dimanche 4 avril 2004
La mort de Ahmad Yâsîn n’affaiblira pas la résistance, comme se l’illusionnent Sharon et sa clique. Ils verront de leurs propres yeux que le feu flambera de plus belle.
L’assassinat, planifié par Sharon, de cet homme handicapé et purifié est l’incarnation du terrorisme d’État sioniste. C’est un avertissement qui annonce la fin des tyrans.
L’Amérique est complice de ce crime, ainsi que de tous les crimes antérieurs. Car Israël commet ses boucheries avec des armes américaines, avec de l’argent américain, avec le soutien américain.
Il n’y a aucun espoir dans le processus de paix. Le seul choix qui reste aux Palestiniens est celui de la résistance.
« Il est, parmi les croyants, des hommes qui ont été sincères dans leur engagement envers Dieu. Certains d’entre eux ont atteint leur fin, et d’autres attendent encore ; et ils n’ont varié aucunement dans leur engagement. » [1] Véridique est la Parole de Dieu.
Le Mouvement de la Résistance Islamique Hamas ainsi que toute la Palestine, l’autorité et la résistance, sans oublier la nation arabe et la Communauté islamique, ont fait leurs adieux à l’un de leurs plus grands hommes, et combien rares sont ces hommes. Il s’agit du Sheikh Ahmad Yâsîn, cet homme qui dépensa sa vie dans la prédication et le combat, qui dépensa sa vie dans la résistance pour la libération de sa patrie de l’inique occupation sioniste, qui fonda le mouvement Hamas pour remplir son rôle dans cette lutte, qui passa de longues années en prison avec patience et endurance refusant la reddition ou l’humiliation. Cet homme s’était en effet fixé clairement son but : chasser l’occupation et la frapper de toute la force dont il était capable, limiter les opérations à l’ensemble de la Palestine et s’interdire de diriger les armes contre les poitrines palestiniennes. Car le sang palestinien est sacré, sacré, sacré. Cet handicapé aux membres paralysés bouleversa l’entité sioniste ; il terrorisa ses chefs militaires et politiques depuis son fauteuil roulant qu’il ne pouvait quitter sans assitance.
La virilité des hommes ne se mesure pas à la force des corps, mais bel et bien à la force des cœurs et des vertus. Dieu - Exalté soit-Il - dit ainsi au sujet des hypocrites : « Quand tu les vois, leurs corps t’émerveillent. » [2] Les Arabes disent également dans l’un de leurs proverbes : « Les jeunes hommes sont semblables à des palmiers, mais qui te dira ce qu’il y a à l’intérieur des palmiers ? » La mort abominable du Sheikh Ahmad Yâsîn, alors qu’il sortait de la mosquée après la prière de l’aube, et de celle de huit autres personnes avec lui, sans compter les blessés, cet événement majeur véhicule des enseignements que la Communauté se doit de saisir :
Le Prophète - paix et bénédictions sur lui - entendit un homme qui disait : « Ô Dieu, accorde-moi la meilleure chose que tu as accordée à tes pieux Serviteurs. » Et le Prophète de lui répondre : « Dans ce cas, ton cheval devra mourir et ton sang devra couler. Car c’est la meilleure chose que Dieu accorde à ses pieux Serviteurs. »
Si Ahmad Yâsîn recherchait la sécurité et tenait à la vie, il aurait pu ne pas prier dans les mosquées, en particulier, à l’heure de la prière de l’aube ; il aurait pu changer régulièrement de lieu de résidence. Mais il insistait pour accomplir les prières en congrégation à la mosquée. De ce fait, son assassinat eut lieu après qu’il se soit acquitté de sa prière obligatoire, et qu’il ait satisfait son Seigneur, allant à Sa Rencontre en étant purifié, incliné et prosterné, qu’il soit satisfait et agréé. Dieu - Exalté soit-Il - dit : « Ceux qui seront tués dans le Sentier de Dieu, Il ne rendra jamais vaines leurs actions. Il les guidera et améliorera leur condition, et les fera entrer au Paradis qu’Il leur aura fait connaître. » [3] Nous implorons et nous prions notre Seigneur afin qu’Il conclue notre vie comme Il a conclu celle de Ahmad Yâsîn.
Israël a déjà essayé par le passé la méthode des assassinats et des exécutions sommaires de leaders palestiniens. Elle l’a essayée au Liban avec Abû Yûsuf An-Najjâr et ses collègues, en Tunisie avec Abû Jihâd et Abû Iyâd, en Palestine avec Yahyâ ʿAyyâsh, Fathî Ash-Shaqâqî, Abû ʿAlî Mustafâ, Salâh Shahâdah, Ismâʿîl Abû Shanab et bien d’autres encore. Cependant, la résistance ne s’est pas arrêtée, ni le vent du jihâd ne s’est calmé. Bien au contraire, le feu ne fait que s’enflammer.
Et comment n’en serait-il pas ainsi, alors que le Coran nous enseigne que le Musulman ne combat pas au nom d’une personne, fût-elle le Messager de Dieu lui-même, mais combat bel et bien au nom d’un principe et d’une mission. C’est pour cette raison que lorsque la rumeur de l’assassinat du noble Messager s’est répandue parmi les Musulmans lors de la bataille de Uhud, et que cela a découragé un grand nombre de disciples, Dieu a révélé le verset suivant : « Muhammad n’est qu’un Messager - des Messagers avant lui sont passés. S’il mourait donc, ou s’il était tué, retourneriez-vous sur vos talons ? Quiconque retourne sur ses talons ne nuira en rien à Dieu ; et Dieu récompensera bientôt les reconnaissants. » [5] Dieu leur rappelle ensuite ce qui s’est passé avec les anciens Prophètes : « Combien de Prophètes ont combattu - ont été tués selon une autre lecture -, en compagnie de beaucoup de disciples, cependant que ceux-ci ne fléchirent pas à cause de ce qui les atteignit dans le Sentier de Dieu. Ils ne faiblirent pas et ils ne cédèrent point. Et Dieu aime les endurants. » Le peuple palestinien est un peuple héroïque et fécond. A chaque fois qu’il perd un héros, il en enfante un autre, voire même plusieurs autres, qui succèdent au premier et qui portent sa bannière. La bannière ne tombera jamais. Combien est vrai ce vers du vieux poète arabe :
Idhâ mâta minnâ sayyidun qâma sayyidun qa’ûlul-limâ qâlal-kirâmu faʿûlu
Traduction
Si un de nos chefs disparaît, un autre prend sa place, réaffirmant ce que disent les nobles et agissant en conséquence.
Si j’étais juge et si je devais me prononcer sur cette affaire et juger les assassins et les criminels, le premier accusé serait pour moi le Président Bush. Il est le premier instigateur du crime ; c’est lui qui a armé le criminel ; c’est lui qui considère que l’assassin criminel est en état de légitime défense.
C’est Bush qui a décrété pour Sharon et sa clique que la résistance palestinienne est un mouvement terroriste mené par le Hamas et le Jihâd. La qualifier de terroriste signifie qu’elle mérite la mort, et qu’aucune sanction n’atteindra ceux qui tuent des terroristes. C’est exactement ce qu’a répété le sous-Secrétaire d’État israélien à la Défense : « Ahmad Yâsîn méritait d’être tué. »
Telle est la logique de l’Amérique et d’Israël, de Bush et de Sharon : Ahmad Yâsîn est un criminel terroriste qui mérite d’être tué, car il défend sa patrie, sa terre, son honneur, sa maison, son champ, son olivier ainsi que ses lieux sacrés. Quant à l’assassin meurtrier Sharon, il n’est qu’une pauvre victime que les méchants Palestiniens empêchent de dévorer leurs terres.
Nous savons de par notre expérience que ce qui a été pris par la force ne peut être repris que par la force. Le seul choix qu’il reste aux Palestiniens est celui de la résistance. A défaut de résistance, ce sera la soumission à Israël, Israël dont les convoitises ne connaissent pas de limites. A défaut de résistance, ce sera une mort certaine.
Dans le passé, la Mosquée Al-Aqsâ a été violée par les Croisés. Elle est restée prisonnière de leurs mains pendant près de quatre-vingt-dix ans. Ceux qui ont volé à son secours pour la libérer étaient des gens issus de toutes les races et de tous les peuples que comptaient les territoires de l’Islam : le Turc ʿImâd Ad-Dîn Zinkî, son fils Nûr Ad-Dîn Mahmûd, l’élève de celui-ci le Kurde Salâh Ad-Dîn Al-Ayyûbî, le Mamelouk Adh-Dhâhir Baybars, et bien d’autres encore. Les Musulmans sont engagés envers le moindre parmi eux et sont tous solidaires face aux autres. Il leur a été prescrit de s’unir et de se souder pour libérer la terre de l’Islam et défendre les lieux sacrés de l’Islam.
Le martyre du Sheikh Ahmad Yâsîn est pour eux un avertissement : ils doivent se cramponner tous ensemble à l’Anse de Dieu et ne point se diviser ; ils doivent faire entendre leur voix et leurs protestations par des communiqués, des manifestations et des prières de l’absent. Nous appelons tous les Arabes et tous les Musulmans à se lever aux côtés de leurs frères sur la terre des Prophètes, à leur fournir tout ce dont ils sont capables pour qu’ils puissent se défendre et défendre leurs enfants, pour qu’ils puissent accéder au minimum vital pour leur survie. Il est illicite pour un Arabe et pour un Musulman de manger à sa faim, et de dormir à poings fermés alors que ses frères ne trouvent même pas de quoi étancher leur soif. Les sionistes et leurs alliés américains veulent tarir toutes les sources qui dispensent un peu d’argent aux Palestiniens. Mais nous devons faire échouer leurs plans, et contrecarrer leur complot, afin que nous puissions faire parvenir à nos frères ce qui les aidera à survivre et à poursuivre le combat.
Nous appelons également les institutions et les organisations internationales, avec à leur tête le Conseil de Sécurité, à remplir le rôle qui leur incombe pour imposer aux sionistes le droit international, ces sionistes qui ont maintes fois prouvé qu’ils n’avaient ni foi ni loi.
Nous disons enfin aux sionistes : Vous venez de commettre un acte qui ne vous sera jamais pardonné. Dans cet acte, nous voyons une bonne nouvelle pour nous, et une destruction pour vous. Comme dit le proverbe, à quelque chose malheur est bon. Viendra un jour où l’injuste devra répondre de ses crimes. Chaque jour a un lendemain. Et le lendemain est proche pour celui qui l’attend. « Dieu accorde un délai au despote, mais lorsqu’Il se saisit de lui, Il ne le lâche plus. » « Telle est la rigueur de ton Seigneur quand Il se saisit des cités injustes. Son châtiment est bien douloureux et bien dur. » [9]
Traduit de l’arabe du site Qaradawi.net.
[1] Sourate 33 intitulée les Coalisés, Al-Ahzâb, verset 23.
[2] Sourate 63, intitulée les Hypocrites, Al-Munâfiqûn, verset 4.
[3] Sourate 47 intitulée Muhammad, versets 4 à 6.
[4] Sourate 26 intitulée les Poètes, Ash-Shuʿarâ’, verset 227.
[5] Sourate 3 intitulée la Famille d’Amram, Âl ʿImrân, verset 144.
[6] Sourate 6 intitulée les Bestiaux, Al-Anʿâm, versets 44 et 45.
[7] Sourate 61 intitulée le Rang, As-Saff, verset 4.
[8] Sourate 15 intitulée Al-Hijr, verset 72.
[9] Sourate 11 intitulée Hûd, verset 102.
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