lundi 17 novembre 2003
Quel est le sens du hadîth transcendant : "Toute œuvre accomplie par le fils d’Adam lui revient sauf le jeûne, lequel M’appartient et Je donne sa rétribution." ? Le jeûne du Ramadân efface-t-il les péchés ?
Le Messager d’Allâh - paix et bénédiction sur lui - dit, dans un hadith transcendant qu’il relate d’après son Seigneur : "Allâh — Exalté et Glorifié soit-Il — dit : ’Toute œuvre accomplie par le fils d’Adam lui revient sauf le jeûne, lequel M’appartient et Je donne sa rétribution. Il y abandonne sa nourriture et sa boisson pour Moi.’"
En réalité, toutes les œuvres reviennent à Dieu — Exalté soit-Il — étant donné que le Noble Coran dit : "Je n’ai créé les djinns et les hommes que pour qu’ils M’adorent. Je ne cherche pas auprès d’eux une subsistance ; et Je ne veux pas qu’ils me nourrissent. En vérité, c’est Allâh qui est le Grand Pourvoyeur, Le Détenteur de la force, l’Inébranlable." [1]
Cependant, le présent hadîth transcendant rapporté par le Prophète - paix et bénédiction sur lui - d’après son Seigneur — Exalté soit-Il — stipule : "Toute œuvre accomplie par le fils d’Adam lui revient sauf le jeûne" car toutes les autres œuvres sont sujettes à l’ostentation et au m’as-tu-vu du fait qu’il s’agit d’œuvres apparentes et visibles. On peut ainsi voir les prières, leurs inclinations, leurs prosternations et la présence dans les congrégations. L’aumône légale se voit par les biens au moment de leur versement aux ayants droit. Le pèlerinage se voit également par le voyage, les circombulations et la station de ʿArafah, etc.
Le jeûne quant à lui comporte des aspects intérieurs occultés au regard, des aspects cachés que nul ne sonde sauf Allâh — Exalté et Glorifié soit-Il —. C’est pourquoi Dieu déclara le jeûne véridique et exclusif comme étant une œuvre purement vouée pour Sa Face et dont la rétribution est généreusement démultipliée si bien que Dieu submerge Son Serviteur des flots de Sa miséricorde et de Son bienfait. Il se peut que le hadîth évoque cette raison dans la phrase : "Il y abandonne sa nourriture et sa boisson pour Moi."
Commentant ce hadîth, l’Argument de l’Islâm Abû Hâmid Al-Ghazâlî, dit : "Deux raisons expliquent pourquoi le jeûne revient exclusivement à Allâh, et est honoré en ce qu’il Lui est directement attribué — bien que toutes les œuvres Lui soient vouées — exactement comme la Maison Sacrée est honorée — alors que la terre entière Lui appartient. Premièrement, le jeûne est une abstention et, en même temps, c’est une œuvre secrète que personne ne peut constater, alors que toutes les autres œuvres cultuelles sont accomplies au vu et au su d’autrui. Le jeûne, lui, n’est visible que de Dieu — Exalté soit-Il —, il se passe dans le for intérieur où s’exerce une patience pure. Deuxièmement, il revient à dominer l’ennemi de Dieu — Exalté soit-Il —. Les passions et les désirs sont, en effet, l’arme favorite de Satan. Celles-ci se renforcent par la nourriture et la boisson. Aussi, le Prophète — paix et bénédictions sur lui — dit : "Le diable envahit le fils d’Adam comme le sang parcourt ses veines, rétrécissez donc les voies qu’il emprunte par la faim.""
Le Messager d’Allâh — paix et bénédictions sur lui — dit : "Celui qui jeûne le mois de Ramadân avec un coeur empli de foi et de constance envers Dieu verra ses péchés passés pardonnés."
Ce hadîth indique que le Ramadân est une occasion pour revenir à Dieu, implorer Son pardon et se repentir à Lui de nos faux-pas et de nos péchés. Lorsque l’individu s’engage dans le mois de Ramadân et le jeûne de manière exclusive et totalement vouée à Dieu, repentant de son péché et armé de sa foi, Dieu l’absout de ses péchés passés.
Les péchés pardonnés sont ceux qui concernent l’individu et son Seigneur. Les péchés qui relèvent des droits des autres humains doivent être réparés auprès des personnes lésées tant qu’elles sont encore vivantes et que l’individu est capable de s’en acquitter. Les Imâms ont en effet indiqué que le repentir est conditionné par le regret et l’abandon du péché, la volonté ferme de ne plus y retomber et la restitution des droits à qui de droit. Celui qui jeûne le Ramadân avec foi et sincérité doit nécessairement s’être repenti de manière sincère.
Et Allâh — Exalté et Glorifié soit-Il — est plus savant.
Traduit de l’arabe de Yas’alûnaka fî Ad-Dîni wal-Hayâh, de Sheikh Ahmad Ash-Sharabâsî, volume 3, pp. 33 et 34.
[1] Sourate 51, Adh-Dhâriyât, versets 56 à 58.
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