lundi 7 juillet 2003
Le Soufi est un dévot. C’est aussi un ascète, doté d’excellentes manières. Mais il dépasse cela et vit avec une "volonté ferme (irâdah) et un entraînement assidû (riyâdah)".
Il s’agit d’une volonté ferme et inflexible ; une volonté qui, par sa force et sa fermeté, écarte tout obstacle pour atteindre Dieu - Exalté Soit-Il.
C’est aussi un entraînement assidû dont Dieu est l’Unique objectif. C’est un entraînement dont le sens se manifeste de façon limpide dans l’essence de l’Émigration et du Cheminement vers Dieu - Exalté Soit-Il. C’est une fuite vers Lui.
"La volonté ferme et l’entraînement assidû" pour réaliser le noble sens du verset coranique : "Tout aboutit, en vérité, vers ton Seigneur" (wa anna ilâ rabbik al-muntahâ) [1].
C’est ainsi que la volonté ferme et l’entraînement assidû s’entraident pour arriver, par la Grâce de Dieu, à cet aboutissement indispensable, afin que la volonté s’apaise.
Dieu - Exalté Soit-Il - nous ordonne, par la langue de Son Messager - paix et bénédiction de Dieu sur lui - de fuir vers Lui : "Fuyez donc vers Dieu. Je suis pour vous, de Sa part, un avertisseur explicite." [2].
L’homme fuit vers Dieu, de la mécréance à la foi. Il fuit vers Lui, de l’obéissance aux oeuvres de bienfaisance. Il fuit de l’univers vers Son Créateur et du bienfait vers le Bienfaiteur. De la créature vers son Créateur. De lui-même vers son Seigneur.
La fuite vers Dieu est interminable, car l’élévation est sans fin. Comme la fuite vers Dieu - Exalté Soit-Il - est permanente, l’Émigration vers Lui, est permanente. Notre maître Ibrâhim, paix sur lui, dit : "Certes, j’émigre vers mon Seigneur, car c’est Lui le Tout Puissant, le Sage." [3].
Il émigre vers son Seigneur, par chacune de ses oeuvres, par ses mouvements et son immobilité, et par ses souffles. Il émigre vers Lui, par son sommeil et son éveil, par chacun de ses souffles.
L’émigration vers Dieu et la fuite vers Lui ont le même sens. C’est un sens profond, absorbant et englobant. Il est expliqué, dans sa globalité, dans ces mots du Messager Élu - paix et bénédiction de Dieu sur lui - dans sa soumission à Dieu et à Sa Guidance : "Dis : "En vérité, ma prière, mes actes de dévotion, ma vie et ma mort appartiennent à Dieu, Seigneur de l’Univers * A Lui nul associé ! Voilà ce qu’il m’a été ordonné et je suis le premier à me soumettre." [4].
Dans une situation islamique saine, la prière de l’homme, ses actes de dévotion, sa vie et sa mort, appartiennent à Dieu sans le moindre associé ; sans lui associer l’amour de l’éloge, ou le Paradis, ou encore l’Enfer.
"Fais preuve de patience (en restant) avec ceux qui invoquent leur Seigneur matin et soir, désirant Sa Face. Et que tes yeux ne se détachent point d’eux en cherchant (le faux) brillant de la vie sur terre. Et n’obéis pas à celui dont Nous avons rendu le cœur inattentif à Notre Rappel, qui poursuit sa passion et dont le comportement est outrancier." [5].
L’entraînement assidû réside dans le dhikr permanent qui consiste à se souvenir de Dieu à chaque instant et à chaque souffle. C’est le fait de se diriger par toutes les oeuvres, vers Dieu. Cette une émigration ininterrompue vers Lui - Exalté Soit-Il. Cet entraînement assidû est difficile au commencement et éprouvant au début du cheminement. C’est pour cela qu’il faut installer, pendant un certain temps, un climat favorable à l’entraînement et à la dévotion.
Réaliser ce climat favorable passe par le biais de la retraite et de l’isolement spirituels pendant un temps variable, selon les besoins de l’individu. Il se peut qu’une semaine soit suffisante, ou trois semaines, ou quarante jours. C’est un congé spirituel. C’est pour l’âme ce que les vacances d’été sont pour le corps.
Alors que les vacances du corps reviennent tous les ans pendants plusieurs mois, le congé spirituel ne se répète pas, sauf pendant la retraite au cours du mois de Ramadân : c’est conformément à la Sunnah du Prophète, une retraite de dix jours chaque année, pour tout musulman.
"La volonté ferme et l’entraînement assidû", et avec cela, les Soufis estiment, que l’affaire, en somme, appartient à... la Bonté de Dieu et Sa Bienfaisance.
Traduit de l’arabe de Al-ʿÂrif billâh, Abû Al-ʿAbbâs Al-Mursî (Le gnostique, Abû Al-ʿAbbâs Al-Mursî) de l’Imâm ʿAbd Al-Halîm Mahmoud, aux éditions Dâr Ash-Shaʿb, Le Caire, Égypte, 1972.
[1] Sourate 53, An-Najm, verset 42.
[2] Sourate 51, Adh-Dhâriyât, verset 50.
[3] Sourate 29, Al-ʿAnkabût, extrait du verset 26.
[4] Sourate 6, Al-Anʿâm, versets 162 et 163.
[5] Sourate 18, Al-Kahf, verset 28.
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