samedi 2 octobre 2004
Dans l’entretien qu’il donna à Nadwat Liwâ Al-Islâm, le Professeur Sabrî ʿÂbidîn dit au sujet du soufisme et de son lien avec la religion : « J’ai vu par moi-même comment sont les soufis au Soudan, en Érythrée, en Abyssinie et en Somalie. L’autorité soufie dont jouit As-Sayyid Al-Mirghânî est non négligeable. Ainsi ce n’est pas le gouvernement qui nomme les juges en Érythrée, c’est plutôt lui qui nomme les juges, les prédicateurs et les muezzins. De plus, l’autorité religieuse lui revient en sa qualité de chef de la confrérie soufie.
En réalité, les soufis propagent l’islam dans le monde. Par exemple, il y a cinquante ans de celà, Sheikh Al-Bakrî écrivit un livre où il cita le témoignage des évangélistes chrétiens : "Nous sommes allés aux confins de l’Afrique et de l’Asie, dans des régions éloignées de toute civilisation, et à chaque fois, les soufis nous y avaient précédé et avaient triomphé de nous".
Si seulement les musulmans saisissaient ce que les soufis recèlent comme forces spirituelles et matérielles. Leurs soldats sont au service de l’islam. J’ai vu sur les frontières séparant l’Éthiopie, le Soudan et l’Érythrée une mission évangéliste suédoise. Non loin, il y avait des cabanes construites par des soufis qui ont su gâcher le séjour des missionnaires suédois pendant quarante ans. C’est pourquoi je souhaiterais que nous travaillions la main dans la main pour arrêter ces mouvances qui nous font du tort religieusement et politiquement. Les gens qui s’en prennent aux soufis ne sont pas eux-mêmes au-dessus des soupçons, ils sont eux-mêmes noyés dans les choses douteuses... »
Puis il dit : « La plus grande calamité qui a touché les musulmans c’est qu’ils n’appliquent pas la totalité de l’islam. Les soufis quant à eux se sont engagés à appliquer l’ensemble de l’islam ; ils sont même allés plus loin en se forçant à accomplir les commandements originels dans les situations ouvrant le droit à des dérogations, et ce, en dépit du fait qu’Allâh aime que l’on jouisse de Ses dérogations tout comme Il aime qu’on accomplisse les commandements originels. Pour quelle raison ? Parce que leur école est fondée sur l’ascétisme. Je dirais, en outre, que le fondement de l’ascétisme provient du Prophète - paix et bénédictions sur lui. Le Messager - paix et bénédictions sur lui - était détaché de cette vie et de ses délices. Il vécut et rejoignit le Compagnon Suprême sans jamais manger du pain fin et sans jamais manger assis à une table. Le Messager - paix et bénédictions sur lui - était un modèle pour les Califes Bien Guidés, pour ceux qui le suivirent et pour l’ensemble des musulmans. Les soufis pour leur part, conformément à ce qui est attesté dans leurs ouvrages, s’engagèrent à n’inclure dans leurs rangs que les gens qui s’attachent au Livre et à la Sunnah. Ils énoncèrent les règles le stipulant dans leurs ouvrages comme Ar-Risâlah Al-Qushayriyyah de Abû Al-Qâsim Al-Qushayrî, Ihyâ’ ʿUlûm Ad-Dîn d’Al-Ghazâlî, Hilyat Al-Awliyâ’ de Abû Nuʿaym Al-Asfahânî et Qawâʿid At-Tasawwuf (Les Règles du soufisme) de Ahmad Zarrûq.
Nous affirmons que les gens qui fouillent dans une science à la recherche de quelque chose à critiquer, et qui la dénoncent sans en avoir connaissance, sont à l’image d’un homme qui ne connaît rien à la médecine mais la rejette, ou comme un cordonnier qui conteste les sciences de l’ingénieur.
Ici-même, en Égypte, lorsque les armées croisées vinrent à Damiette, les soufis tels que Abû Al-Hasan Ash-Shâdhilî, Al-ʿIzz Ibn ʿAbd As-Salâm, Abû Al-Fath Ibn Daqîq Al-ʿÎd ainsi que d’autres savants jouèrent un rôle précieux dans la lutte contre les croisades. » [1]
Traduit de l’arabe du livre de Sheikh ʿAbd Al-Qâdir ʿÎsâ, Haqâ’iq ʿan At-Tasawwuf, disponible en ligne sur le site Shazly.com.
[1] Conférer la revue Liwâ’ Al-Islâm, n°10, 1375 A.H. - 1956 E.C., Nadwat Liwâ’ Al-Islâm, pages 645-647.
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