samedi 15 septembre 2001
Il s’agit donc d’une méthodologie islamique authentique et irréprochable. C’est aussi une méthodologie philosophique, malgré l’opposition des philosophes cartésiens, reconnue par de nombreux philosophes d’Occident et d’Orient, anciens et modernes. C’est en outre une méthodologie qui a été expérimentée et qui a porté ses fruits. L’Imâm Al-Ghazâlî l’a essayée avec succès. D’autres encore l’ont expérimentée également avec succès.
L’Imâm Al-Ghazâlî en dit : « Il s’est dévoilé à moi lors de mes retraites solitaires des choses innombrables. J’en cite quelques éléments afin qu’ils profitent aux autres. J’ai su avec certitude que les Soufis sont en particulier les itinérants sur le Chemin vers Dieu, leurs historiques [siyar] sont les meilleurs de tous les historiques, leur voie est la plus juste de toutes les voies, leurs manières sont les plus nobles des manières. Je dirai même que si l’on réunit la raison de toutes les personnes sensées, la sagesse des sages, la science des connaisseurs des secrets de la législation divine parmi les savants, pour changer quelque chose de leurs vies et leur éthique en la remplaçant par ce qui est meilleur, cela serait impossible, car tous leurs mouvements et leurs repos, tant dans leur apparence que dans leur for intérieur, sont puisés dans la lumière de la lanterne Prophétique. Et il n’y a de lumière sur terre pour s’éclairer après la lumière Prophétique. En somme, que diraient les orateurs au sujet d’une voie dont la pureté - qui est sa condition première - n’est autre que la purification entière du cœur de tout ce qui est autre que Dieu Exalté soit Il, dont la clef - qui est un pilier indispensable - n’est autre que l’absorption du cœur entièrement par la commémoration de Dieu, et dont la fin est l’annihilation totale (al-fanâ’ bi’l-kulliyyah) en Dieu ? [...]
Depuis le début de la voie commencent les dévoilements et les contemplations au point qu’Il leur arrive même dans leur état d’éveil d’observer les anges et les âmes des prophètes et d’entendre des voix provenant d’eux et d’apprendre d’eux des choses bénéfiques. Puis l’état s’élève de la contemplation des formes et images jusqu’à des degrés que la parole ne peut exprimer ». [fin de citation]
Dans une conférence donnée à l’université de Paris, le sage français, René Guenon, s’est exprimé sur cette méthodologie et a parlé avec ironie de ceux qui en doutent et qui, par leur attitude, incarnent la lamentable paresse : « Peut-on dépasser la nature pour atteindre ce qu’il y a au-delà ? Nous n’hésitons pas à leur répondre, de la plus claire façon, disant que cela est non seulement possible, mais que cela existe et est réel. Ils diront : c’est une affaire qui manque d’arguments. Mais quel argument l’homme peut-il avancer pour prouver l’existence et la réalité de ce fait ? Il est sans doute très étrange de demander une preuve de l’existence d’un type de connaissance plutôt que d’essayer de l’atteindre par son expérience personnelle, en empruntant le chemin qu’elle exige. La personne qui atteint cette connaissance ne se soucie guère, ni de loin ni de près, des polémiques et débats qui se tissent autour d’elle. Il est clair que substituer la « théorie de la connaissance » à la « connaissance » elle-même constitue un aveu
manifeste de l’incapacité de la philosophie moderne ».
Traduit de l’arabe de Al-ʿÂrif billâh, Abû Al-ʿAbbâs Al-Mursî (Le gnostique, Abû Al-ʿAbbâs Al-Mursî) de l’Imâm ʿAbd Al-Halîm Mahmoud, aux éditions Dâr Ash-Shaʿb, Le Caire, Égypte, 1972.
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