lundi 27 janvier 2003
Avant la guerre du Golfe en 1990, l’Irak pouvait se targuer d’un des niveaux de vie les plus élevés du Moyen-Orient. Selon le rapport des donateurs de l’UNICEF du 31 août 2000, un rapport de l’ONU de 1991 décrivait l’Irak du milieu des années 80 comme un pays approchant les normes des pays développés. Le pays disposait d’un système de santé élaboré, d’un réseau moderne de télécommunication, de 24 centrales électriques, d’installations sophistiquées pour le traitement des eaux usées et de l’eau potable disponible pour une large majorité de la population.
Le 6 août 1990, sous l’influence des Etats-Unis, le Conseil de sécurité de l’ONU impose des sanctions économiques à l’Irak afin de l’obliger à se retirer du Koweit. Ces sanctions ont été maintenues bien après le retrait des troupes irakiennes du Koweit en 1991, sous le prétexte d’exercer une pression sur l’Irak afin que le pays mette un terme à son programme d’armement.
Ces santions — les plus importantes que le monde moderne ait connues — ont eu un effet dévastateur sur la population irakienne. La situation sanitaire actuelle est catastrophique. Les dix années qui ont suivi l’instauration de ces sanctions ont vu croître de façon dramatique le nombre de maladies et le taux de mortalité au sein du peuple irakien. Selon les mêmes sources, plus d’un demi million d’enfants sont morts en conséquence directe des sanctions, quelques 200 enfants meurent chaque jour et plus de 6000 personnes meurent chaque mois.
Selon les informations diffusées par le Ministère de la Santé irakien, les premières causes de mortalité des enfants de moins de cinq ans sont : les infections respiratoires, les diarrhées, les gastro-entérites et la malnutrition. Les premières causes de décès des enfants de plus de cinq ans sont les maladies cardio-vasculaires, l’hypertension, le diabète, les problèmes rénaux, les maladies du foi et les néoplasmes malins.
Avant les sanctions, les pédiatres irakiens faisaient face à une maladie on ne peut plus courante chez les enfants irakiens : l’obésité infantile. Les maladies telles que le Kwashiorkor (malnutrition de l’enfant résultant d’une alimentation pauvre en protéines), le marasme ou d’autres formes de malnutrition etaient quasi inconnues en Irak ; aujourd’hui ces syndromes sont monnaie courante et la malnutrition est devenue endémique. Le manque de vitamines et d’éléments nutritifs dans l’alimentation quotidienne a par ailleurs fait croître les risques d’infections opportunes.
Dans son "Evaluation de la situation alimentaire et nutritionnelle en Irak" de mai/juin 2000, la FAO/WFP/OMS confirme que 800 mille enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition. Le rapport indique également un haut pourcentage d’anémie chez les enfants en âge d’être scolarisés et affirme que de nombreux cas de rachitisme dus à des carences en vitamine D ont été détectés. Le rapport enfin confirme que la diarrhée contribue pour une large part au cycle de malnutrition en Irak. L’insuffisance pondérale chez les enfants de moins de cinq ans est estimée à plus de 10% dans les gouvernorats de Bagdad, Kerbala et Diyala (OMS).
Un rapport de l’UNICEF affirme que : "Contrairement à la situation de l’Irak avant les années 90 et 91, le taux de mortalité infantile est aujourd’hui l’un des plus élevés au monde, 23% des enfants naissent avec un poids insuffisant, une malnutrition chronique affecte 1 enfant sur 4 chez les moins de cinq ans et seul 41% de la population a un accès régulier à l’eau potable. Le rapport affirme que le système sanitaire irakien est à l’heure actuelle dans un état de décrépitude totale."
Un autre problème énorme auquel doit faire face le pays est le manque d’approvisionnement en eau potable à cause des dommages qu’ont subis les installations d’eau potable et les égoûts, soit parce qu’ils ont été détruits par les bombardements, soit par manque de pièces de rechange ou d’équipement indispensables.
Malgré l’augmentation de la population irakienne au cours des dix dernières années, il y a un manque de planification pour garantir l’approvisionnement en eau potable. Les désinfectants tel que la chlorine sont sous embargo du fait que d’autres usages peuvent en être faits tandis que la chlorine produite localement est peu efficace. D’où une augmentation des maladies résultant de l’ingestion d’eau infectée telles que le typhus, la dysenterie, le choléra et la poliomyélite, cette dernière réémergeant après avoir été quasiment éradiquée avant l’instauration des sanctions. Selon l’UNICEF, l’accès à l’eau potable dans les zones urbaines est passé de 100% à 94% et dans les zones rurales de 71% à 41%. La qualité de l’eau s’est déterriorée d’après les rapports de l’Organisation Mondiale de la Santé et du Ministère de la Santé. Plus de 250 à 300 tonnes d’eaux usées non traitées sont quotidiennement déversées directement dans les rivières. Seul 25% de la population dispose d’un système de canalisations pour les eaux usées.
L’utilisation d’armes à uranium appauvri (déchets nucléaires) pendant la guerre du Golfe et la mise sous embargo des équipements indispensables au nettoyage des champs de batailles irakiens, ont multiplié par six le nombre de cas de cancer. La poussière d’uranium appauvri pénètre le corps par inhalation ou par l’ingestion de boissons ou nourritures contaminées. Si l’on en croit l’ancien procureur général américain, 900 tonnes de déchets radiactifs ont été dispersées en Irak durant la guerre du Golfe. Au cours d’une conférence de presse donnée le 4 août 1998, le Département américain de la Défense affirme : "La guerre du Golfe fut le théâtre de la première utilisation sur le champs de bataille de munitions capables de percer le métal, et aussi de tanks à blindage renforcé, tous deux incorporant de l’uranium appauvri."
Selon l’OMS, les risques sanitaires liés à l’uranium appauvri sont : l’insuffisance des fonctions rénales (toxicité chimique) et l’augmentation des risques de cancer des poumons et des os (toxicité radiologique). Il est de surcroit nécessaire d’étudier plus avant les risques liés au développment de la leucémie. En ce qui concerne les traitements par chimiothérapie, on manque des produits nécessaires (en supposant que la population ait les moyens de payer ces traitements) et, lorsque les hôpitaux en sont approvisionnés, certains composants du protocole de la chimiothérapie font alors défaut ce qui rend le traitement caduc (Europa). Et à l’heure où les cas de cancer sont en nette augmentation, les antalgiques tels que la morphine sont sous embargo.
La détérioration touche toutes les branches du système de santé. Les institutions de santé et les hôpitaux qui autrefois disposaient d’un équipement moderne, étaient régulièrement approvisionnés et étaient accessibles aux malades sont aujourd’hui surpeuplés, l’hygiène y est quasiment absente, sans parler de l’odeur nauséabonde qui y règne.
Les médecins et les infirmières sont épuisés et mal payés, dépourvus du simple matériel de base. Certains éléments sous embargo pour cause de double usage potentiel sont de nature médicale, comme les machines pour le coeur et les poumons, les couveuses, les machines pour les radios et même les ambulances. Les médicaments comme les analgésiques, les chimiothérapies et les vaccins sont également sous embargo, le Conseil de Sécurité estimant qu’ils pourraient être transformés en armes chimiques ou biologiques. La faible intensité de l’approvisionnement en électricité et le manque de générateurs (qui sont du reste également soumis à l’embargo) ont drastiquement affectés les soins hospitaliers, notamment les opérations chirurgicales qui enregistrent une baisse de 70% passant d’une moyenne de 15 mille opérations par mois en 1989 à moins de 4500. Les examens en laboratoire ont égalemet subi une chute de 65,4%. Selon le Dr. Mubarak, Ministre irakien de la Santé, les fonds accordés annuellement aux soins de santé sont passés de 550 millions de dollars américains à 26 millions sur les fonds dont bénéficie l’Irak dans le cadre du protocole d’accord jordano-irakien (Europa). La stérilisation des équipements et la réfrigération sont pareillement affectés.
En août 1999, une délégation de 10 membres du Congrès américain ont visité l’Irak et ont fait rapport sur les conséquences désastreuses des sanctions sur le peuple irakien. Le représentant américain David Bonior a qualifié les sanctions d’infanticide sous couvert de politique. Le gouvernement américain continue à exiger le maintien des sanctions sur l’Irak sous prétexte que cette denrière possèderait encore des armes de destruction massive. Ceci est en totale contradiction avec ce qu’affirme Scott Ritter, ancien inspecteur à l’armement en Irak : "La réalité est que si l’on mesure qualitativement la capacité de l’Irak en terme d’armes de destruction massive aujourd’hui, elle est nulle."
L’ancien coordinateur humanitaire aux Nations Unies, Dennis Halliday, a initié le programme pétrole contre nourriture en Irak. Il a démissionné de son poste de Sécrétaire général adjoint en guise de protestation contre les sanctions. Son successeur Hans Von Sponeck a également démissionné. Le 29 novembre 2001 ils ont écrit un article dans lequel ils dénoncent : "Le rapport le plus récent du Secrétaire général de l’ONU en octobre 2001 établit que le blocage des gouvernements américain et britannique pour l’octroi de 4 milliards de dollars réservés à l’approvisionnement humanitaire est la plus grande entrave au programme pétrole contre nourriture. Le rapport dit que la distribution du gouvernement irakien de l’aide humanitaire est en revanche totalement satisfaisante (comme elle l’était lorsque nous avons démarré le programme). La mort des quelques 5 à 6000 enfants par mois est due à la pollution de l’eau, à l’absence de médicaments et à la malnutrition. Les gouvernements américain et britannique empêchant l’approvisionnement en équipement et en matériel sont les responsables de cette tragédie, et non Bagdad."
Traduit du site islamonline.net
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