vendredi 23 novembre 2001
L’Imâm du Fiqh et du Tasawwuf, le théologien, la bénédiction des
humains, l’Imâm Abû Hâmid Al-Ghazâli, At-Tûsî
Ash-Shâfiʿi, dit en conseillant le souverain :
Sache, ô sultan, que tu es une créature et que tu as un Créateur : Il
est Le Créateur du monde et de tout ce qu’il y a dans le monde. Il n’a point
d’associé. Il est Un. Rien n’est semblable à Lui. Il est Ancien, Son Existence
ne cessera jamais, et Il est Eternel sans anéantissement. Son Existence est
Ancienne et Eternelle. Cesser d’être ne peut jamais s’appliquer à Lui. Il existe
par Lui-même. Tous ont besoin de Lui et Il n’a besoin de personne. Son Existence
est par Lui-même et l’Existence de toute chose est par Lui.
Sache que le Créateur - Que Sa Mention Soit Exaltée- n’a point d’image et rien
n’est semblable à Lui. Sache qu’Il ne descend ni atterrit dans un moule (ou
forme, qâlab) et qu’Il est, Exalté Soit-Il, élevé au-dessus du
" comment ", du " combien " et du " pourquoi " qui ne lui seyent point. Rien
ne Lui ressemble. Tout ce qui effleure l’esprit comme illusion, fiction, pensée
dans une imagination, représentation ou adaptation ne peut guère Lui être attribué,
car ce sont des attributs des créatures et Il est leur Créateur. Il ne peut
donc être décrit par cela. Il - que Sa grandeur soit exaltée - n’est guère dans
un endroit, ou sur un endroit : Il n’est circoncis dans aucun endroit. Tout
ce qu’il y a dans le monde est sous Son Trône, Son Trône est sous Sa Toute-Puissance,
Soumis à Son Ordre, et Il est avant le Trône, sans endroit. Le Trône ne Le porte
point, au contraire le Trône et ses porteurs sont portés par Sa Clémence et
Sa Toute-Puissance. Son Istiwâ’ sur le Trône est comme Il a dit, conformément
à ce qu’Il a dit, et avec le sens qu’Il veut. Un Istiwâ’ exempt (munazzah)
de toute fixation (istiqrâr), exempt de tout contact (mumâssah),
exempt de confinement (tamakkun), exempt d’atterrissage (hulûl),
exempt de tout déplacement. Il est, Exalté Soit-Il, au-dessus du Trône et au-dessus
de toute chose. Malgré cela, Il est Proche de toute créature. Il est plus Proche
de l’éloigné et du proche que ne l’est la vaine jugulaire. Il a pouvoir sur
toute chose et est Témoin de tout. Il fait absolument tout ce qu’Il veut. Il
a les épithètes de la Beauté et les Attributs de la Gloire, exempt (munazzah)
de disparition ou déplacement. Il est Parfait, exempt du besoin pour un endroit,
et ce avant et après la création du Trône. Il est tel qu’Il est depuis toujours,
nul changement ni transformation ne surviennent à Ses Attributs. Il est - Exalté
Soit-Il - exempt de tout attribut des créatures. Il est connu ici-bas et vu
dans l’Au-delà tel qu’Il est connu ici-bas, c’est-à-dire sans pareil ni semblable,
car la vue de l’Au-delà n’est pas comme celle d’ici-bas. Il n’y a rien qui Lui
ressemble ; et c’est Lui l’Audient, le Clairvoyant.
Il a, Exalté Soit-Il, pouvoir sur toute chose et Son Royaume est absolument
Parfait. Exempt de toute incapacité ou défaillance. Il fait ce qu’Il a voulu
et fait ce qu’Il veut. Les sept cieux, les sept terres, la Chaise (Al-Kursi)
et le Trône (Al-ʿArch) sont saisis par la Poignée de Sa Toute-Puissance,
sous Sa Domination Suprême (Qahr), sous Son Ordre et Sa Volonté. Il est
Le Maître, nul royaume autre que le Sien. Il transcende grandement tout ce que
disent les injustes.
Il connaît, Exalté Soit-Il, tout ce qui est connaissable et Son Savoir a tout
cerné. Il n’y a rien depuis les sphères célestes jusqu’à la terre que
Sa Science n’ait cernée. En effet, les choses ne sont apparues que par Son Savoir.
Par Sa Volonté, Il les a créées, par Sa Toute-Puissance Il les a constituées.
Il connaît, Exalté Soit-Il, le nombre des grains de sable dans les déserts,
des gouttes de pluie, des feuilles des arbres, les mystérieuses pensées, et
ce que le vent et l’air ont touché est clair dans Sa Science comme le nombre
des étoiles au Ciel. Tout ce qu’il y a dans le monde est par Sa Volonté. Tout,
peu ou prou, grand ou petit, bien ou mal, utile ou nuisible, croissance ou décroissance,
repos ou mauvaise santé, tout est par Son Jugement, Sa Gestion, Sa Volonté et
Sa Décision. Si les hommes et les djinns, les anges et les démons, se réunissaient
pour déplacer ou fixer une chose fut-elle du poids d’une fourmi, ou pour la
réduire ou l’augmenter, sans Sa Volonté, Sa Force et Sa Puissance, ils seraient
incapables. Ce qu’Allâh veut est et ce qu’Il ne veut pas n’est point.
Sa Volonté n’est jamais repoussée. Tout ce qui fut, est, ou sera, est par Sa
Gestion et Son Ordre.
De même qu’Il sait tout ce qui est connaissable, Il entend tout ce qui est
audible et voit tout ce qui est visible. Par Une Ouie Unique et Une Vue Unique,
Il voit les fourmis marcher dans la nuit ténébreuse et n’échappe pas à Son Ouie
le bruit des vers de terre sous les couches du sol. Son Ouie n’est aucunement
par des oreilles, et Sa Vue n’est point par des yeux. De même que Son Savoir
n’émane pas d’une pensée, Son Acte n’émane pas d’instruments ou outils, mais
Il dit à la chose : Soit ! Et elle est aussitôt.
Son Ordre est pénétrant et obligatoire pour toutes Ses créatures. Tout ce qu’Il
annonce en terme de Promesse et Menace de Châtiment est Vrai. Son Ordre est
Sa Parole. De même qu’Il est Omniscient, Omnipotent, Audient et Clairvoyant,
Il Parle et Sa Parole est sans gorge, langue, bouche ou dents. Le Coran est
Sa Parole, ainsi que la Thora, l’Evangile, le Zabûr et les livres révélés aux
prophètes, que la paix soit sur eux tous. Sa Parole est Son Attribut et tous
Ses Attributs sont éternellement Anciens. Alors que la parole pour l’humain
est faite de lettres et de sons, la Parole d’Allaah transcende toute lettre
et tout son.
Tout ce qu’il y a dans le monde est Sa créature, Exalté soit-Il. Il n’a point
d’associé, ni de créateur. Au contraire, Il est l’Unique Créateur. Tout ce qu’Il
crée comme fatigue, maladie, pauvreté, handicap ou ignorance, est Justice de
Sa Part. L’Injustice est impossible dans Ses Actes, car l’injuste est celui
qui intervient dans la propriété d’autrui, alors que Le Créateur Exalté
Soit-Il n’agit que sur Sa Propriété et Il n’a guère de partenaire en cela. Tout
ce qui est et sera Lui appartient. Il est Le Propriétaire, sans semblable, ni
associé. Nul ne peut s’opposer à Lui par un "non" ou un "comment". A Lui appartiennent
le Jugement et l’Ordre dans tous Ses Actes, et tout autre ne peut que se soumettre
et contempler sa création et être satisfait de Ce qu’Il décide.
Il a, Exalté Soit-Il, crée le monde en deux types, corps et âme. Il a fait
du corps une demeure de l’âme afin qu’elle prépare ses vivres (zâd) en
ce bas monde en vue de la vie de l’au-delà. Il a fait que chaque âme a une durée
établie dans le corps. A terme, vient l’heure prescrite (ajal) pour cette
âme, sans avancer ni retarder. Lorsque l’heure prescrite vient, l’âme et le
corps sont séparés. Lorsque le mort est posé dans sa tombe, son âme revient
à son corps pour répondre à l’interrogatoire de Munkar et Nakîr.
Ce sont deux êtres énormes et gigantesques qui lui demandent qui est son Seigneur
et qui est Son Prophète. Si sa langue se noue et qu’il ne répond point, ils
le châtient et remplissent sa tombe de serpents et scorpions.
Le Jour de la Résurrection c’est le Jour du Jugement, la rétribution, le questionnement
et le châtiment. L’âme retourne au corps. Les registres sont rendus publics
et les actions sont exposées aux créatures. Chaque humain regarde alors dans
son registre et lit ses actes et ses œuvres. Il voit la part de son obéissance
et la part de ses péchés. Les œuvres sont pesées dans la Balance (Mîzân).
Puis, il est ordonné de traverser le Sirât (Chemin)
qui est plus fin qu’un cheveu et plus tranchant qu’une lame acérée. Toute personne
qui était dans ce bas-monde sur la voie droite et pieuse, suivant la preuve
claire, traversera le Sirât dans le repos et la
tranquillité. Si toutefois, il n’avait point un historique louable et des œuvres
pies, et qu’il a désobéi à son Maître et a suivi sa propre passion, il ne trouvera
guère son chemin sur le Sirât, ne parviendra pas à le traverser et chutera en
Enfer.
Tous sont arrêtés sur le Sirât et interrogés sur
leurs œuvres. Les véridiques seront questionnés sur leur véridicité et les hypocrites
seront éprouvés et leur historique honteux dévoilé publiquement. Il est des
gens qui entreront au Paradis sans jugement. D’autres seront jugés par la Clémence
et le Pardon. Un groupe sera aussi jugé de façon stricte et subira un éprouvant
questionnement. Puis les mécréants sont menés au Feu et ne trouveront source
de délivrance. Les gens du Paradis y entreront alors et il sera ordonné de mener
les pécheurs au Feu. Chaque personne qui sera touchée par l’intercession des
Prophètes, les savants et les personnes éminentes, sera pardonnée. Quiconque
n’aura pas d’intercesseur sera châtié à la hauteur de son péché et son crime,
puis il entrera au Paradis si sa foi avait été saine.
Comme Dieu a établi cela par Sa Volonté et qu’Il a fait que parmi les états
de l’homme et ses œuvres, certains sont une cause de son bonheur et d’autres
la raison de son malheur alors que l’homme ne peut savoir cela par lui-même,
Dieu a donc crée par Sa Bonté, Sa Miséricorde et Sa Bienfaisance, des anges
qu’il a envoyés à des humains pour qui Il a accordé le bonheur depuis l’Eternité
(al-azal). Ce sont les Prophètes, paix et bénédictions sur eux. Il les
a donc envoyés aux gens afin qu’ils leur montrent les voies du bonheur et du
malheur. Ainsi les humains n’auront-ils aucune excuse devant Dieu. Il a envoyé
notre Prophète Muhammad, paix et bénédiction de Dieu sur lui, en dernier. Il
a fait de lui un annonciateur de la bonne nouvelle et un avertisseur. Il a porté
sa qualité de Prophète au point le plus élevé de la perfection. C’est pour cela
qu’Il fait de lui un Sceau des Prophètes, point de Prophète après lui. Il a
ordonné Ses créatures parmi les humains et les djinns de lui obéir et de le
suivre. Il a fait de lui le maître des premiers et des derniers et Il a fait
de ses compagnons les meilleurs compagnons de Prophètes, que la Paix sur eux
tous.
Sache, ô sultan, que tout ce qui a dans le cœur de l’homme en terme de connaissance
et croyance, constitue un fondement de la foi. Tout ce qui se manifeste par
les sept membres, en terme d’obéissance et de justice, constitue une branche
de la foi. Si la branche est courbée, cela indique la faiblesse du fondement
qui ne pourra alors résister lorsque la mort arrive. Les œuvres du corps sont
l’adresse de la foi du cœur.
Les œuvres formant les branches de la foi consistent à s’éloigner des interdits
et accomplir les prescriptions. Elles appartiennent à deux catégories. La première
est entre toi et Dieu - comme le jeûne, la prière, le pèlerinage, l’aumône légale,
le fait de ne pas boire le vin et le fait de ne pas commettre l’interdit. La
seconde catégorie est entre toi et les créatures de Dieu - comme la justice
envers les sujets et le fait de s’abstenir de l’iniquité.
La règle en cela est d’œuvrer pour ce qui est entre toi et Dieu, en lui obéissant
dans Ses Ordres, en observant Ses interdits, et en manifestant ce que tu aimerais
que tes sujets adoptent à ton égard ; et d’œuvrer pour ce qui entre toi et tes
sujets comme tu aimerais que l’on te traite. Sache que pour ce qui est entre
toi et Le Créateur Exalté Soit-Il, Son Pardon est proche. Quant aux injustices
infligées aux gens, Il ne te pardonnera jamais cela le Jour du Jugement et le
péril de cela est énorme. Nul roi n’en sort sain et sauf, excepté celui qui
a gouverné avec justice et équité afin qu’il sache demander la Justice et l’Equité
le Jour du Jugement.
Ce texte est un extrait de At-Tibr Al-Masbûk fi Nasîhat Al-Mulûk, l’Or en Lingots dans le Conseil aux Rois.
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