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La femme en tant que mère

samedi 30 mars 2002

L’histoire ne connut aucune religion ni système ayant honoré et élevé la femme en sa qualité de mère autant que l’islam, lequel insista sur les égards qui lui sont dus à tel point qu’il en fit mention juste après la déclaration de l’Unicité de Dieu et le devoir de L’adorer. Il compta la bienfaisance envers elle parmi les principes de la vertu et donna la précédence à ses droits par rapport à ceux du père en raison des peines qu’elle endure pendant la grossesse, l’accouchement, l’allaitement et l’éducation. C’est ce que le Coran établit et répète dans nombre de sourates pour mieux marquer les esprits des enfants comme par exemple dans la parole du Très Haut : "Nous commandâmes à l’homme la bienfaisance envers ses parents ; sa mère l’ayant porté subissant pour lui peine sur peine : son sevrage a lieu en deux ans.› Sois reconnaissant envers Moi ainsi qu’envers tes parents. Vers Moi est la destination." [31:14] "Et Nous avons enjoint à l’homme de la bonté envers ses père et mère : sa mère l’a péniblement porté et en a péniblement accouché ; et sa gestation et sevrage durant trente mois". [46:15]

Un homme se rendit chez le Prophète — paix et bénédictions sur lui — et lui demanda : "Qui mérite le plus ma (bonne) compagnie ?" — Ta mère, lui dit le Prophète. — Puis qui ?, demanda-t-il. — Ta mère, lui dit le Prophète. — Puis qui ?, demanda-t-il à nouveau. — Ta mère, lui dit le Prophète. — Puis qui ?, demanda-t-il à nouveau. — Ton père, lui répondit le Prophète".

Al-Bazzâr rapporte qu’un homme portait sa mère en faisant les circumambulations (tawâf) du pélerinage. Celui-ci demanda au Prophète si, de cette manière, il se serait acquitté de sa dette envers elle. Le Prophète lui répondit : "Non, cela ne vaut pas un seul souffle" faisant référence aux souffles du travail et de l’accouchement et les peines qu’elle endure pour son enfant. La bienfaisance (al-birr) envers elle se traduit par lui être de bonne compagnie, l’honorer, lui obéir sauf dans un péché, rechercher sa satisfaction dans toute chose, et même sur le plan du jihâd, s’il s’agit d’une obligation de suffisance communautaire [1], il n’est permis qu’avec son autorisation car la bienfaisance envers elle est une sorte de jihâd.

Un homme vint voir le Prophète — paix et bénédictions sur lui — et lui dit : "Je voudrais aller au front mais je voulais prendre ton avis au préalable." Le Prophète lui dit : "As-tu une mère (toujours en vie) ?" L’homme acquiesça. Le Prophète lui dit : "Ne t’en sépare pas car le paradis se trouve à ses pieds." Certaines religions négligeaient les rapports avec la mère et n’y prêtaient aucune attention mais l’islam recommanda, non seulement d’être bienfaisant envers les parents, mais aussi de soigner nos liens avec nos oncles et tantes maternels et paternels.

Un homme vint voir le Prophète — paix et bénédictions sur lui — et lui dit : "J’ai péché, puis-je espérer un repentir ?" Le Prophète lui demanda : "As-tu une mère en vie ?" Il répondit que non. Le Prophète lui demanda : "As-tu une tante maternelle ?" Il dit que oui. Alors le Prophète lui recommanda : "Sois donc bienfaisant envers elle." Parmi les prescriptions étonnantes de l’islam, il y a le commandement de la bienfaisance envers la mère fût-elle païenne. En effet, Asmâ’ Bint Abî Bakr interrogea le Prophète — paix et bénédictions sur lui — au sujet de sa relation avec sa mère païenne qui était venue lui rendre visite. Il lui dit : "Oui, sois bienfaisante envers elle."

L’islam a accordé beaucoup de soins à la maternité, ses droits et les sentiments qui l’accompagnent si bien que la mère divorcée a la priorité sur la garde des enfants par rapport au père. Une femme dit : "Ô Messager de Dieu, mon fils que voici, mon ventre l’a abrité, mon sein l’a abreuvé, et mes genoux l’ont porté. Mais, son père m’a répudiée et veut me séparer de lui !" Le Prophète — paix et bénédictions sur lui — dit : "Tu es plus en droit de le garder tant que tu ne te seras pas remariée".

Un litige opposa ʿOmar à son ex-épouse devant Abû Bakr au sujet de leur fils ʿÂsim. Abû Bakr jugea en faveur de la mère et dit à ʿOmar : "Son souffle, son odeur et son verbe lui sont plus bénéfique que toi". De fait, les liens maternels comptent plus que les liens paternels en matière de garde des enfants.

La mère qui a bénéficié de toute cette attention de la part de l’islam et pour qui il a donné tous ces droits a aussi des devoirs : bien éduquer ses enfants, leur inculquer les vertus, leur rendre les turpitudes détestables, les habituer à obéir à Dieu, les encourager à soutenir ce qui est juste, ne pas les dissuader du jihâd sous l’effet de son affect et favoriser l’appel de la vérité sur l’appel de l’affect.

Par exemple, nous avons vu comment une mère croyante comme Al-Khansâ’ incitait ses quatre fils pendant la bataille d’Al-Qâdisiyyah et leur recommandait d’aller de l’avant et d’être fermes, le tout dans un merveilleux discours éloquent. A peine la bataille fut-elle terminée qu’on lui annonçait le décès de tous ses fils. Elle ne se lamenta ni hurla. Elle dit avec satisfaction et certitude : Louange à Allâh qui m’a honoré par leur mort dans sa voie !!

P.-S.

Nous nous sommes basés sur le chapitre 11 du livre Les Traits de la Société Islamique que Nous Espérons disponible sur qaradawi.net

Notes

[1En islam, on distingue de types d’obligations, les obligations individuelles dont chacun doit obligatoirement s’acquitter appelées fard ʿayn et les obligations de suffisance communautairefard kifâyah - qui ne sont plus requises à l’échelle individuelle à condition que suffisamment de personnes s’y attèlent au niveau de la communauté.

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