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Sheikh Ahmad Ash-Sharabâsî

samedi 22 février 2003

Sheikh Ahmad Ash-Sharabâsî (1918-1980)

Il est des érudits dont les talents multiples se déclarent à un âge précoce. Sheikh Ahmad Ash-Sharabâsî est l’un de ceux-là. Il se distingua en effet, depuis sa jeunesse, par son éloquence, la qualité de ses écrits, la beauté de sa poésie et la profusion de sa science. C’est ainsi que les journaux et magazines d’Égypte ont recueilli avec enthousiasme ses travaux littéraires alors qu’il avait à peine 20 ans.

Naissance et études

Sheikh Ahmad Ash-Sharabâsî, que Dieu lui fasse miséricorde, naquit le 17 novembre 1918 à Al-Bijillât, un village de la province de Daqahliyyah, en Égypte. C’est dans son village natal qu’il mémorisa dans son enfance le Noble Coran auprès de deux maîtres, dont Sheikh Dusûqî Durah, un Sheikh non-voyant qui enseignait le Coran avec patience et clémence aux enfants qui rejoignaient l’école coranique du village.

À l’âge de douze ans, le jeune Sheikh intégra le cycle primaire de l’Institut Religieux de Dumyât, puis en 1935, il se dirigea vers l’Institut Secondaire d’Az-Zaqâzîq où ses professeurs apprécièrent ses talents et son intelligence. Parmi les professeurs qui lui enseignèrent à cette époque, il fut particulièrement sensible à Sheikh Mahmoud Khalîfah, professeur en langue arabe. Lorsque ce dernier apprit l’engouement de Sheikh Ahmad Ash-Sharabâsî pour la littérature et l’écriture littéraire, il lui demanda de lui fournir certains de ses articles non publiés jusque-là. Une semaine plus tard, le jeune Ash-Sharabâsî fut heureux de voir que l’un de ses articles furent publiés dans le magazine hebdomadaire « Al-Islâm », dirigé par ʿAbd Ar-Rahmân, ʿAbd Al-Fattâh et Mahmoud Khalîfah. Puis Sheikh Mahmoud Khalîfah fut nommé professeur à la Faculté de La Législation d’Al-Azhar et Sheikh Ahmad Ash-Sharabâsî partit étudier à la Faculté de la Langue Arabe d’Al-Azhar. Mais le lien entre Sheikh Ahmad Ash-Sharabâsî et Sheikh Mahmoud Khalîfah se prolongea et s’étendit au domaine de la prédication. En effet, Sheikh Ash-Sharabâsî veilla à assister aux sermons du vendredi que donnait Sheikh Mahmoud Khalîfah à la mosquée Ash-Shâmiyyah, située devant le Ministère de l’Intérieur au Caire. C’est en écoutant attentivement les sermons de Sheikh Mahmoud et en les lisant — puisqu’ils étaient publiés dans le magazine Al-Islâm — que Sheikh Ahmad Ash-Sharabâsî cerna les qualités que doit réunir le prédicateur qui monte sur le mimbar et la force des messages qu’il doit adresser à son audience. Plus tard, Sheikh Ash-Sharabâsî mit ses acquis au profit de ses sermons du vendredi lorsqu’il prêcha à la Mosquée d’Al-Munîrah et la Mosquée de l’Imâm Ar-Rifâʿî au Caire.

Tout au long de ses études, il fut dans le peloton de tête, si bien qu’il finit major de sa promotion à la Faculté de la Langue Arabe d’Al-Azhar. C’est ainsi qu’il participa en 1943 à la cérémonie où les majors des différentes universités sont honorés dans le palais de Ra’s At-Tîn à Alexandrie en la présence, du roi Fârûq et l’Imâm Al-Marâghî — grand Imâm d’Al-Azhar à l’époque. Sheikh Ahmad Ash-Sharabâsî raconte que Sheikh Ibrâhîm Al-Jibâlî, Directeur de la Faculté de la Langue Arabe, demanda à Sheikh Ash-Sharabâsî d’embrasser la main du roi lorsque son nom sera appelé. Le moment venu, Sheikh Ahmad Ash-Sharabâsî se contenta de se diriger, la tête haute, vers le roi et lui sera la main. Cela provoqua l’étonnement scandalisé de Sheikh Al-Jibâlî mais suscita l’appréciation de l’Imâm Al-Marâghî qui s’adressa en ces termes à Sheikh Ash-Sharabâsî à la fin de la cérémonie : « J’espère que tu seras un noble savant, comme tu as été un étudiant brillant ».

L’Imâm Muhammad Mustafâ Al-Marâghî

Malgré cet incident où Sheikh Ash-Sharabâsî fut fâché du comportement de Sheikh Al-Jibâlî, il admirait en lui sa vaste science, et selon son expression même : « Il fut un océan de science ».

En 1945, il obtint le plus haut diplômé délivré par Al-Azhar à l’époque : Al-ʿÂlamiyyah.

Parmi les professeurs qui ont enseigné à Sheikh Ash-Sharabâsî à diverses étapes, il cite en particulier : Sheikh Ahmad ʿAlî, Sheikh Mahmoud Khalîfah, Sheikh Mahmoud Al-Mahmoudî, Sheikh Ahmad Nasr, Sheikh ʿAbd Al-ʿAzîz ʿAbd Al-Haqq, Sheikh Ahmad Shafîʿ As-Sayyid, Sheikh Ahmad ʿImârah, Sheikh Kâmil Hasan, Sheikh Hâmid Mustafâ et Sheikh Ahmad Yûsuf Najâtî.

Postes qu’il a occupés

Pendant des années, il travailla comme enseignant, puis fut nommé à la direction de Ruwâq Al-Ahnâf à Al-Azhar en 1951. Al-Azhar l’envoya en mission pour enseigner au Koweit. A son retour, en 1957, il fut nommé Secrétaire Général de l’Académie de Fatwâ d’Al-Azhar Ash-Sharîf. Un an plus tard, il fut chargé d’enseigner la législation islamique à l’Institut des Services Sociaux au Caire. Il devint ensuite conseiller de l’organisation chargée de contrôler la qualité et la fidélité des publications religieuses. Il obtint le diplôme de Doctorat en Littérature Arabe en 1967 ; le sujet de sa thèse ayant pour titre « Rashîd Ridâ, l’auteur d’Al-Manâr ».

Son activité scientifique

Force est de constater que Sheikh Ash-Sharabâsî s’initia à la littérature dès sa jeunesse ; il termina son premier ouvrage en 1938 alors qu’il n’avait que 20 ans. Son livre trouva un écho favorable parmi les spécialistes de la littérature, dont le professeur Muhammad Saʿîd Al-ʿIryân qui en fit l’éloge dans le magazine Ar-Risâlah. C’est alors que divers journaux et magazines accueillirent sur leurs pages vierges la plume de Sheikh Ash-Sharabâsî — étudiant brillant à l’époque, à l’Institut Secondaire d’Az-Zaqâzîq. Certains de ses articles parurent ainsi dans les magazines As-Sabâh, An-Nahâr et Mimbar Ash-Sharq.

Peu de temps après, il finit l’écriture de deux ouvrages Muhâwalah (Une Tentative) et Bayna Sadîqayn (Entre deux Amis) qui lui valurent à nouveau des éloges publiés dans les journaux Al-Ahrâm et Ar-Risâlah. Plus encore, il fut honoré en 1940 par l’Association des Jeunes Musulmans (Jamʿiyyat Ash-Shubbân Al-Muslimîn).

Pendant ses études à la Faculté de Langue Arabe, Sheikh Ash-Sharabâsî entra en contact avec le mouvement islamique florissant en Égypte à cette époque. Ses écrits se diversifièrent et s’étendirent pour aborder la littérature arabe, la Législation Islamique, l’Histoire, les Sciences du Coran, si bien qu’on lui doit plus de cent ouvrages. Parmi ses livres les plus célèbres citons :

Mawsûʿat Akhlâq Al-Qur’ân, « l’Encyclopédie de l’éthique du Coran », en sept volumes.

Yas’alûnaka fi’d-Dîni wa’l-hayâh, « Ils t’interrogent au sujet de la religion et de la vie ». Il s’agit d’une enrichissante encyclopédie en sept volumes où Sheikh Ash-Sharabâsî répond à des questions touchant des sujets très variés : les œuvres de culte, le Prophète et ses excellentes qualités, les Sciences du Coran, le Hadîth, les personnages de l’Islam, le tasawwuf et ses hommes, les transactions financières et l’économie etc... Nos lecteurs pourront se référer à la Banque de Fatwâ de notre site, où nous avons traduit certaines fatwas extraites de cet ouvrage que nous recommandons.

Asmâ’ Allâh Al-Husnâ, Les Noms Sublimes de Dieu.

Al-Khutab Ash-Sharabâsiyyah, ouvrage en cinq volumes réunissant un grand nombre de sermons de Sheikh Ash-Sharabâsî.

On lui doit un livre intéressant intitulé ʿÂlam Al-Makfûfîn (Le Monde des Non-Voyants), où il aborda la vie des non-voyants, l’intelligence aigüe que manifestent certains non-voyants, leur humour et l’imagination fertile dont ils font preuve. Il illustra ses propos par la vie de linguistes et personnalités éminentes frappés de cécité.

Précisons aussi que Sheikh Ahmad Ash-Sharabâsî est l’un des premiers écrivains du théâtre islamique. Parmi ses pièces de théâtre, citons « Mu’minah Mujâhidah », « Mawlid Ar-Rasûl », « Mashriq An-Nûr » et "Al-Hâkim Al-ʿÂdil".

Un prédicateur distingué

En plus d’une plume active, Dieu — Exalté Soit-Il — accorda à Sheikh Ahmad Ash-Sharabâsî une langue éloquente. Il commença la prédication à la mosquée d’Al-Munîrah au Caire où se rassemblait une grande audience d’orants. Il fut prédicateur de cette mosquée pendant huit ans, puis fut exilé à cause de sermons pleins d’énergie et de franchise où il défendait l’organisation des Frères Musulmans, fondée par Hasan Al-Bannâ. Il passa 6 mois en prison, où il rédigea des mémoires quotidiennes qu’il publia après sa libération sous le titre de Mudhakkirât Wâʿidh Asîr, « Mémoires d’un prédicateur prisonnier ». Il donna également des sermons vibrants dans la Mosquée de l’Imâm Ar-Rifâʿî au Caire.

Mosquée de l’Imam Ar-Rifâʿî au Caire

Il participa à diverses organisations et associations islamiques comme l’Associations des Jeunes Musulmans dont il devint le Secrétaire Général pendant des années, l’Association de la Guidance Islamique, l’Association d’Al-Azhar pour l’écriture, la traduction et la publication...

Le retour à Dieu

Sheikh Ahmad Ash-Sharabâsî resta impliqué dans ses activités de fatwâ en répondant aux nombreuses questions que les gens lui posaient ou envoyaient, ses activités d’enseignement, de prédication, d’écriture jusqu’à son dernier souffle. Il est étonnant de voir comment le Sheikh a pu mener simultanément toutes ces activités, mais tel est le bienfait du Très-Haut, Il l’accorde à qui Il veut et Il bénit le temps de qui Il veut.

Dans ses derniers jours, la maladie l’empêcha de saisir sa plume. Il dicta ainsi des passages de son encyclopédie Asmâ’ Al-Mustafâ (Les noms de l’Élu) à certains de ses étudiants qui lui rendaient visite. Le 14 août 1980, la plume prolifique sécha et l’âme de Sheikh Ahmad Ash-Sharabâsî répondit à l’appel de notre Seigneur, laissant à la postérité des ouvrages de qualité et l’exemple d’une vie dévouée au service de la vérité. Puisse Dieu le combler de Ses bienfaits et puisse-t-Il déverser Sa Miséricorde sur lui.

P.-S.

Cet article se base sur une présentation de Sheikh Ahmad Ash-Sharabâsî disponible en arabe sur le site islamonline.net et sur les pages 605 à 618 du 7e volume du livre Yas’alûnaka fî Ad-Dîni wal-Hayâh où Sheikh Ash-Sharabâsî parle de ses professeurs.

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