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Comment distinguer le sang menstruel ?

samedi 24 mai 2003

Question

Je suis une fille de 18 ans et la première fois que j’ai eu mes règles, j’ai eu un écoulement de liquide blanc. Puis-je malgré tout prier et jeûner ?

Réponse du Docteur Yûsuf ʿAbd Allâh Al-Qaradâwî

Louanges à Dieu et paix et bénédiction sur le Messager de Dieu.

Ces liquides sont en fait des sécrétions naturelles chez l’adolescente et chez la femme. Ce qui empêche de jeûner et de prier, c’est le sang, le sang menstruel reconnaissable par sa couleur rouge foncé. S’il n’y a pas d’écoulement de sang mais seulement des sécrétions comme celles décrites dans la question, alors notre sœur n’a rien à craindre : elle peut - elle doit même - jeûner, prier et accomplir tous ses actes cultuels - que Dieu l’en récompense.

Son Éminence le Cheikh Sayyid Sâbiq - que Dieu lui fasse miséricorde - dit :

« Le sang menstruel est reconnaissable à l’une des couleurs suivantes :

 Le noirâtre
timah Bint Abî Hubaysh avait en effet des écoulements permanents de sang. Le Prophète - paix et bénédiction sur lui - lui dit : « S’il s’agit du sang menstruel, alors il est reconnaissable par son aspect noirâtre. Si tu vois qu’il en est ainsi, alors abstiens-toi de prier. S’il en est autrement, tu peux faire tes ablutions et prier : dans ce cas, ce n’est qu’un vaisseau sanguin. » (rapporté par Abû Dâwûd, An-Nasâ’î, Ibn Hibbân et Ad-Dâraqtanî qui précisa que les narrateurs de ce hadith sont tous des hommes de confiance ; hadith rapporté également par Al-Hâkim qui le jugea conforme aux critères d’authenticité établis par Muslim).

 Le rougeâtre
C’est la couleur primaire du sang.

 Le jaunâtre
Il s’agit dans ce cas d’un liquide de couleur rouille surplombé par une teinte jaunâtre.

 Le grisâtre
C’est une couleur intermédiaire entre le blanc et le noir. Le liquide ressemble dans ce cas à une eau souillée. Ainsi, ʿAlqamah Ibn Abî ʿAlqamah rapporte que sa mère Murjânah, la cliente [1] de ʿÂ’ishah - que Dieu l’agrée -, lui dit : « Les femmes envoyaient à ʿÂ’ishah des morceaux de coton imbibé de liquide jaunâtre [2]. ʿÂ’ishah leur répondait : « Ne vous pressez pas : il faut que vous voyiez le coton blanc. » » (rapporté par Mâlik et Muhammad Ibn Al-Hasan ; Al-Bukhârî ne se prononça pas sur l’authenticité de ce hadith). En fait, un écoulement de couleur jaunâtre ou grisâtre est considéré comme menstruel lors de la période des règles, non-menstruel en dehors de cette période. En effet, Umm ʿAtiyyah dit : « Après la période des règles, nous ne donnions plus aucune importance aux écoulements de couleur jaunâtre et grisâtre. » (rapporté par Abû Dâwûd et Al-Bukhârî, ce dernier n’ayant néanmoins pas mentionné l’expression « après la période des règles »).

La durée des règles
Il n’existe pas de durée maximale ou minimale pour la période des règles. Aucune preuve probante n’a été rapportée concernant cette durée. Si la femme a néanmoins une période généralement fixe, alors elle peut s’y fier pour le décompte des jours de règles. Umm Salamah demanda en effet l’avis du Messager de Dieu - paix et bénédiction sur lui - concernant une femme qui avait des écoulements permanents de sang. Le Prophète répondit : « Qu’elle fasse le décompte des jours et des nuits pendant lesquels elle avait l’habitude d’avoir ses règles. Pendant cette durée, elle s’abstiendra de prier. Après quoi, elle fera ses ablutions majeures (ghusl) et elle pourra ainsi prier. » (rapporté par les cinq compilateurs de hadith [3], sauf At-Tirmidhî). Si la femme n’a en revanche pas de durée fixe, alors elle pourra se référer à une observation de la teinte de son sang, conformément au hadith de Fâtimah Bint Abû Hubaysh susmentionné, dans lequel le Prophète - paix et bénédiction sur lui - dit : « S’il s’agit du sang menstruel, alors il est reconnaissable par son aspect noirâtre. » Le hadith indique ainsi que le sang menstruel se distingue par rapport aux autres types de sang. D’ailleurs, les femmes le reconnaissent très bien. »

Et Dieu est le plus Savant.

P.-S.

Traduit de la Banque de Fatâwâ du site Islamonline.net. La version originale est consultable sur archive.org.

Notes

[1Le terme arabe traduit ici par « cliente » est mawlâh. Ce terme est utilisé pour désigner la relation entre deux personnes où l’une est l’invitée permanente de l’autre. Elle loge chez elle et se nourrit chez elle. L’hôte devient protecteur de cet invité permanent. L’invité doit la loyauté à son hôte. Cette coutume était très répandue en Arabie pré-islamique et elle fut conservée par l’Islam.

[2Ces femmes voulaient en fait demander à ʿÂ’ishah, spécialiste dans ce domaine, son avis sur la couleur de leurs prélèvements menstruels. Elles voulaient ainsi savoir si un écoulement menstruel jaunâtre les empêchait de revenir à leur train de vie cultuel habituel.

[3Les cinq compilateurs sont Al-Bukhârî, Muslim, Abû Dâwûd, At-Tirmidhî et An-Nasâ’î. NdT

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