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Le Soufisme et l’Islam

La définition du Tasawwuf

lundi 4 août 2003

Les Soufis ont exprimé ces significations dans une franchise dépourvue de la moindre confusion et dans une clarté dénuée de la moindre ambiguïté. Nous commencerons par citer leurs définitions du Tasawwuf en tant que méthodologie. Les définitions suivantes explicitent la méthodologie dans sa globalité ou mettent l’accent sur une de ses facettes.

1 - Le Soufi, c’est celui dont le coeur s’est purifié [1] (purification de l’être).

2 - Le Tasawwuf, c’est le parachèvement de la bienséance [2] (la méthodologie dans sa dimension éthique).

3 - Le Soufi, c’est celui dont le coeur s’est purifié pour son Seigneur, si bien que son coeur est empli de lumière. Et c’est celui qui goûte à l’essence du délice par l’invocation de Dieu [3].

4 - Le Tasawwuf c’est le fait que Dieu te privilégie par la pureté. Le Soufi, c’est celui qui est détaché de tout ce qui est autre que Dieu [4].

5 - Il convient de noter qu’Al-Junayd a plusieurs définitions du Tasawwuf, chacune mettant en valeur une dimension du Tasawwuf en termes de méthodologie ou de finalité. C’est ainsi que nous tenons de lui plus de dix définitions. La définition suivante, bien que non exhaustive, couvre de multiples facettes du Tasawwuf : "Le Tasawwuf, c’est la purification des coeurs afin qu’ils ne retournent plus à leur faiblesse propre, c’est le délaissement des caractères propres, l’extinction des attributs humains, l’éloignement des bas désirs de l’âme charnelle, le développement des attributs spirituels, l’attachement aux sciences de la vérité, l’accomplissement de toute oeuvre bénéfique pour l’Au-delà, le conseil sincère à toute la communauté, la sincérité dans l’observance de la vérité, et la fidélité à la législation du Prophète, paix et bénédiction de Dieu sur lui".

Il y a par ailleurs des définitions liées à la finalité du Tasawwuf. On demanda à Ash-Shiblî : "Quel est le commencement et l’aboutissement de cette voie ?" Il répondit : "Son commencement, c’est la connaissance de Dieu. Son aboutissement c’est la perfection dans le Monothéisme", c’est-à-dire que sa finalité consiste à témoigner qu’il n’y a point de divinité à part Dieu [5].

Toutes ces définitions semblent néanmoins limitées. Leur grand intérêt est qu’elles dépeignent, tour à tour, l’une des facettes du Tasawwuf. En effet, lorsqu’une définition s’attarde sur la méthodologie uniquement, elle n’explicite pas le Tasawwuf dans sa globalité. Il en est de même pour une définition qui traite de la finalité uniquement ; elle ne reflète pas entièrement la compréhension du Tasawwuf selon les anciens et les contemporains.

Les anciens comme les contemporains, parmi les Soufis et les historiens du Tasawwuf, voient en cette discipline une méthodologie et une finalité, une voie et une vérité, un cheminement et un aboutissement.

Les Soufis usent de la métaphore du cercle et de son centre pour décrire l’unité englobant la méthodologie et la finalité. Sheikh ʿAbd Al-Wâhid Yahyâ dit : "La voie (tarîqah) est une ligne qui part du cercle pour atteindre son centre. Chaque point du cercle constitue un point de départ. Ces lignes infinies convergent vers le centre. Ce sont les voies ; des voies qui varient selon la diversité des caractères humains. C’est pour cela que l’on dit : Les voies vers Dieu sont aussi nombreuses que les âmes des enfants d’Adam. Quand bien même elles seraient différentes, leur but est unique, car le centre est unique, tout comme la vérité est unique. Il convient de noter que ces différences qui existent au commencement s’estompent avec l’effacement des caractères propres, lorsque l’itinérant atteint des degrés élevés. Lorsque ses caractères propres disparaissent, c’est l’extinction (al-fanâ’), et c’est l’établissement durable (al-baqâ’) de ses caractères seigneuriaux. L’alliance entre la Tarîqah (la Voie) et la Haqîqah (la Vérité) s’appelle le Tasawwuf. Il ne s’agit pas d’une école de pensée particulière, car c’est la Vérité absolue. Les Turuq [6] ne constituent pas des écoles divergentes. Ce sont des voies, c’est-à-dire des chemins, aboutissant toutes à la Vérité Absolue : l’Unicité de Dieu".

P.-S.

Traduit de l’arabe de Al-ʿÂrif billâh, Abû Al-ʿAbbâs Al-Mursî (Le gnostique, Abû Al-ʿAbbâs Al-Mursî) de l’Imâm ʿAbd Al-Halîm Mahmoud, aux éditions Dâr Ash-Shaʿb, Le Caire, Égypte, 1972.

Notes

[1Parole de Bishr Al-Hâfî, décédé en 227 A.H.

[2Parole de Abû Hafs Al-Haddâd, décédé en 265 A.H.

[3Parole de Abû Saʿîd Al-Kharrâz, décédé en 297 A.H.

[4Parole d’Al-Junayd Al-Baghdâdî, décédé en 297 A.H.

[5Voir le chapitre précédent pour comprendre le sens profond de ce témoignage.

[6Pluriel de Tarîqah, il s’agit littéralement d’une voie, une façon ou une manière. Terme consacré désignant une école du Tasawwuf.

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