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Épître du soufisme

Épître du soufisme (1)

dimanche 25 avril 2004

Mon Fils,

Tu m’as interrogé au sujet du tasawwuf (soufisme) authentique. Par la Grâce d’Allah, me voici saisissant ma plume pour te transmettre quelques-uns de ses éléments qui me viennent à l’esprit et t’orienter vers ses horizons, afin que tu découvres certaines de ses vérités.

Je te transmets dans mon écrit que voici certaines paroles des maîtres de cette discipline, des fruits de ma propre expérience, et de ce qui parvient par le flux de la Grâce de Dieu - Exalté soit-Il.
Il se peut que mon exposé soit perfectible dans la forme, mais je prie Allah de ne point manquer la vérité ni le succès.

Ô Allah, je cherche refuge auprès de Toi contre des paroles que je ne mets pas en pratique et contre des mots que j’ignore. Je cherche refuge auprès de Toi contre l’hypocrisie et la polémique pour appuyer le faux. Je cherche refuge auprès de Toi contre l’usage de la religion pour un vil commerce et contre l’usage du savoir comme une marchandise. Je cherche refuge auprès de Toi contre l’oubli du Créateur du monde pour les artifices de ce bas-monde et contre des œuvres hypocrites supposées être pour l’Au-delà.

On dit que le tasawwuf pratique est une expérience qui te conduit à la gustation spirituelle, la pureté, la contemplation, la pénétration du secret de l’être et l’essence du statut de vicaire de Dieu sur terre. Sa voie réside dans la science et la dévotion. Nul ne peut se substituer à toi dans cette expérience, car nul ne peut goûter pour toi et tu ne peux voir par les yeux d’autrui. Peux-tu connaître le goût d’une pomme sans en manger vraiment ? Peux-tu te contenter de regarder le miel ou te satisfaire de la connaissance de ses ingrédients pour te délecter de sa saveur sans que le miel ne se mêle à ton palet et ne tapisse ta langue ? Est-il possible d’apaiser une faim ou d’étancher une soif par le biais de l’imagination sans consommer nourriture ou boisson ? La réponse évidente est négative. Il est en de même pour l’expérience soufie : le savoir ne suffit pas à lui seul et les sentiers de la philosophie n’y conduisent pas. Le savoir et la philosophie sont des œuvres de l’esprit, mais cette expérience est une œuvre du coeur. Une différence manifeste existe entre ces deux sphères. Toutefois, les expressions soufies, lorsqu’elles mûrissent par le sentiment profond, l’effort assidu et la gustation, elles sont capables de modifier le for intérieur par lequel se modifie, à son tour, l’apparence. C’est alors une nouvelle naissance de l’individu. Une naissance pleine de lumière, d’amour, de bénédiction et de productivité. Ainsi parlaient les Sheikhs !

Quant à la simple lecture des livres du tasawwuf, sans effort, ce n’est qu’un simple plaisir intellectuel et une culture de l’esprit. Si l’âme incitatrice au mal y prend part, c’est là une source d’égarement.

Les dons spirituels et les illuminations du coeur, quant à eux, sont des fruits de l’effort et de l’œuvre. Les Soufis sont des gens ayant des états spirituels (ahwâl) et non des orateurs. N’arrivera point à la contemplation (mushâhadah) celui qui abandonne l’effort dans la dévotion (mujâhadah).

P.-S.

Traduit de l’arabe de l’épître de Sheikh Muhammad Zakî Ibrâhîm, Al-Khitâb, sixième édition, 2000.

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