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Enseigner les rites de la ʿUmrah à l’aide d’une maquette de la Kaʿbah

jeudi 14 décembre 2006

Question

Est-il juridiquement admis d’enseigner les rites de la ʿUmrah en construisant une maquette de la Kaʿbah et en faisant les circumambulations (tawâf) autour d’elle ?

Réponse de Sheikh ʿAlî Gomaa

Allâh éleva le rang des savants disant : « Dis : “Sont-ils égaux, ceux qui savent et ceux qui ne savent pas ?” Seuls les doués d’intelligence se rappellent » [1] et leur demanda — Exalté soit-Il — d’instruire Ses serviteurs disant : « Allâh prit, de ceux auxquels le Livre était donné, cet engagement : “Exposez-le, certes, aux gens et ne le cachez pas” » [2]. Il nous ordonna aussi — Exalté soit-Il — d’accomplir le Hajj (grand pèlerinage) et la ʿUmrah (petit pèlerinage) par Sa parole : « Et accomplissez pour Allâh le Hajj et la ʿUmrah » [3] ; Il nous ordonna de nous en acquitter parfaitement.

Bien entendu, sans science nulle action ne pourrait être entreprise. Dans son Sahîh, l’Imâm Al-Bukhârî disposa dans le chapitre de la science une section intitulée : « La science précède la parole et l’acte ». Sous ce titre, il écrivit : « La science devance la parole et l’acte car Allâh dit : « Sache donc qu’en vérité, il n’y a point de divinité à part Allâh » [4]. La science fut donc évoquée en premier » (Fin de citation) [5].

La diversité des méthodes pédagogiques caractérise l’enseignement prodigué par Allâh — Exalté soit-Il — à Son Prophète élu — paix et bénédictions —. Ainsi le Prophète affirma-t-il lorsqu’on l’interrogea sur la manière dont la révélation lui était transmise : « Parfois, elle m’est transmise comme le tintement d’une cloche et c’est la manière la plus dure pour moi. Puis, on m’en sépare quand j’ai parfaitement saisi (le message). Parfois, l’ange prend la forme d’un homme, me parle et je comprends ce qu’il dit. » [6].

On rapporta également que l’invisible était projeté devant lui comme dans le hadith narré par Anas Ibn Mâlik stipulant que le Messager — paix et bénédictions sur lui — dit : « Par Celui Qui détient mon âme dans Sa main, le Paradis et l’Enfer viennent de m’être exposés sur ce mur pendant que je priais. Je n’ai jamais vu autant de bonheur et de malheur qu’en ce jour. » [7]. Un hadith similaire fut également narré à propos du voyage nocturne, lorsque les mécréants demandèrent au Prophète — paix et bénédictions sur lui —, de décrire Bayt Al-Maqdis (La mosquée sacrée de Jérusalem). Il dit à ce sujet : « Quand Quraysh me démentit, je me levai dans le Hijr ; Allâh me dévoila Bayt Al-Maqdis et je me mis alors à leur décrire ses caractéristiques tandis que je l’embrassais du regard » [8].

Cette diversité des méthodes caractérise également l’enseignement prodigué par le Prophète — paix et bénédictions sur lui — à ses compagnons. Il utilisa à titre d’exemple ce qui, de nos jours, ressemblerait à des schémas explicatifs comme dans le hadith narré par Ibn Masʿûd : « Le Prophète — paix et bénédictions sur lui — dessina un carré, puis de son centre, traça une ligne qu’il prolongea vers son extérieur. Puis, il traça d’autres traits plus courts qui coupent cette ligne sans dépasser les limites du carré. Ensuite, il dit : "Voici l’homme et ceci est sa fin qui le cerne (le carré). La ligne qui sort du carré représente son projet alors que les traits courts sont les contingences. S’il échappe à l’une d’entre elles, il sera rattrapé par une autre et s’il échappe à l’autre, il sera rattrapé par une autre." » [9]. Al-Bukhârî rapporta également le hadith narré par Anas selon lequel le Prophète — paix et bénédictions sur lui— traça des traits et dit : « Voici son projet et voici sa fin. L’homme continuera (à vivre) jusqu’à ce qu’il soit atteint par le trait le plus proche ».

Parfois, le Prophète illustrait son propos d’un geste comme dans le hadith narré par Abû Hurayrah au sujet des (enfants) ayant parlé dans le berceau. Dans ce hadith, le Prophète dit : « ... Un jour, tandis qu’une femme israélite allaitait l’un de ses enfants, un homme portant un insigne passa devant elle sur sa monture. Elle dit : « Puisse Allâh rendre mon fils comme lui ! » Le nourrisson lâcha alors son sein, se tourna vers l’homme et dit : « Ô Allâh, ne me rends pas comme lui ! ». Puis, il téta le sein de sa mère de nouveau. ». Abû Hurayrah ajouta : « C’est comme si je voyais le Prophète — paix et bénédictions sur lui — suçant son doigt ». Rapporté par Al-Bukhârî et Muslim selon les termes d’Al-Bukhârî. Selon une autre variante rapportée par Muslim, Abû Hurayrah aurait ajouté : C’est comme si je voyais le Messager — paix et bénédictions sur lui — imitant la tétée de l’enfant en mettant son index dans la bouche et en le suçant. En commentaire de ce hadith, Al-Hâfidh Ibn Hajar expliqua que cela démontre un soin particulier à clarifier le propos en l’illustrant d’un geste. (Fin de citation).

Parfois, le Prophète — paix et bénédictions sur lui — marquait aussi la ressemblance entre un compagnon présent et une personne absente afin d’évoquer l’apparence de cette dernière dans les esprits. Il fit cela en comparant l’apparence de certains prophètes, de Gabriel et de l’Ante-Christ à celle de certains Compagnons. Il dit ensuite : « Quant à l’apparence d’Ibrâhîm, regardez votre compagnon, se désignant lui-même — paix et bénédictions sur lui —, ... ». [10].

Il est de même rapporté que le Prophète accomplit certains actes de culte à titre pédagogique, comme dans le hadith rapporté par Sahl Ibn Saʿd, selon lequel le Prophète — paix et bénédictions sur lui — après avoir accompli sa prière, s’adressa aux gens depuis le minbar et dit : « Ô gens ! J’ai fait cela afin que vous suiviez mon exemple et que vous appreniez la manière dont je prie » [11]. Cette méthode fut par la suite adoptée par nos pieux prédécesseurs. À cet égard, Abû Qilâbah dit : « Mâlik Ibn Al-Huwayrith, l’un des Compagnons, se rendit dans notre mosquée et dit : "Je dirige votre prière sans que la prière soit mon dessein. Je prie comme j’ai vu le Prophète — paix et bénédictions sur lui — prier." » [12].

Par ailleurs, Shuʿbah rapporta, selon Muʿâwiyah Ibn Qurrah, selon ʿAbd Allâh Ibn Mughaffal Al-Muzanî que : « Le jour de la conquête (de la Mecque), tandis que le Prophète — paix et bénédictions sur lui — était sur son chameau, je l’ai vu réciter la sourate Al-Fath, ou un passage de sourate Al-Fath. » Il ajouta : « Et Il modulait sa voix. » Muʿâwiyah imita la récitation d’Ibn Mughaffal, puis il dit : « Si je ne craignais pas de rameuter les gens autour de vous, j’aurais modulé ma voix à la manière d’Ibn Mughaffal, lorsqu’il a imité le Prophète — paix et bénédictions sur lui — ». Shuʿbah demanda alors à Muʿâwiyah : « Comment modulait-il sa voix ? ». Il répondit : « Â-Â-Â, trois fois ». [13].

La vue marque davantage les esprits que l’ouïe, comme l’affirme le hadith : « Le rapport n’est pas comme le témoignage de visu. Quand Allâh — Exalté soit-Il — informa Moïse de ce que son peuple avait fait du veau, il ne jeta pas les tables (de la Loi). Mais lorsqu’il vit lui-même ce qu’ils en avaient fait, il jeta les tables, qui se cassèrent » [14].

De ce qui précède, on conclut que rien n’empêche l’enseignement des rites de la ʿUmrah de la manière décrite dans la question. Cela pourrait même être recommandé. Cette approche pourrait même devenir obligatoire s’il s’avérait impossible de comprendre le rite sans elle. Cet enseignement doit cependant se faire dans une atmosphère d’exaltation des rites d’Allâh : « ...Et quiconque exalte les injonctions sacrées d’Allâh, s’inspire en effet de la piété des cœurs » [15].

Puisse Allâh nous accorder ainsi qu’aux musulmans la science utile et nous guider vers la bonne application de la religion.

Allâh — Exalté soit-Il — est le plus Savant.

P.-S.

Traduit de l’arabe avec l’aimable autorisation de Dâr Al-iftâ’ en Égypte.

Notes

[1Sourate 39, Az-Zumar, Les groupes, verset 9.

[2Sourate 3, Âl ʿImrân, La famille d’Amram, verset 187.

[3Sourate 2, Al-Baqarah, La génisse, verset 196.

[4Sourate 47, Muhammad, verset 19.

[5Sahîh Al-Bukhârî, volume 1, page 37.

[6Rapporté par Al-Bukhârî et Muslim selon ʿÂ’ishah.

[7Rapporté par Al-Bukhârî et Muslim.

[8Rapporté par Al-Bukhârî et Muslim selon Jâbir.

[9Rapporté par Al-Bukhârî.

[10Narrations rapportées dans Sahîh Muslim (166—169) selon nombre de Compagnons et l’origine de certaines se trouve dans le Sahîh Al-Bukhârî.

[11Rapporté par Al-Bukhârî et Muslim.

[12Rapporté par Al-Bukhârî dans le chapitre de celui qui dirige la prière des gens en n’ayant que l’intention de leur enseigner la prière et la sunnah du Prophète — paix et bénédictions sur lui —.

[13Rapporté par Al-Bukhârî.

[14Rapporté par Ibn Hibbân, Al-Hâkim et At-Tabarânî dans Al-Kabîr et Al-Awsat, selon les termes d’Ibn Hibbân d’après Ibn ʿAbbâs.

[15Sourate 22, Al-Hajj, Le pèlerinage, verset 32.

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