Mon fils,

Si l’on dit que le tasawwuf émane de la notion de pureté (safa’), alors le terme tasawwuf est tellement noble qu’il ne peut être dérivé de quelque genre. En effet, l’harmonie en substance est une condition requise pour une telle dérivation. Or les objets existants sont contraires à la pureté - ils sont entachés d’impuretés, exception faite de ce qui est pour Dieu. Ainsi, les notions ne peuvent être dérivées de leurs antonymes.

Le soufi est celui qui a atteint sa destination...

Le prétendant au tasawwuf (mutasawwif) est celui qui s’attèle aux fondements.

Quant au faux-prétendant au tasawwuf (mutamaswif), il s’attache au superflu.

Et quand le Bien-aimé est Satisfait, Il révèle ce qui est voilé.

Le tasawwuf, c’est l’annihilation des attributs du serviteur devant l’éternité des Attributs du Seigneur. C’est pour cela que l’on dit que le soufi ne possède rien et nul ne le possède. Il ne possède pas son être, lequel appartient à Dieu, et il n’appartient à nul autre, que ce soit l’argent, la célébrité, ou un être humain. Il est à noter que la validité d’une propriété exige l’existence même de l’objet possédé. Or le soufi, complètement acquis à l’Amour de son Seigneur, n’est plus de ce monde.

L’apprenti qui s’initie au tasawwuf est conscient de son être et, bien qu’il voie son imperfection, son être constitue un voile qui le sépare de son Seigneur.

Quant au soufi accompli, il préserve son regard de se poser sur lui-même, si bien qu’il cesse de se voir entièrement, car il contemple en permanence le Qayyûm, Celui Qui Suffit à Lui-même et dont dépend toute existence, Le Seul Existant Vrai, car tout être qui n’est point suffisant à lui-même n’est que néant qui a pris forme.