du verset 14 à la fin de la sourate, les membres de la société musulmane qui consistait en un mélange de musulmans sincères, d’hypocrites et d’irrésolus sont clairement informés des critères de sincérité en islam. Une certaine catégorie de musulmans étaient amis avec les ennemis de l’islam : ils n’hésitaient pas au nom de leurs intérêts à être déloyaux envers la religion en laquelle ils prétendaient croire. Ils répandaient toutes sortes de doutes et suspicions contre l’islam et empêchaient les gens d’adopter la Voie d’Allâh. Mais comme ils faisaient partie de la communauté musulmane leur fausse profession de foi leur servait de couverture et de protection. La deuxième catégorie de musulmans sont ceux pour qui la religion d’Allâh prime sur leur propre père, frère, enfant et famille, sans parler d’autrui. Ils ne chérissent aucun sentiment d’amour
pour les ennemis de Dieu, de Son Messager et de Sa Religion. Dans ces versets, Allâh a explicitement affirmé que les gens de la première catégorie en fait sont du côté de Satan, peu importe la hargne qu’ils montrent à vouloir convaincre les autres de leur Islam en prêtant tous les serments. Et l’honneur d’être du côté d’Allâh revient seulement aux musulmans de la deuxième catégorie. Eux seuls sont les vrais musulmans : eux seuls réussiront et d’eux seuls Allâh est satisfait.
Traduit de l’anglais du site de l’association des étudiants musulmans de l’USC.
[u] dhihâr dérive du mot dhahr signifiant dos. Cela provient d’une habitude de l’époque de l’ignorance où certains arabes disait à leurs épouses : "Tu es pour moi comme le dos de ma mère" signifiant que toute relation conjugale entre eux serait assimilée à l’inceste. C’était une façon de répudier leurs épouses.
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