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Les Miracles du Prophète

L’annonciation du ghayb

mardi 21 avril 1998

Le mot arabe "ghayb" désigne l’inaccessible en terme de connaissance. Il y a un Inaccessible temporel (personne ne peut prédire l’avenir avec certitude) et un inaccessible spatial (ce qui est hors de porté de notre perception, moyens modernes d’observation compris). Les musulmans croient que la connaissance de cet Inaccessible est une exclusivité de Dieu. Lui seul sait ce qui est et ce qui adviendra. Le verset 59 de la sourate 6 dit : "C’est Lui qui détient les clefs de l’Inaccessible. Nul autre que Lui ne les connaît. Et Il connaît ce qui est dans la terre ferme, comme dans la mer. Et pas une feuille ne tombe sans qu’Il ne le sache. Et pas une graine dans les ténèbres de la terre, rien de frais ou de sec, qui ne soit consigné dans un livre explicite." Dans le Coran 6:50, on lit : "Dis-[leur] : ‹Je ne vous dis pas que je détiens les trésors d’Allâh, ni que je connais le ghayb, et je ne vous dis pas que je suis un ange. Je ne fais que suivre ce qui m’est révélé.›" Ainsi le fidèle croit que Dieu est le seul détenteur de ce qui sera. Toutefois, Dieu peut faire une faveur à ses Prophètes en leur donnant un petit aperçu sur des élément de l’inaccessible (prédiction de l’avenir, annonciation d’évènements distants). En effet, on trouve dans les versets 72:26 et 72:27 "# [C’est Lui seul] qui connaît le ghayb. Il ne dévoile Son mystère à personne, # sauf à ceux qu’Il agrée comme Messagers et qu’Il fait précéder et suivre de gardiens vigilants,". Donc, certains Prophètes, à certaines occasions, peuvent bénéficier d’un regard sur des évènements humainement inaccessibles, scellés dans l’avenir ou hors du champs de perception. En ce qui concerne le Prophète Muhammad - que les salutations de Dieu et Ses bénédictions soient sur lui, nous connaissons plusieurs exemples où l’inaccessible lui fut dévoilé. Nous n’en citerons que cinq :

D’après la mère des croyants [ce titre désigne les épouses du Prophète] ʿAïshah - que Dieu l’agrée : Un jour, Fâtimah la fille du Prophète rendit visite à son père. Il l’accueillit et ils s’assirent côte à côte. Puis, il lui dit quelque chose en aparté qui la fit pleurer. Puis, il lui dit une autre chose qui la fit rire. Et, ʿAïshah - que Dieu l’agrée - raconte : "Quand je lui demandai pourquoi elle pleura au début et rit après coup, Fâtimah ne me dévoila la raison qu’après le décès du Prophète - que les salutations de Dieu et Ses bénédictions soient sur lui. Elle me dit : "Le Prophète de Dieu m’a dit que l’archange Gabriel avait pour habitude de réviser avec lui tout le Coran [révélé jusque là] une fois par an pendant le mois du Ramadân, et que cette année, ils l’ont révisé deux fois. Puis, il me dit [i.e. il dit à Fâtimah ] :" Je crois que mon heure est venue. Alors, ô Fâtimah, crains Dieu et soit patiente." Ceci était la raison de mes pleurs. Puis, il m’a révélé que je serai la première de ses proches à le rejoindre et c’est pourquoi j’ai ri." Cette prophétie se réalisa par le décès de la fille du Prophète - que les salutations de Dieu et Ses bénédictions soient sur lui - six mois après sa mort et elle était la première parmi les siens à le rejoindre.

La surprenante victoire de la petite armée musulmane contre la grande armée mecquoise lors de la bataille de Badr occasionna de nombreux morts et prisonniers de guerre parmi la noblesse Qoraïshite. A la suite de cette défaite amère de l’armée mecquoise, Safwân Ibn Umayyah et Wahb Ibn ʿUmayr se retrouvèrent et exprimèrent leur profonde amertume pour les personnalités qoraïshites perdues dans cette guerre. Wahb qui était un assassin professionnel fameux pour ses crimes et sa férocité, dit à son compagnon : "Si je n’avais pas autant de dettes et d’enfants à charge, je partirais vous soulager de Muhammad d’un coup d’épée. Safwân, enchanté par cette attitude, lui répondit : "Je me chargerai de tes dettes et tes enfants seront les miens. Alors, vas-y ! Tue Muhammad et venge le sang de nos parents et de nos frères !" Sur ce, Wahb prépara son épée, empoisonna sa lame et partit. Quand ʿUmar Ibn Al-Khattâb le vit arriver à la Médine, il prit peur pour le Prophète et se dépêcha de l’avertir. Le Prophète lui dit : "Quand il viendra, laisse le entrer." Quand Wahb arriva, ʿUmar prit possession de l’étui de son épée et le laissa entrer chez le Prophète. Le Prophète lui demanda : "Qu’est-ce qui t’amène ?" Wahb répondit : "Mon fils est prisonnier de guerre et vous avez demandé une rançon pour le libérer. Mais, je suis pauvre et ne possède pas cet argent. Aussi, suis-je venu te supplier afin qu’il soit relaxé sans rançon... Le Prophète lui demanda : "Si c’est ainsi, que viens-tu faire avec cette épée ?" Wahb répondit : "Dieu a combattu nos épée alors elles ne nous ont servi à rien." Le Prophète lui dit : "Et, quel est le dialogue que tu as eu avec Safwân à la Mecque ?" Wahb s’étonna : "Mais...Par Dieu, ce jour là, personne ne nous a entendu ! Et, personne n’était avec nous !! Si tu en as connaissance, tu es vraiment le Prophète de Dieu !" Ainsi Wahb embrassa-t-il l’Islam et le Prophète dit à ses compagnons : "Initiez votre frère à sa religion." Après le départ de Wahb, Safwân annonçait aux gens : "Vous allez recevoir des nouvelles très importantes dans quelques jours." Mais, à sa grande surprise, il vit Wahb revenir et lui dire qu’il allait lui rembourser tout l’argent qu’il avait pu dépenser pour ses enfants et qu’il repartirait vivre avec le Prophète et les croyants à Médine !

Parmi les prisonniers de la bataille de Badr, il y avait Sohayl Ibn ʿAmr, celui qui arrangea ultérieurement l’armistice d’Al-Hudaybiyah. Il alla voir le Prophète - que les salutations de Dieu et Ses bénédictions soient sur lui - et lui dit : "Ô Muhammad, je suis pauvre et tu demandes une rançon contre ma liberté. Or, je ne possède pas d’argent pour me libérer : laisse moi partir afin que je retourne à ma famille et exempte moi de la rançon." Le Prophète fut pris de pitié pour lui mais ʿUmar protesta : "Ô Prophète de Dieu, cet homme est un ennemi de Dieu. Il montait les gens contre toi à la Mecque avec ses discours." Mais le prophète était plutôt enclin à le relaxer. Alors, ʿUmar lui dit : "Autorise-moi donc, ô Prophète de Dieu, à lui arracher les dents pour qu’il ne puisse plus jamais haranguer les gens contre toi !" Le Prophète désapprouva : "Non, je ne le défigurerai pas de peur que Dieu ne me rende la pareille et ce, malgré que je suis un Prophète. Ca se trouve, ʿUmar, tu verras de lui une attitude que tu apprécieras." Quelques années plus tard, le jour de "la prise de la Mecque", Sohaïl embrassa l’Islam . Puis, après la mort du Prophète - que les
salutations de Dieu et Ses bénédictions soient sur lui, certains habitants de la Mecque envisagèrent de renoncer à l’Islam à l’image de certains autres Bédouins. C’est alors que Sohayl tint un discours où il dit : "Ô peuple de la Mecque ! Vous avez été les derniers à embrasser l’Islam, alors ne soyez surtout pas les premiers à l’abandonner !" Et il dit quelques paroles qui ressemblaient au discours tenu par Abû Bakr - que Dieu l’agrée - quand la mort du Prophète lui fut annoncée. Quand ʿUmar prit connaissance de la position de Sohaïl, il en fut très heureux et il se souvint de la parole du Prophète qui avait prévu cet évènement.

Al-Barâ’ Ibn ʿÂzib - que Dieu l’agrée - narre : "Pendant que nous creusions le Fossé, un rocher nous donna beaucoup de mal : aucune pioche ni massue ne l’entamait. Nous nous en sommes plaints au Prophète qui prit la pioche de Salmân Al-Fârissi et dit : "Au nom de Dieu". Il frappa un premier coup qui arracha le tiers du rocher et une vive lumière en sortit. Le Prophète s’exclama : "Allâhou Akbar [i.e. Dieu est Grand], j’ai reçu les clés de la Mésopotamie ! Par Dieu, je viens de voir ses palais rouges à l’instant et de cet endroit !" Puis, il frappa un deuxième coup qui en arracha un autre tiers et une vive lumière apparut dans la direction de la Perse. Le Prophète dit : "Dieu est Grand, j’ai reçu les clés de la Perse ! Par Dieu, je vois le palais blanc d’Al-Madâ’in [le nom donnée par les Arabes à la capitale de la Perse] de cet endroit même ! Gabriel m’a dit que ma nation en sera victorieuse alors soyez heureux de cette bonne nouvelle !" Puis, le Prophète frappa un troisième coup et dit : "Au nom de Dieu." : le reste du rocher se brisa et une lumière vive jaillit du côté du Yemen comme une torche au cœur de la nuit noire. Le Prophète s’exclama : "Allâhou Akbar, j’ai reçu les clés du Yemen. Par Dieu, je vois d’ici les portes de Sanʿa." C’est alors que les Hypocrites se dirent entre eux comme nous le révèle Coran : "Dieu et son Prophète ne nous font que de fausses promesses" Par la suite, après la mort du Prophète - que les salutations de Dieu et Ses bénédictions soient sur lui, le compagnon Abû Horaïrah, voyant les armées musulmanes aller de victoire en victoire et de conquête en conquête disait : "Conquérez toutes les villes que vous voulez, il n’y en a pas une dont on n’a pas donné les clés au Prophète.

Lors de la bataille de Mu’tah, le Prophète - que les salutations de Dieu et Ses bénédictions soient sur lui - envoya une armée pour combattre les Romains. L’armée était commandée par Zayd Ibn Hârithah - que Dieu l’agrée - et comptait trois mille soldats. En face, l’armée romaine comptait environ deux cent mille soldats. Les combats étaient très féroces. Un jour, à la Médine, on entendit le Prophète - que les salutations de Dieu et Ses bénédictions soient sur lui - dire : "Zaïd Ibn Hârithah a gagné le martyr, et Jaʿfar Ibn Abi Tâlib l’a remplacé [au commandement de l’armée]. Puis, Jaʿfar a à son tour gagné le martyr cédant la place à ʿAbdillâh Ibn Rawâhah qui à son tour a gagné le martyr cédant le commandement à l’une des épées de Dieu qui a tiré les musulmans d’affaire." Quand les soldats sont rentrés à la Médine, ils ne firent que confirmée ce que le Prophète - que les salutations de Dieu et Ses bénédictions soient sur lui - avait prédit et que celui qui prit le commandement de l’armée après ʿAbdillâh Ibn Rawâhah n’était autre que Khâlid Ibn Al-Walîd qui fit l’unanimité des musulmans pour prendre le commandement de l’armée. Et, Khâlid, le stratège que nous connaissons très bien, voyant la disproportion entre les deux armées, réussit par la ruse à faire croire aux Romains qu’ils recevaient des renforts importants pendant que son armée se retirait progressivement. Ainsi il réussit à sauver son armée sans que l’ennemi n’ose sortir à leur poursuite. De surcroît, l’histoire a enregistré sans équivoque que Khâlid était bel et bien une épée de Dieu comme le Prophète - que les salutations de Dieu et Ses bénédictions soient sur lui - l’a décrit.

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