dimanche 25 janvier 2004
Il est des prescriptions communes entre le Hajj et la ʿUmrah.
Comme nous l’avons déjà expliqué le ihrâm est l’assomption à un état de sacralisation physique et spirituelle. En pratique, l’homme doit accomplir ses ablutions avant de se rendre à la halte (mîqât) ou à la station où il entre dans cet état de sacralisation ; il doit en outre se parfumer et accomplir deux cycles de prière (rakʿatayn).
Ibn ʿAbbâs rapporte qu’en atteignant Dhû Al-Hulayfah, halte réservée aux habitants de Médine, l’Envoyé de Dieu fit son ihrâm, accomplit deux cycles de prière et remonta sur son chameau.
Quant aux femmes ayant un flux sanguin (couches ou menstrues), on leur permet d’accomplir le ihrâm et tous les autres rites à l’exception de la circumambulation autour de la Kaʿbah.
Dans l’état de ihrâm, le pèlerin est qualifié de « muhrim ». Il porte le vêtement du ihrâm composé de deux pièces d’étoffe non cousues, la première laissant l’épaule et le bras droits nus, le second couvrant le corps de la taille jusqu’aux mollets. On peut porter n’importe quelle étoffe sauf la soie. La première pièce s’appelle ridâ’, et la seconde izâr. La tête doit rester découverte bien que les personnes âgées et les infirmes puissent l’envelopper de quelque chose, en retour de quoi, ils doivent faire une expiation en donnant des aumônes aux pauvres. Le pèlerin doit porter des sandales sans couture, découvrant les chevilles. On peut mettre des souliers mais ils doivent également laisser apparaître les chevilles. Les femmes porteront leurs vêtements ordinaires, couvriront leur tête, ne laissant apparaître que le visage et les mains.
Le muhrim commencera alors par dire : « Labbayk allâhumma labbayk !, Me voici, ô Seigneur ! Me voici ! » Ainsi exprime-t-il son intention d’accomplir le Hajj, ou la ʿUmrah, ou les deux à la fois.
Actes défendus durant le ihrâm
Une fois en état de ihrâm, le pèlerin ne doit ni se raser, ni se couper les ongles, ni se laver, excepté pour faire les ablutions rituelles en rapport avec les diverses haltes du voyage. Il ne doit tenir aucun propos licencieux, ni commettre l’œuvre de chair, ni s’abandonner à la perversion, au vice, aux querelles, ou aux actes de violence. Dieu a défendu ces actes par le verset : « Le Pèlerinage a lieu en des mois définis, celui qui l’a entrepris doit s’abstenir d’amour physique, de perversité et de polémique. » [1]. Le muhrim n’a pas le droit de porter des chemises, des pantalons, des gants, des couvre-chefs : turbans, fez ou chapeaux. Les femmes au contraire peuvent porter les vêtements qu’elles désirent, mais ne peuvent pas mettre de gants, se voiler le visage, mettre du parfum, ni porter des robes qui ont été toutes ou partiellement teintées au safran.
Ajoutons que la chasse est interdite, pas plus que le muhrim n’est en droit d’accepter un animal tué à la chasse ou de l’acheter, ni même d’en manger. Mais le Prophète permet au muhrim de tuer les animaux et les oiseaux dangereux et nuisibles : corbeau, faucon, scorpion, rat et chien enragé. Les savants ajoutent à cette liste le lion, la panthère, le loup et le serpent.
Le Musulman ponctue sa dévotion dès sa première entrée dans l’état de ihrâm en jetant des cailloux à Minâ et en répétant l’invocation de la talbiyah : « Labbayk allâhumma abbayk ! »
Un pèlerin accomplissant la ʿUmrah doit dire la talbiyah depuis l’endroit où commence son ihrâm jusqu’à ce qu’il entre dans le Sanctuaire Sacré et touche la Pierre Noire.
Il est souhaitable que cette invocation soit dite à voix haute, étant l’un des rites du Hajj et de la ʿUmrah. La voici d’après le Prophète : « Me voici Seigneur ! Me voici ! Toi Qui n’as point d’associé, me voici ! Louanges à Toi Qui détiens le royaume des cieux et de la terre. »
Avant d’entrer à La Mecque, le muhrim doit faire ses ablutions, se rendre au Sanctuaire Sacré en disant : « Mon Dieu, Tu es la Paix, et la paix vient de Toi. Reçois-nous, ô Seigneur, avec paix. »
En entrant dans le parvis de la Kaʿbah, il doit se diriger vers la Pierre Noire et l’embrasser. S’il en est empêché par la foule, il doit la toucher. S’il ne peut la toucher, qu’il lève la main et dise « Dieu est grand » chaque fois qu’il se trouve en face de l’un des coins de la Kaʿbah. Partant de la Pierre Noire et laissant le bâtiment à sa gauche, il tourne sept fois, les trois premières fois en pressant le pas et les quatre autres à allure normale. Certaines prières sont répétées et à la fin de chaque circumambulation, il doit soit embrasser, soit toucher la Pierre Noire.
Les femmes en couches ou en menstrues ne doivent par circumambuler. On rapporte que ʿÂ’ishah, la femme du Prophète, s’est plainte amèrement de son sort quand il lui fut interdit d’accomplir ce tawâf. Le Prophète lui rappela que pour tourner autour de la Maison de Dieu il faut être en état de purification rituelle.
Le pèlerin jette, durant le tawâf, le bord de son ridâ’ sur son épaule gauche en en gardant la moitié sous son coude : ainsi son épaule droite sera nue et la gauche couverte. Ceux qui ne peuvent accomplir ce tawâf à pied peuvent le faire sur une monture, ou portés sur une chaise.
Une fois le tawâf terminé, le pèlerin se dirigera vers la station d’Abraham, et récitera cette parole divine : « Nous avons institué la Kaʿbah, comme lieu de Pèlerinage pour les hommes et comme asile, et nous avons érigé en lieu de prière la station d’Abraham. » [2]
Ensuite, il se tournera vers la Kaʿbah. A mi-chemin entre elle et cette station, il accomplira deux cycles de prière. A chacune d’elles, il récitera la première sourate du coran, la Fâtihah. A la première rakʿah (cycle de prière), il récitera l’antépénultième sourate du Coran, Al-Ikhlâs : « Dis : Dieu est Un [...] », et à la seconde, il lira la sourate des Infidèles, Al-Kâfirûn : « Dis : Ô les Infidèles ! je n’adorerai point ce que vous adorez, [...] »
Le rite suivant est la course entre les deux monticules d’As-Safâ et d’Al-Marwah. En arrivant à As-Safâ, il récite ce fragment de verset : « As-Safâ et Al-Marwah sont parmi les rites prescrits par Dieu. » [3] Il monte sur la plateforme de la colline d’As-Safâ, regarde la Ka’ba et lève les mains en signe de remerciement. Puis, il descend à une allure normale pour arriver à l’autre colline, Al-Marwah ; une partie du trajet se fait à vive allure. Arrivé à Al-Marwah, il monte sur sa plateforme, puis la quitte pour atteindre As-Safâ.
Ce va-et-vient se fait sept fois et on dit que c’est en souvenir de Agar cherchant de l’eau pour son fils Ismaël.
Après les cérémonies d’As-Safâ et d’Al-Marwah, le pèlerin qui désire accomplir simplement le Hajj ou la ʿUmrah et le Hajj à la fois, doit conserver son ihrâm. Mais s’il est mutamattiʿ, c’est-à-dire s’il désire accomplir d’abord la ʿUmrah, et ensuite le Hajj, il peut quitter son ihrâm, à l’issue de la ʿUmrah. Il peut se faire raser la tête ou couper une touffe de ses cheveux. Les femmes couperont le bout de leurs cheveux. Le mutamattiʿ doit se conformer à la parole divine : « Quiconque jouit de la ʿUmrah jusqu’au Hajj doit faire une offrande. » [4]. Cette offrande peut aller d’un mouton à une vache, voire à un chameau.
Durant le huitième jour de Dhû Al-Hijjah - appelé jour de la tarwiyah - les pèlerins en état de ihrâm quittent La Mecque pour Minâ où ils arrivent vers midi. Ils accomplissent leurs prières de midi, de l’après-midi, du crépuscule et du soir. Ils passent la nuit à Minâ. Le lendemain matin, ils font leurs prières de l’aube, attendent le lever du soleil et se mettent en marche vers le mont ʿArafah.
Telle était la façon observée par le Prophète et il est souhaitable que les Musulmans suivent son exemple.
Après le lever du soleil du neuvième jour de Dhû Al-Hijjah, les pèlerins se mettent en marche vers le Mont ʿArafah en répétant en choeur : « Labbayk allâhumma labbayk ! » et « Allâhu akbar !, Dieu est le plus Grand ! ». Puis, ils attendent de midi jusqu’au coucher du soleil. Ils font les prières de midi et de l’après-midi en les écourtant c’est-à-dire en faisant deux cycles de prière au lieu de quatre. Ils lèvent ensuite leurs mains en signe de prière et de remerciement en répétant les paroles du Prophète : « Il n’y a de dieu que Dieu. Il n’a point d’associé. A Lui autorité et prière. Le Bien émane de Lui et Son Pouvoir s’étend sur toute chose. »
La station de ʿArafah est l’un des rites majeurs du pèlerinage. Celui qui la manque manque son pèlerinage.
Ceux qui, compte tenu des circonstances, ne peuvent s’arrêter au mont ʿArafah avant le coucher du soleil, peuvent le faire après le coucher du soleil, et même jusqu’à l’aube du jour du sacrifice qui est le dixième jour de Dhû Al-Hijjah. A ce propos, le Prophète a dit
: « Celui qui assista à notre prière - celle de l’aube du Jour du Sacrifice - qui demeura avec nous jusqu’à l’accomplissement de notre sacrifice et qui s’arrêta auparavant sur le Mont ʿArafah, de jour ou de nuit, est considéré comme ayant accompli son pèlerinage. »
Le Prophète dit encore : « Point de pèlerinage sans ʿArafah. Celui qui parvient jusqu’à la nuit d’Al-Jamʿ - la nuit de Mozdalifah avant l’aube du Jour du Sacrifice - a accompli les rites essentiels de son pèlerinage. »
Après le coucher du soleil, commence l’ambulation vers Muzdalifah. Les drapeaux qui délimitent les territoires sacrés sont dépassés ; l’obscurité de la nuit tombe et les torches sont allumées. On arrive ainsi jusqu’à Muzdalifah.
On y effectue la prière du crépuscule et celle du soir, puis l’on passe la nuit. A l’aube, on accomplit la prière de l’aube.
D’après la Tradition, le Prophète accomplissait sa prière de l’aube à Muzdalifah, puis il montait à dos de chameau jusqu’au moment où il atteignait le monument sacré face à la qiblah et il restait ainsi debout jusqu’à ce que la lumière brille avec éclat dans le firmament. Juste avant le lever du soleil, il offrait en sacrifice un chameau. Ici, il est nécessaire de citer les termes du Coran :
« Lorsque vous quitterez ʿArafât, invoquez Dieu près du Sanctuaire Sacré. Remerciez-le de vous avoir mis dans la bonne voie alors que naguère vous étiez parmi les égarés. » [5]
Passer la nuit à Muzdalifah est considéré comme une obligation par certains savants, alors que d’autres la considèrent comme une Sunnah. Les femmes et les personnes faibles en sont exemptées.
Il tombe le dixième jour de Dhû Al-Hijjah. Les règles suivantes doivent être observées :
a) Le jet des cailloux
Le Prophète, ayant loué Dieu sur le Mont Sacré, arriva vers trois tas de pierres connus sous le nom de Jamrat Al-ʿAqabah, et leur jeta sept cailloux, ramassés la veille à Muzdalifah, l’un après l’autre, s’écriant en jetant chacun d’eux : « Labbayka allâhumma labbayk ! Allâhu akbar ! »
Une fois ce rite accompli, il cessa de lapider les pierres et dit : « Puisse Dieu bénir ce pèlerinage et nous pardonner nos péchés. »
Le temps réservé au jet de ces pierres commence, généralement, dans la matinée du Jour du Sacrifice, suivant l’habitude du Prophète, et peut s’étendre jusqu’au soir. Quant au jet de pierres avant le lever du soleil, il est réservé aux enfants, aux femmes et aux personnes faibles.
Le jet des cailloux est un geste symbolique qui renvoie à la lapidation de Satan qui fut chassé de cette manière par Abraham.
b) Le Sacrifice
Après le jet des cailloux, le Prophète regagna sa maison de Minâ, où il immola l’animal. Des milliers de moutons, chèvres et chameaux sont tenus prêts à Minâ pour le sacrifice. Bien qu’il n’y ait pas de places réservées au sacrifice à Minâ, le rocher qui se trouve à l’extrémité ouest de la vallée est le lieu que l’on préfère à tout autre pour ce but. En ce jour, le dixième de Dhû Al-Hijjah, les Musulmans, arrivés de tous les coins de la terre, offrent leur sacrifice et célèbrent la fête du Courban Baïram ou Al-ʿÎd Al-Kabîr [6].
c) Le rasage de la tête ou la coupe des cheveux
Habituellement, le jour du sacrifice, on doit se raser la tête ou couper une touffe de cheveux. A cette fin, il y a des échoppes de barbiers à Minâ. Les barbiers ainsi que les pèlerins, observent certaines règles durant cette opération, comme se tourner vers la qiblah. Pour les pèlerins, il est préférable selon le Prophète et les savants de se faire raser plutôt que que de se faire couper les cheveux.
d) Tawâf Al-Ifâdah
Selon une tradition rapportée par Jâbir, l’Envoyé de Dieu monta en selle après avoir accompli le sacrifice, et se rendit à la Kaʿbah. Là, il fit le Tawâf Al-Ifâdah ou la circumambulation du retour. Il s’acquitta ensuite de la prière du midi.
Cette circumambulation est un rite indispensable du Hajj selon les savants. Ils sont unanimes sur la possibilité de l’accomplir le Jour du Sacrifice ou plus tard, durant les jours d’At-Tashrîq, voire plus tard encore.
L’ordre des rites relatifs au Tawâf Al-Ifâdah peut être changé. Il est possible de se faire raser avant de jeter les cailloux ou de se raser avant le sacrifice.
D’après l’Envoyé de Dieu, ces cérémonies doivent simplement être limitées dans le temps imparti, à savoir le dixième jour de Dhû Al-Hijjah.
Si le pèlerin est mufrid ou qârin, son Hajj se termine par le Tawâf Al-Ifâdah ; il n’a pas besoin de recommencer le va-et-vient entre As-Safâ et Al-Marwah. S’il est mutamattiʿ, il doit accomplir à la fois l’ambulation entre les deux collines et le Tawâf Al-Ifâdah.
Une fois la tête rasée ou les cheveux coupés, le pèlerin abandonne son état de sacralisation mais s’abstient de l’œuvre de chair. Après le Tawâf Al-Ifâdah et la course entre As-Safâ et Al-Marwah, dans le cas du mutamattiʿ, ou après ce tawâf seulement dans le cas du mufrid ou du qârin, le pèlerin se met dans un état de ihlâl ou le retour à son état de vie normal.
ʿÂ’ishah rapporte que l’Envoyé de Dieu retourna à Minâ après le Tawâf Al-Ifâdah pour y passer les jours d’At-Tashrîq, qui sont les trois jours suivant le sacrifice. Il jeta de nouveau sur chacun des trois tas de pierre sept cailloux.
Tous les pèlerins doivent, à quelques exceptions près, revenir à Minâ afin d’y passer ces trois jours et jeter les cailloux en disant : « Allâhu akbar ! » On jette ces cailloux après le coucher du soleil.
Enfin, la circumambulation d’adieu de la Kaʿbah est accomplie. Ibn ʿAbbâs rapporte que le prophète insista à ce que nul pèlerin ne quittât La Mecque sans avoir accompli son dernier tawâf. Pour accomplir ce rite, le pèlerin se rend à At-Tanʿîm, à l’extrémité du territoire sacré et reprend son ihrâm.
Une fois ces cérémonies terminées, le pèlerinage proprement dit touche à sa fin. Quelques jours plus tard, les pèlerins quittent La Mecque pour Médine afin de visiter la Mosquée du Prophète.
Source : manuel édité par le Conseil Supérieur des Affaires Islamiques d’Égypte, 1993. Revu et adapté par islamophile.org.
[1] Sourate 2, la Vache, Al-Baqarah, verset 197. NdT
[2] Sourate 2, la Vache, Al-Baqarah, verset 125.
[3] Sourate 2, la Vache, Al-Baqarah, verset 158.
[4] Sourate 2, la Vache, Al-Baqarah, verset 196.
[5] Sourate 2, la Vache, Al-Baqarah, verset 198.
[6] Ces deux appellations correspondent respectivement au nom donné à la fête du sacrifice par les communautés musulmanes turcophones/persanophones et arabophones.
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