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Parler à la mosquée : quelles directives et quelles limites ?

mardi 10 août 2004

Question

Honorable Sheikh, que pensez-vous des gens qui parlent et qui élèvent la voix dans les mosquées ? Merci pour votre réponse.

Réponse du Docteur Husâm Ad-Dîn Ibn Mûsâ ʿAfânah

 [1]

L’état d’un grand nombre de mosquées est aujourd’hui déplorable, en raison de l’ignorance d’un grand nombre de Musulmans des règles de bienséance qu’il convient d’observer dans les mosquées. On voit ainsi dans ces lieux de culte des gens qui organisent des cercles où ils parlent d’affaires profanes. Si seulement leurs propos s’en arrêtaient là, ce serait déjà une bonne chose, mais la plupart d’entre eux dépassent le cadre licite de ces propos pour verser dans l’illicite, en abordant notamment l’honneur des gens par la médisance. À l’origine, s’asseoir dans une mosquée est un acte de dévotion, et le Musulman doit par conséquent occuper son temps à la mosquée par la prière, l’invocation de Dieu ou la récitation du Coran. Et s’il ne fait rien de tout cela, alors il ne doit pas dépasser le cadre des propos acceptables.

D’après Ibn Masʿûd, le Prophète - paix et bénédiction sur lui - dit : « Viendra un temps où les gens se réuniront dans leurs mosquées, la seule chose qui les occupe étant la vie d’ici-bas. Dieu n’a guère besoin de ces gens-là ; ne vous asseyez donc pas en leur compagnie » [2].

Une autre chose qui s’oppose à la Loi de Dieu et qui perturbe les gens venus prier, réciter le Coran ou invoquer Dieu, mais malgré tout commise par certaines personnes dans les mosquées, est la recherche d’objets perdus. On entend ainsi des gens qui cherchent leur argent ; on voit le muezzin annoncer que de l’argent a été retrouvé et demander au propriétaire de venir le récupérer, etc. Toutes ces choses ont été interdites par le Sage Législateur. Le Messager de Dieu - paix et bénédiction sur lui - dit : « Si vous voyez quelqu’un vendre ou acheter à l’intérieur de la mosquée, alors dites : « Que Dieu ne te fasse pas profiter de ton commerce », et si vous voyez quelqu’un réclamer un objet qu’il aurait perdu, alors dites : « Que Dieu ne te le rende jamais » » [3]. Dans une autre variante, le Prophète dit : « Si vous entendez un homme réclamer dans la mosquée un objet qu’il aurait perdu, alors dites : « Que Dieu ne te la remette jamais, car ce n’est pas pour cela que les mosquées ont été construites » » [4]. [5]

Il faut savoir qu’il n’est pas permis à la mosquée de perturber les gens qui prient, qui récitent le Coran ou qui invoquent Dieu, même par la récitation du Coran.

Abû Saʿîd Al-Khudrî - que Dieu l’agrée - dit en effet : « Alors que le Messager de Dieu - paix et bénédiction sur lui - était en retraite spirituelle à la mosquée, il entendit des gens réciter le Coran en élevant la voix. Il écarta alors le rideau et leur dit : « Vous vous entretenez tous avec votre Seigneur. Ne vous importunez donc pas mutuellement, et n’élevez pas vos voix pendant la récitation ni pendant la prière » » [6].

On rapporte également que le Messager - paix et bénédiction sur lui - dit : « L’orant s’entretient avec son Seigneur. Qu’il réfléchisse donc à ce qu’il dit et qu’il n’élève pas la voix au-dessus des autres, pendant la récitation du Coran » [7].

ʿUmar Ibn Al-Khattâb faillit d’ailleurs punir ceux qui élevaient leur voix dans la mosquée. Le récit rapporté par Al-Bukhârî d’après As-Sâ’ib Ibn Yazîd est le suivant : « Alors que j’étais debout dans la mosquée, un homme me lança un petit caillou. Je me retournai et constatai que c’était ʿUmar Ibn Al-Khattâb. Il me dit : « Va me chercher ces deux-là ». Je les lui amenai. « De quelle origine êtes-vous ?, leur demanda-t-il.
- D’At-Tâ’if, répondirent-ils.
- Si vous étiez de Médine, leur dit-il, je vous aurais certainement frappés. Comment osez-vous élever vos voix dans la Mosquée du Messager de Dieu - paix et bénédiction sur lui ? »

Il est également perturbant d’entendre les cris de certains fidèles au bout de la mosquée, au moment où l’on ordonne les rangs pour se préparer à la prière, ou lorsqu’ils rentrent dans la mosquée. Ces choses ne sont pas permises, car le vendredi par exemple, le Musulman doit avancer vers les premiers rangs et ne pas laisser d’espaces devant lui. C’est la Sunnah telle qu’elle nous est rapportée par un hadith du Prophète, concernant le fidèle qui vient à la mosquée le vendredi : « Qu’il se rapproche de l’imam ». Lorsque le moment de la prière est annoncé, il est du devoir de l’imam de faire ordonner et emplir les rangs. Les fidèles doivent de leur côté obéir à l’imam, en ordonnant leurs rangs et en emplissant les espaces vides. Il n’est donc pas question pour les fidèles en bout de mosquée de crier et de disputer à ce sujet. Cela n’est pas permis et c’est contraire à la guidance prophétique.

Et Dieu est le plus Savant.

P.-S.

Traduit de l’arabe du site Islamonline.net. La version originale est consultable sur archive.org.

Notes

[1Le Docteur Husâm Ad-Dîn Ibn Mûsâ ʿAfânah est professeur de droit et de fondements de la jurisprudence à l’Université de Jérusalem, en Palestine.

[2Hadith rapporté par Ibn Hibbân et Al-Hâkim ; ce dernier a déclaré solide la chaîne de narration du hadith, ce sur quoi Adh-Dhahabî le confirme ; Al-Albânî a authentifié le hadith.

[3Hadith authentique rapporté par At-Tirmidhî et Ad-Dârimî.

[4Hadith rapporté par Muslim.

[5On pourra également se référer à ce sujet à l’article suivant : « Directives concernant les objets trouvés ».

[6Hadith rapporté par Abû Dâwûd selon une chaîne de narration authentique.

[7Hadith rapporté par Mâlik selon une chaîne de narration qu’Al-Albânî a qualifiée d’authentique.

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